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Par Toutatis…


J'évite de donner dans la nécro, sur ce blog. C'est un exercice un peu facile, je trouve, et si l'on n'y prend garde, ça finit par générer des pages et des pages de gens morts au lieu d'aller de l'avant.


Mais là, la mort d'Uderzo, j'aurais pas cru que ça me toucherai autant. Je suis vraiment secoué. Je suis pas certain qu'en tant que personne, le type m'aurait plu, et Astérix sans Goscinny, c'était plus la même chose de toute façon. Vous connaissez peut-être la vieille blague de scénariste :

"le dessinateur d'Astérix collectionne les Ferrari, quand son scénariste est mort sur un vélo même pas à lui, c'est la différence de traitement entre dessinateur et scénariste."

Mais bon, ce n'est pas ça l'important. Là, je me revois distinctement y a… pfouu… Si longtemps… Je me souviens encore du côté mystérieux qu'avait pour moi Le Cadeau de César, dans lequel j'ai beaucoup mis le nez avant même de savoir lire (l'autre album que je feuilletais comme ça, c'était Le Cas Lagaffe, un poil plus accessible sans doute quand on n'est pas encore capable de comprendre les bulles). Je ne comprenais rien à l'histoire, bien sûr, mais j'imaginais plein de trucs. J'ai grandi avec Astérix, comme un peu tout le monde depuis trois générations.

Ma première BD faite avec mes petits doigts, c'était un pastiche de Gaston, et je devais avoir entre 5 et 6 ans. Ma première BD un peu ambitieuse, c'était un truc commencé avec un pote, une aventure pirate d'Astérix, quand on était en CM2. On en a fait cinq pages avant de lâcher l'affaire, c'était trop dur et d'être aussi drôle, et à dessiner. Je crois que c'est là que j'ai commencé à piger le niveau de dessin complètement fou d'Uderzo.




notez l'influence palpable de C.C. Beck

Un ou deux ans plus tard, au foyer socio éducatif du collège, qui avait plein de BD super et improbables (j'y ai découvert Corto Maltese, mais aussi Margerin et tous les recréateurs de la Ligne Claire des années 80, les Ted Benoit et autres) je tombais sur un recueil de ses toutes premières bandes, dans les années 40 et/ou 50. Des trucs pas aboutis, mais dans lesquelles y avait déjà des trucs super intéressants (mais pas plus à ma portée graphiquement, croyez-moi, j'ai aussi essayer d'émuler le dessin dans Arys Buck, sans y parvenir non plus). Et j'ai pigé que les premiers Tanguy et Laverdure, c'était lui aussi, dans un tout autre style. Du coup j'ai pas été aussi choqué que certains en comprenant que Gir et Moebius étaient le même type. Uderzo m'avait déjà montré qu'un grand dessinateur était capable de ce genre de grand écart graphique.




Et ne parlons même pas du travail de fou sur le lettrage


Bref.

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