La « querelle du
singe » qui avait en apparence été tranchée par les
tribunaux en 1925 n'a en fait jamais cessé de faire parler d'elle. Et figurez-vous que ces singeries sont importantes.
Mais peut-être faut-il
revenir d'abord à la nature de cette querelle, parce que peut-être
ne la connaissez-vous pas. Il s'agissait d'un procès opposant l'état
du Tennessee à l'un de ses professeurs, un certain Monsieur Scopes.
Celui-ci avait, en contravention des lois locales, enseigné le
darwinisme alors qu'il était interdit aux enseignants de nier le
récit biblique de la Création dans leurs cours.
Etant donc un
hors-la-loi caractérisé, il fut condamné à cent dollars d'amende,
ce qui à l'époque représente une belle somme. (si le jugement fut
ensuite cassé par la Cour Suprême de l'état en vertu du Premier
Amendement, la loi Butler sur l'enseignement, cause de tout ce bazar,
ne fut pourtant abrogée que 45 ans plus tard).
Mais au niveau de
l'opinion, l'affaire était gagnée. Les défenseurs de la loi en
question étaient passés aux yeux du pays et du monde comme
d'affreux rétrogrades arriérés (on ne disait pas "Daech",
à l'époque, ni "Trump", ni "Antivax", mais c'était un concept un peu du même ordre). Le
retentissement donné à l'affaire conduisit à séparer un peu plus,
chaque fois que c'était possible, le scientifique du judiciaire. Ce
n'est pas au curé de dire la science, mais pas au juge non plus (ce
qui permet à la science de fonctionner dans une relative sérénité,
mais conduit peut-être aussi à des impasses de sur-spécialisation,
mais c'est un autre sujet).
Alors vous allez me
dire, et vous aurez bien raison : "écoute, Niko, t'es
bien gentil, mais on vient ici pour parler comics, ou nous moquer de tes calembours vaseux, ou savoir quand tu viens trainer tes bottes dans notre secteur pour cochonner des pages de garde, alors qu'est-ce que tu
viens nous faire un cours sur des juges de 1925 qui n'aiment pas
l'idée de descendre du singe ?"
"Il
suffira d'un singe" Pardon. D'un "signe". J'y
arrive vraiment pas.
Eh bien justement, les comics et la SF ont quelque chose à y voir, c'est le moment de faire chauffer un peu les neurones.
Surtout que, vous allez voir, tout se recoupe. Ou qu'en tout cas, ça
se recoupe. Un peu.
Alors on va faire
court. Ou essayer de faire court.
Par la suite, les créationnistes, se rendant bien compte qu'il était
difficile de nos jours de nier la science avec juste des arguments
relevant de la Foi, ont fini par trouver une parade. Ce qu'on appelle
à présent les théories d'Intelligent Design, ou de
"Dessein Intelligent". Elles n'ont absolument rien de
nouveau : papy Teilhard proposait déjà des choses de ce genre
à l'époque du procès. Mais il était très mal vu, parce qu'un
Jésuite qui acceptait l'idée d'évolution, même pour lui donner un
sens, vous n'y pensez pas c'est mal. Il se retrouvait coincé entre
les deux camps qui ne lui faisaient pas de cadeaux. (un de ces
quatre, je vous ferai un papier sur Pierre
Teilhard de Chardin, parce que même si ses théories posent de
multiples problèmes sur le plan strictement scientifique, elle sont
d'une grande valeur esthétique. Et accessoirement elles posent de
façon acérée le problème du cadre de référence). Toujours
est-il que ces idées ont repris du poil de la bête dans les années
quatre-vingts, profitant du fait qu'avec Reagan aux manettes,
l'Amérique était mûre pour un retour fracassant des directeurs de
conscience Bible dans une main, Schlague
ou shotgun
dans l'autre selon l'obédience.
Il y a eu donc, depuis,
de nouveaux procès du singe. Mais qui au lieu d'opposer Bible et
Darwin opposaient une main intelligente guidant l'évolution au
simple jeu du hasard, de la nécessité et de la sélection. Guère
étonnant, d'ailleurs, que cette notion de main intelligente
fleurisse dans l'Amérique de Reagan, puisque c'est à la "main
invisible du marché" qu'elle souhaitait déjà soumettre son
propre destin, mais passons.
Il
y a aussi cette théorie-là, avec diverses posi… Variantes.
L'idée, là-dedans,
c'est qu'au lieu d'avoir un vieux barbu tendant le doigt et soufflant
dans les narines d'Adam, on puisse avoir un dieu plus discret,
remontant le petit lapin à ressort de l'univers et le lâchant en
regardant ce qu'il devient et s'il va bien dans la direction prévue.
Si les "lois fondamentales" ont été bien conçues par
le dieu en question, de toute façon, le lapin fera ce qu'il dira et
deviendra un Transformer. L'avantage de ce dieu discret, c'est
qu'il est compatible avec ceux des voisins : il y a à présent
en Turquie des spécialistes islamiques des théories d'Intelligent
Design qui développent
exactement les mêmes arguments que leurs homologues de la Bible
Belt. Tout le bazar peut donc se
draper dans un vernis scientifique, même s'il pose de multiples
problèmes de ce point de vue (les plus fondamentalistes des lecteurs
de la Bible récusent même cette version, qui va à l'encontre de la
notion d'espèce animale telle que décrite dans la Genèse).
Là,
je vous sens taper du poing sur la table. Et je vous demande de vous
arrêter. Et tout de suite, en plus, parce que vous allez renverser
l'Alka Seltzer, indispensable compagnon des discussions de post
périodes de fêtes. J'en viens au fait, justement.
Le
scénariste/auteur, le grand paranoïaque et le religieux ont ceci de
commun qu'ils discernent une volonté dans l'ordre des choses. Pour
parler clair, ils vivent dans un monde soumis à une intentionnalité.
Pour
le religieux, c'est simple : la volonté de Dieu (ou d'une
quelconque puissance supérieure) se manifeste dans le monde, y
compris dans les moindres détails.
Pour
le paranoïaque, c'est pareil, sauf qu'en lieu et place de volonté
de Dieu, il s'agit de la volonté de gens malveillants qui veulent
lui nuire personnellement (et quand le Croyant se sent persécuté,
c'est bingo).
La
bande à Krona est-elle un pack de Kro ?
Pour
le scénariste, romancier ou tout autre auteur de fictions, la
volonté en question est la sienne propre, et elle s'exprime de façon
locale dans le cadre du petit monde qu'il s'est lui-même créé. Du
coup, même si à titre personnel et dans la vraie vie, le scénariste peut éventuellement
afficher un matérialisme radical, il se comporte
comme un créationniste pur et dur dans son travail, avec d'autant
plus de facilité qu'en l'espèce, le créateur, c'est lui, et que sa
propre main invisible par les personnages oriente néanmoins leur
destin (petit rappel : le matérialisme philosophique, c'est la
non croyance en des forces non physiques, c'est la posture de
Sherlock Holmes ou du Docteur House, grosso-modo. Qui sont par
ailleurs de grands paranoïaques, mais ça nous éloigne de notre
sujet. Toujours est-il que ce n'est pas de ça que se plaignent les
religieux quand ils parlent d'un "monde matérialiste" :
ils affectent de croire qu'il s'agit de l'obsession pour les biens
matériels). Car si le scénariste est matérialiste, il ne peut pas
se comporter comme tel dans son travail. Son petit monde porte par
définition la marque d'une volonté extérieure qu'il ne peut nier,
la sienne, même si les personnages peuvent éventuellement acquérir
une certaine autonomie en cours de route. Un scénario de BD est donc
en soi une démonstration "d'intelligent design"
(ouais, d'accord, sauf quand c'est Rob Liefeld qui l'écrit).
Un
exemple célèbre illustrera mon propos : la main de Dieu qui
crée la galaxie, dans Green Lantern,
peut facilement être lue comme une métaphore métatextuelle de la
nature fictive de cet univers.
Et
donc, que ce soit en BD, dans les comics et en SF, l'intelligent
design est surreprésenté.
Parce qu'il correspond tout simplement à une attitude mentale de
l'auteur quand il travaille, et qu'en plus il a une efficacité
dramatique. Rappelez-vous la scène du monolithe dans 2001…
Mais si, quand la présence du monolithe noir permet aux hominidés
de faire une percée conceptuelle, quand il donne l'intelligence à
des singes. Cette action extérieure sur l'évolution de l'homme,
c'est de l'intelligent design.
Rappelez-vous les explications de Kirby au début de Eternals ?
(des dieux cosmiques sont venus orienter l'évolution des primitifs
de la Terre) Pareil (en plus il était fan de 2001)
(et l'idée que ça puisse mener les hommes vers une forme de
divinité pour eux-mêmes, c'est du pur Teilhard dans le texte).
Il
y a là-dedans un symbolisme redoutablement efficace. Mais
l'intelligence de Clarke et Kubrick et celle de Kirby font qu'ils
refusent d'entrer dans les détails du truc. Il reste une part de
mystère qu'il vaut mieux ne pas dévoiler.
Alors
que cette erreur-là, celle de la trop grande précision, c'est
précisément celle dans laquelle se vautrent Brian de Palma et
Ridley Scott, ainsi que leurs scénaristes, dans Mission to
Mars et Prometheus.
Parce que l'ADN étant désormais à la mode (les Experts
et les OGM nous ont familiarisé
avec), ces brillants auteurs, pour faire croire qu'ils sont aussi
intelligents qu'un dessin (qui vaut mille mots), ils convoquent l'ADN
dans leurs histoires. Et là (insérer ici la voix de Pierre
Bellemare, ou celle de Christophe Hondelatte), c'est le drame. Parce
qu'ils n'ont pas tout à fait compris comment ça marche, j'ai
l'impression.
Insérez
ici une musique juste un peu krakapoum.
Et
donc, on a la scène du pourrissement de l'ADN dans Prometheus.
Et s'il faut que l'ADN se décompose pour ensemencer, alors une
comète du genre Tchouri suffit à faire le travail. Et ça
n'explique aucunement que l'ADN se recompose à l'identique deux
milliards d'années plus tard pour donner des bonshommes avec deux
bras et deux jambes. Pareil dans Mission to Mars :
les héros s'esbaudissent que la séquence ADN proposée par les
aliens soit 100% identique à celle de l'humain. Alors il faut
savoir, d'ailleurs, que l'ADN d'une patate ou d'un termite est
strictement le même que le vôtre, que le mien et même que celui de
Nadine Morano. C'est triste à dire mais c'est ce qui justement lui
permet de porter l'information génétique : la même séquence
veut dire la même chose quel que soit l'organisme qui la possède et
la lit, et son évolution éventuelle d'une espèce à l'autre permet
de remonter des traces phylogénétiques. Si l'organisme veut
modifier l'expression d'une séquence partagée par d'autres, il doit
l'accompagner d'une autre séquence modulatrice, "écrite"
dans le même langage des protéines.
Mais
ce n'est probablement pas ça que voulait dire Brian de Palma, alors
qu'il racontait exactement la même chose que Prometheus.
Le résultat de leurs affirmations, c'est que dans leurs récits, la
séquence génétique humaine a quelque chose de plus que les autres,
y compris à l'échelle de l'univers, et qu'elle est le but de
l'évolution.
Ça
pourrait n'être qu'un élément du discours, amenant à une
réflexion de fond sur ce qu'est l'évolution, ce qu'est l'univers,
et ce qu'est l'homme dedans. Manque de bol, ce pinacle de la Création
est composé de géologues cartographes qui se perdent quand bien
même ils disposent d'un super GPS dont leur boulot consiste
précisément à savoir s'en servir, ou de fuyards qui courent en
ligne droite quand une masse longiligne leur tombent dessus, comme le
premier Vile E. Coyote venu. Si c'est ça le sommet de l'intelligence
dans l'univers, alors ce sont les Gnostiques qui ont raison, et la
Création toute entière n'est qu'un brouillon chiffonné et jeté
dans la corbeille à papier du Réel.
Le
problème n'est donc pas dans le fait que Scott ou DePalma
développent ce genre de théorie (Kubrick et Kirby l'ont fait sans
que personne ne trouve rien à y redire), mais que ce ne soit pas
assorti d'un développement, d'un propos, d'une histoire cohérente.
C'est juste présenté comme allant de soi, tellement de soi que
l'homme, même con comme un balais, reste l'Homme nombril de
l'univers et que son infériorité apparente par rapport aux
extraterrestres qui l'ont engendré n'est qu'un problème temporel,
le fait qu'eux-mêmes aient eu des milliards d'années
supplémentaires pour développer une technologie et déblayer le
chemin que par construction nous suivrons à notre tour.
Le
problème supplémentaire, dont les auteurs n'ont visiblement pas
conscience, c'est que sur le plan de l'histoire des idées, ça
revient à renvoyer dans les cordes aussi bien Copernic que Darwin
dont le travail avait consisté justement à faire tomber l'humanité
de son piédestal de roi et couronnement indépassable de la création
comme la première statue de Saddam venue. Pour ceux qui
considéreraient que Copernic et Darwin donnaient dans le vandalisme,
rappelons les dégâts environnementaux considérables causés par
cette idée de "l'homme, centre et sommet de la création"
et on verra qui sont les vandales dans l'histoire.
Et
il essaie de se faire passer pour un Jedi, aussi, cet escroc.
Car
c'est tout là le nœud de l'affaire. Rare ont étés les auteurs
revoyant radicalement et par principe l'homme à son rang de paille
dans un cosmos trop grand pour lui. Blaise Pascal était terrifié
par cette idée, par « le silence éternel de ces espaces
infinis ». Howard P. Lovecraft avait théorisé la notion, et
considéré que s'il existait des êtres supérieurs dans l'univers,
ils nous considéreraient comme pas grand-chose, et c'était une idée
similaire qu'on retrouvait dans le Stalker
des frères Strougatski. De nos jours, Houellebecq nous renvoie à
notre propre arrogance en nous tendant un miroir sans concessions (ou
en tout cas, il nous renvoie ce qu'il voit en nous, ce qui n'engage
peut-être que lui). Or, la querelle récente autour du Prix Hugo
décerné aux meilleures œuvres de science-fiction montre que le
sujet est politisé.
Il
existe une science-fiction « de Gauche » comme il en
existe une « de Droite ». Et aux Etats-Unis, le débat
est compliqué (de notre point de vue européen) par le fait que les
curseurs ne sont pas au même endroit. Un journaliste considéré
comme « de Gauche » comme Hunter S. Thompson peut
s'avérer être également un avocat du droit à porter des armes
sans que là-bas ça ne semble être incohérent. Robert Heinlein,
l'auteur du très militariste Starship Troopers
(Etoiles garde-à-vous,
en VF, un bouquin beaucoup moins satirique que le film qui en a été
tiré) est aussi l'auteur d'En Terre Etrangère
(Stranger in a strange land),
qu'on peut lire (et qui a été lu) comme un manifeste hippie, ou de
Révolte sur la Lune
(The Moon is a harsh mistress),
roman sur une révolution libertaire réussie, qu'un lecteur européen
identifierait immédiatement comme de Gauche tendance mélanchoniste ;
sauf que non, il est libertarien, c'est à dire précisément
anarchiste de droite.
Et
là, c'est intéressant de rapprocher le film de Ridley Scott à
d'autres œuvres signées d'un auteur marqué à droite (versant
reaganien, à l'époque, donc une droite libérale, autoritaire, avec
référent religieux marqué), Larry Niven (qui demeure très atypique dans ces cercles-là, il n'a clairement pas les mêmes obsessions).
Parce
que le petit monde de Prometheus
renvoie directement à tout un univers. Et ce n'est pas celui
d'Alien, mais une saga
de science fiction écrite par Larry Niven, justement, regroupée
sous le titre générique de Récits de l'espace connu
(Known space).
L'élément le plus célèbre de cette vaste fresque est par chez
nous le roman L'Anneau-Monde
(Ringworld),
présentant une structure gigantesque construite sur un système
solaire lointain par une race très avancée, et que des terriens
s'en vont explorer. Le pitch est classique, pas si différent de
celui du Rendez-vous avec Rama d'Arthur
C. Clarke. Mais l'anneau-monde n'est qu'un élément de cet univers,
largement développé dans un tas de romans et de nouvelles. Et l'une
des lignes de force de tout le bazar… C'est cette fameuse race
extraterrestre constructrice d'immenses structures, les Protecteurs
Pak (sans lien de parenté avec le scénariste de Planet
Hulk). Personnages humanoïdes
vêtus de ce qui semble être des armures biomécaniques (mais ce
n'est en fait exactement le cas), ils sont à l'origine de
l'humanité.
Un
anneau pour les loger tous.
Mais
attention, pas de sacrifice pathétique et grandiloquent à la clé
avec de l'ADN qui noircit comme un burger laissé trop longtemps sur
la plage arrière de la bagnole, hein : c'est juste qu'un de
leurs vaisseaux s'est écrasé sur Terre il y a quelques millions
d'années, et que les survivants des formes juvéniles (mais
fertiles) des Pak ont évolué entretemps, sans êtres exposés à la
substance virale qui les amène au stade "adulte". La
rencontre ultérieure entre l'humanité et sa "race mère"
est du coup un peu tendue. Et hormis le détail de la scène
d'ouverture du film de Ridley Scott, cette rencontre tendue est un
peu ce que nous raconte Prometheus.
Sauf
que Niven, qu'on soit d'accord ou pas avec ses idées politiques (et
qui a tout à fait le droit de les exprimer dans ses romans), est
quelqu'un qui réfléchit à son univers, qui balance du concept
construit, pensé, et même calculé (son anneau-monde est une
structure d'autant plus crédible malgré sa démesure qu'il en a
calculé la surface, la masse et la vitesse de rotation, et déterminé
les systèmes annexes qui lui sont nécessaires pour fonctionner),
présentant des concepts hyper astucieux et des races extraterrestres
vraiment intéressantes dans leur définition culturelle. Inutile de
dire qu'adaptées par un Ridley Scott sur la voie du gâtisme et un
Damon Lindelof pour lequel écrire un scénario, c'est avant tout
aligner des scènes qui lui semblent « cool » sans se
soucier de cohérence ni de portée du propos, il peut y avoir ce
qu'un ingénieur appellerait de la « perte en ligne ».
Alors Prometheus est
moins bêtement anthropocentrique que Mission to Mars,
c'est sûr, mais il joue néanmoins avec des concepts dont les
auteurs sont loin de peser les implications, surtout présentés de
cette façon assez idiote : la scène d'ouverture du texte
sous-entend un tropisme inexpliqué de l'ADN vers la forme humaine,
même une fois complètement rebooté
par un redémarrage sous forme de fragments d'acides aminés et de
microorganismes primitifs, là où Niven décrit la forme humaine
actuelle comme une déviation récente et assez d'un morphotype déjà
constitué, ce qui dans le cadre de son univers est tout à fait
cohérent : il fait certes l'impasse sur l'évolution des
primates avant homo erectus,
mais on peut imaginer des tripatouillages encore antérieurs des Pak,
ou des circulations de gènes.
Vous
allez me dire, et une fois encore vous aurez raison, qu'il est
difficile de développer en un film ce que Niven met un paquet de
romans à brosser. Mais c'est justement là que devrait entrer en jeu
l'idée d'humilité chez les auteurs : n'ayant pas la place de
développer intelligemment leurs concepts, les auteurs de Prometheus
auraient dû revoir leurs prétentions à s'interroger sur la nature
de l'homme et se contenter de raconter une bonne histoire.
Alors
voilà : nos univers imaginaires sont des créatures de
démiurges plus ou moins compétents, de dieux parfois cruels
(Georges R.R. Martin est un exemple qui vient immédiatement à
l'esprit) ou maniaques (Tolkien et ses langues détaillées jusque
dans leur évolution), voire collectifs (les univers partagés mis en
places par des générations successives d'auteurs pas forcément
d'accord entre eux), ce qui induit un biais intéressant de
présomption de dessein, si l'on peut dire. Ou une forme un peu
gnostique de toute fiction. La fiction interroge le réel, mais elle
ne lui présente jamais qu'un miroir déformant.
Article publié en 2016 sur Comics Sanctuary et adapté en vidéo en février 2021 :
Commentaires
merci encore de ré éditer tes anciens articles
si je ne m' abuse
certain venaient aussi du forum superpouvoir d' avant LA GRANDE PURGE ?
je vais remettre tout ça en ligne entre maintenant et mi-juillet, je pense.
les gens ont le droit de savoir, tout ça tout ça.
(à propos de Niven, je reviens sur son cas dans une préface à sortir bientôt, je vous tiendrai tous au courant)