Accéder au contenu principal

Axe pour homme

Ça doit être le thème de la saison, mais après avoir profité de mes transports et de ma tablette pour me regarder le récent Conan avec Jason Momoa, je viens de regarder Kull le Conquérant, avec Kevin Sorbo.

Kevin sort beau. Ou pas.


Alors oui, je sais, à ce stade, ça ne pouvait que s'apparenter à une forme particulièrement perverse de masochisme. Et, de fait, il y a un peu de ça, je l'admets.

Alors déjà, re situons un peu le contexte. Kull date de la fin des années 90, au moment où Kevin Sorgho, auréolé de sa performance sur la série Hercule, décide de passer au grand écran pour se faire du blé. Il intègre donc le casting de King Conan, qui aurait dû être le troisième volet de la série commencée avec notre Schwarzennator préféré. Sauf que notre héros voit venir le piège. Il préfère ne pas être comparé à Arnold.

Et donc, le script de King Conan, librement adapté du roman L'heure du Dragon, est prestement transformé en un scénario de King Kull. L'Aquilonie devient Valusie, on rajoute le personnage de Tu l'eunuque (mais il n'y a hélas pas de place pour Brule le Picte) mais l'original reste reconnaissable*. Bon, les scénaristes (attention, hein, ils avaient L. Sprague de Camp comme conseiller technique, quand même) (ils auraient dû se méfier) arrivent quand même à conclure sur "Par cette hache, je règne", qui est pour le coup du Kull pur bifteck. C'est quand même sympa, ça leur permet de montrer qu'ils ont un peu fait leurs devoirs.

"Fils de Conan" ? Ils manquent pas d'air, quand même
quand on sait que la première histoire de Conan
était une histoire de Kull refusée par l'éditeur
et que Howard a donc réécrite et renvoyée


Pour le reste, le film dure une heure et demie, et autant je râle sur les films interminables qui empilent les péripéties, autant là, c'est sec. En vingt cinq minutes montre en main, on a présenté le monde dans lequel évolue Kull, puis la façon dont il est sorti du rang, puis celle dont il s'empare du trône, puis celle dont il le perd. Et quelques intrigues de palais en prime. Deux trois astuces d'écritures permettent de sous-entendre que Kull était connu à la cour (l'ancien roi l'appelle par son nom), mais ça va vite, trop vite. Les personnages sont esquissés à grands traits en quelques secondes. Ce qui permet de prendre du temps, après, pour des péripéties et des bagarres.

Kate et William à la mode Valusienne.
Notez l'armure, sans doute chipée à un téléfilm sur Jules César

Bien mis en scène, ça pourrait passer. Sauf que le réalisateur vient de la télé, et que ça se voit bien. Pire, il a débuté sur 2 flics à Miami, et ça se voit très bien. Ne serait-ce que par l'abus qu'il fait de metal symphonique ultra bas de gamme, qui permet d'anéantir toute tentative de donner de l'ampleur aux scènes épiques. Qui piquent un peu, du coup. C'est pas que ce soit particulièrement mal filmé, hein (c'est surtout mal monté, à la finale), mais ça n'aide pas. Pas plus que les vannes à deux balles qui parsèment le métrage. Après, les effets spéciaux sont pas ébouriffants, et ne démériteraient pas dans une série télé, pas plus que les costumes. Voilà, en pilote de série télé, ça aurait été plus regardable, sans doute.

Je l'aime bien, le méchant, il est plutôt drôle.
Il le fait pas toujours exprès, mais il est plutôt drôle.

Les acteurs, eh bien en dehors du héros, on décernera une mention spéciale à la méchante, jouée par la sympathique Tia Carrere, à laquelle on pardonne toujours beaucoup, mais qui nous débite quand même sans sourciller une citation de Dark Vador dans le texte. Et une mention d'honneur à Thomas Ian Griffith, qui gagne le prix Sean Bean du barbu qui meurt en cours de route. Kevin Sorbet s'en tire pas si mal en champion du dieu du gel opposé à la sorcière du feu. Mais voilà encore un garçon qui n'aura jamais d'Oscar.

Ah, et j'ai pas parlé de la photographie
Très deux Flics à Miami, aussi

Bref, vous l'aurez compris, Kull le Conquérant est un nanard pas hyper inspiré. Pas un nanar antipathique, ceci dit. Mais pas inspiré. Ou inspiré des mauvais trucs. On sent bien qu'il est sorti un poil avant que Peter Jackson ne pose les nouvelles règles du genre avec le Seigneur des Anneaux. C'est ce qui le sauverait presque, d'ailleurs : le Conan d'il y a deux ans n'a pas cette excuse.


Après, Tia Carrere est pas si mauvaise actrice, hein.
Elle est plutôt crédible en momie : on dirait presque Silvio !





* Et je vous parlais l'autre jour d'Acheron à propos du film Conan, et j'ai dit une ânerie : Acheron est bien un élément de cet univers, pris d'un doute, j'ai vérifié, et c'est ce qui m'a conduit à relire l'Heure du Dragon pas plus tard que cette semaine. Ce qui le rendait méconnaissable, c'était ce qu'en faisait le script. Alors que là, non, ça colle à Conan. Mais pas à l'univers de Kull, mais c'est véniel et un juste retour des choses, puisque dans Conan le Barbare, Tulsa Doom et son culte des serpents étaient des méchants arrachés à la première aventure publiée du roi de Valusie.

Commentaires

Anonyme a dit…
Ouais, justement, j'allais commenter sur l'histoire de Kull basculée en Conan, ce qui justifierait presque le basculement d'un Conan en Kull (sans jeux de mots, déplorable galapiat!). Mais le problème de tous ces films, je trouve, c'est pour beaucoup la localisation. C'était le point fort du CONAN de Milius, dont je suis par ailleurs fervent contempteur: il y avait une recherche de style pour les différents peuples, alors que Kull ou le récent Conan-bouillabaisse se bornent à assembler deux ou trois guenilles avec un seau à glace baroque en guise de casque, et voque le boutre...
Alex Nikolavitch a dit…
oui, c'est pour ça que je parlais d'heroic fantasy générique, d'ailleurs. Des décors aux costumes, c'est du facile, du pas inventif, du basique.

après, que la Valusie de Kull n'ait pas l'air extraordinairement peuplée ni particulièrement gigantesque, on peut mettre ça sur le compte de l'époque : les capitales de l'empire egyptien à l'époque pharaonique, n'avaient guère que 50 à 80.000 habitants, par exemple.
Alan Bax a dit…
Alors KULL, je n'ai pas osé. Sorbo, Carrere, l'ambiance de jaquette des
années 80 - je n 'ai pas osé. Je me suis pourtant fadé le dernier CONAN,
mais je n'ai pas osé.

Vous êtes de sacrés barbares, tous les deux. Vous n'hésitez vraiment pas à
fouler de vos sandales de fer les trucs pré-humains qui font frémir les civilisés.
Alex Nikolavitch a dit…
Les gens ont le droit de savoir.

Mais j'ai un truc. Je pense à l'Angleterre.
Stéph a dit…
Puisque tu confesses un penchant masochiste-pervers, peut-être voudras-tu savoir ce qu'est devenu ce bon Kevin Sorbo quinze ans plus tard. Alors si tu en as le courage, jette un oeil au récent Julia X sorti en direct-to-video... c'est assez... enfin on va dire que ça le change quoi.
Unknown a dit…
C'est le genre de billet qui me donne malgré tout envie de tenter l'expérience.

Je dois être un peu maso.

Posts les plus consultés de ce blog

La plupart Espagnols, allez savoir pourquoi

 Avec le retour d' Avatar sur les écrans, et le côté Danse avec les loups/Pocahontas de la licence, ça peut être rigolo de revenir sur un cas historique d'Européen qui a été dans le même cas : Gonzalo Guerrero. Avec son nom de guerrier, vous pourrez vous dire qu'il a cartonné, et vous n'allez pas être déçus.  Né en Espagne au quinzième siècle, c'est un vétéran de la Reconquista, il a participé à la prise de Grenade en 1492. Plus tard, il part pour l'Amérique comme arquebusier... et son bateau fait naufrage en 1511 sur la côte du Yucatan. Capturé par les Mayas, l'équipage est sacrifié aux dieux. Guerrero s'en sort, avec un franciscain, Aguilar et ils sont tous les deux réduits en esclavage. Il apprend la langue, assiste à des bagarres et... Il est atterré. Le peuple chez qui il vit est en conflit avec ses voisins et l'art de la guerre au Mexique semble navrant à Guerrero. Il finit par expliquer les ficelles du combat à l'européenne et à l'esp...

Par le pouvoir du crâne ancestral, je détiens la force toute puissaaaaaaante !

En fait non. Mais vous captez l'idée. Et puis je viens de vous graver dans la tête l'image de mes bras malingres brandissant une épée plus grande que moi comme si c'était un bâton d'esquimau. En fait, je voulais vous entretenir de ça : C'est un recueil de nouvelles à sortir chez Rivière Blanche ce printemps, sur le thème des super-pouvoirs, mais dans une optique un peu Robert Silverberg, pas tant le pouvoir lui-même que l'impact qu'il a sur la vie du pauvre couillon qui s'en retrouve nanti. C'est anthologisé (anthologifié ? anthostiqué ? compilé, on va dire) par mon vieux comparse Monsieur Lainé, et il y a tout un tas d'autres gens très bien dans le coup, comme Olive Peru, Pat Lesparre, André-François Ruaud ou Frank Jammes et j'en passe. Que des gens bien, quoi. Et bien entendu, j'y suis aussi (quoique j'ignore si j'ai les qualifications requises pour être classé dans les gens biens), avec un texte intitulé l'invisib...

En direct de demain

 Dans mon rêve de cette nuit, j'étais en déplacement, à l'hôtel, et au moment du petit dèj, y avait une télé dans un coin, comme souvent dans les salles à manger d'hôtel. Ce qui était bien, c'est que pour une fois, à la télé ce n'était ni Céniouze ni Béhèfème (faites une stat, les salles à manger d'hôtel c'est toujours une de ces deux chaînes), mais un documentaire. Je hausse le sourcil en reconnaissant une voix.   Cette image est un spoiler   Oui, c'est bien lui, arpentant un décor cyberpunk mêlant à parts égales Syd Mead et Ron Cobb, l'increvable Werner Herzog commentait l'architecture et laissait parler des gens. La force du truc, c'est qu'on devine des décors insolites et grandioses, mais que la caméra du réalisateur leur confère une aura de banalité, de normalisation. "Je suis venu ici à la rencontre des habitants du futur, dit-il avec son accent caractéristique. J'ai dans l'idée qu'ils ont plein de trucs à me dire....

Le slip en peau de bête

On sait bien qu’en vrai, le barbare de bande dessinées n’a jamais existé, que ceux qui sont entrés dans l’histoire à la fin de l’Antiquité Tardive étaient romanisés jusqu’aux oreilles, et que la notion de barbare, quoiqu’il en soit, n’a rien à voir avec la brutalité ou les fourrures, mais avec le fait de parler une langue étrangère. Pour les grecs, le barbare, c’est celui qui s’exprime par borborygmes.  Et chez eux, d’ailleurs, le barbare d’anthologie, c’est le Perse. Et n’en déplaise à Frank Miller et Zack Snyder, ce qui les choque le plus, c’est le port du pantalon pour aller combattre, comme nous le rappelle Hérodote : « Ils furent, à notre connaissance, les premiers des Grecs à charger l'ennemi à la course, les premiers aussi à ne pas trembler d’effroi à la vue du costume mède ». Et quand on fait le tour des autres peuplades antiques, dès qu’on s’éloigne de la Méditerranée, les barbares se baladent souvent en falzar. Gaulois, germains, huns, tous portent des braies. Ou alo...

Countdown to Hermes' gate !

Dans pile une semaine d'ici, le 13 octobre 2010, ruez-vous comme un seul homme (oui, même vous, mesdames, la langue française est ainsi faite, je n'y peux rien) chez vos libraires préférés pour vous emparer de Crusades : la Porte d'Hermès , tome 2 de vous savez quoi, signé Alex Nikolavitch, Izu et Zhang Xiaoyu. Parce que bon, quand même, hein, vous achetez bien assez souvent les bouquins des autres, achetez un peu des miens aussi, de temps en temps, pour équilibrer.

Ïa, ïa, spam !

Bon, vous connaissez tous les spams d'arnaque nigériane où la veuve d'un ministre sollicite votre aide pour sortir du pognon d'un pays d'Afrique en échange d'une partie du pactole, pour pouvoir vous escroquer en grand. C'est un classique, tellement éculé que ça a fini par se tasser, je reçois surtout ces temps-ci des trucs pour des assurances auto sans malus ou les nouveaux kits de sécurité pour le cas de panne sur autoroute et des machins du genre, c'est dire si ces trucs sont ciblés. Y a aussi de temps en temps des mails d'Ukrainiennes et de Biélorusses qui cherchent l'amour et tout ça, et qu'on devine poster leur texte bancal d'un cybercafé de Conakry. Ça se raréfie, ceci dit, les démembrements de fermes à bots ayant porté un peu de fruit.   Mais là, j'en ai eu un beau. Et la structure du truc montre qu'il a été généré par IA. On me sollicite pour un club de lecture. Très bien, on me sollicite aussi pour des médiathèques des salons...

Le monde comme il va

Aujourd'hui, parce que c'est dimanche, la War Zone va, sous vos applaudissements nourris vous révéler deux documents étonnants qui éclairent d'un jour étrange la marche de monde sur lequel on a généralement les pieds dessus, sauf quand on prend l'avion. Celui-ci nous vient du Mexique, une manifestation de soutient à Julian "Couilles de Tonnerre" Assange, l'homme par qui Wikileaks arrive, devant l'ambassade Britannique à Mexico. Vous noterez qu'avec un mois et six jours (le document date d'hier) de retard, les manifestants portent un masque de Guy Fawkes, le catholique qui avait tenté de faire sauter le Parlement à Londres. C'est aussi, et surtout, une référence à V pour vendetta , chef d'œuvre bédéistique dont l'excellente traduction est disponible dans toutes les bonnes librairies. Là où c'est vertigineux, c'est que la manifestation géante de gens portant le masque de V/Guy Fawkes n'existe pas dans la BD, mais uniquem...

Qui était le roi Arthur ?

Tiens, vu que le Geek Magazine spécial Kaamelott connaît un deuxième numéro qui sort ces jours-ci, c'est peut-être l'occasion de rediffuser ici un des articles écrits pour le précédent. Souverain de légende, il a de tous temps été présenté comme le grand fondateur de la royauté anglaise. Mais plus on remonte, et moins son identité est claire. Enquête sur un fantôme héroïque. Cerner un personnage historique, ou remonter le fil d’une légende, cela demande d’aller chercher les sources les plus anciennes les concernant, les textes les plus proches des événements. Dans le cas d’Arthur et de ses chevaliers, le résultat a de quoi surprendre.  « [Gwawrddur] sut nourrir les corbeaux sur les remparts de la forteresse, quoique n’étant pas Arthur. » La voilà, la plus ancienne mention d’Arthur dans les sources britanniques, et avouons qu’elle ne nous apprend pas grand-chose. Elle provient d’un recueil de chants de guerre et de mort, Y Gododdin, datant des alentours de l’an 600, soit quelque...

On croit rêver

Après le repas, pour ma pause post prandiale (oui, pléonasmitude : la pause d'après repas est forcément post prandiale), je me suis mis un vieux cartoon Superman des frères Fleischer. C'était sur un DVD trouvé à vil prix dans un bac. J'avais déjà un DVD compilant la quasi totalité des Superman des frangins, mais plusieurs éléments me donnaient à penser que la qualité d'image serait un peu meilleure sur celui-ci. C'était d'ailleurs le cas : meilleure qualité d'image, meilleure qualité de son. Par contre, toujours pas de VO, c'est quand même dommage. Pour la VO, rendez-vous ici , du coup. Mais ce qui m'a un peu étonné, c'est l'avertissement en début de DVD. Oh, ça fait des années qu'il n'y a plus de quoi s'étonner de voir des avertissements anti-piratage au début d'un DVD. Sauf que là, je ne sais pas si c'est légal : les Superman des frangins Fleisher, ils sont libres de droits. Dans le domaine public. Les seules restri...

Da-doom

 Je me suis ému ici et là de voir que, lorsque des cinéastes ou des auteurs de BD adaptent Robert E. Howard, ils vont souvent piquer ailleurs dans l'oeuvre de celui-ci des éléments qui n'ont pourtant rien à voir. L'ombre du Vautou r, et Red Sonja, deviennent ainsi partie intégrante du monde de Conan à l'occasion d'un comic book, et Les dieux de Bal Sagot h subissent le même traitement dans Savage Sword . De même, ils vont développer des personnages ultra-secondaires pour en faire des antagonistes principaux. C'est ce qui arrive à Toth-Amon , notamment.  Sienkiewicz, toujours efficace   Mais un cas ultra emblématique, à mon sens, c'est Thulsa Doom. Apparu dans une nouvelle de Kull même pas publiée du vivant de Howard, c'est un méchant générique ressemblant assez à Skull Face, créé l'année suivante dans une histoire de Steve Costigan. Les refus sur Kull ont toujours inspiré Howard : la première histoire de Conan, c'est la version remaniée de la der...