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Chronique des années de peste, livre 3

Résultat de recherche d'images pour "empty street" 

Un peu atterré par mes contemporains. Mon ultime tentative de ravitaillement hier ne s'est pas déroulée comme prévu : voyant les gens s'amassant en troupeau devant la supérette, se collant les uns aux autres et vitupérant, j'ai renoncé. Puis pris d'une inspiration, j'ai fait un saut chez le petit épicier Tamoul, et c'était presque vide. J'ai pu prendre les quelques denrées qui me manquaient pour être sûr de tenir dix jours, et je suis rentré me terrer dans mon bunker, pour découvrir les images de l'exode urbain, tous ces gens qui quittent les grandes villes comme en 40 et vont propager le virus dans des villages pas encore touchés. Bien joué, les enfants, les Italiens ont fait exactement pareil il y a dix jours, avec le résultat que l'on sait.

Tout cela m'a filé de bonnes bouffées d'angoisse, exacerbées par un léger mal de gorge, totalement habituel pour moi en cette saison avec l'arrivée des premiers pollens. Je me prends à surveiller ma carcasse à l'affut du moindre signe, attitude hypocondriaque qui n'est pas habituelle : j'essaie d'ignorer autant que possible, en règle générale, les mouvements intérieurs de ce grand machin malcommode. J'ai trop eu affaire à des gens qui paniquaient au moindre pet de travers, que ce soit du temps de ma jeunesse folle ou quand j'étais professionnel de santé (ce qui commence à dater aussi, mine de rien).

Un e-mail reçu hier soir m'a fait un effet curieux. Les copains argentins (ceux avec qui j'ai réalisé la BD sur H.P. Lovecraft, et qu'on reverra très bientôt à l'occasion d'un autre projet dont je vous reparlerai dès que la situation sera plus normale) s'inquiétaient pour moi, et me demandaient comment ça se passait ici. Je me suis revu échangeant le même genre de mails avec des dessinateurs serbes pendant la révolution à Belgrade. Sauf que c'était moi qui m'inquiétait alors.

Pas simple de travailler sereinement dans cette ambiance, en tout cas. Les discours guerriers de Jupiter n'arrangent rien, à l'heure où Apollon fait pleuvoir ses flèches.

Bref, prenez soin de vous, tous.

Commentaires

artemus dada a dit…
Toi aussi prend soin de toi amigo !
Alex Nikolavitch a dit…
merci, camarade !

je t'envoie une accolade à distance !!!
Tonton Rag a dit…
Tonton Rag a eu beau se mithridatiser a coup de packs de bière Corona, la manoeuvre a échoué : il est contaminé ... une toux persistante, depuis jeudi soir, mais pas de fièvre, pas de fatigue ... Le médecin est passé ce matin, je suis confiné pour 15 jours.
Alex Nikolavitch a dit…
moi qui pensait envoyer un mail collectif à toute la brochette des Racu Brothers pour faire le point… Bon, plein d'ondes positives sur toi et ta famille !

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