Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du juin, 2020

Les médias modernes, c'est plus que de la TSF

Alors, visiblement, tout le monde en a après moi en ce moment, vu que j'ai été zinterviewé (mais la vedette, dans l'histoire, c'est l'excellent Laurent Queyssi) sur le podcast c'est plus que de la SF . Le sujet étant V for Vendetta , d'Alan Moore et David Lloyd, dont j'ai été jadis le traducteur (même si l'édition courante actuellement reprend la version de Jacques Collin, qui est super bien, j'ai grandi avec). Et ici, le lien de l'interview complète. Par ailleurs, il a fallu que j'enregistre une petite vidéo pour causer de ma participation au mook Dune .

Prophète de Mahler

Est-ce qu'on se refait un petit topo sur un trope moisi de la fantasy et SF ? Allez ! Aujourd'hui, la prophétie, rien que ça, en mode oracle, ô désespoir. Petite sœur des histoires d'élus, la prophétie est un motif déjà très utilisé dès l'antiquité. Avec d'autant plus de facilité que des prophètes professionnels et amateurs y sévissaient un peu partout. Les Romains consultaient l'oracle pour un oui ou pour un non (sans hésiter d'ailleurs à demander un second avis le cas échéant) et toute l'histoire d'Oedipe est basée sur une prophétie qui a mal tourné. Il y a d'ailleurs à l'époque trois sortes de prophéties : - L'oracle sibyllin, généralement imbitable ou codé, dans lequel tout un chacun peut trouver ce qu'il veut. La vitalité du secteur "décryptage de Nostradamus" montre la plasticité et la puissance d'une prophétie bien tournée. - La prophétie ouverte, qui suppose un choix de la part du receveur, c'est celle qui c

L'écriture automatique, c'est mon Dada

C'est dimanche, alors bon dimanche, sous vous applaudissements et la petite bruine qui se met à tomber, devant ma fenêtre. Comme je suis un peu fracassé par le boulot, je vais plutôt que mes vaticinations habituelles vous livrer un bout de texte qui trainait sur mon disque dur, un extrait d'un projet abandonné, une sorte d'autopsie du Zeitgeist du siècle passé, une enquête démente et intérieure, dans laquelle je testais notamment l'écriture automatique sur associations libres, des effets à la Burroughs (l'autre, pas Edgar Rice) et des constructions bizarres. J'ai fini par mettre ça de côté, je le ressortirai un jour, ou pas. En tant qu'exercice, c'était passionnant à faire, en tout cas… -- La pochette d'allumettes est un indice cosmique. Le feu représente l'univers, pour certains présocratiques et pour les Mazdéens. C'est un principe fondateur duquel tout naît, et par lequel tout se consume. Cela s'appelle l'entropie, moteur et fin d

Airport 2020, y a-t-il un Niko dans l'avion ?

Dans mon rêve de cette nuit, je faisais un voyage en avion vers New York, dans un truc genre "super Concorde", et il y avait avec moi un parterre de vedettes, genre Annie Cordy et Bernie Bonvoisin (oui, je me dis que même en rêve, je rencontre les vedettes que je mérite). Il y avait une espèce de banquet à bord, sur une longue table, tout le monde parlait avec tout le monde en faisant tourner la bouteille de pinard. Bien évidemment, nous nous sommes crashés au large de New York avant que la bouteille n'arrive jusqu'à moi. Les secours tardant à arriver, nous avons réinstallé la table sur une des ailes et attendu. En récupérant ce qui était récupérable de la boustifaille. Une espèce de bourgeoise évaporée s'extasiait sur la nourriture que nous avions sauvée, avec des sorties du genre "aaaaah, mais mon cheeeeer, c'est tellement… gingival…" De mon côté, j'avais réussi à récupérer une des bouteilles de pinard et je cherchais un verre à pied en me disa

Plein les esgourdes

Petite nouveauté : Trois Coracles Cinglaient vers le Couchant est désormais disponible en livre audio , en exclus sur la plateforme Audible. Vous pouvez écouter sur leur site un extrait des deux premiers chapitres. Pour la petite histoire, c'est ma deuxième adaptation en audio. Une chaîne Youtube avait donné une lecture de "Caprae Ovum", une nouvelle sortie il y a quelques années dans l'anthologie La Clé d'Argent des Contrées du Rêve , chez Mnemos. On y trouve la première apparition du Bateau-Carnaval :

Le retour de la perte de l'âge d'or enfui mais qui est devant nous

En fait, je pourrais continuer longtemps sur les trope de la fantasy et l'intérêt qu'il y a pour les auteurs, moi y compris, à les interroger et à les dépasser. Donc, je vais pas me gêner. Après avoir causé des prologues historico-didactiques et de l' élu , voilà qu'on va évoquer l'âge d'or. Sous diverses formes, l'idée d'une époque enfuie et lointaine, de haute magie et grand prestige, dont les protagonistes ne sont que les héritiers et descendants dégénérés ou spoliés, irrigue un peu toute la fantasy. Lâche d'or Elle trouve son origine dans les mythologies. L'Âge d'Or est une expression qui nous vient des Grecs, et qui désigne une période où le temps n'opérait pas son travail de sape sur le monde, et que dieux et humains pouvaient vivre en bonne entente. Depuis sa fin, le monde tombe toujours plus bas. On trouve une conception assez similaire dans la Bible avec l'Eden, la sortie du jardin correspondant à l'apparition de la mort

Celui-là est l'élu

On parlait l'autre jour des clichés dans l'heroic fantasy . C'est un vrai sujet, quasiment inépuisable. Ce genre, qui a disons un petit siècle (faisons-le débuter par Eddison ou Dunsany, par exemple) nous a déjà donné des classiques, s'est stratifié en sous-genres, a vu naître des imitateurs et imitateurs d'imitateurs, tout en se réinventant à intervalles plus ou moins réguliers. (the Butler did it) (même que c'était Charles Ernest) Alors, il est toujours difficile de faire la part de ce qui constitue "les codes du genre" et de ce qui relève du banal cliché. La frontière est de toute façon mouvante et perméable. Tous ces clichés n'en étaient d'ailleurs pas forcément au départ, mais ils le sont devenus à l'usage. Certains sont bénins, d'autres orientent le sens des œuvre et du genre tout entier : la prophétie, le roi perdu, la perte de la tradition, etc. L'un de ceux-ci, que je retrouve redoutable, est celui de l'élu, du sauveur

Moi mon Colomb, celle que je préfère…

Intéressant de voir les controverses de la semaine autour, notamment, de la décapitation d'une statue de Christophe Colomb. Les mêmes qui s'insurgent n'avaient pas fait montre de la même indignation quand avaient été abattues les statues de Saddam, il n'y a pas si longtemps. De quoi se plaignent-ils ? Maintenant, ça leur fait une statue d'Ann Boleyn pour le même prix Non que je me fasse l'avocat du démontage des statues, je note que c'est chez le très conservateur Carlyle qu'on propose d'abattre les statues "ces horribles solécismes de bronze" pour en faire des baignoires, et que souvent dans l'histoire il est arrivé qu'on fonde les statues pour en faire des canons. Les mêmes qui se seraient insurgés de l'abattage par Courbet de la colonne Vendôme ont été mettre des coups de canif à une installation artistique au pied de celle-ci, et censurent à l'occasion sa peinture à lui. Dans une époque aussi compliquée que la nôtre,

Un commencement est un moment d'une délicatesse extrême

Une question que j'ai vu passer l'autre jour portait sur les clichés insupportables dans le premier chapitre des romans de Fantasy. J'avais répondu quelque chose sur les grosses considérations historiques assénant sans recul ni point de vue intéressant les grandes lignes de l'univers et ses enjeux. Ça mérite peut-être un peu de développement. Créer un univers (surtout un univers qui ne s'écroule pas trois jours plus tard, comme le rappelle l'ami Phil) est une tâche écrasante. Cela passe par l'accumulation de notes, et plus ce petit monde sera exotique, plus il y aura d'éléments à produire, du vocabulaire au calendrier, en passant par les chronologies, généalogies, géographies et autres mots en "ie". Bien évidemment, l'auteur aura envie de montrer à ses lecteurs son dur labeur. Mais l'infliger d'un bloc, exiger de son lecteur qu'il apprenne en 5 ou 8 pages ce qu'on a mis parfois un ou deux ans à décanter, c'est peut-être

Ça cause dans le poste

Comme j'ai de l'actu (et l'automne sera chargée aussi de ce côté, plus d'infos bientôt) voilà que commence pour moi la saison des zintervious. (vision d'artiste de l'exercice) (c'est plus avachi et moins cravaté, quand c'est moi) J'en ai donné une au blog Chroniques du Chroniqueur , la deuxième vu qu'il m'avait interrogé l'an passé à propos des Trois Coracles . Cette fois-ci, on parle bien sûr des Canaux du Mitan (toujours dispo en numérique, en librairie le 22 août, et je me suis laissé dire que les gens l'ayant précommandé commencent à le recevoir. Par ailleurs, je donne une mini interview dans le magazine Géo Ado, une fois encore pour parler du Mitan. Toujours pas de dédicace formellement prévue dans les mois à venir, mais je commence à poser des jalons pour octobre et novembre. Outre le Mitan, j'aurai d'ici là la réédition de Mythe & Super-héros, et un autre roman, d'inspiration lovecraftienne, do

Ne pas perdre le nord

J'ai toujours adoré les cartes. Depuis petit. Depuis ces bandes dessinées sur les pirates, je crois, où elles permettaient de trouver le trésor. Et puis, il y avait, dans la cuisine d'une de mes tantes, une énorme carte de Mercator qui me fascinait, et qui a longtemps conditionné ma vision du monde. Un truc de ce genre : Bon, à l'époque, il y avait dessus l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques, la Yougoslavie, la RDA et autres nations disparues, emportées par le vent de l'histoire. Mais ce qui m'a marqué (et dont je n'ai compris que plus tard les conséquences en termes de représentation) c'est la projection elle-même, qui rend le Groenland énorme et l'Amérique du Sud toute petite. Cet effet de loupe dans l'Océan Arctique conduisait à mettre en avant des îles à la forme curieuse, l'archipel du Spitzberg, ou Svalbard, comme on dit désormais. Ça aussi, ça avait un côté fascinant, genre île sur le toit du mo