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Articles

Affichage des articles du mai, 2023

Bien, bien, bien...

Je vois passer beaucoup de trucs sur les dérives du "bien être". Et ça faisait longtemps que j'avais envie de me fendre d'une homélie sur le sujet, mais ce sera une homélie du samedi parce que demain je serai en dédicace. Parce que c'est bien d'interroger ces notions-là, qui sont en général méticuleusement taillées pour qu'on ne se pose pas la question. Vous pouvez le faire Comment est-ce taillé pour ? Rien que par le terme lui-même : on ne peut pas reprocher à quiconque de vouloir aller bien. Le problème, c'est l'injonction à aller bien que recouvre la notion de "bien être". Le mal être, c'est un truc qu'on a tous vécus, et qui ne va pas en s'arrangeant avec les craintes que nous inspirent le présent et l'avenir, les pressions croissantes exercées à divers niveaux par la société. Chacun cherche son équilibre propre, ce n'est pas nouveau ni inquiétant. La sagesse, c'est parvenir à cet équilibre, d'une certaine

Le futur d'après

Un des débats qui agite le petit milieu de la SF, depuis quelques années, c'est la reconstruction de perspectives positives. En voulant avertir, souvent à juste titre, leurs lecteurs de périls imminents, les auteurs ont contribué à créer un avenir morose, développé à l'envi dans des genres comme le post-apocalyptique, la dystopie, le cyberpunk et j'en passe. Une partie de ces avenirs s'est d'ailleurs réalisée. Le réchauffement climatique, les sociétés de contrôle, la marchandisation absolue, on est en plein dedans. dessin de Tom Gauld De s'apercevoir que, malgré toutes ces mises en garde, l'espèce s'est vautrée dans ses pires travers a de quoi mener au découragement général. Le progrès est devenu une notion très ambivalente, détournée, parfois toxique, j'en causais dernièrement dans ma vidéo sur le Giscardpunk . Face aux enjeux du moyen terme, nombre d'entre nous sommes tentés de baisser les bras. C'est pourquoi il est urgent de reconstruire

Niko près de chez vous

Un petit point sur mes prochaines sorties en dédicace. Dimanche 21, je serai au Bordeaux GeekFest , sur le stand des Moutons électriques. Et à 16 h, je donnerai une conférence Mythe & Super-héros. Dimanche 28, je serai en dédicace au festival Geek'up , aux Clayes sous Bois (78)

Et c'est parti !

 Et voilà, Les exilés de la plaine se trouve désormais entre les mains d'un pouvoir supérieur au mien : mon éditeur. Après un gros passage à vide de plusieurs mois, j'ai pris le taureau par les cornes et dépoté le troisième tiers d'un bloc, en mode rafale. Ça impliquait des changements de méthode de travail, d'ailleurs. C'est ça que je tenais à vous causer ce matin... Je causais dernièrement de mes pannes d'écriture, mais ça valait le coup de revenir là-dessus plus en détail, pour évoquer plus précisément les évolutions dans ma façon de bosser. Pendant des années, j'ai travaillé dans un savant désordre, à partir d'un plan du roman pas forcément ultra détaillé, mais dans lequel figuraient toutes les grandes étapes du récit, la façon dont devaient évoluer certains personnages et certaines situations, des éléments d'univers à placer, etc. Ce n'était pas forcément différent, sur le fond, de ma méthode de travail pour le scénario BD, qui implique u

Frontière du néant

 Peut-être est-ce l'effet de mes récentes lectures, mais je me remets à rêver d'expéditions spatiales (et parfois d'expéditions subaquatiques). C'est toujours complètement étrange dans le design, j'aimerais avoir un souvenir assez net de toute la technologie que je vois dans ces rêves, et la capacité de la représenter (en fait, faudrait que j'apprenne à me servir de Blender ou d'un outil du genre). Le début du rêve se perd dans des brumes, mais en tout cas il y a diverses réunions, avec des gens qui ne m'apprécient visiblement guère. Je ne fais pas trop d'efforts, du coup, mais pourtant je me retrouve sélectionné pour une expédition cruciale pour l'avenir de l'humanité. L'architecture de la base est ultra brutaliste,mais il m'arrive d'aller me calmer les nerfs non loin, dans une petite ville côtière, au pied de la falaise. La base est construite sur le plateau qui la surplombe. Je me dis que vu la taille de l'énorme vaisseau,

Rendez-vous en terre inconnue

 Ça fait très longtemps que j'avais envie de me relire Rendez-vous avec Rama , le roman d'Arthur C. Clarke (connu pour avoir également écrit une série sur des odyssées spatiales, dont les adaptations ciné sont installées assez haut dans la liste de mes obsessions). Pourquoi ai-je précisément entrepris cette relecture maintenant ? Ça, c'est assez compliqué. Le bouquin, je l'avais lu au départ dans la deuxième moitié des années 80, vers 15-16 ans, en bibliothèque, à l'époque où j'écumais tout ce que celles du quartier et des quartiers voisins avaient en termes de SF. La plupart n'en avaient pas des masses, mais certains auteurs étaient pas trop mal représentés : Clarke, bien sûr, mais aussi Asimov, Van Vogt, Dick, Herbert, et puis parfois des bizarreries, des Fleuve Noir, des collections oubliés, un ou deux Néo. Dès que j'avais eu trois sous, j'avais repris quelques Clarke, mais pas Rama , je ne sais plus pourquoi. Par contre, j'ai retrouvé dans mo

Mise en panne

 La phase finale d'écriture sur Les exilés de la plaine avance encore plus vite que prévu, ce qui constitue une surprise d'autant plus agréable qu'il s'agit une fois encore d'un de ces bouquins où il y a eu de grosses phases de panne, après un démarrage en trombe où le premier quart du bouquin est tombé en un mois et demi à peine.  J'y repensais ce soir suite à une conversation approfondie avec mon très estimable confrère David Camus (qui se lance ces temps-ci dans un projet dingue de traduction de la correspondance entre R.E. Howard et H.P. Lovecraft, en tandem avec Patrice Louinet) où, après avoir discuté HPL, traduction, rapport à l'oeuvre, projets en cours dans ce domaine, l'on s'est confiés nos angoisses respectives quant à ce genre de passages à vide. Je connais peu d'auteurs qui ne rencontrent pas ce problème un jour ou l'autre, mais en parler n'est pas toujours évident. En ce qui me concerne, les causes peuvent être de plusieurs n

Morne plaine

 Bon, j'avance à grand train pour boucler Les exilés de la plaine , qui sort dans quelques mois. Histoire de vous faire saliver un peu, parce que je suis comme ça, vous le savez, je me suis dit que j'allais vous en présenter un petit extrait pris au pif. On se trouve dans la partie la plus occidentale du Mitan, 80 ans avant les aventures de Gabriel, Suzanne et les autres : « Psst. » Dissimulé derrière un buisson, Richaume lui faisait signe. Raoul s’approcha. « Qu’y a-t-il ? — Du monde, de l’autre côté. Un campement. Une demi-lieue tout au plus. » Les deux hommes chuchotaient, leur visage presque à se toucher. « Qui ? — On ne sait pas. Gonthier éloigne les chevaux, et Pagud est allé voir de plus près. — Bien. Il sait se faire discret, quand il ne parle pas . » Richaume gloussa. Il est vrai que la voix rocailleuse de son camarade s’entendait de fort loin. Lorsqu’il atteignit les arbres, Raoul aperçut immédiatement le lieutenant Wosberg, dissimulé derrière