Accéder au contenu principal

Plus près d'Ator

J'avais entendu pis que pendre des films Alien versus Predator. Ce qui me chagrinait, je dois bien le dire, tant j'avais pu apprécier les comics que j'avais pu lire sur le sujet, et le jeu vidéo avec lequel je m'étais bien amusé en mon temps (ah, les bastons en réseau dans le métro ou dans l'immeuble de bureaux, c'était de la balle) (et de la grenade, aussi) (et de la griffe) (et du laser).

J'appréciait trop la saga Alien, et les films Predator*, pour vouloir tenter ces films dont on ne me disait qu'ils n'étaient pas au niveau de leurs modèles. Et la façon dont Prometheus démontrait avec brio (ou plutôt, justement, avec une formidable absence d'icelui) qu'on pouvait très facilement bousiller cet univers m'avait convaincu qu'il valait peut-être mieux ne pas insister, et que la dernière incarnation valable sur grand écran des bestioles était probablement Pitch Black.

Et puis du coup j'avais pas tenté de les voir, les AvP.

Mais, dans ces périodes où j'ai vraiment trop de boulot au point que ça me stérilise la tête, j'ai un penchant immodéré pour les films lamentables, comme vous l'avez sans doute remarqué à la lecture de ce blog, ces derniers temps. Et donc, dans ces moments où je ne suis plus moi-même, où la fatigue me ravage les neurones qu'il me reste et qui ne sont pas encore totalement disjonctés par l'abus de café, je me suis infligé les dernières incarnation pelliculaires de ces concepts.

Et je partais d'un a priori forcément défavorable, parce que c'est comme si je te dis, t'es un Alien mais t'as pas de Ripley, ça le fait pas.

Non mais allô, quoi.

Et de fait, le premier AvP est, il faut bien le reconnaitre, un film très con. Oh, on sent bien un réelle bonne volonté (hop, on ressort Bishop, ou en tout cas son modèle humain, et on nomme un des personnages Verheiden, en hommage au scénariste qui le premier avait télescopé les deux licences, et les décors de la pyramide sortent directement du jeu), mais le manque de rigueur est patent. L'intérieur du vaisseau des Predators est un intérieur générique de vaisseau de SF, alors que Predator 2 avait montré que les extraterrestres chasseurs avaient un goût esthétique qui les éloignait quand même pas mal du look coursive métallique et néons qui brillent. Les Aliens ont un cycle de vie ultra accéléré qui leur permet de passer du stade d'oeuf implanté dans un hôte à celui d'adulte énorme et en pleine possession de ses moyens en... Si j'en juge par la grammaire cinématographique de la chose et par le comportement des persos... En moins de deux heures. Ils ont dû bouffer les glands de Panoramix, ceux qui accélèrent la croissance. Et ça, ce ne sont que les bourdes par rapport à la logique de la série. Parce que le guignol qui dit que les Aztèques comptaient en base 10 et donc que le temple a un cycle de dix minutes, je ne sais pas où il est allé à l'école, mais c'est sans doute chez Dan Brown. Parce que justement, les Aztèques comptaient en base 20, et leur système de comptage du temps ignorait royalement la minute. Accessoirement, si la civilisation à l'origine de la pyramide est l'ancêtre à la fois des Egyptien, des Cambodgiens et des Mésoaméricains, alors on n'a probablement pas affaire à des Aztèques, mais plus probablement à des Mayas voire à des Olmèques. Qui comptaient eux aussi en base 20 d'ailleurs. Et puis on découvre qu'en plus de voir dans l'infrarouge, les casques des Predators font aussi les rayons X, le scanner et l'IRM. C'est vachement pratique, mais pas remboursé par la Sécu, à m'a connaissance. On sent le rajout présent uniquement pour donner visuellement des explications aux spectateurs malcomprenants.

Et puis LE concept du film :
l'Alien écossais


Hormis ces (nombreux) détails, le film est quand même distrayant. On a, à défaut de Ripley, une Riplette qui fait bonne figure (mais évite de citer son modèle en traitant la reine Alien de bitch. Elle préfère citer Schwarzie en traitant le Predator d'ugly motherf*cker). C'est punchy, y a des idées rigolotes, deux trois belles scènes. Et le contexte antarctique permet de justifier la connaissance des entreprises Weyland de l'existence des aliens tout en conservant l'ignorance du grand public. Film couillon, donc, mais pas déplaisant. Mieux foutu, ça aurait pu faire un honnête succédané d'un film des Montagnes Hallucinées. Sauf que non, mais on voit que ce film est là, en germe, avec les Predators dans le rôle des Anciens, et les Aliens dans celui des immondes Shoggoths.

C'est donc un peu plus confiant que j'abordais AvP Requiem, censé en être la suite. Et là, j'ai pris la mesure de la fourberie des producteurs. Après un film pas si mal, ils nous balancent... Un truc totalement improbable. Mais revoyons l'action au ralenti.

Le vaisseau des Predators du premier film se plante dans le Colorado. Et les Aliens infectent la population. Et donc, un genre de Predator flic vient faire le ménage dans le patelin. Ni les enfants ni les chiens ni les femmes enceintes ne sont épargnés, ce qui serait un bon point, mais...

Mais avait-on besoin d'une vague romance adolescente dans un Alien ? Je veux dire, c'est déjà un crossover avec Predator. Y avait-il vraiment une nécessité absolue d'y ajouter les clichés des films de type slasher, avec le groupe d'ados, le triangle amoureux, et la scène qui commence en lorgnant vers le torride et qui se finit dans le sang et les boyaux ?

En  fait, je crois que non.

Si le premier AVP nous présente "l'ancêtre" de Bishop, le second nous balance un possible ancêtre de Dallas, le capitaine du Nostromo dans le premier Alien. Et le personnage est tellement antipathique qu'on aurait préféré qu'il s'appelle autrement.

Sinon, le cycle de vie des Aliens s'est encore accéléré, puisque maintenant, ils atteignent l'âge adulte en quelque chose comme un petit quart d'heure. Mais je dois dire que la temporalité du film est curieuse. Les journées semblent passer en douze minutes, et les nuits durer vachement longtemps. J'ignorais que le Colorado était si proche du cercle polaire, pour ma part. Mais ça a un avantage : les scènes nocturnes mal éclairées permettent de masquer l'insuffisance totale du budget. On ne voit rien. Jamais. Ce qui était un effet de dramatisation** dans la saga Alien devient ici un affreux cache misère.

Bon, j'ai quand même réussi à trouver une image
où on voit un peu les monstres.
Y en a pas des masses.

La nouvelle Riplette (pas la même que dans le film précédent) est inexistante, les tentatives de dramatisation tombent presque toutes à plat. Le gadget du Predator, un acide rongeant même les Aliens résistants à l'acide est ridicule : il arrive même à ronger l'eau de la piscine, ça sent le très mauvais plot device de scénariste qui a kiffé Nikita et qui ne veut pas spoiler la bombe atomique finale. C'est un téléfilm de M6, quoi. Et pas un bon.

Du coup, c'est vraiment déprimé que j'ai tenté Predators, avec Adrian Brody. Et pour le coup, là, j'ai vraiment été agréablement surpris. Les acteurs sont pas mal (sauf Fishburne, qui cachetonne dans un rôle pourri de pur personnage fonction à deux balles), le script, sans être un chef d'œuvre, arrive à faire monter la tension et ménage deux ou trois surprises sympa (et une surprise ratée : on devine très vite qu'il y a un truc qui cloche avec le "toubib"). Il ne rechigne pas à se vautrer dans des tas de clichés, mais cite intelligemment le premier Predator. La fin est aigre-douce. Et puis  on revient au sources de la série, au style Chasses du Comte Zaroff sous testostérone. Franchement, ce n'est pas le film du siècle, mais c'est un bon actioneer bourrin bien rythmé, ce que le premier AvP parvient presque à être, mais que le deuxième échoue totalement à même évoquer.





* Particulièrement Predator 2, souvent décrié, mais que je trouve très classe. Contrairement à la plupart des gens, mon problème avec ce film n'était pas "il est où Schwarzie", mais "il est où Mel Gibson". Sans doute qu'il était trop vieux pour ces conneries.

** Oui, c'était aussi un moyen de masquer des budgets pas toujours au top, mais le montage permettait de rendre la chose efficace. Ici, avec un montage michaelbaysque, ça devient pire qu'illisible.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Da-doom

 Je me suis ému ici et là de voir que, lorsque des cinéastes ou des auteurs de BD adaptent Robert E. Howard, ils vont souvent piquer ailleurs dans l'oeuvre de celui-ci des éléments qui n'ont pourtant rien à voir. L'ombre du Vautou r, et Red Sonja, deviennent ainsi partie intégrante du monde de Conan à l'occasion d'un comic book, et Les dieux de Bal Sagot h subissent le même traitement dans Savage Sword . De même, ils vont développer des personnages ultra-secondaires pour en faire des antagonistes principaux. C'est ce qui arrive à Toth-Amon , notamment.  Sienkiewicz, toujours efficace   Mais un cas ultra emblématique, à mon sens, c'est Thulsa Doom. Apparu dans une nouvelle de Kull même pas publiée du vivant de Howard, c'est un méchant générique ressemblant assez à Skull Face, créé l'année suivante dans une histoire de Steve Costigan. Les refus sur Kull ont toujours inspiré Howard : la première histoire de Conan, c'est la version remaniée de la der...

Qui était le roi Arthur ?

Tiens, vu que le Geek Magazine spécial Kaamelott connaît un deuxième numéro qui sort ces jours-ci, c'est peut-être l'occasion de rediffuser ici un des articles écrits pour le précédent. Souverain de légende, il a de tous temps été présenté comme le grand fondateur de la royauté anglaise. Mais plus on remonte, et moins son identité est claire. Enquête sur un fantôme héroïque. Cerner un personnage historique, ou remonter le fil d’une légende, cela demande d’aller chercher les sources les plus anciennes les concernant, les textes les plus proches des événements. Dans le cas d’Arthur et de ses chevaliers, le résultat a de quoi surprendre.  « [Gwawrddur] sut nourrir les corbeaux sur les remparts de la forteresse, quoique n’étant pas Arthur. » La voilà, la plus ancienne mention d’Arthur dans les sources britanniques, et avouons qu’elle ne nous apprend pas grand-chose. Elle provient d’un recueil de chants de guerre et de mort, Y Gododdin, datant des alentours de l’an 600, soit quelque...

Ïa, ïa, spam !

Bon, vous connaissez tous les spams d'arnaque nigériane où la veuve d'un ministre sollicite votre aide pour sortir du pognon d'un pays d'Afrique en échange d'une partie du pactole, pour pouvoir vous escroquer en grand. C'est un classique, tellement éculé que ça a fini par se tasser, je reçois surtout ces temps-ci des trucs pour des assurances auto sans malus ou les nouveaux kits de sécurité pour le cas de panne sur autoroute et des machins du genre, c'est dire si ces trucs sont ciblés. Y a aussi de temps en temps des mails d'Ukrainiennes et de Biélorusses qui cherchent l'amour et tout ça, et qu'on devine poster leur texte bancal d'un cybercafé de Conakry. Ça se raréfie, ceci dit, les démembrements de fermes à bots ayant porté un peu de fruit.   Mais là, j'en ai eu un beau. Et la structure du truc montre qu'il a été généré par IA. On me sollicite pour un club de lecture. Très bien, on me sollicite aussi pour des médiathèques des salons...

Hail to the Tao Te King, baby !

Dernièrement, dans l'article sur les Super Saiyan Irlandais , j'avais évoqué au passage, parmi les sources mythiques de Dragon Ball , le Voyage en Occident (ou Pérégrination vers l'Ouest ) (ou Pèlerinage au Couchant ) (ou Légende du Roi des Singes ) (faudrait qu'ils se mettent d'accord sur la traduction du titre de ce truc. C'est comme si le même personnage, chez nous, s'appelait Glouton, Serval ou Wolverine suivant les tra…) (…) (…Wait…). Ce titre, énigmatique (sauf quand il est remplacé par le plus banal «  Légende du Roi des Singes  »), est peut-être une référence à Lao Tseu. (vous savez, celui de Tintin et le Lotus Bleu , « alors je vais vous couper la tête », tout ça).    C'est à perdre la tête, quand on y pense. Car Lao Tseu, après une vie de méditation face à la folie du monde et des hommes, enfourcha un jour un buffle qui ne lui avait rien demandé et s'en fut vers l'Ouest, et on ne l'a plus jamais revu. En chemin, ...

Visions d'ailleurs

 Une petite note ne passant pour signaler la sortie d' Alan Moore : Visions , chez les copains de Komics Initiative, un recueil de petites choses inédites par chez nous du Wookiee de Northampton. Couve du toujours excellent Laurent Lefeuvre Pourquoi j'en cause ? Ben déjà parce que Alan Moore, raison qui se suffit à elle-même, je crois, mais surtout, ce recueil contient l'essai Writing for Comics , dont j'assure la traduction, qui n'est absolument pas un manuel à l'usage du scénariste de BD voulant appliquer les recettes du maître tel une ménagère achetant un bouquin de Paul Bocuse parce qu'elle doit recevoir à Noël, mais une sorte d'ovni philosophique, mi méditation désabusée sur ce qu'est ou devrait être la bande dessinée en tant que médium, mi exhortation à refuser les facilités de l'écriture, et à dépoussiérer les méthodes. Ce n'est absolument pas une méthode clé en main, donc. D'autant que Moore déteste cordialement les méthodes clé e...

Une chronique de merde

J'ai eu une épiphanie. Genre, un bouleversement mental. Depuis toujours, je connais le mot "drokk" employé dans Judge Dredd. En tout cas depuis que je lis Judge Dredd, donc on se situe milieu des années 80, ou début de la deuxième moitié. C'est l'interjection classique de la série (employée aussi à l'occasion dans Dan Dare) et, dans une interview de je ne sais plus quel auteur anglais, lue il y a longtemps, il revenait là-dessus en disant "oui, c'était pour remplacer fuck parce qu'on pouvait pas mettre des gros mots et tout le monde comprenait". Notons que dans Battlestar Galactica, ils disent "frak" et ça revient au même.   Sauf  que non, les deux mots ne sont pas exactement équivalents. Le diable est dans les détails, hein ? Frak/fuck, ça tient. C'est évident. Par contre, Drokk il a une étymologie en anglais. Et ce n'est pas fuck. Il y a en vieux norrois, la langue des vikings, un mot, "droek" qui signifie grosso...

Seul au monde, Kane ?

Puisque c'est samedi, autant poursuivre dans le thème. C'est samedi, alors c'est Robert E. Howard. Au cinéma. Et donc, dans les récentes howarderies, il manquait à mon tableau de chasse le Solomon Kane , dont je n'avais chopé que vingt minutes lors d'un passage télé, vingt minutes qui ne m'avaient pas favorablement impressionné. Et puis là, je me suis dit "soyons fou, après tout j'ai été exhumer Kull avec Kevin Sorbo , donc je suis vacciné". Et donc, j'ai vu Solomon Kane en entier. En terme de rendu, c'est loin d'être honteux Mais resituons un peu. Le personnage emblématique de Robert Howard, c'est Conan. Conan le barbare, le voleur, le pirate, le fêtard, le bon vivant, devenu roi de ses propres mains, celui qui foule de ses sandales les trônes de la terre, un homme aux mélancolies aussi démesurées que ses joies. Un personnage bigger than life, jouisseur, assez amoral, mais tellement sympathique. Conan, quoi. L'autre...

King of the train station. Ou pas.

J'étais sur Paris pour traiter des paperasses chez un de mes éditeurs. En ressortant, je me suis aperçu que je n'avais pas mangé. Comme j'allais prendre mon train Gare Saint Lazare, je me suis dit "tiens, puisque tout le monde parle du nouveau Burger King qui a ouvert le mois dernier, je vais y prendre un truc, je verrai si c'est si bon qu'on dit". Alors techniquement, du temps d'avant la fermeture des anciens Burger King, j'avais déjà mangé des Whooper , et de fait, oui, c'était pas mal, mais ce lointain souvenir n'évoque pas non plus un orgasme gustatif. C'était pas mal, point. Mais je me disais que c'était l'occasion de retester. En vingt ans, le goût s'affine et évolue. ("le goût s'affine". Putain, on parle de burgers, là, quand même, pas de caviar. enfin bref, c'est le raisonnement que j'ai tenu en arrivant à la gare). Et donc, ayant un peu de temps devant moi avant mon train, je sors du métro,...

Edward Alexander Crowley, dit Aleister Crowley, dit Maître Thérion, dit Lord Boleskine, dit La Bête 666, dit Chioa Khan

" Le client a généralement tort, mais les statistiques démontrent qu'il n'est pas rentable d'aller le lui dire. " (Aleister Crowley, 1875-1947) S'il y a un exemple qui démontre le côté contre productif du bachotage religieux dans l'éducation des enfants, c'est bien Aleister Crowley. Bible en main, son père était un de ces protestants fanatiques que seul le monde anglo-saxon semble pouvoir produire, qui tentait d'endoctriner son entourage. Il est d'ailleurs à noter que papa Crowley ne commença à prêcher qu'après avoir pris sa retraite, alors qu'il avait fait une magnifique et lucrative carrière de brasseur. Comme quoi il n'y a rien de pire que les gens qui font leur retour à Dieu sur le tard, après une vie vouée à l'extension du péché. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la greffe n'a pas pris. Même en laissant de côté l'autobiographie de Crowley, largement sujette à caution (comme toute autobiographie, ...

Traversée du désert

Comme ce week-end, j'ai eu du monde à la maison, j'ai pas des masses bossé. Ça arrive. Tapé un chapitre d'un nouveau bouquin, relu une traduction, et c'est à peu près tout. Et puis, cet après-midi, j'ai pondu une notule sur Dune . Opération Tempête du Désert Dune , c'est quand quand même un truc sur lequel je reviens souvent, une saga que j'ai lue plusieurs fois. Et dès que sort un truc qui tourne autour, je vais au moins jeter un œil. Bon, pas forcément les séquelles lourdaudes et commerciales commises par le fils de l'auteur et son tâcheron favori, mais tout ce qui a été adaptations TV, filmiques ou jeu, j'ai au moins testé. Et puis c'est une saga qui m'a souvent inspiré dans mon propre travail. Et comme, justement, pour le boulot, il faut que je revienne dessus sous peu (pour un chapitre d'un bouquin en projet, vous affolez pas, ça sortira pas tout de suite), forcément je cogite et je reviens une fois encore sur le petit mo...