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Magic Steve


« Par les hordes hurlantes d'Hoggoth et les mille lunes de Munoporr ! » Et dans un déluge psychédélique d'effets lumineux, le Docteur Strange se débarrasse d'une meute de goules gargantuesques. Puis il rentre dans son sanctuaire de Greenwich Village et le fidèle Wong lui prépare un bon thé vert qui draine bien partout où il le faut, parce qu'il faut garder la forme, n'est-ce pas.
 
Mais si l'on interrogeait un spécialiste des arts magiques (au pif, Alan Moore, qui de surcroît ne s'est à ma connaissance jamais exprimé sur Doctor Strange, c'est bien, je peux lui faire dire à peu près ce que je veux, du coup), il risque de nous répondre avec un ricanement amusé et très légèrement narquois (en ce qui concerne Alan Moore et ce qu'il pense des mages fictifs, vous pourrez avec profit vous reporter à ses déclarations concernant Harry Potter, et au sort qu'il fait subir à Harry dans le dernier tome de Century). Et il aurait d'ailleurs raison.

 
 Shazam dans ta face !

Mais il pourrait être pas mal, avant cela, de revenir un peu aux sources.

À l'origine, Doctor Strange est une création de Stan Lee et Steve Ditko, née dans ce bouillonnement de concepts du début des années 60, quand la Marvel Way est encore quelque chose d'un peu expérimental. C'est l'époque où l'on essaie plein de choses, et où les idées fusent. Là dedans, l'apport de Stan Lee semble avoir été déterminant : le magazine dans lequel le bon docteur doit s'installer s'appelant Strange Tales, ce vieux roublard de Stan a dû proposer que le personnage s'appelle Strange, histoire de pas être obligé de changer le titre du mag comme ça avait été le cas pour Thor, dans Journey into Mystery. Pour le reste, si Stan the Man est « co-plotter » au départ, il passe vite la main à Ditko qui semble seul maître à bord jusqu'à son départ trois ans plus tard. Tout se passe comme si Doctor Strange était le bac à sable que Lee laisse à son trublion de dessinateur pour le consoler de leurs nombreux désaccords sur Amazing Spider-Man.

Sur Doctor Strange, donc, Ditko s'éclate. Enfin, pour autant qu'un type aussi austère que Ditko puisse s'éclater. Si le premier épisode est un récit fantastique assez classique se situant dans la continuité de ce qui se faisait dans les années 50, voire des pulps des années 30, dès lors que le personnage aura une origine, tout va changer. Celui qui, au départ, ressemble à un vieux Chinois va graduellement rajeunir et s'occidentaliser. Le récit des origines en fait un candide parti à la découverte du Tibet pour guérir d'un traumatisme. Là, il sera pris en main par un vieux sage, l'Ancien, qui lui transmettra son savoir et l'initiera aux arcanes secrètes de la sorcellerie orientale.

« Quand Dalaï Lama fâché, Dalaï Lama toujours faire ainsi, señor. »

Tibet, vieux sages, sorcellerie orientale. Le grand n'importe quoi de la magie dans Doctor Strange s'explique par ce chapelet de concepts. Parce que la spiritualité tibétaine est surtout connue à l'époque grâce à Alexandra David-Néel, qui était partie en Asie à la découverte des secrets ésotériques que lui avaient laissé deviner les ouvrages de Madame Blavatsky. Son approche du folklore tibétain s'en trouva nettement influencée. Mais ce n'est semble-t-il même pas la version de David-Néel qui servira de base à Ditko, mais plus probablement le recyclage fantaisiste qui en est fait plus tard par T. Lobsang Rampa (de son vrai nom Cyril Hoskin, plombier dans le Devon) dont le livre Le Troisième œil est un énorme succès à la fin des années 50.

Les voyages de Docteur Strange s'effectuent sur le plan astral, par l'esprit, et il emploie régulièrement l'amulette d'Agamoto dont le pouvoir se manifeste par un troisième œil au milieu du front. Lévitation, cavernes de haute montagne, sages énigmatiques, la filiation avec Rampa, et aussi avec Blavatsky et consorts, est évidente.

  
C'est vous, l'univers ? Je vous voyais plus grand…


Ça n'a guère d'importance, ceci dit : les aventures du Doctor Strange n'ont pas vocation à être un manuel de magie (ce n'est pas Promethea, en d'autres termes), mais à raconter une histoire distrayante. À l'époque, Ditko n'en est pas encore à faire de sa production un pur vecteur idéologique : il n'en est pas encore à marteler ses idées et, quand elles sont présentes, c'est en tant qu'éléments parmi d'autres. Là-dedans, l'aspect magique n'est de toute façon qu'un décor, un moyen de se laisser une certaine liberté. Il relève du magical babble comme les explications « scientifiques » de Reed Richards, dans Fantastic Four, relèvent du techno babble, un langage conventionnel permettant de « faire comme si » le héros s'y connaissait.

Mais si Ditko assume probablement le côté fantaisiste de son décorum magique, il lui donne néanmoins une cohérence interne. S'il combat souvent un méchant « ditkoien » en la personne du Baron Mordo, fou et mégalomane, Doc Strange est surtout parti sur un chemin initiatique, un voyage mental à la découverte de l'interaction entre microcosme intérieur et macrocosme universel. L'univers qu'explore Strange semble d'ailleurs être une pure représentation de la psyché. La dimension noire de Dormammu peut être lue comme une représentation de l'inconscient, avec en sous-bassement le bouillonnement de pulsions des Mindless Ones, et ses accès psychédéliques comme les méandres oniriques de l'esprit. L'aboutissement de la quête, c'est Eternity, une incarnation de l'univers dans son ensemble, dans toutes ses facettes, que le Docteur pourra contempler un bref instant, mais qui entrera en conflagration avec un Dormammu victime d'une crise d'ego. Si l'aspect purement « magique » est fantaisiste en soi, Freud et Jung pourraient écrire des pages et des pages d'analyse de ces scènes. Bon, Lacan aussi, mais autant avoir des pages écrites dans des langues connues de l'homme, c'est mieux.
Sous ses dehors fantaisistes, Ditko est donc comme d'habitude mortellement sérieux. C'est Stan Lee qui d'ailleurs fera beaucoup pour donner un côté fun à la chose en multipliant les invocations allitérantes (Dread Dormammu, Many Moons of Munoporr, etc. qui sont un cauchemar pour le traducteur). Elle ont de surcroît l'avantage de donner un rythme verbal qui pour le coup fait tout à fait magique. Le grand drame de Ditko, dans l'histoire, c'est que Doctor Strange sort dans les années 60. Et donc que ses univers mentaux vont tout de suite parler à des gens à la charnière de la beat generation et du flower power. Qui sont complètement à l'autre bout de l'éventail idéologique et qui en donneront une interprétation un peu différente.

« Encore une petite bouffée de chilam, doc ? »

Pour le lectorat des années 60, en effet, le doc est un pur produit de la génération Tim Leary, et les invocations permettant ses voyages mentaux sont juste un tour de passe-passe narratif permettant d'occulter le vrai moteur : la drogue.

Une telle interprétation ne pouvait plonger l'austère Steve Ditko (adepte de la philosophie objectiviste d'Ayn Rand) que dans des abîmes de perplexité et d'incompréhension. À la décharge de ses lecteurs et de lui-même, ce genre de méprise est courant à l'époque : Robert Crumb et Charles Bukowski ont été considérés comme des auteurs « rock n'roll », alors qu'ils détestaient cordialement ce genre de musique et ne s'en cachaient pas. Toujours est-il que dans ces conditions, la créature ne pouvait qu'échapper à son créateur.
 
 
Mollo sur les champis, doc !

Parmi les continuateurs de Ditko, Steve Englehart s'engouffrera dans la brèche. Mais au lieu de rester calé sur la mythologie tibétaine de bazar de Lobsang Rampa, il remettra la magie du doc au goût du jour en prenant comme référence Carlos Castaneda, référence rendue explicite par l'emploi du titre « a separate reality » (titre anglais de l'ouvrage sorti chez nous sous le titre « Voir, les enseignements d'un sorcier Yaqui »). Il n'est d'ailleurs pas dit que Castaneda affabule tellement moins que Rampa : l'analyse approfondie de ses livres montre de sérieux problèmes de chronologie et de géographie ; mais à l'époque, il a été pris très au sérieux et est quasi instantanément devenu une référence dans les milieux de la contre culture.

Pour ceux qui ne connaitraient pas, Carlos Castaneda était un étudiant en ethnologie parti étudier les rituels liés au peyotl et aux champignons chez les chamans du Nord du Mexique. Tombé sous la coupe d'un vieux sorcier nommé Don Juan, Castaneda entamera le processus d'initiation qui fera de lui un « guerrier ». Pour y parvenir, il consommera toutes sortes de drogues étranges ayant un effet très violent sur son psychisme et le propulsant dans des univers étranges et psychédéliques où il interagira avec les concepts assez abstraits que sont « tonal » et « nagual ».
 
 
Le bad trip vous guette !
 
Et quoi qu'en disent Don Juan et Castaneda eux-mêmes, cela nous renvoie directement aux structures mentales de l'univers de Ditko : le terrifiant Nagual, cet état spirituel qu'on n'explore qu'au péril de sa santé mentale et qu'on ne saurait décrire ni conceptualiser en mots renvoie directement à la partie non verbale de la psyché, aux tréfonds de l'inconscient. Mais la référence castanédienne rend beaucoup plus explicite l'interprétation « drogue ».

Mais pas plus que Ditko, Englehart n'est là pour écrire une thèse. La part indicible est vite renvoyée à un monstre lovecraftien, Shuma Gorath, et le côté « psychédélique friendly » est assumé par le biais d'une créature renvoyant directement à la chenille fumant le hooka sur son champignon d'Alice au Pays des Merveilles (et pour le sous-texte psychotrope d'Alice, je vous renvoie aux Jefferson Airplane et à leur White Rabbit qui vous expliquera tout ça bien mieux que je ne saurais le faire). Et la figure tutélaire de l'Ancien se don-juanifie d'autant plus qu'il se dissout dans le cosmos comme Don Juan dans le Nagual (et plus tard Obi-Wan Kenobi dans la Force) (et avant ça le Bouddha dans le Nirvana) (et après ça le chanteur de Nirvana dans son plafond, mais je m'égare).
 
 
La petite Alice aussi devait prendre des trucs pas nets.

C'est là la clé du run d'Englehart. Si pour Ditko, la prise de conscience et la perception de l'univers comme un tout sont l'aboutissement de la quête, son continuateur va plus loin : l'initié fusionne avec l'univers lui-même, il y trouve une place ineffable, il en devient l'un des ressorts secrets.
 
Et là, attention à la marche, parce que si Doc Strange fusionnait avec l'univers, le récit s'arrêterait automatiquement. Après la vision initiatique, Strange doit laisser les hautes sphères à l'ancien, et se contenter de notre boule de glaise bien terrestre.

« Il a un costard bleu et une grande cape rouge. C'est un avion, c'est un oiseau ? Même pas. »

Rapidement, néanmoins, le bon docteur va se retrouver réintégré dans l'univers super-héros classique de Marvel, pas forcément l'endroit le plus approprié dans lequel partir en mode hippie chevelu. Englehart avait sorti pour de bon Strange de sa brève période « super-héros masqué », et travaillé en profondeur son univers. Mais il ne peut échapper à la malédiction des comics : la redite. La fin de son passage sur la série nous ramène à une épiphanie face à Eternity, même s'il lui donne un sens plus poussé que ne le faisait Ditko.

Et après Englehart se pose, de façon lancinante, la même question qui se posait au départ de Ditko : qu'est-ce qu'on fait ensuite ?
 
 
Le baron Mordo, sérieusement mordu

Un premier élément de réponse est apporté par Marv Wolfman, qui redescend de deux crans les niveaux de menaces, réinsérant le doc dans un univers plus terre à terre, plus humain, où le surnaturel est moins teinté de mystique. D'une façon typique de la nouvelle orientation, il en profite pour organiser un crossover avec le titre qui l'a rendu célèbre, Tomb of Dracula.

Cela pose accessoirement deux questions subsidiaires :

1- Suis-je le seul à trouver idiot qu'un type qui s'appelle Wolfman soit scénariste sur Tomb of Dracula plutôt que sur Werewolf by Night ?
2- Et suis-je le seul à être gêné par le fait que, dans Werewolf by Night, le « loup » garou soit en fait un Jack Russell ?

En fait non, ce n'est pas important.

L'important, c'est que du coup, les pouvoirs du Doc redeviennent de simples superpouvoirs, avec juste un vernis magique. On en revient d'une certaine manière à la période qui avait précédé l'arrivée d'Englehart, à ceci près qu'on ne cherche plus à coller un masque à Strange. Il faudra attendre Roger Stern pour replonger dans les grands duels d'entités et les plongées psychédéliques, mais pour ce faire, il restera strictement dans les concepts et les principes déjà établis avant lui.


 
Le pire, c'est qu'ils l'ont cloné, le doc !

C'est la tension perpétuelle de cette série. Intégré à l'univers Marvel, le personnage peut facilement servir de Deus ex Machina : il est plus facile de filer un nouveau pouvoir à Strange qui n'a qu'à aller piocher un sort dans un grimoire que d'en donner à Peter Parker sans leur donner une explication à peu près crédible (fusse-t-elle rédigée en techno-babble). Et le problème d'un tel Deus ex Machina, c'est qu'il peut finir par torpiller la tension dramatique, et ses pouvoirs doivent d'un autre côté être sévèrement limités. C'est le piège dans lequel Brian Bendis s'est collé tout seul quand il a intégré le Doc à ses New Avengers, par exemple.

Cette mise en porte à faux du personnage dès lors qu'on le met en avant est son talon d'Achille, sa kryptonite. Le problème fut réglé en son temps par la perte de ses pouvoirs.

Le résultat, confié à Mark Waid, n'est pas très enthousiasmante, malgré des bonnes idées en pagaille (Strange a dégringolé sur l'échelle de la puissance mystique et a trouvé un apprenti pour lui transmettre son savoir et lui servir d'agent, un peu à la Nero Wolfe et Archie Goodwin), le manque d'enjeux saborde directement le tout (à la décharge de Waid, j'ai l'impression qu'on lui a demandé de ne pas interagir avec le reste de l'univers Marvel).

L'autre solution, c'est celle de Vaughan, dans The Oath : un Strange fonctionnant à nouveau dans son coin, et un retour vers le passé. Et vers des menaces mystiques, auxquelles Spider-Man ne comprendrait rien, un peu comme dans cet Annual du tisseur, dessiné par Frank Miller, dans lequel Peter Parker sert de chair à canon au doc face à Dormammu.

 
Laissez-moi seul, avec tout ça j'ai la migraine.


Parce qu'opposer Strange aux manigance politiques paranoïdes du Tony Stark de Civil War, ça peut faire bizarre : par essence, le personnage a un côté désuet, ancien, un peu rigolo, du fait de ses origines rampaesques.

Et le pire qu'on puisse faire à un personnage dont le concept sort directement de la vieille collection rouge de chez J'Ai Lu, c'est de vouloir le déringardiser. On a vite fait de le détruire. C'est ce qu'avait entrepris Strazcz… Strucz… Strac… JMS… dans sa série Strange qui lorgnait à fond sur une version magie New Age de Matrix, ce qui n'était pas forcément totalement idiot dans le principe, mais ressemblait trop à une version Ultimate pour être satisfaisant, à la finale. Et puis c'était mou du genou, par les Vishanti… Tellement mou…

Bref…

Que faire du doc ? Ça semble être la question que se pose Marvel depuis cinquante ans. La solution pourrait être de le refiler à des auteurs qui ont quelque chose à dire sur son petit univers délirant. À des Alan Moore ou des Warren Ellis qui iront gratter les concepts pour voir ce qu'il en sort, ou à un Walt Simonson qui en réactiverait le decorum, ou même à un Dan Slott, qui creuserait les aspects fou-fous.

Qu'est-ce que ça pourrait être chouette…



Cet article de 2014 fait donc l'impasse sur le retour de Waid, les Doc Strange d'Aaron, etc. Je note néanmoins que ces dernières années, le seul moyen trouvé par les auteurs de faire avancer le personnage est de lui faire perdre ses pouvoirs. Bof bof.


 

Commentaires

OmacSpyder a dit…
Un article enrichissant comme une invitation au voyage!
Pas sûr que Freud aurait écrit là-dessus, il n'avait déjà guère apprécié être approché passé les surréalistes en son temps, trop "strange" pour lui.
Lacan dans son langage utilisé en fait un peu des formules mêlant le fond et la forme, que seuls les initiés peuvent entendre. Il pourrait donc faire un bon candidat.
Parlant d'initié, le parallèle que fait l'article est très intéressant. L'initié au sens chamanique mais pas seulement est celui qui découvre ses chemins internes dont le Troisième Œil est un aboutissement mais pas le seul. Il y a un au-delà de la conscience qui rejoint peu ou prou ce que l'article décrit de la conscience de l'univers, et de sa place en-dedans.
Le Doc est un de mes personnages préférés, et ton article me confirme encore autrement par ses vertus encyclopédiques pourquoi !

Alex Nikolavitch a dit…
Après, ce caractère initiatique, comme je le disais, est le talon d'Achille du doc. ça le rend compliquer à manier, narrativement.

(Lacan, c'est une de mes têtes de turc habituelles. y a quand même une part d'escroquerie dans l'affaire, un noyage de poisson jargonnant pour faire profond, Matrix style)
OmacSpyder a dit…
Il est vrai que ce lien au parcours initiatique le renvoie à une forme de boucle perpétuelle. Pour continuer à construire du récit, de la narration en effet. Néanmoins je pense qu'en effet il y aurait moyen de faire quelque chose qui dépasserait cette limite avec quelqu'un utilisant les arcanes correctement. C'est-à-dire comprenant que l'initiation aboutie amène à nouveau au lien à l'autre, mais sur un mode plus subversif et moins noyé dans la masse...

(Pour Lacan il s'agit d'être initié aussi. Et de confronter ses formulations à une pratique de terrain. Les mettre au travail et non les entendre comme des formules hors sol.
La psychanalyse orientée par la pensée lacanienne sauve quotidiennement des gens...
On en dirait autant de la physique quantique si on oubliait qu'elle provenait de l' expérimentation.
Ceci dit je comprends qu'on n'y comprenne goutte vu de l'extérieur. Lacan s'adresse aux praticiens pas aux profanes au fond.. )
Alex Nikolavitch a dit…
En narration, le récit initiatique de base, c'est le "voyage du héros" défini par Campbell. qui est employé de nos jours d'une façon beaucoup trop mécanique, comme une recette (j'en causais dans le papier sur les Batman de Nolan), quand d'autres mécanismes peuvent exister.
sa grande faille, c'est qu'il s'agit en fait d'un récit de passage à l'âge adulte. et donc que le cycle ne peut redémarrer vraiment que s'il y a transmission intergénérationnelle. et dans les grandes œuvres populaires, c'est souvent un moment qui coince (chez Marvel, voir comment on ne gère jamais bien les "fils de", genre Franklin Richards ou Nathan Summers)

(après, je trolle sur Lacan, qui est tête de turc bien commode, mais dont j'imagine bien que la pratique avait du fond. mais je dois dire que les lacaniens hardcore m'ont souvent inquiété. mais c'est peut-être personnel : certaines postures et certains emplois de jargons déclenchent tous mes signaux d'alarme)

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