Accéder au contenu principal

Et j'ai crié, criéééhé Alien pour qu'elle revienne

Vous m'avez déjà entendu, ici et là, gueuler sur la "duologie" (oui, il paraît que c'est comme ça qu'on dit, maintenant. "quadrilogie" n'était que le début de la barbaritude en ce domaine. de mon temps, par contre, on disait "diptyque" et "tétralogie" mais ce sont sans doute des mots qui sonnent trop savant pour les commerciaux qui vendent des coffrets DVD) de Ridley Scott consacrée au massacre général de la licence Alien crée par Dan O'Bannon et Ronald Shusett (de l'archiduchesse).

Liste de mes vaticinations sur le sujet :
Prometheus, première partie
Prometheus, deuxième partie
Covenant
et un papier plus général sur les théories d'intelligent design en SF dont Prometheus est une illustration assez pataude

Les plus acharnés d'entre vous pourront également aller voir ce que je disais des Aliens versus Predator, mais ça nous éloigne de notre sujet. (même si Prometheus est, en fait, un mauvais remake du premier AvP, quand on y pense)

Pourquoi reviens-je retourner le couteau rouillé dans cette plaie purulente, me direz-vous ? Tout simplement parce qu'à la suite d'un de ces échanges de bouquins que je pratique avec des collègues, j'ai récupéré le comic book Alien Apocalypse, the Destroying Angels, de Mark Schultz (Cadillacs et Dinosaures) et Doug Wheatley (qui a signé une palanquée de comics Star Wars). Cette toute petite centaine de pages a été publiée il y a une vingtaine d'années chez Dark Horse, éditeur qui a pas mal écrémé les grosses licences cinématographiques de ce genre, avec parfois des pépites (le Alien Salvation de Mignola, le Robocop vs Terminator de Miller et Simonson, etc) et parfois des trucs qui relèvent du tout venant.

Et à la lecture du machin, outre le hibou qui pourrait presque être un clin d'œil à Blade Runner, force est de constater que Scott, qui a fait profession dans Prometheus et Covenant de chier à jet continu sur tout ce qui avait été fait après lui autour de l'Alien, a pillé comme un goret. Ou alors il n'a pas fait exprès, mais dans ce cas c'est pire, il démontre son manque complet d'originalité, surtout quand il se croit malin.

Alors ça raconte, quoi, au juste, ce comic book ? Tout simplement qu'un groupe de mercenaires spécialisé dans les opérations de sauvetage doit récupérer un scientifique parti étudier des vestiges étranges. En fait, ce scientifique avait fouillé des dossiers de la Weyland-Yutani concernant l'incident du premier film Alien, et avait cherché une autre épave du même genre. Et a commencé des expériences sur ce qu'il y a trouvé.

Comparatif avec le duoptyque… dilog… les deux films de Scott ? Un androïde qui infecte délibérément un collègue ? Check. L'éradication complète de la race des space jockeys/ingénieurs par les aliens ? Check. Le fait que la terre ait été visité dès l'origine ? Check. Un personnage qui accueille les protagonistes, mais les plante en jouant à Dieu et projetant une mystique démente sur les xénomorphes ? Check. Un androïde auquel on rattache la tête au passage ? Check.

Je déconne pas, tout y est. Mais le plus intéressant, à la limite, ce sont les différences. Car si l'espèce de cosmogonie/eschatologie toute pétée de Ridley Scott n'a convaincu personne, celle de Schultz, pourtant jouée sur un mode plus mineur, est très sympa. Mieux encore, elle est présentée comme la théorie d'un semi-dément, et le lecteur (et les protagonistes avec lui) est libre de la prendre au sérieux ou pas, ou de l'amender à volonté.

Car pour lui la vie est apparue très tôt sur Terre, il y a 3,2 milliards d'années (en fait, son chiffre est pas mauvais, ont montré des découvertes, sauf que cette vie ancienne n'a pas dépassé le stade unicellulaire procaryote pendant encore 2 milliards d'années). Elle a fleuri et donné des formes complexes, avant d'être brutalement éradiquée, puis de renaitre péniblement. Les Ingénieurs ont été éradiqués aussi, un peu plus tard, il y a un milliard d'années, juste après que la vie ait refleuri chez nous et ce retour de la vie sur terre est peut-être de leur fait. Et les traces retrouvées, dans chaque cas, pointent vers une infestation des Aliens. Ces monstres seraient peut-être alors l'expression d'un univers hostile à la vie consciente, qui l'élimine dès qu'elle parvient à quitter les limites de son propre monde. Plein de choses sont laissées dans l'ombre, mais cette histoire esquissée à grands traits est plus cohérente avec la symbolique de l'Alien que tout ce qu'en a fait Scott. Mieux, elle n'est pas prescriptive, libre au lecteur de l'accepter ou pas dans le cadre de cet univers fictionnel, quand Covenant nous martèle un "réel" qui contredit tout ce que nous savions du monstre.

Le problème de Scott n'est dès lors pas qu'il se la raconte, et qu'il raconte mal, mais surtout qu'il soit totalitaire et révisionniste dans sa façon de raconter…

Commentaires

Tonton rag a dit…
aucun rapport mais William Vance est mort hier
Alex Nikolavitch a dit…
ouais, j'ai vu !

Posts les plus consultés de ce blog

Un bouquin pour les gouverner tous

  Tiens, j'en avais pas encore causé parce que j'attendais que ce soit officialisé, mais le prochain Pop Icons portera ma signature et sur J.R.R. Tolkien (oui, je tente le zeugme acrobatique, je suis comme ça). Comme pour mon précédent, consacré à H.P. Lovecraft, il y aura une campagne de financement participatif , mais  on pourra aussi le trouver en kiosque et en librairie d'ici la fin du mois prochain. Je suis un peu moins pointu à la base en Tolkien qu'en Lovecraft, mais j'ai fait mes devoirs pour l'occasion, découvrant pas mal de trucs que je n'avais pas lus jusqu'alors, notamment ses correspondances. Voilà, foncez, pour Eorlingas, la Comté et tout le reste !    

De géants guerriers celtes

Avec la fin des Moutons, je m'aperçois que certains textes publiés en anthologies deviennent indisponibles. J'aimais bien celui-ci, que j'ai sérieusement galéré à écrire à l'époque. Le sujet, c'est notre vision de l'héroïsme à l'aune de l'histoire de Cúchulainn, le "chien du forgeron". J'avais par ailleurs parlé du personnage ici, à l'occasion du roman que Camille Leboulanger avait consacré au personnage . C'est une lecture hautement recommandable.     Cúchulainn, modèle de héros ? Guerrier mythique ayant vécu, selon la légende, aux premiers temps de l’Empire Romain et du Christianisme, mais aux franges du monde connu de l’époque, Cúchulainn a, à nos yeux, quelque chose de profondément exotique. En effet, le « Chien du forgeron » ne semble ni lancé dans une quête initiatique, ni porteur des valeurs que nous associons désormais à l’héroïsme. Et pourtant, sa nature de grand héros épique demeure indiscutable, ou en tout cas...

Unions, ré-unions, il en restera toujours quelque chose si on s'y prend pas comme des chancres

 Bon, j'en ai jamais fait mystère, mais j'ai tendance à faire savoir autour de moi que la réunionite est un peu le cancer de notre société moderne. Je supporte pas les grandes tablées où, passé l'ordre du jour ça oscille entre le concours de bite et la branlette en rond, pour des résultats concerts qui seraient obtenus en règle générale avec un mail de dix lignes.   éviter la Cogip   Quoi ? Oui, je suis inapte au simagrées du monde de l'entreprise moderne, chacun de mes passages dans des grands groupes m'a convaincu que c'étaient des carnavals de... non, aucun mot utilisable en public ne me vient. Et mes passages aux conseils d'administrations d'associations n'ont pas été mieux. Le problème, ce n'est même pas la structure, qu'elle soit filiale d'un truc caquaranqué ou petit truc local tenu avec des bouts de ficelle. Et pourtant, des fois, faut bien en passer par là, j'en ai conscience. Voir les gens en vrai, se poser autour d'une ...

Sweet sixteen

Bon, ayé, nous voilà en 2016, donc tous mes vœux à tous. Et comme bonne résolution de nouvel an, et comme les années précédente, j'ai pris la résolution de ne pas prendre de bonnes résolutions. Parce que primo on ne les tient pas, et secundo on a mauvaise conscience de ne pas les tenir, donc c'est doublement contre-productif. Hier soir, pour le réveillon, il a fallu que je me démerde pour servir un truc sympa un peu au débotté, à l'arrache, avec ce que j'ai pu dénicher à la supérette du coin, préalablement pillée par d'autres retardataires juste un peu moins retardataires que moi. Déjà qu'ils n'ont pas des masses de choix en temps normal, là c'était un peu le Sud Soudan. Donc outre les entrées basiques, petits canapés agrémentés de garnitures sympas, j'ai préparé un truc un peu nouvelle cuisine, dont l'idée mes venue en furetant dans le rayon (bon, si ça se trouve, ça existe déjà, mais j'ai trouvé le truc, de mon côté, en faisant un jeu...

Medium

 Un truc que je fais de temps en temps, c'est de la médiation culturelle. Ce n'est pas mon métier, mais je connais suffisamment bien un certain nombre de sujets pour qu'on fasse appel à moi, parfois, pour accompagner des groupes scolaires dans des expos, des trucs comme ça. Là, on m'a appelé un peu à l'arrache pour accompagner une animation interactive sur les mangas, et notamment les mangas de sport, avec des groupes de centres de loisirs. Bon, c'est pas ma discipline de prédilection, j'ai révisé un peu vite fait. Le truc, c'est qu'on m'en a causé la semaine passée. La personne qui devait s'en charger était pas trop sur d'elle. La mairie du coin (dans une banlieue un poil sensible) voyait pas le truc bien s'emmancher, la patronne d'une asso où je donne des cours l'a su, a balancé mon nom, m'a prévenu... Et c'en était resté là. Je restais à dispo au cas où. On m'a rappelé ce matin "bon, on va avoir besoin de t...

Crossover !

Filippo a bien suivi mes indications, et du coup, il y aura un crossover officieux entre Saint Louis et une de mes séries ! Ami lecteur, sauras-tu reconnaître le personnage qui s'est invité dans l'album ?

Numérologie

Tous les auteurs, je crois, ont leur petites coquetteries et afféteries d'écriture, des trucs auxquels ils tiennent et qui ne fascinent généralement qu'eux, et que personne ne remarque vraiment.   Bon, tout le monde a remarqué mes titres alambiquées sur la trilogie du Chien Noir , en allitération, reprenant la première phrase de chaque roman. C'était pour moi un moyen de me glisser dans des formes très anciennes, des codes de l'épopée, même si, fondamentalement, je ne sais pas si ces textes constituent en soi des épopées. Ils ont quelques moments épiques, je crois, mais ce n'en est pas la clé principale. Plus discret, il y a un jeu numérologique qui a émergé en cours de route. Mais reprenons : Trois Coracles, au départ, était conçu comme un one shot . Ce qui m'avait motivé, je l'ai déjà raconté, c'était l'histoire d'Uther, j'avais l'idée de transformer cette note en bas de page du récit arthurien en intrigue principale. Une fois le roman...

Trop de la Bal

 Bon, parmi les petits plaisirs angoumoisins, hormis les moments passés avec des amis et amies qu'on voit trop peu, hormis les bouteilles, hormis les expos d'originaux, il y a aussi fouiller dans les bacs. C'est ainsi que j'ai mis la main à vil prix sur un Savage Sword of Conan dans la collection Hachette. Je dois avoir dix ou douze de ces bouquins réimprimant au départ les aventures des années 70, publiées à l'époque en noir et blanc et en magazine, du célèbre Cimmérien de Robert E. Howard, souvent pris pour lire dans le train, quand j'en chopais un à la gare. Autant dire que ma collection est salement dépareillée. Mais comme ce sont à chaque fois des récits complets, ça n'a guère d'importance. En fait, c'est typiquement la série dans laquelle vous pouvez taper au pif sans trop de risque de déception.      Celui-ci, le n°5, je m'en voulais de l'avoir raté et je n'avais pas réussi à remettre la main dessus par la suite. Graphiquement y a...

Dans notre grande série "la cuisine vaudou à travers les âges"

Aujourd'hui, comment découper une pizza maléfique sans se faire gauler par les esprits pas forcément très malins. J'aimerais par contre qu'on m'explique comment quelqu'un a pu arriver ici en tapant "électrocuté au fil à vaches" dans Google.

Après l'an un, et avant aussi

 C'est un gros cliché, pour parler d'une oeuvre ou d'un auteur, de dire "y a un avant et un après". Un cliché un peu à la con, un peu chiant, à force, et souvent faux, en plus, ou pas vrai de la façon dont les gens l'emploient. C'était un truc que j'évoquais dans ma grosse conf sur Lovecraft à Verdun, l'an passé. Bien sûr qu'il y a un avant et un après Lovecraft, c'est une évidence, mais pourtant, plein de trucs qui nous semblent spécifiques à Lovecraft et à sa joyeuse bande sont déjà présents avant, chez Hodgson, Machen, ou même Victor Hugo (je vous jure). Par contre, personne n'aurait eu l'idée saugrenue de rapprocher Hugo et Machen sans Lovecraft.   Dans l'après Lovecraft, y a l'asile Arkham, mais c'est pas notre sujet Et puis, il y a Frank Miller. Je ne reviendrai pas sur les travers du bonhomme, il en a un paquet, mais l'avant et l'après, là, on a une belle occasion de mettre le nez dedans. Urban a sorti r...