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La loi du marché

 Dans la série des lieux que je vois en rêve et dont je n'arrive pas à déterminer la source dans l'univers de la veille, il y a ce vieux marché. Deux rues parallèles, bordées de maison en granit, descendent dans la vieille ville et constituent, en bas, les deux bords d'une place carrée, en légère pente.

On est visiblement dans une ville de province qui a connu des jours meilleurs, même pas une sous-préfecture mais un patelin de pas plus de 15000 âmes. Je crois qu'une rivière serpente en bas. Je descends l'une ou l'autre des deux rues pour me rendre sur la place, y croisant des gens farfelus.



Je rêve assez souvent que je vais y faire des emplettes. Il y a une allée transversale, couverte à l'aide d'une de ces toiles épaisses à renforts de bois, avec des marchands de légumes et des traiteurs vendant tout plein de trucs bien gras et appétissant, des espèces de crêpes épaisses fourrées à plein de choses, accompagnées de cafés parfumés.

Un peu plus haut, hors de l'allée, il y a deux brocanteurs, toujours les mêmes. L'un d'eux vend de l'outillage, des objets rouillés et mystérieux permettant d'accomplir des tâches qu'on m'explique parfois et auxquelles je ne trouve aucun sens.

L'autre a des bibelots, des jouets anciens, des disques et des livres, en quantités variables selon les rêves. Cette nuit, il avait d'élégantes figurines faites d'un métal que je n'identifiai pas, reproduisant les armées de toutes sortes de nations inconnues.

Peu de livres cette fois-ci, il n'a pas amené son bac à bandes dessinées, mais il a des ouvrages reliés de cuir, pleins de gravures zoologiques étranges. Je feuillettes, je discute avec lui, il me laisse pour quelques sous des soldats de métal de 6 cm de haut, à la peinture un peu écaillée.

Dans quel monde se dresse ce marché ? Quelle est son histoire, quelles sont sa géographie, sa biologie ? Je n'en sais rien. Je me contente de donner une poignée de pièces carrées avant de remonter la rue et de me réveiller.

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