Il est intéressant, ce moment où l'on s'aperçoit qu'on est en train d'écrire de la merde, et qu'en essayant d'arranger le coup, on ne faut que l'étaler. Là, si on est un peu malin, on se dit que c'est le moment d'arrêter de pisser du texte pour le reste de la journée.
Dessin de Chaz Truog dans Animal Man
Pour autant, on n'arrête pas de bosser. On commence par noter précisément où ça déconne, pour tout réparer le lendemain matin avant de se remettre à écrire.
Dans le cas tout frais de l'accident industriel qui a inspiré cette notule, le problème naît essentiellement d'essayer d'insérer un traitement thématique dans un essai construit à la base comme chronologique (je vous reparlerai plus en détail de ce bouquin dès qu'il sera annoncé officiellement), ce qui implique de tricher et de jouer au bonneteau avec certains trucs. Dans ces cas-là, se louper est immédiatement calamistrophique. Et là, je suis en plein dedans.
Mais bon, j'ai isolé les trucs qui vont pas, je sais à peu près où les replacer ailleurs et j'ai une idée de comment patcher tout le bouzin. Donc, on peut considérer que tout va bien.
Et bon, du coup, histoire de repartir sur de bonnes bases, j'ai repris la doc pour préparer les trucs à écrire demain. Et j'ai pigé qu'une partie de mon problème a une origine fondamentale. C'est bien de se faire confiance en écrivant, c'est bien de prendre un rythme soutenu, mais ça implique alors de travailler plus de mémoire. Et cette relative subjectivité fait qu'on s'arrange un peu des faits, de façon instinctive, pour que ça colle mieux au plan.
Là, après un premier tiers où j'ai été plutôt rigoureux, j'ai commencé la mise en place des chapitres fautifs en pensant suffisamment tenir mon sujet pour pouvoir dégrossir tranquillement, en comptant me plonger dans ma doc en deuxième intention, à la relecture, pour compléter les manques éventuels et préciser les détails.
Ne faites jamais ça.
(Bon, quelques années que j'avais pas fait un gros essai, mes derniers boulots dans le genre étaient de gros chapitres dans des ouvrages collectifs, eh bien ça ne fait pas de mal de s'y remettre)
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