Accéder au contenu principal

Writever juillet, part 1

Hop, une petite giclée de micro-nouvelles, sur des thèmes d'actualité, parce qu'il faut bien, aussi, des fois.


1.
"Non, mais la relation client, quand on est nécromancien, c'est la plaie. Les morts-vivants et les spectres sont toujours en train de se plaindre et de réclamer.
On voit les collègues en burn-out, ceux qui finissent par boire leurs propres potions, ou qui s'emmurent vivants. On les voit. On se demande ce qu'attendent les autorités ducales pour réguler ce marché."

 

2.
La Karma Corp. s'occupait de réincarnation optimisée. Contre espèces sonnantes et trébuchante, elle pouvait transférer votre mauvais karma sur des employés payés pour ça.
Puis un  des ingénieurs eut une idée géniale pour économiser. On envoya le mauvais Karma sur des traders et des secrétaires d'état. Pour eux, ça ne faisait plus aucune différence. Ils étaient déjà voués à se réincarner dans un corps de lombric, de toute façon. 

 

3.
"Comment ça, encore une invasion de zombies dans la vallée ? C'est pas normal, il doit bien y avoir une raison que ça tombe toujours chez vous. En attendant, vous devriez mettre du produit pour les éloigner, hein."


4.
"Non, mais la licorne qui a un gros truc dressé devant et qui a une affinité pour les vierges, je veux pas dire, mais c'est gros comme une maison, non ?"
"Professeur, vous salissez tout."
"Tiens, vous savez pourquoi les héros ont de grandes épées ?"
"C'est bon, professeur, là je me casse."

 

5.
Le service divin était le truc le plus exigeant qui soit. Dans Son Ineffable Perfection, l'être suprême avait conçut un système parfait, huilé, ne laissant la place ni à l'erreur, ni à la pause café.
C'est ainsi qu'est né l'enfer, du burn-out du plus beau de tous les anges, qui a fini par immoler son poste de travail.


6.
Les débris de l'ancienne civilisation étaient recyclés par d'énormes navires-usines croisant à la verticale des anciennes métropoles. ils jetaient l'ancre, draguaient le fond, et utilisaient les matériaux pour grossir encore plus.


7.
Le mage Grodobert était devenu prudent avec l'âge. Avant de se lancer dans une nouvelle création d'invocation, il en calculait le rapport bénéfice-risque, avec des ajustements permettant d'intégrer les cercles de craie tracés d'une main plus ou moins tremblante selon l'âge du pratiquant.
Il oubliait hélas souvent d'intégrer à ses savants calculs des notions comme l'anthropophagie des entités, leur côté stroboscopique qui faisait perdre la raison, ou l'humidité de l'air qui amenait le sel rituel à se dissoudre en cours de route.


8.
En ces temps lointains, le terme "épicier" désignait avant tout le marchand ayant la puissance financière nécessaire pour lancer des expéditions en Orient à la recherche de poivre, girofle et muscade.
Jacques Aorte avait une stratégie bien à lui pour écraser la concurrence. Il transmettait les plans des routes commerciales des autres aux plus fieffés pirates de l'océan, et déguisait ses propres navires en forteresses flottantes de flibustiers.


9.
"Je prends toujours mes responsabilités. qu'ils viennent me chercher !" C'était ainsi que Gontrodoric l'inélégant s'exprimait face aux jacqueries qui éclataient à intervalles réguliers dans son petit royaume. Il avait pleine confiance dans sa garde, des compagnies d'archers recrutés dans les repaires des pires malandrins.
Tout le monde lui disait qu'il avait tort. Un jour, il se retrouva mis face à ses responsabilités.
Cantrebert le Sergent lui succéda après le coup d'état le plus rapide de l'histoire.


10.
La notion d'actifs, en nécromancie, était relativement floue. La comptabilité du sinistre Saucron en comptait plusieurs milliers, mais cette armée restait dans un état de demi-vie tant qu'on ne se livrait pas à un sacrifice aux puissances infernales. Alors, on avait quelques jours pour l'employer dans de terrifiantes offensives.


11.
L'encadrement était le gros talon d'Achille du royaume. Les promotions étaient distribuées selon la faveur des chefs de coteries et rares étaient ces officiers de la cour qui auraient mérité d'avoir leur portrait au mur, seule condition pour être un "cadre" digne de ce nom.


12.
Les réunions du conseil des nécromants étaient toujours houleuses. Entre les présentations palantir qui n'en finissaient pas, utilisant des boules de cristal mal réglées ou flou, ou les rappels pénibles de notions basiques, c'était un pensum. Négaroth envoyait un golem à son image, qui lui répétait ensuite ce qui s'était dit d'intéressant. Son rapport ne durait jamais plus de trois minutes.


13.
- Comment ça je ne suis pas à jour de ma cotisation de la guilde des rémouleurs?
- On vous a vu affûter cette épée avec une pierre spéciale. c'est un monopole de la guilde, ici.
- Mais je suis un barbare, moi ! J'entretiens mon outil de travail !
- L'aiguisage ne peut être pratiqué que par un rémouleur assermenté, c'est pas moi qui fais les règles dans le duché.

La quête suivante de Grobrak le Bringuebalant consista donc à exterminer la guilde des rémouleurs jusqu'au dernier. Il épargna seulement un jeune novice qu'il prit à son service comme page. En effet, le gamin savait comme personne donner un tranchant inégalé à son arme fétiche.


14.
- Actionnaire c'est quand même un mot bien mal choisi, non ?
- Comment ça ?
- L'action ils n'en voient pas un poil, ce sont des rentiers pour la plupart. Qui justement ne veulent surtout pas savoir comme ça se passe sur le terrain.
- Et qu'est-ce que tu veux y faire ?
- Développer une forme d'actionnariat par les employés, excluant graduellement les grabataires exploiteurs.


15.
- Ils se sont QUOI????
- Syndiqués, votre malveillance.

Saucron le Nécromant était décontenancé, pour la première fois de sa longue existence. Des morts-vivants qui se syndiquent pour réclamer de meilleures conditions de mort-vie, c'était du jamais vu.

Heureusement, ses orcs étaient assez abrutis pour ne pas comprendre les enjeux de la chose. Il les fit charger.

À l'usage, les orcs-zombies s'avérèrent plus malléables. il fallait juste leur expliquer dix fois les choses avec des mots simples et des schémas.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Medium

 Un truc que je fais de temps en temps, c'est de la médiation culturelle. Ce n'est pas mon métier, mais je connais suffisamment bien un certain nombre de sujets pour qu'on fasse appel à moi, parfois, pour accompagner des groupes scolaires dans des expos, des trucs comme ça. Là, on m'a appelé un peu à l'arrache pour accompagner une animation interactive sur les mangas, et notamment les mangas de sport, avec des groupes de centres de loisirs. Bon, c'est pas ma discipline de prédilection, j'ai révisé un peu vite fait. Le truc, c'est qu'on m'en a causé la semaine passée. La personne qui devait s'en charger était pas trop sur d'elle. La mairie du coin (dans une banlieue un poil sensible) voyait pas le truc bien s'emmancher, la patronne d'une asso où je donne des cours l'a su, a balancé mon nom, m'a prévenu... Et c'en était resté là. Je restais à dispo au cas où. On m'a rappelé ce matin "bon, on va avoir besoin de t...

Le grand livre des songes

 Encore un rêve où je passais voir un de mes éditeurs. Et bien sûr, celui que j'allais voir n'existe pas à l'état de veille, on sent dans la disposition des locaux, dans les gens présents, dans le type de bouquins un mix de six ou sept maisons avec lesquelles j'ai pu travailler à des titres divers (et même un peu d'une agence de presse où j'avais bossé du temps de ma jeunesse folle). Et, bien sûr, je ne repars pas sans que des gars bossant là-bas ne me filent une poignée de bouquins à emporter. Y avait des comics de Green Lantern, un roman, un truc sur Nightwing, un roman graphique à l'ambiance bizarre mettant en parallèle diverses guerres. Je repars, je m'aperçois que j'ai oublié de demander une nouveauté qui m'intéressait particulièrement, un autre roman graphique. Ça vient de fermer, mais la porte principale n'a pas encore été verrouillée. Je passe la tête, j'appelle. J'ai ma lourde pile de bouquins sous le bras. Clic. C'était ...

Beware the blob

La perversion alimentaire prend parfois des allures d'apostolat suicidaire. Que ce soit en termes de picole ou de bouffe, il m'arrive de taper dans le bizarre et de tenter des expériences qui tétaniseraient d'effroi une créature lovecraftienne. Comme on a les amis qu'on mérite, et que j'ai dû commettre des ignominies sans nom dans une vie antérieure, certain de mes amis, camarades et autres proches ont aussi leur bouffées culinaro-délirantes. C'est ainsi que certain libraire sévissant dans une grande enseigne vendant de la culture neuve et d'occasion dans le quartier étudiant de Paris m'a initié à toutes sortes de pickles qui arrachent la gueule et à des boissons polonaises que même les Polonaises évitent de prendre au petit déjeuner. C'est aussi ce douteux personnage (ou un ami commun exilé, je ne sais plus, il y a des traumas que l'esprit humain tente miséricordieusement de brouiller) qui m'avait fait découvrir la pâte à tartiner au spe...

The road to the War Zone

Il m'arrive parfois de mettre le nez sur la provenance gougueule de mes lecteurs : le système de ce blog me permet en effet de savoir quelles requêtes gougueule ont amené ici les gens qui ne me connaissaient pas (parce que les gens qui me connaissent ont depuis longtemps l'adresse de la War Zone, vous vous en doutez*). Et à chaque fois, je suis surpris, et souvent atterré. Que "Alex Nikolavitch" ou "War Zone" (mais parfois, visiblement, il s'agit de gens cherchant des infos sur la suite d'un jeu vidéo, je crois) ou Crusades caracolent en tête des requête, c'est un peu normal. Fulchibar aussi (si vous ne savez pas ce qu'est le fulchibar, ne vous en faites pas, nous non plus, mais c'est justement à ça que tient le concept) (et puis le fulchibar, ça ne s'explique pas. ça se vit). Les noms de personnalités évoquées dans ces pages servent aussi de point d'entrée, comme Vlad Drakul, Frédéric Lefebvre, Makhno, Tesla ou Crowley. C'est...

Tombent les renards en feu

Ça faisait des années que j'utilisais et que je défendais Firefox, ce navigateur internet qui est le très lointain héritier de l'antédiluvien Netscape. L'outil était puissant, rapide, efficace, des lieux devant l'immonde Explorer. Mais depuis les mises à jour de cet été, tout déconne. Gestion du Java complètement aléatoire, persistances d'affichage anormales, perte de la prise en compte de balises HTML pourtant classiques... Et à chaque nouvelle mise à jour, je me prends à espérer que ces problèmes seront réglés, et à chaque nouvelle mise à jour, c'est pire. Tout se passe comme si la Mozilla Corporation, éditeur du logiciel, était devenue Microsoft de la grande époque. Firefox 6.0 sur Mac, c'est un merdier total. Et la version 5, sortie deux mois plus tôt, déconnait déjà dans les grandes largeurs. J'envisage très sérieusement de passer à un autre navigateur. Je n'aime pas ça : j'ai mes habitudes, mes paramétrages, mes kilos de signets, et il v...

L'éternel retour

 Bon, c'est l"heure de notre traditionnelle minute d'expression gueuledeboitesque de fin janvier début février. Mon ressenti (page de Marvano à l'expo SF) (c'est toujours un moment fort de voir les originaux de pages tellement frappantes qu'elles se sont gravées à vie dans votre tête) Jeudi : Je n'avais pas prévu d'arriver le jeudi, au départ. Après cinq mois de boulot ultra-intense, déjà à genoux avant même le festival, je me disais qu'une édition plus ramassée à mon niveau serait plus appropriée. Divers événements en amont m'amènent à avancer largement mon arrivée. Il y a une réunion de calage sur un projet qui doit se faire là-bas, plutôt en début de festival. Dont acte. Ça m'amène à prendre les billets un peu au dernier moment, de prendre les billets qui restent en fonction du tarif aussi, donc là j'ai un changement, ça cavale, et je suis en décalé, ça aura son importance. Quand j'avais commencé à préparer mon planning, j'ava...

Trop de la Bal

 Bon, parmi les petits plaisirs angoumoisins, hormis les moments passés avec des amis et amies qu'on voit trop peu, hormis les bouteilles, hormis les expos d'originaux, il y a aussi fouiller dans les bacs. C'est ainsi que j'ai mis la main à vil prix sur un Savage Sword of Conan dans la collection Hachette. Je dois avoir dix ou douze de ces bouquins réimprimant au départ les aventures des années 70, publiées à l'époque en noir et blanc et en magazine, du célèbre Cimmérien de Robert E. Howard, souvent pris pour lire dans le train, quand j'en chopais un à la gare. Autant dire que ma collection est salement dépareillée. Mais comme ce sont à chaque fois des récits complets, ça n'a guère d'importance. En fait, c'est typiquement la série dans laquelle vous pouvez taper au pif sans trop de risque de déception.      Celui-ci, le n°5, je m'en voulais de l'avoir raté et je n'avais pas réussi à remettre la main dessus par la suite. Graphiquement y a...

Unions, ré-unions, il en restera toujours quelque chose si on s'y prend pas comme des chancres

 Bon, j'en ai jamais fait mystère, mais j'ai tendance à faire savoir autour de moi que la réunionite est un peu le cancer de notre société moderne. Je supporte pas les grandes tablées où, passé l'ordre du jour ça oscille entre le concours de bite et la branlette en rond, pour des résultats concerts qui seraient obtenus en règle générale avec un mail de dix lignes.   éviter la Cogip   Quoi ? Oui, je suis inapte au simagrées du monde de l'entreprise moderne, chacun de mes passages dans des grands groupes m'a convaincu que c'étaient des carnavals de... non, aucun mot utilisable en public ne me vient. Et mes passages aux conseils d'administrations d'associations n'ont pas été mieux. Le problème, ce n'est même pas la structure, qu'elle soit filiale d'un truc caquaranqué ou petit truc local tenu avec des bouts de ficelle. Et pourtant, des fois, faut bien en passer par là, j'en ai conscience. Voir les gens en vrai, se poser autour d'une ...

à Angoulème en dédicaces

Le festival d'Angoulème approche, c'est pour la fin du mois. Il faut commencer à s'organiser. Alors si vous avez un agenda,  notez donc ça : En plus de mes passages au stand des éditions La Cafetière, bulle New York, je serai en dédicaces sur l'espace Champ de Mars au stand du MOTIF. Vendredi 27 de 17 à 19 heures Samedi 28 de 14 à 16 heures Dimanche 29 de 12 à 14 heures Venez nombreux !

Space jesuit ecolo on the run !

Dans mon rêve de cette nuit, j'étais un Jésuite de l'espace chargé d'étudier l'écologie d'une planète nouvellement découverte. Sauf que des colons avaient accidentellement introduit des espèces terriennes et étaient en train de bousiller l'écosystème, du coup. Au camp de base numéro 4, je me souviens distinctement avoir expliqué à un cosmonaute "les charmes et les lapins se sont magnifiquement adaptés, hélas". Le tout dans un décor insolite et grandiose de forêt extraterrestre dont des morceaux commençaient de plus en plus à ressembler au bois de Meudon, me demandez pas pourquoi. Le truc, c'est qu'en me réveillant, il me semble que cette histoire de jésuite écolo n'est pas qu'une production enfiévrée de mon esprit malade. Il me semble avoir lu un roman de SF dans le genre. J'ai de bons souvenirs du Cas de Conscience de James Blish, du père Carmody créé par P.J. Farmer,et il y a des jésuites dans Hypérion de Dan Simmons. Je précis...