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Dredd-full

En faisant des recherches sur tout à fait autre chose (enfin, pas "tout à fait autre chose", mais "un autre truc un peu voisin", disons), j'ai découvert que les Penny Dreadful, ces magazines populaires anglais du 19e siècle, plus ou moins ancêtres lointains des pulps (oui, bon, je vérifiais certaines dates dans l'histoire des pulps, j'en avais besoin pour un boulot, et je voulais clairement différencier ça des dime novels et des penny dreadfuls) (ça va ? vous êtes contents ?) étaient des hebdomadaires entre 8 et 16 pages.

 ça a aussi donné son nom à une série télé avec Eva Green


 

Je vous vois venir, tous. Vous allez me dire "ouais, et alors ?"

Et alors ?

Alors, j'ai déjà parlé du fait que les pulps américains ont infusé dans les comics, par les thèmes abordés mais aussi par le format : certains des premiers éditeurs de comics étaient précédemment des éditeurs de pulps qui avaient senti le vent tourner. Même Marvel, qui s'appelait à l'époque Timely, avait notamment publié un "Marvel Science Stories" avant de passer aux bandes dessinées.

un exemple de Penny Dreadful

Et on dirait bien qu'un phénomène du genre a eu lieu en Angleterre, puisque ce format d'hebdomadaire de 8-16 pages, c'est celui des magazines de BD outre-manche à partir au moins de l'après-guerre. Sur l'avant-guerre, je ne saurais dire avec précision (je suis pas spécialiste du sujet), mais ce que j'ai vu passer y ressemble également. Comics Cut, lancé en 1896 par Amalgamated Press, qui publiera par la suite Knockout, contenant les aventures de Battler Briton, semble avoir été de ce format.

Ce qui signifie que 2000.AD est le descendant direct des Penny Dreadfuls. Et d'un coup le nom du personnage principal prend un nouveau sens.

Voilà, ce petit développement pour essayer de mettre de l'ordre dans ce qui, pour moi, a été plutôt une déflagration mentale, un "chboum là d'dans" comme dirait l'autre.





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