Accéder au contenu principal

"Le coeur... ça va aller..." (chanson de Louis-Ferdinand Céline-Dion)

Assez épaté par l'histoire du sous-marin perdu en allant chercher le Titanic. Le truc était tellement mal branlé et le milliardaire concepteur tellement enthousiaste que ça a quelque chose de fascinant.

(note, à l'heure où je poste ces lignes, il doit leur rester une heure d'oxygène si le bazar a pas déjà implosé) (mais je serais très surpris qu'ils s'en sortent)

 

Trop zarbi, cette nouvelle saison de "Le Bidule"


Parce que du coup, plein d'interviews du mec sortent. Dont celle où il dit "mon truc est incoulable", le journaliste lui répond "c'est pas ce qu'on disait du Titanic, à l'époque ?" et le milliardaire, ça le fait marrer.

Je crois que c'est ça le drame avec ces gens-là. Ils pensent que leur pognon valide leur intellect. D'ailleurs, récemment, un type a proposé de remplacer le test de Turing sur les IA par un autre où on confie mille balles à une IA et on mesure le temps qu'il lui faut pour en gagner un million en plaçant la somme en bourse.

Surtout, l'interview qui pique bien, c'est celle où notre sous-marinier du dimanche explique ne pas être passé par un certificateur, parce que ça coûte des ronds et que les règlements et normes sont tellement contraignants que ça lui cassait les miches.

Donc il est parti avec un hublot non certifié pour les profondeurs où il va, il pilote le truc avec une manette de Playstation sans fil ni aucune redondance, il n'y a aucun moyen d'ouvrir le truc de l'intérieur (donc s'ils parviennent à refaire surface mais ne sont pas repérés rapidement, les passagers étouffent quand même) et je suis certain qu'il y a des trucs qu'on ne sait pas encore. Tout en facturant le billet 250.000 dollars, il a été au plus cheap pour tout.

On est bien loin du vieil Hammond et de son "j'ai dépensé sans compter" (et même lui son machin lui a pété à la figure, souvenez-nous).

Les gars se prennent pour de nouveaux Lindbergh. On s'en souvient, celui-ci n'avait pas pris de parachute parce qu'il ne comptait pas tomber. En vrai, il savait qu'il volerait au ras des vagues pour économiser le carburant, et donc que le parachute serait inutile en cas de pépin. Il préférait consacrer ce poids à plus de carburant. Il y avait un calcul précis du bénéfice-risque, ce que les gars d'aujourd'hui feignent d'oublier, ou ne comprennent tout simplement pas. (que Lindbergh ait été par ailleurs un sérieux connard n'est pas notre sujet du jour).


 Sérieux, les types se prennent pour des héros de comics

alors qu'en fait ils sont caricaturaux comme des méchants de dessins animés

 

Par ailleurs, les autorités sont en train de déployer des moyens considérables dans les opérations de secours. Et là, on tombe sur l'hypocrisie fondamentale de ces types-là. Même pas le fait que ces moyens n'ont pas été déployés lors du dernier naufrage de migrants (70 morts ?), mais le fait que les milliardaires qui trouvent injuste le peu d'impôts qu'ils payent et se plaignent des régulations sont dépendants de secours payés par nos impôts à nous lorsqu'ils se plantent pour avoir contourné les régulations. (tiens, c'est Musk, dernièrement, qui a bousillé le pas de tir du Starship parce qu'un système de protection lui semblait dispendieux et peu utile).

Et même comme ça, faute d'écoutilles et de systèmes au normes, il n'est pas évident que les robots et appareils déployés puissent faire grand-chose, même s'ils les retrouvent. Un garde-côte l'a dit :  « ce submersible n’a pas été conçu pour être sauvé. »

Il y a un côté profondément darwinien là-dedans. Rappelez vous ce membre de la famille Dassault qui s'était tué en hélico parce qu'il ne voulait pas marcher dans la bouillasse avec ses chaussures au prix invraisemblable.

Sachant aussi que les milliardaires sont les plus gros pollueurs de la planète, j'y vois une espèce de signe, une tentative désespérées des lois naturelles et de la providence pour rectifier le tir.

L'argent dans ces quantités-là rend-il con ? Le mythe de la prise de risque par les milliardaires est-il biaisé ?

Vous avez deux heures.


PS : Alors oui, on n'est pas censé rire de gens qui meurent. Mais la différence avec des migrants poussés par le désespoir, c'est que là, on est face à des gens tellement imbus de leur personne et tellement déglingués par leur théorie managériale du leadership et de la confiance en soi, qu'ils ricanent lorsqu'on les met en garde et méprisent les gens qui pourraient les sauver. 

Pour les migrants, on est dans une chose terrible et terriblement prévisible. C'est l'essence de la tragédie, une invention des Grecs. Pour les milliardaires, ils disposaient d'un autre mot, au sens très précis, et totalement adapté ici : hubris.




Commentaires

Anonyme a dit…
c' est bizarre ton raisonnement fonctionne aussi avec les baltringues du thaumaturge jupitérien.
Alex Nikolavitch a dit…
Que veux-tu dire ?
les "qui aurait pu prévoir ?"
Oui, y a comme une parenté philosophique profonde.
Tonton Rag a dit…
Pour l'accident de Dassault, quelles sont tes sources ?
Alex Nikolavitch a dit…
la presse de l'époque.
Puis le rapport du BEA lorsqu'il est sorti.

Posts les plus consultés de ce blog

En repassant loin du Mitan

 Bilan de la semaine : outre un peu de traduction, j'ai écrit  - 20000 signes d'un prochain roman - 20000 signes de bonus sur le prochain Chimères de Vénus (d'Alain Ayrolles et Etienne Jung - 30000 signes d'articles pour Geek Magazine    Du coup je vous mets ci-dessous un bout de ce que j'ai fait sur ce roman (dans l'univers du Mitan, même si je n'ai plus d'éditeur pour ça à ce stade, mais je suis buté). Pour la petite histoire, la première scène du bouquin sera tirée, poursuivant la tradition instaurée avec Les canaux du Mitan, d'un rêve que je j'ai fait. Le voici (même si dans la version du roman, il n'y aura pas de biplans) . On n'est pas autour de la plaine, cette fois-ci, je commence à explorer le vieux continent :   Courbé, il s’approcha du fond. À hauteur de sa poitrine, une niche était obstruée par une grosse pierre oblongue qu’il dégagea du bout des doigts, puis fit pivoter sur elle-même, dévoilant des visages entremêlés. Une fo...

Sonja la rousse, Sonja belle et farouche, ta vie a le goût d'aventure

 Je m'avise que ça fait bien des lunes que je ne m'étais pas penché sur une adaptation de Robert E. Howard au cinoche. Peut-être est-ce à cause du décès de Frank Thorne, que j'évoquais dernièrement chez Jonah J. Monsieur Bruce , ou parce que j'ai lu ou relu pas mal d'histoires de Sonja, j'en causais par exemple en juillet dernier , ou bien parce que quelqu'un a évoqué la bande-son d'Ennio Morricone, mais j'ai enfin vu Red Sonja , le film, sorti sous nos latitudes sous le titre Kalidor, la légende du talisman .   On va parler de ça, aujourd'hui Sortant d'une période de rush en termes de boulot, réfléchissant depuis la sortie de ma vidéo sur le slip en fourrure de Conan à comment lui donner une suite consacrée au bikini en fer de Sonja, j'ai fini par redescendre dans les enfers cinématographiques des adaptations howardiennes. Celle-ci a un statut tout particulier, puisque Red Sonja n'est pas à proprement parler une création de Robert H...

Coup double

 Ainsi donc, je reviens dans les librairies le mois prochain avec deux textes.   Le premier est "Vortace", dans le cadre de l'anthologie Les Demeures terribles , chez Askabak, nouvel éditeur monté par mes vieux camarades Melchior Ascaride (dont vous reconnaissez dans doute la patte sur la couverture) et Meredith Debaque. L'idée est ici de renouveler le trope de la maison hantée. Mon pitch :   "Les fans d'urbex ne sont jamais ressortis de cette maison abandonnée. Elle n'est pourtant pas si grande. Mais pourrait-elle être hantée par... un simple trou dans le mur ?" Le deuxième, j'en ai déjà parlé, c'est "Doom Niggurath", qui sortira dans l'anthologie Pixels Hallucinés, première collaboration entre L'Association Miskatonic et les éditions Actu-SF (nouvelles).  Le pitch :  "Lorsque Pea-B tente un speed-run en live d'un "mod" qui circule sur internet, il ignore encore qu'il va déchainer les passions, un ef...

Le grand méchoui

 Bon, l'info est tombée officiellement en début de semaine : Les Moutons électriques, c'est fini. Ça aura été une belle aventure, mais les événements ont usé et ruiné peu à peu une belle maison dans laquelle j'avais quand même publié dix bouquins et un paquet d'articles et de notules ainsi qu'une nouvelle. J'ai un pincement au coeur en voyant disparaître cet éditeur et j'ai une pensée pour toute l'équipe.   Bref. Plein de gens me demandent si ça va. En fait, oui, ça va, je ne suis pas sous le choc ni rien, on savait depuis longtemps que ça n'allait pas, j'avais régulièrement des discussions avec eux à ce sujet, je ne suis pas tombé des nues devant le communiqué final. Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? Que les dix bouquins que j'évoquais plus haut vont quitter les rayonnages des libraires. Si vous êtes en retard sur Cosmonautes ! ou sur Le garçon avait grandi en un gast pay s, notamment, c'est maintenant qu'il faut aller le...

Le slip en peau de bête

On sait bien qu’en vrai, le barbare de bande dessinées n’a jamais existé, que ceux qui sont entrés dans l’histoire à la fin de l’Antiquité Tardive étaient romanisés jusqu’aux oreilles, et que la notion de barbare, quoiqu’il en soit, n’a rien à voir avec la brutalité ou les fourrures, mais avec le fait de parler une langue étrangère. Pour les grecs, le barbare, c’est celui qui s’exprime par borborygmes.  Et chez eux, d’ailleurs, le barbare d’anthologie, c’est le Perse. Et n’en déplaise à Frank Miller et Zack Snyder, ce qui les choque le plus, c’est le port du pantalon pour aller combattre, comme nous le rappelle Hérodote : « Ils furent, à notre connaissance, les premiers des Grecs à charger l'ennemi à la course, les premiers aussi à ne pas trembler d’effroi à la vue du costume mède ». Et quand on fait le tour des autres peuplades antiques, dès qu’on s’éloigne de la Méditerranée, les barbares se baladent souvent en falzar. Gaulois, germains, huns, tous portent des braies. Ou alo...

La pataphysique, science ultime

 Bon, c'est l'été. Un peu claqué pour trop mettre à jour ce blog, mais si j'en aurais un peu plus le temps que les mois précédents, mais là, justement, je souffle un peu (enfin presque, y a encore des petites urgences qui popent ici et là, mais j'y consacre pas plus de deux heures par jour, le reste c'est me remettre à écrire, bouger, faire mon ménage, etc.) Bref, je me suis dit que j'allais fouiller dans les étagères surchargées voir s'il y avait pas des trucs sympas que vous auriez peut-être loupés. Ici, un papier d'il y a déjà huit ans sur... la pataphysique.     Le geek, et plus encore son frère le nerd, a parfois une affinité avec la technologie, et assez souvent avec les sciences. Le personnage du nerd fort en science (alors que le « jock », son ennemi héréditaire, est fort en sport) est depuis longtemps un habitué de nos productions pop-culturelles préférées. Et, tout comme l’obsession du geek face à ses univers préféré, la démarche de la science ...

Send in the clowns

Encore un vieux texte : We need you to laugh, punk Y'avait un cirque, l'autre week-end, qui passait en ville. Du coup, on a eu droit aux camionnettes à hauts-parleurs qui tournaient en ville en annonçant le spectacle, la ménagerie et tout ça, et surtout aux affiches placardées partout. Et pour annoncer le cirque, quoi de plus classique qu'un portrait de clown, un bel Auguste au chapeau ridicule et au sourire énorme ? Démultiplié sur tous les murs de la ville, ce visage devient presque inquiétant. Un sourire outrancier, un regard masqué sous le maquillage, une image que la répétition rend mécanique. Ce sourire faux, démultiplié par le maquillage, voire ce cri toutes dents dehors, que le maquillage transforme en sourire, c'est la négation de la notion même de sourire. Le sourire, c'est une manière de communiquer, de faire passer quelque chose de sincère, sans masque. Un faux sourire, a fortiori un faux sourire maquillé et imprimé, fracasse cet aspect encor...

Aïe glandeur

Ça faisait bien longtemps que je ne m'étais pas fendu d'un bon décorticage en règle d'une bonne bousasse filmique bien foireuse. Il faut dire que, parfois, pour protéger ce qu'il peut me rester de santé mentale, et pour le repos de mon âme flétrie, je m'abstiens pendant de longues périodes de me vautrer dans cette fange nanardesque que le cinéma de genre sait nous livrer par pleins tombereaux. Et puis parfois, je replonge. Je repique au truc. De malencontreux enchaînements de circonstances conspirent à me mettre le nez dedans. Là, cette fois-ci, c'est la faute à un copain que je ne nommerai pas parce que c'est un traducteur "just wow", comme on dit, qui m'avait mis sur la piste d'une édition plus complète de la musique du film Highlander . Et qu'en effet, la galette était bien, avec de chouettes morceaux qui fatalement mettent en route la machine à nostalgie. "Fais pas le con, Niko ! Tu sais que tu te fais du mal !" ...

C Jérôme

 Ah, on me souffle dans l'oreillette que c'est la Saint Jérôme, en l'hommage au patron des traducteurs, et plus précisément des traducteurs qui se fâchent avec tout le monde, parce qu'il était très doué dans ce second domaine, le gaillard.   Jéjé par Léonard   Bon, après, et à sa décharge, c'est une époque où le dogme est pas totalement fixé et où tout le monde s'engueule en s'envoyant des accusations d'hérésie à la figure. À cette occasion, le Jéjé se montre plus polémique que traducteur et doit se défendre parce qu'il a aussi traduit des types convaincus ensuite d'hérésie. De nos jours, son grand oeuvre c'est la traduction latine de la Bible. Ce n'est pas la première du genre, mais c'est la plus précise de l'époque. Il s'est fondé notamment sur une version d'Origène (un des hérétiques qui lui vaudront des problèmes) qui mettait en colonnes six versions du texte, deux en hébreu et quatre en grec et fait des recherches de ...

Qu'ils sont vilains !

En théorie de la narration existe un concept important qui est celui d'antagoniste. L'antagoniste est un des moteurs essentiels de l'histoire, il est à la fois le mur qui bloque le héros dans sa progression, et l'aiguillon qui l'oblige à avancer. L'antagoniste peut être externe, c'est l'adversaire, le cas le plus évident, mais il peut aussi être interne : c'est le manque de confiance en lui-même de Dumbo qui est son pire ennemi, et pas forcément les moqueurs du cirque, et le plus grand ennemi de Tony Stark, tous les lecteurs de comics le savent, ce n'est pas le Mandarin, c'est lui même. Après, l'ennemi est à la fois un ennemi extérieur et intérieur tout en même temps, mais ça c'est l'histoire de Superior Spider-man et c'est de la triche.  Tout est une question de ne pas miser sur le mauvais cheval Mais revoyons l'action au ralenti. L'antagoniste a toujours existé, dans tous les récits du monde. Comme le s...