Hassan Ben Ali Ben Mohammed Ben Ja'fr Ben Hussein Ben Mohammed al Sabbah al Hamiri, dit Hassan Ibn Sabbah, dit le Vieux de la Montagne
"Rien n'est réel, tout est permis."
La langue française doit un mot à Hassan Ibn Sabbah : assassin. En effet, ce terme dont la connotation est plus que péjorative vient, dit-on, de haschischin, un terme persan signifiant, selon les sources, gardien de la foi ou fumeur de haschisch. Selon une légende jamais totalement vérifiée (mais colportée en occident par Marco Polo en personne, c'est dire si c'est du sérieux), Hassan aurait pris le contrôle, sur la montagne d'Alamut, d'une forteresse dans laquelle il droguait au haschisch de jeunes hommes, avant de leur faire découvrir un jardin des délices dans lequel de superbes jeunes filles se livraient sur leurs corps à des actes réprouvés par la morale et Télérama. À l'issue de quoi, le Vieux les droguait à nouveau, avant de les réveiller dehors. Ensuite, le pacte était simple : les garçons pourraient retourner dans ce paradis seulement après avoir accompli une mission consistant généralement, qui l'eut cru, en un assassinat. Inutile de dire qu'ainsi fanatisés, ces sicaires semaient la terreur dans tout le Proche-Orient.
On ignore si la secte survécut sans casse à son fondateur, qui avait l'avantage, contrairement à d'autres, de réellement laisser entrevoir à ses ouailles les splendeurs du paradis. Comme beaucoup de gourous, ceci dit, il ne croyait pas à ses propres fables, son action était avant tout politique, la religion n'étant pour lui qu'un prétexte et un outil, ce qui fait du Vieux un proto Ben Laden, à la différence près que, pour faire planer ses hommes, il n'avait pas besoin d'avions.
Selon Marco Polo, une intervention massive de la grande puissance militaire d'alors, les Mongols, a mis fin au règne de terreur des Haschischins. Alamut fut rasée et détruite, le Nid de l'Aigle devenant la proie des vautours. Pour la petite histoire, Hülegü Khan, le général mongol qui détruisit la secte, un descendant de Temujdin, excusez du peu, est un personnage qui traine ses babouches dans Crusades, un excellent album de BD qui sortira courant janvier. (Ouais, j'en profite pour faire grassement ma pub. Et alors ? C'était ça ou je vous expliquais mes histoires d'enduits et de peinture, avouez que c'est plus intéressant, un petit cours d'histoire à la bonne franquette qui est essentiellement constité de textes qui trainaient sur mon disque dur sans profiter à personne)
Ce qu'on sait moins (qu'on ne sait même pas du tout, mais un bas-relief assyrien exposé au British Museum donne en tout cas à l'entendre), c'est que le Vieux n'était pas le premier agitateur à se retrancher sur cette montagne qui lui servait de Nid d'Aigle. En effet, le bas-relief en question raconte une campagne victorieuse du roi d'Assyrie de l'époque contre la forteresse d'Allamu, censément située aux alentours du Kurdistan, ou au Nord de l'Iran, donc sur le théâtre des exploits d'Hassan et de ses sbires, mais deux mille ans plus tôt. Coïncidence ? Peut-être, puisque les chroniques du temps prétendent qu'Alamut a été construite en 840 de notre ère. Mais une coïncidence suffisamment belle pour mériter d'être un peu plus que ça. Tout comme la légende d'Hassan est assez forte pour mériter d'être vraie, même si elle ne l'est pas. Ou pas totalement.
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