Petit pincement au cœur à l'annonce (attendue pourtant) de l'effondrement du radiotélescope d'Arecibo. Cet énorme outil scientifique aura fidèlement servi pendant près de soixante ans à percer les secrets de l'univers. Vétuste, il présentait des signes de faiblesse et avait été endommage à plusieurs reprises cette année par des ruptures de câbles. La dernière lui aura été fatale. Tout s'est effondré.
De toute façon, les réparations, trop dangereuses, n'auraient pas pu avoir lieu. Il était promis à la démolition.
Si ce n'était plus le plus grand radiotélescope du monde, il demeurait l'un des plus intéressants, parce qu'outre son exploration des convulsions du ciel, il était également notre moyen de communiquer, ou de tenter de le faire, avec l'ailleurs.
Vous avez peut-être connu les économiseurs d'écran Seti ? C'était une initiative, il y a déjà des années, d'utiliser la puissance informatique globale à la recherche de signaux de vie extraterrestre. Toute personne qui installait le petit programme permettait à son ordinateur, dans ses moments de veille, de traiter les données issues d'Arecibo. L'univers est un brouhaha de pulsations électromagnétiques, et l'idée était d'y chercher des régularités, des points du ciel dont émaneraient des trains d'ondes structurées. Sans succès jusqu'ici, mais l'idée était belle, astucieuse, et son caractère collectif très fort, symboliquement.
Et surtout, en 1974, il servit à nous manifester. Frank Drake et Carl Sagan ont écrit un message, un manifeste nous signalant à… à ceux qui pourront l'écouter, si eux aussi tentent de décrypter ce que leur dit l'univers.
Là aussi, c'est sans doute pour la beauté du geste.
Le fait demeure : ce qui vient de s'écrouler, c'était notre main tendue à nos frères lointains.
Tellement 2020, après tout.
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