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Bonneteau sémantique

Bon, même si j'ai pas vraiment d'éditeur en ce moment, pour les raisons que vous savez (si vous êtes éditeur et que je vous ai pas encore embêté en vous envoyant mes trucs, manifestez-vous), je continue à écrire.


 

Avec le temps, j'en ai déjà causé, je suis devenu de plus en plus "jardinier", en ce sens que quand je commence à écrire, je n'ai plus qu'un plan très succinct, indiquant juste la direction du récit et ses grosses balises et je me laisse porter par les situations et les personnages. Bon, une des raisons, c'est que quand je faisais des plans détaillés, j'en foutais la moitié au panier en cours de route. Une autre, c'est que je me fais plus confiance, à force.

Là où j'ai changé mon fusil d'épaule, c'est que le truc sur lequel je bosse en ce moment est un roman d'anticipation (développant l'univers posé dans quelques unes de mes nouvelles, on retrouve d'ailleurs un personnage) et pas de fantasy. Mon plan se réduit à une dizaine de lignes, par contre j'ai plein de notes, concernant des révélations graduelles un peu compliquées à régler, et beaucoup de world-building, mais alors, vraiment pas mal. Je pense que la relecture sera intense.

Le problème de cette méthode, c'est que quand on coince à un moment, on ne peut pas se reposer sur le plan détaillé (qui permet, au pire, d'écrire dans le désordre, ce qui m'est arrivé assez souvent). Et donc, il faut revenir en arrière pour piger où ça coince.

Là, j'ai passé deux jours à jouer au bonneteau avec un chapitre entier qui ne marchait pas du tout. Déplacer des bouts, recoudre les morceaux, vérifier si c'est cohérent, déplacer d'autres trucs, recommencer, changer des trucs majeurs, re-relire, etc... Puis revenir sur les chapitres précédents, là encore pour vérifier la cohérence, pour mettre en place de façon rétroactive des éléments dont j'avais besoin pour ce chapitre là et ainsi de suite.

 Plus de deux jours là-dessus, mais derrière, j'ai dépoté comme jamais, la suite a avancé toute seule. Jusqu'au moment où j'ai un peu coincé, mais parce qu'un chapitre ultérieur, important, était beaucoup de la parlotte (importante) sans faire avancer grand-chose.

Là, de ne pas avoir de plan m'a aidé, au contraire. J'ai décidé qu'un personnage allait faire un coup d'état, comme ça. Ça n'impacte que partiellement la suite, ça me prive d'un personnage d'antagoniste, ce qui doit m'amener à en transformer un autre en antagoniste de la suite, mais rien de bien méchant, et ça pose une bonne grosse scène de redistribution des cartes pile à ce qui devrait être le premier tiers du truc.

Ça m'a accessoirement conduit à amender mes notes, à détailler plus certains personnages qui n'étaient jusqu'alors que d'arrière-plan, dans ma tête, et à repenser certains rapports de force. Et le résultat n'en est que meilleur.

La conclusion ?

J'aime de moins en moins être prisonnier du plan. Je l'avais déjà noté au moment des Exilés, plus je me donne de mou, plus je me colle dans des situations compliquées et plus ça m'oblige d'être créatif pour les résoudre.

Commentaires

Zaïtchick a dit…
Intéressante la petite cuisine de l'écrivain.
Alex Nikolavitch a dit…
et je trouve bien d'en parler parce que plein de jeunes auteurs se rendent pas compte que tout le monde passe par là lors de l'écriture, que plein de trucs qui semblent très malins à la lecture ont été patiemment bricolés et affinés, que c'est plus une question de rigueur que d'inspiration

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