Bon, on a profité de l'été pour se faire des sorties cinés avec la tribu Lavitch. Et comme il y a un tropisme comics par ici, ça a été Superman et Fantastic Four.
Pas grand-chose à dire sur le FF, qui est dans la moyenne des films Marvel en termes de scénar, mais bénéficie d'une belle direction artistique et d'un ton qui, pour le coup, colle assez avec ce qu'on était en droit d'attendre d'un film sur le quatuor le plus emblématique des comics, et qu'aucun des films précédents qui leur étaient consacrés n'arrivait à approcher (à part peut-être un peu le Corman, mais on reconnaîtra que c'est un cas particulier). Pas le film de l'année, mais un moment fun et coloré. On notera que prendre une actrice qui s'appelle Kirby pour faire le personnage le plus stanleesque de la bande ne manque pas d'ironie, mais elle fait bien le job, donc...
Fun et coloré, ce sont aussi des mots qui viennent à l'esprit en voyant le Superman, James Gunn oblige. Y a Guy Gardner et Mister Terrific, plutôt bien respectés, donc forcément j'ai aimé. Et là encore, comme le précédent, c'est un comic book movie qui n'a pas honte de son côté comics. Ça fait du bien.
Mais je ne vais pas ici faire de la critique ciné. Plein d'autres s'en chargent mieux que moi. Le Superman est intéressant aussi parce qu'il constitue un reboot de la franchise DC. Et que là aussi, il s'y prend comme un comic book.
Je m'explique.
Rebooter une série ou une franchise, c'est redémarrer à zéro, en théorie. On recommence l'histoire du début. Lorsque Christopher Nolan sort Batman Begins en 2005 (20 ans déjà, bordel), son film n'a aucun rapport avec les 4 Batman des années 90 et n'y fait aucune référence. Et The Batman de Matt Reeves fait pareil en 2022.
Dans le cas de ce Superman, on voit Peacemaker pointer le bout de son nez. Le personnage a eu droit à une apparition dans The Suicide Squad et dans une série dédiée, censés appartenir à la précédente itération de l'univers partagé de DC, démarrée avec Man of Steel en 2013.Pourtant, impossible de s'y tromper, le personnage de Superman n'a rien à voir avec cette version-là. D'ailleurs, il porte fièrement son slip rouge. Mais Gunn se refuse à faire table rase de ce qu'il à fait précédemment chez DC, même si cela génère de menues incohérences.
Et vous savez quoi ? C'est comme ça que font les comics depuis l'aube des temps, ou tout du moins depuis le Silver Age. Le premier reboot de DC Comics, en 1956, redémarre des personnages comme Flash et Green Lantern, en les réinventant de fond en comble, mais les anciens sont réintroduits en 1961, et surtout Superman, Batman et Wonder Woman ne sont pas officiellement rebootés à l'époque (même si Batman finit par bénéficier d'un relooking en 1964).
Au moment de Crisis en 1985-6, Batman et Superman sont rebootés (ce ne sont pas les seuls) mais les histoires en cours ans Green Lantern se poursuivent sans changement immédiat. La plupart des reboots sont d'ailleurs une réitération des origines (j'ai parlé y a quelques temps de Batman Year One) ménageant un intervalle de temps entre celles-ci et les aventures des magazines réguliers, n'annulant pas a priori la continuité. Incohérences et coutures apparaissent vite, avec des replâtrages qui nécessitent ensuite de nouveaux reboots partiels dans les années 90.
Même la grosse remise à zéro de 2012, les New 52, doit tenir compte d'histoires en cours dans les Green Lantern de Geoff Johns et les Batman de Grant Morrison, qui se poursuivent en faisant semblant de s'insérer de façon fluide dans la nouvelle chronologie (dans le cas des Batman, ça ne marche absolument pas).
Il reste toujours des scories de l'itération précédente de l'univers dans la nouvelle. D'ailleurs, même le Superman de New 52 a fini par être remplacé par la version précédente à l'issue d'un tour de passe-passe éditorial et scénaristique.
Eh bien là, on dirait que James Gunn assume complètement de rebooter comme dans les comics, avec tout le foutoir que ça pourrait impliquer. Je ne suis pas certain que le gros du public s'en soucie (c'est même l'argument sur la série télé Alien à venir cet été, ils ont décidé de se foutre à moitié de la continuité des films, tout en essayant de se situer dans leur chronologie), mais pour de vieux lecteurs... ça veut dire beaucoup.
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