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Et ça continue, Arthur et Arthur

 Tiens, je suis pas sûr d'en avoir causé, mais j'ai quelques pages dans le numéro spécial de Geek le Mag consacré à Kaamelott, à l'occasion vous vous en doutez de la sortie du film.


Je n'y cause que peu de cinéma (hormis pour faire un tour d'horizon des films arthuriens précédents, et causer designs d'armures) mais surtout de la constitution graduelle du mythe de la Table Ronde à partir de sources disparates, parfois fumeuses et surtout peu cohérentes entre elles. Je reviens aussi sur les figures féminines de la légende, et il y a bien sûr à en dire.

Je n'aurai pas eu l'occasion d'évoquer The Green Knight, film sorti bien après le bouclage et c'est assez dommage, j'aurais tendance à le recommander vivement. Bâti sur un rythme très contemplatif et lent, il prodigue moult images somptueuses, et met en scène l'errance d'un chevalier ne sachant trop quel doit être son destin. D'une certaine façon, c'est ce que j'essaie de faire dans mon prochain roman, bouclé cet été, L'ancelot avançait en armes. Il sort normalement en février prochain.

Et bon, histoire de vous donner envie, je vous mets un petit extrait des articles présents dans la revue :



Difficile parfois de faire la part des choses, chez chacun de ces conteurs, sur ce qui provient de leur imagination propre ou de sources plus anciennes. Si une partie des informations données par Geoffrey proviennent après quelques tours et détours des anciennes chroniques de clercs saxons comme Gildas le Sage ou Bède le Vénérable, d’autres ont des origines plus mystérieuses, comme le folklore gallois. Il se fie également, bien sûr, aux auteurs latins : à la manière de l’époque, il va chercher une origine troyenne aux rois de Bretagne, en inventant un Brutus descendant d’Enée, ce qui en fait un cousin de César et des empereurs romains. Mais les monastères gallois qu’il fréquente contiennent également des transcriptions de contes celtiques anciens ; on ignore néanmoins comment il fait sa cuisine et quelle est sa part d’invention propre dans son travail. Ses continuateurs s’abreuveront à leur tour à pareilles sources, et les romans arthuriens entremêleront donc merveilleux chrétien et motifs païens à peine camouflés. Perceval, Lancelot et d’autres s’ajoutent au folklore arthurien et, peu à peu, finissent par tirer la couverture à eux.

L’important, bientôt, ce n’est plus Arthur, c’est la Table Ronde et ceux qui l’entourent, ces chevaliers qui partent, par monts et par vaux, relever des défis et accomplir des quêtes étranges.

Bien entendu, la chevalerie telle que décrite dans les romans de Chrétien de Troyes ou de Thomas Mallory n’a rien à voir avec la réalité de l’époque. Elle représente un idéal désirable et, pour Mallory, celui d’une époque qui vient de disparaître corps et âme dans les fracas, usurpations et autres trahisons de la Guerre des Deux Roses. L’idée même de chevalerie est de toute façon morte quelques années auparavant, dans la boue d’Azincourt, sous les flèches et les premiers boulets de canons anglais.

Il y a d’ailleurs là un double décalage : à la manière de ces représentations médiévales de César ou Alexandre en armures complètement anachroniques, ces chevaliers projettent à chaque sur un passé lointain et oublié un décorum contemporain des auteurs. L’époque racontée par Geoffrey correspond à celle des grandes invasions, quand les Saxons se taillent des royaumes sur les côtes de Grande-Bretagne, et ceux qui leur résistent ne risquent pas de porter heaumes et hauberts, et leurs chevaux ne connaissent pas l’étrier. On est donc loin de l’image des preux chevaliers qui se popularisera ensuite et se fixera comme une forme de « norme arthurienne ».

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