J'en avais déjà causé un peu, mais maintenant on ne peut plus le cacher, vu que les preuves circulent : j'ai traduit du Lovecraft. C'était six textes dans le cadre de la très grosse intégrale des éditions Mnemos, qui m'a été livrée aujourd'hui dans un très beau coffret, analogue au Clark Ashton Smith sorti il y a quelques années, et dont j'avais traduit le tome 3 (il reste à ce jour ce que j'ai accompli de plus difficile en matière de traduction, avec le Bojeffries Saga d'Alan Moore).
J'ai donc pris le temps de le feuilleter. C'est de la belle ouvrage, toilé, illustré, avec du beau papier. Le gros de la traduction est assuré par David Camus, et les deux premiers volumes reprennent ceux qu'il avaient déjà publiés : Les contrées du rêve, et Les montagnes hallucinées et autres récits d'exploration, qu'il a entretemps remaniés (David est un perfectionniste). Ça représente un travail de malade.
Mes propres contributions se retrouvent dans le tome 6, six coécritures d'HPL, "Le chaos rampant", "La verte prairie", "Le bourreau électrique", "Le dernier test", "Le journal d'Alonso Typer" et mon petit chouchou, "L'océan de la nuit". J'espère n'avoir point démérité.
En feuilletant le tome 4, je suis tombé sur un texte, "La rue" (1919) que je ne me souvenais pas d'avoir lu. Je me suis donc plongé dedans. Ça m'a amusé. On est au début de la carrière littéraire d'HPL, qui essaie des choses sans toujours les réussir tout à fait (celui-ci n'a d'intérêt que comme curiosité, je pense), et raconte donc ici l'histoire d'une petite rue de la ville, des origines à son époque, en partant du moment où elle n'était que sentier jusqu'à sa déchéance, lorsqu'elle devient un repaire d'anarchistes cosmopolites. Oui, le racisme de l'auteur est à son maximum à l'époque, et ça se sent. Mais le résultat est étrange, cela évoque dans son principe le graphic novel Droopsie Avenue de Will Eisner. Le traitement et l'ambition des deux oeuvres sont très différents, bien sûr, mais j'adore ces passerelles inattendues.
En tout cas, gros plaisir d'avoir cette intégrale entre les mains, avec la fierté d'y avoir contribué à mon petit niveau. Coup de chapeau à David et à toutes les personnes impliquées, je crois que ça représentera une date en termes de lovecraftologie.
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