Accéder au contenu principal

Fiat Lux, et avant ?

C'est assez idiot, les questions qui peuvent m'assaillir quand je me pose deux minutes pour souffler. Mais ça tombe bien, aujourd'hui c'est Pâques (Pâques Vobiscum, d'ailleurs, comme on dit) (comme on devrait dire) et c'est l'occasion de vous infliger une de ces homélies un peu pétées, un peu "janséniste-punk" dont j'ai le secret.

Hier soir, par exemple, je suis revenu sur ce vieux problème de théologie (et que les théories relativistes du Big Bang ont posé en d'autres termes) : avant la création, qu'y avait-il ? Alors, plus précisément, avant le Fiat Lux, le "et Dieu dit : que la lumière soit, et la lumière fut", était-il dans le noir ?

Supernova : quelle est la prochaine étoile qui pourrait exploser ?

Alors, dit comme ça, ça a l'air effectivement un peu idiot. Ça l'est d'ailleurs probablement. La question de l'avant s'est toujours posé, comme en témoigne Saint Augustin dans Les Confessions :

"Je vais répondre à cette demande : Que faisait Dieu avant de créer le ciel et la terre ? Je ne répondrai pas comme celui qui voulant, dit-on, éluder la difficulté de la question, fit cette adroite repartie : Il préparait des supplices à ceux qui sondaient l'abîme de ses secrets, car railler n'est pas résoudre la question ; telle ne sera donc pas ma réponse." On appréciera la menace à peine voilée.

Nous sommes bien d'accord, ce n'est pas exactement ce que je me demandais. Dans notre conception judéo-chrétienne presque dualiste, Dieu est associé à la lumière et le Diable à l'ombre, au point que certaines cosmogonies gnostiques fassent de l'Adversaire l'ombre projetée par la lumière divine en touchant la création. Sauf que, si la lumière elle-même est une modalité de la création et pas du Créateur, cette interprétation tombe d'elle-même ou peu s'en faut. La lumière n'étant pas consubstantielle du bien et du boss, mais uniquement un élément parmi d'autres, tout essentiel soit-il, du produit final ; l'obscurité n'est donc plus le marqueur ontologique du mal (ou le marqueur du mal ontologique, plutôt, ou… et puis zut) (c'était juste pour glisser le mot ontologique qui fait toujours bien dans une démonstration) (même pas honte, ô logique).

Bref, Dieu, dans le noir, tout seul, médite l'univers et finit par le créer. D'abord le ciel et la terre, en vrac, informes, avant d'allumer la lumière, de s'apercevoir que c'est le bordel, son truc, et de le mettre en ordre. La Création biblique, c'est l'histoire d'un insomniaque qui se relève en pleine nuit pour ranger sa piaule.

Commentaires

Tonton Rag a dit…
Je pense que tu poses mal le problème.
Fiat Lux, Yehi HOr, Que la lumière soit peut prendre plusieurs sens possibles mais attribué le sens du FIAT LUX au moment du Big bang ne tient pas.
Le sens premier, arianiste que je suis (ou plus exactement colucianiste que je suis), pourrait correspondre au moment ou le père crée le fils, que Saint Jean, dans son évangile, appelle la lumière (et l'auteur de Jean a clairement Genèse chapitre 1 au moment où il rédige son premier chapitre). Bien sûr, cette explication va faire s'étrangler les tenants du "fils engendré, incréé" mais je ne souscris pas aux décisions d'un concile imposé par la force séculière au IVème siècle.
Maintenant, on peut vouloir donner au FIAT LUX un sens cosmologique mais alors là, je t'invite à reprendre un cours de cosmologie élémentaire (avec Aurélin Barrau ou Jean-Pierre Petit par exemple, même s'ils ne sont pas en accords entre eux, on a beaucoup à apprendre de l'un et de l'autre) : la lumière n’apparaît pas au moment du Big Bang, mais 380 000 ans après : ce fiat lux se mesure encore très bien aujourd'hui, c'est le fameux fond diffus cosmologique (l'onde à 3,5 kevin). La question du : quoi avant le fiat lux ? Et bien, relies ton cours de cosmologie : tu as 380 000 d'apparitions de forces, d'inflation et autre.
J'ai encore une autre explication, sur le sens du FIAT LUX, mais moins intéressante, alors je ne m'étends pas d'avantage. Mais je lirais d'autres explications proposées avec intérêt.
Alex Nikolavitch a dit…
donc, avant le fiat lux, la Création est un plasma. d'acc.

après la première lumière à 380.000 ans, il y a d'ailleurs un âge sombre : la lumière émise au moment de la transition de phase continue à circuler, mais aucune autre n'est émise avant l'allumage des premières étoiles, plusieurs centaines de milliers d'années après.

est-ce pour ça que Dieu crée d'abord la lumière, mais seulement ensuite le soleil, la lune et les étoiles ? va savoir.

(bon, le problème, c'est qu'entre les deux il crée les poissons et les oiseaux)

Posts les plus consultés de ce blog

Numérologie

Tous les auteurs, je crois, ont leur petites coquetteries et afféteries d'écriture, des trucs auxquels ils tiennent et qui ne fascinent généralement qu'eux, et que personne ne remarque vraiment.   Bon, tout le monde a remarqué mes titres alambiquées sur la trilogie du Chien Noir , en allitération, reprenant la première phrase de chaque roman. C'était pour moi un moyen de me glisser dans des formes très anciennes, des codes de l'épopée, même si, fondamentalement, je ne sais pas si ces textes constituent en soi des épopées. Ils ont quelques moments épiques, je crois, mais ce n'en est pas la clé principale. Plus discret, il y a un jeu numérologique qui a émergé en cours de route. Mais reprenons : Trois Coracles, au départ, était conçu comme un one shot . Ce qui m'avait motivé, je l'ai déjà raconté, c'était l'histoire d'Uther, j'avais l'idée de transformer cette note en bas de page du récit arthurien en intrigue principale. Une fois le roman...

Le diable dans les détails

 La nouvelle série Daredevil, Born Again vient de commencer chez Disney, reprenant les mêmes acteurs que l'ancienne et développant des choses intéressantes, pour ce qu'on en voit jusqu'ici, faisant évoluer la relation entre Fisk et Murdock, le Kingpin étant désormais traité sous un angle plus politique, avec quelques coups de pieds de l'âne envers Trump et ses thuriféraires, ce qui après tout est de bonne guerre. J'étais un peu passé à côté de la vieille série, dont je n'avais pas vu grand-chose, mais je j'ai tranquillement rattrapé ces derniers temps, la réévaluant à la hausse.   Du coup, ça m'a surtout donné envie de me remettre aux comics. Daredevil, c'est un personnage que j'ai toujours bien aimé. Je me suis donc refait tous les Miller en une petite semaine. Hormis quelques épisodes, je n'avais pas relu ça d'un bloc depuis une bonne dizaine d'années. Ça reste un des runs fondamentaux sur le personnage, et tout ce qui vient après...

Le grand livre des songes

 Encore un rêve où je passais voir un de mes éditeurs. Et bien sûr, celui que j'allais voir n'existe pas à l'état de veille, on sent dans la disposition des locaux, dans les gens présents, dans le type de bouquins un mix de six ou sept maisons avec lesquelles j'ai pu travailler à des titres divers (et même un peu d'une agence de presse où j'avais bossé du temps de ma jeunesse folle). Et, bien sûr, je ne repars pas sans que des gars bossant là-bas ne me filent une poignée de bouquins à emporter. Y avait des comics de Green Lantern, un roman, un truc sur Nightwing, un roman graphique à l'ambiance bizarre mettant en parallèle diverses guerres. Je repars, je m'aperçois que j'ai oublié de demander une nouveauté qui m'intéressait particulièrement, un autre roman graphique. Ça vient de fermer, mais la porte principale n'a pas encore été verrouillée. Je passe la tête, j'appelle. J'ai ma lourde pile de bouquins sous le bras. Clic. C'était ...

Trop de la Bal

 Bon, parmi les petits plaisirs angoumoisins, hormis les moments passés avec des amis et amies qu'on voit trop peu, hormis les bouteilles, hormis les expos d'originaux, il y a aussi fouiller dans les bacs. C'est ainsi que j'ai mis la main à vil prix sur un Savage Sword of Conan dans la collection Hachette. Je dois avoir dix ou douze de ces bouquins réimprimant au départ les aventures des années 70, publiées à l'époque en noir et blanc et en magazine, du célèbre Cimmérien de Robert E. Howard, souvent pris pour lire dans le train, quand j'en chopais un à la gare. Autant dire que ma collection est salement dépareillée. Mais comme ce sont à chaque fois des récits complets, ça n'a guère d'importance. En fait, c'est typiquement la série dans laquelle vous pouvez taper au pif sans trop de risque de déception.      Celui-ci, le n°5, je m'en voulais de l'avoir raté et je n'avais pas réussi à remettre la main dessus par la suite. Graphiquement y a...

String, non, fais pas le con ! Blam boum patatras argh

Y a des moments où on a des pulsions grotesques. Généralement quand la fatigue fait tomber toutes les défenses mentales bâties au fil d'une vie d'efforts. Et dans ces moments-là, quand on se lâche, on fait par exemple une descente sur la cuisine et on se flingue la tablette de chocolat ou le coulommiers. Ou pire, on file à la supérette s'acheter un pot de Fluff ou une bouteille de sirop d'érable pour faire un sort au pot de mascarpone qu'on a débusqué au fond du frigo. Ce sont des moments où l'on descends plus bas que la bête. Et parfois, on fait encore pire. Dans l'espèce de torpeur postorgasmique qui suit l'acte de dévoration, on bascule dans un trip régressif. On se met à écouter sur youtube ou ailleurs des merdes de sa jeunesse, genre du Gold ou Emile et Images, et là on se retrouve pris, englué dans une espèce de vortex mental jailli du plus noir des années 80. Et là, on se remate le pilote de Supercopter . "Il a vraiment une sale gueu...

Le grand méchoui

 Bon, l'info est tombée officiellement en début de semaine : Les Moutons électriques, c'est fini. Ça aura été une belle aventure, mais les événements ont usé et ruiné peu à peu une belle maison dans laquelle j'avais quand même publié dix bouquins et un paquet d'articles et de notules ainsi qu'une nouvelle. J'ai un pincement au coeur en voyant disparaître cet éditeur et j'ai une pensée pour toute l'équipe.   Bref. Plein de gens me demandent si ça va. En fait, oui, ça va, je ne suis pas sous le choc ni rien, on savait depuis longtemps que ça n'allait pas, j'avais régulièrement des discussions avec eux à ce sujet, je ne suis pas tombé des nues devant le communiqué final. Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? Que les dix bouquins que j'évoquais plus haut vont quitter les rayonnages des libraires. Si vous êtes en retard sur Cosmonautes ! ou sur Le garçon avait grandi en un gast pay s, notamment, c'est maintenant qu'il faut aller le...

Medium

 Un truc que je fais de temps en temps, c'est de la médiation culturelle. Ce n'est pas mon métier, mais je connais suffisamment bien un certain nombre de sujets pour qu'on fasse appel à moi, parfois, pour accompagner des groupes scolaires dans des expos, des trucs comme ça. Là, on m'a appelé un peu à l'arrache pour accompagner une animation interactive sur les mangas, et notamment les mangas de sport, avec des groupes de centres de loisirs. Bon, c'est pas ma discipline de prédilection, j'ai révisé un peu vite fait. Le truc, c'est qu'on m'en a causé la semaine passée. La personne qui devait s'en charger était pas trop sur d'elle. La mairie du coin (dans une banlieue un poil sensible) voyait pas le truc bien s'emmancher, la patronne d'une asso où je donne des cours l'a su, a balancé mon nom, m'a prévenu... Et c'en était resté là. Je restais à dispo au cas où. On m'a rappelé ce matin "bon, on va avoir besoin de t...

L'éternel retour

 Bon, c'est l"heure de notre traditionnelle minute d'expression gueuledeboitesque de fin janvier début février. Mon ressenti (page de Marvano à l'expo SF) (c'est toujours un moment fort de voir les originaux de pages tellement frappantes qu'elles se sont gravées à vie dans votre tête) Jeudi : Je n'avais pas prévu d'arriver le jeudi, au départ. Après cinq mois de boulot ultra-intense, déjà à genoux avant même le festival, je me disais qu'une édition plus ramassée à mon niveau serait plus appropriée. Divers événements en amont m'amènent à avancer largement mon arrivée. Il y a une réunion de calage sur un projet qui doit se faire là-bas, plutôt en début de festival. Dont acte. Ça m'amène à prendre les billets un peu au dernier moment, de prendre les billets qui restent en fonction du tarif aussi, donc là j'ai un changement, ça cavale, et je suis en décalé, ça aura son importance. Quand j'avais commencé à préparer mon planning, j'ava...

Unions, ré-unions, il en restera toujours quelque chose si on s'y prend pas comme des chancres

 Bon, j'en ai jamais fait mystère, mais j'ai tendance à faire savoir autour de moi que la réunionite est un peu le cancer de notre société moderne. Je supporte pas les grandes tablées où, passé l'ordre du jour ça oscille entre le concours de bite et la branlette en rond, pour des résultats concerts qui seraient obtenus en règle générale avec un mail de dix lignes.   éviter la Cogip   Quoi ? Oui, je suis inapte au simagrées du monde de l'entreprise moderne, chacun de mes passages dans des grands groupes m'a convaincu que c'étaient des carnavals de... non, aucun mot utilisable en public ne me vient. Et mes passages aux conseils d'administrations d'associations n'ont pas été mieux. Le problème, ce n'est même pas la structure, qu'elle soit filiale d'un truc caquaranqué ou petit truc local tenu avec des bouts de ficelle. Et pourtant, des fois, faut bien en passer par là, j'en ai conscience. Voir les gens en vrai, se poser autour d'une ...

Reconnaissance

 Tout récemment, pour deux boulots distincts, il a fallu que j'apprenne à me servir d'un OCR, d'un logiciel de reconnaissance de caractères. Au départ, ça a eu un côté antichambre de l'enfer. J'ai hésité à me retaper des kilomètres de texte à la main. Et puis finalement j'ai insisté. C'est technique, l'OCR, surtout quand on n'est pas formidablement équipé. J'avais un vieux texte à récupérer pour un boulot de direction d'ouvrage, écrit petit, dont n'existait aucune version numérique nulle part, ni en VO, ni en VF. Il a fallu que j'emprunte la seule édition française (merci encore, Bruno, t'es un chef), que je photographie tout avec mon téléphone, et que je bidouille. Inutile de dire que ça a été long. Et qu'au départ, toutes mes tentatives de reconnaissances de caractères m'arrivaient en bouillie. Ce truc n'est pas une science exacte. Mais, à l'usage, j'ai trouvé quelques astuces. D'abord, éclairer à balles....