Toujours sur ces histoires de mythes féminins, ça vaut peut-être le coup aussi de revenir sur les structurations du bidule.
Tout était parti des discussions autour de Campbell et de la valeur essentiellement masculine de son "monomythe". Appliquer le monomythe campbellien à un personnage, c'est le faire passer à l'âge d'homme. Grosso modo et en simplifiant.
Quand on regarde les représentations de la déesse triple, on a souvent une vision cyclique de la femme : la jeune fille, la mère puis la vieille sage femme regroupées en un tout unique et cohérent. Les mécaniques de ce type appliquées au genre masculin sont par contre binaires : on a le jeune homme et le vieux sage, mais l'homme fait se retrouve seul. C'est la mécanique, en termes campbelliens, de la perte du mentor qui est un des jalons du passage à l'âge adulte. Chez la femme, la solitude ne fait pas partie de l'équation, chacun des rôles se définit dans son rapport avec les deux autres.
Alors, il y a des triades féminines dans lesquels cet aspect n'est pas si évident, par exemple celle des guerrières irlandaises Morrigane, Macha et Bodb (ou Nemain) dans lesquelles la classification en âge n'est pas claire (même si une histoire concernant une Macha, celle de sa course et de la malédiction jetée ensuite sur les Ulates implique clairement la maternité) mais pas complètement absente.
Dans d'autres cas, comme la triade du jugement de Pâris, même si la représentation classique ne donne pas d'âge aux personnages, les déesses Athéna, Aphrodite et Héra, on a une vierge, une femme voluptueuse et une tatie Danielle acariâtre, donc une structuration de ce type qui se superpose à la structure dumézilienne d'une déesse de la guerre, d'une déesse de la fertilité et d'une déesse souvernaine. (notons que, comme dans la triade irlandaise, le classement par "âge symbolique" donne les deux premières en allitération et pas la troisième, et j'ignore si ça pourrait avoir un sens*)
La déesse triple est souvent associée à la Lune, avec son système de phases cyclique (et la corrélation d'icelui avec les cycles féminins). Je me plains souvent que des tas de pans de mythologie passionnants aient sauté, mais tout ce qui concerne Hécate semble ne nous être arrivé que façon puzzle (et écrasé par la présence envahissante et tardive d'Artémis), et les pièces restantes ont probablement été noircies par l'assimilations aux rituels noirs (il est arrivé la même chose au czernobog slave)(l'absence de majuscule est intentionnelle). Les phases de la Lune (croissante, pleine lune, décroissante) rapprochée des âges. Mais il existe un certain nombre de cultures où c'est le Soleil qui est féminin et la Lune masculine (les langues germaniques en ont gardé trace) et il semble bien qu'à l'âge du bronze, elles étaient même majoritaires. Le premier système connu où apparaisse la répartition Lune/F-Soleil/M nous vient d'un peuple assez oublié, les Urartéens. Dont je ne sais pas grand-chose de plus à ce stade (là, il existe quand même de la doc. j'ai juste pas creusé à fond). Pourquoi le principe lunaire féminin a-t-il pris l'ascendant au point de nous sembler à présent complètement naturel ? Je n'en sais rien. Ça aussi, c'est à creuser.
Voilà, c'étaient encore quelques notations en vrac, des idées que je compile, balance et qu'il faudra que je continue de creuser.
*On a une triade allitérante si l'on regroupe les dieux grecs d'origine orientale, et on retombe sur une triade astrale de type babylonien, avec Artémis (Lune), Aphrodite (Vénus) et Apollon (Soleil). un jour je vous ferai un top détaillé sur les théories à ce sujet. D'autant que dans les triades sémitiques, la Lune est masculine. Le Veau d'Or, par exemple, en est une représentation.
Tout était parti des discussions autour de Campbell et de la valeur essentiellement masculine de son "monomythe". Appliquer le monomythe campbellien à un personnage, c'est le faire passer à l'âge d'homme. Grosso modo et en simplifiant.
Quand on regarde les représentations de la déesse triple, on a souvent une vision cyclique de la femme : la jeune fille, la mère puis la vieille sage femme regroupées en un tout unique et cohérent. Les mécaniques de ce type appliquées au genre masculin sont par contre binaires : on a le jeune homme et le vieux sage, mais l'homme fait se retrouve seul. C'est la mécanique, en termes campbelliens, de la perte du mentor qui est un des jalons du passage à l'âge adulte. Chez la femme, la solitude ne fait pas partie de l'équation, chacun des rôles se définit dans son rapport avec les deux autres.
Alors, il y a des triades féminines dans lesquels cet aspect n'est pas si évident, par exemple celle des guerrières irlandaises Morrigane, Macha et Bodb (ou Nemain) dans lesquelles la classification en âge n'est pas claire (même si une histoire concernant une Macha, celle de sa course et de la malédiction jetée ensuite sur les Ulates implique clairement la maternité) mais pas complètement absente.
Dans d'autres cas, comme la triade du jugement de Pâris, même si la représentation classique ne donne pas d'âge aux personnages, les déesses Athéna, Aphrodite et Héra, on a une vierge, une femme voluptueuse et une tatie Danielle acariâtre, donc une structuration de ce type qui se superpose à la structure dumézilienne d'une déesse de la guerre, d'une déesse de la fertilité et d'une déesse souvernaine. (notons que, comme dans la triade irlandaise, le classement par "âge symbolique" donne les deux premières en allitération et pas la troisième, et j'ignore si ça pourrait avoir un sens*)
La déesse triple est souvent associée à la Lune, avec son système de phases cyclique (et la corrélation d'icelui avec les cycles féminins). Je me plains souvent que des tas de pans de mythologie passionnants aient sauté, mais tout ce qui concerne Hécate semble ne nous être arrivé que façon puzzle (et écrasé par la présence envahissante et tardive d'Artémis), et les pièces restantes ont probablement été noircies par l'assimilations aux rituels noirs (il est arrivé la même chose au czernobog slave)(l'absence de majuscule est intentionnelle). Les phases de la Lune (croissante, pleine lune, décroissante) rapprochée des âges. Mais il existe un certain nombre de cultures où c'est le Soleil qui est féminin et la Lune masculine (les langues germaniques en ont gardé trace) et il semble bien qu'à l'âge du bronze, elles étaient même majoritaires. Le premier système connu où apparaisse la répartition Lune/F-Soleil/M nous vient d'un peuple assez oublié, les Urartéens. Dont je ne sais pas grand-chose de plus à ce stade (là, il existe quand même de la doc. j'ai juste pas creusé à fond). Pourquoi le principe lunaire féminin a-t-il pris l'ascendant au point de nous sembler à présent complètement naturel ? Je n'en sais rien. Ça aussi, c'est à creuser.
Voilà, c'étaient encore quelques notations en vrac, des idées que je compile, balance et qu'il faudra que je continue de creuser.
*On a une triade allitérante si l'on regroupe les dieux grecs d'origine orientale, et on retombe sur une triade astrale de type babylonien, avec Artémis (Lune), Aphrodite (Vénus) et Apollon (Soleil). un jour je vous ferai un top détaillé sur les théories à ce sujet. D'autant que dans les triades sémitiques, la Lune est masculine. Le Veau d'Or, par exemple, en est une représentation.
Commentaires
La question que je me pose est aussi est-ce que le soleil est toujours vu comme plus "puissant/sacré" que la lune ou est-ce qu'on peut avoir quelque chose d'inversé avec le/la dieu/déesse de la lune comme divinité tutélaire supérieure à celui/celle du soleil. Y a peut être un lien avec un certain basculement de genre qui fait que dans certaines régions, si le soleil est vu comme supérieur à ce moment là il doit forcément être un dieu et non pas une déesse.
Je suis pas sûr d'être clair... hum
Je vois ce que tu veux dire, t'en fais pas, mais en effet c'est un sujet dense et intéressant.
Or=soleil et argent=lune, non ?
O.