Je causais y a quelques semaines de ça, dans une note sur Conan, de l'époque où Walt Simonson, connu notamment pour son excellent passage sur Thor dans les années 80, dont il donne une sorte d'épilogue pirate dans sa récente série Ragnarök, que je recommande assez, était tombé dans une pleine marmite de Druillet, tout comme son pote Jim Starlin (le papa de Thanos). Ça doit correspondre à l'époque où René Goscinny était allé démarcher des éditeurs US avec sous le bras des albums tirés de Pilote. Y avait du Mézières, du Moebius, et du Druillet. Et ça a complètement fait vriller pas mal de gens, même si Goscinny était rentré déçu, sans explosion de la publication d'auteurs franco-belges outre-Atlantique, le format de publication des oeuvres de chez nous n'existant tout simplement pas là-bas dans les années 70 (Starlin, encore lui, sera un peu plus tard un pionner de ce format "graphic novel" avec Death of Captain Marvel).
L'influence de Druillet (qui repiquait de son côté sur Kirby où Neal Adams, j'en avais causé y a un an ou deux) sur Simonson est particulièrement visible ici :
Cette double page sort de la mini-série X-Men and the Teen Titans, l'un des crossovers entre Marvel et DC organisés à l'époque, en 1982. Il brode sur des concepts de Kirby (la Galaxie Prométhéenne et le Mur de la Source) et les fusionne ici dans un truc insolite et grandiose comme quasiment seuls les comics savent nous en offrir. Pour qui a lu Salammbo ou n'importe lequel des Lone Sloane, l'influence est évidente.
Ces influences croisées sont légion, plus nombreuses qu'on ne le croit : l'année suivante, c'est Frank Miller (comme par hasard, lui aussi membre de l'Upstarts Studios, comme Starlin, qu'il remplace, et Simonson) se lance dans Ronin, où il mixe dans un contexte cyberpunk un encrage inspiré de Moebius et des combats repiqués au manga Lone Wolf and Cub, qu'il a découvert lors d'un voyage au Japon, et dont il participera à l'édition occidentale en signant quelques couvertures.
C'est l'occasion de rappeler qu'il n'y a pas le franco-belge d'un côté, les fumetti et les comics de l'autre, le manga ailleurs... Depuis très longtemps (depuis au moins Tezuka s'inspirant de Disney, voire Uderzo recopiant C.C. Beck), les influences circulent en BD.
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