“Les scientifiques d'aujourd'hui ont ont remplacé l'expérimentation par les mathématiques, et ils se promènent équation après équation, finissant par bâtir des structures sans rapport avec la réalité."
(Nikola Tesla, 1856-1943)
Imaginons un instant un scientifique qui travaillait sur des rayons de la mort, sur l'énergie du vide, et qui avait un show itinérant pour montrer ses créations dans les foires. Forcément, on a tendance, d'emblée, à le considérer comme un prototype de savant fou. Si l'on ajoute à ça le fait qu'il soit resté fâché toute sa vie avec un personnage considéré généralement comme le plus grand ingénieur de son temps, on se dit qu'en effet, il manquait peut-être une case au bonhomme. Sauf que cette vendetta entre Nikola Tesla (notre savant fou présumé) et Thomas Edison (dont les échecs sont à la mesure des réussites) est partie d'un désaccord technologique. Et à l'époque, entre le jeune immigré d'Europe de l'Est (Tesla est un Serbe de Croatie né en territoire austro-hongrois), que l'élite parisienne avait traité avec un mépris distant, et la star des inventeurs américains qui a triomphalement fait entrer les USA dans le XXe siècle, le choix devait être vite fait.
Sauf que l'histoire a donné raison au premier. Pour la diffusion de l'énergie électrique, on a opté pour la solution Tesla, le courant alternatif à très haute tension. Il a aussi inventé divers types de moteurs et d'alternateurs électriques, le principe de la télécommande ainsi que la télécommunication transcontinentale par radio (qui le ruinera, vu qu'il se lança là-dedans une trentaine d'années avant que la technologie du transistor ne permette une transmission efficace). Pendant ce temps-là, Edison filmait des électrocutions d'éléphant pour discréditer son adversaire.
Mais l'avancée théorique de Tesla qui fut la plus lourde de conséquence relève non pas de la physique mais de la géopolitique. Car si Tesla a effectivement tenté, dans les années 30, de mettre au point un canon à particules à peu près de la puissance de celui de l'Etoile Noire, c'était dans un but louable. Il l'a dit à plusieurs reprises, il sentait qu'une deuxième guerre mondiale était inévitable. Et qu'il fallait, pour l'empêcher, des armes tellement destructrices qu'elles ôteraient aux grandes nations l'envie de se battre. Ce que, quelques décennies plus tard, on appellera la dissuasion.
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