"Une chose est certaine, le reste est mensonge,
la fleur, une fois fanée, ne refleurit jamais."
(Omar Khayyâm, 1048 ? -1123 ?)
La vie d'Omar, fils d'Ibrahim le fabriquant de tentes, est entachée de légende. On sait de lui qu'il fut brillant mathématicien, astronome fort compétent (il a d'ailleurs un cratère à son nom sur la Lune, excusez du peu), astrologue à ses heures (mais visiblement sans y croire), ivrogne assumé et poète. On prétend aussi qu'il fut l'ami ou l'élève d'Hassan, le Vieux de la Montagne, vieillard activiste prônant la lutte armée contre l'envahisseur turc, l'ancêtre spirituel des Ben Laden d'aujourd'hui. La relation entre Omar et Hassan n'a jamais été prouvée, ceci dit, mais elle continue d'inspirer les romanciers, prouvant bien que ce n'est pas parce qu'une histoire est apocryphe qu'elle ne mérite pas d'être racontée.
Vivant dans le Nord de l'Iran, à une époque où l'Islam avait déjà modifié en profondeur la société persane, le bonhomme a eu maille à partir à plusieurs reprises avec les mollahs. Il faut dire que l'amour du vin, et celui des choses de l'amour, était déjà un sentiment mal vu sous ces latitudes. Il est dit qu'Omar dut entreprendre en catastrophe le pèlerinage à La Mecque pour échapper à ses persécuteurs et leur donner des gages de bonne foi avant de pouvoir rentrer chez lui à Nichapour.
Buse en mathématiques comme je suis, je me garderai bien de commenter son œuvre dans ce domaine (bornons nous à signaler qu'il avait trouvé une solution géométrique aux équations du second degré et aux équations cubiques, quoi que cela puisse vouloir dire, en tout cas me demandez pas à moi).
Son titre de gloire à l'époque fut la réforme du calendrier Persan. Il avait calculé que la durée réelle de l'année était de 365.24219858156 jours, une valeur correcte, paraît-il, jusqu'à la sixième décimale, seuls les astronomes Mayas étaient plus précis à l'époque. Plus précis que le calendrier Grégorien, qui accuse une erreur d'un jour tous les 3.226 ans, le calendrier d'Omar ne demande une correction d'un jour que tous les 141.000 ans. Pas mal, pour un personnage que ses adversaires considéraient comme un ivrogne dégénéré.
C'est pourtant par sa poésie qu'il est le plus connu de nos jours, alors que son œuvre dans ce domaine se limite au Rubbayat, un très beau recueil de quatrains, dont une bonne partie n'est probablement pas de lui, ce qui fait que d'une traduction à l'autre, l'éditeur ne retient pas le même corpus.
Commentaires