Accéder au contenu principal

La pomme de terre, plus noble conquête de l'homme





Vous me direz, la patate, y a peut-être pas de quoi en faire tout un plat, non plus. Déjà, je vous répondrais qu'il faut être extrêmement vulgaire ou au moins Anglais pour appeler "patate" le noble tubercule amené sous nos latitudes par Parmentier, auquel on a offert une station de métro à son nom peu après, en remerciement, tubercule qui ne doit en aucun cas être confondu avec la patate, autre tubercule originaire d'Amérique du Sud, comme la Pomme de Terre, mais qui a essaimé un peu partout. Bon, comme la pomme de terre aussi. Foutez-moi tranquille, ça n'a pas du tout le même goût, quoi, merde !

Et depuis, sur nos tables, la pata... La pomme de terre a la frite, qu'elle se fasse sauter, en robe de chambre ou qu'elle ait ses vapeurs. Pas forcément dans cet ordre, d'ailleurs. Et c'est des champs, la robe, confondons pas tout non plus, quoi, merde encore.

Mais l'homme ne se nourrira pas que de frites seulement, avait sagement décrété monsieur Barilla (qui n'a pas de station de métro à son nom, mais qui connait très bien Gérard Depardieu, qui a pourtant une patate à la place du nez, allez comprendre), et de fait, c'est comme tout, il ne faut pas en abuser. D'ailleurs, je m'en étais enquis auprès d'un diététicien : pensant que, la pomme de terre étant un légume, manger cinq pommes de terres par jour me mettait en règle avec l'injonction dite "des cinq fruits et légumes pour votre santé". Il ne m'a pas répondu. Ou alors, se faire sortir à grands coups de pompes au cul constitue une réponse. C'est possible aussi. Auquel cas elle n'était probablement pas positive.

Il suffit de se payer un cageot de 25 kilos de pat... pommes de terres, et de se faire expliquer juste après qu'on n'aura pas le droit, dictature bientêtriste et nutritionazie obligent, d'en manger cinq par jours tous les jours que Dieu fait, pour comprendre l'étendue de mon désarroi. Etant nanti (sans doute par erreur) d'un fond de civisme écologique qui me pousse à économiser l'eau en la remplaçant par divers produits alcoolisés, rouler à pied et faire caca sur les plates-bandes pour leur donner de l'engrais, je me dis qu'il faut trouver un bon moyen de recycler ces aimables tubercules qui, sinon, seraient perdus.

Un site internet de bricolage pour les petits et les grands me rappelle à la vieille astuce qui consiste à tailler des pommes de terre pour en faire de jolis et très pratiques tampons encreurs (assez peu durables, par contre, comptez une demi-pomme de terre pour une dizaine de cartes de voeux, à peu près).

Encore faut-il avoir le temps de prendre son canif pour tailler des motifs. Ce qui peut s'avérer un problème (cela peut même considérablement allonger les pensums de type cartes de voeux si vous décidez de vous faire toute la typo à la patate). C'est ce qui m'empêche aussi, d'ailleurs, de consacrer beaucoup de temps à des expériences de sculptures sur pomme de terre, alors que je comptais bien devenir l'Auguste Rodin des solanacées :

Ci-dessus, la Belle de Fontenay


Bon, je sais qu'on peut aussi en faire de la gnôle (mais le diététicien va encore faire la gueule, ces gens-là ne sont pas conciliants) et des paratonnerres artisanaux en camping (efficacité promise par des générations de baroudeurs en patatau... pardon, Pataugas, mais jamais vérifiée).

Mais le roi de la pomme de terre, en, fait, ce n'est pas Vico. C'est Monsieur Irvin Kershner, de Philadelphie, qui a trouvé une manière géniale de recycler la pomme de terre en grand pour en faire de magnifiques champs d'astéroïdes* qui agrémenteront joliment les bords de vos routes spatiales.



Enfin, voilà, tout ça pour vous dire d'arrêter les conneries. La pa...omme de terre, c'est bon. Mangez-en.





*Authentique ! (note aimablement fournie par Monsieur Jean Michel Charlier)

Commentaires

soyouz a dit…
Pour "Patate plus", fallait pas pondre un article pareil aussi !

Tu arrives en 6ème position sur Google. Bravo, mais je suis sûr que tu peux faire mieux, mille fulchibars !
Alex Nikolavitch a dit…
ha, t'en as de bonnes ! je pige juste pas ce que cherche les gens en tapant "patate plus" dans Google.

Pourquoi "patate plus" ?

Pourquoi ????
soyouz a dit…
Regarde donc la tête des vainqueurs en première page de leur site. C'est beau !
http://www.patatesplus.com/

Merci Monsieur Parmentier de nous avoir léguer ce genre de choses !
Alex Nikolavitch a dit…
Oh pinaise !!!!


le mystère de Patate Plus est enfin éclairci.


c'est terrifiant.

Posts les plus consultés de ce blog

Pourtant, que la montagne est belle

 Très vite fait, je signale en passant que je devrais passer demain, lundi, dans le Book Club de France Culture avec Christophe Thill. On y causera de l'édition du manuscrit des Montagnes Hallucinées chez les Saints Pères. Toujours fascinant de voir ce genre d'objet, surtout quand on connaît les pattes de mouches de Lovecraft (qui détestait cordialement taper à la machine). Mais, très souvent dans ce genre de cas, ce sont les ratures et les repentirs qui sont parlants : ils nous donnent accès aux processus de pensée d'un auteur. Bref, faut que je révise un peu. Fun fact, le texte a été publié à l'époque grâce à l'entregent de Julius Schwartz, qui était agent littéraire et qui a représenté les intérêts de Lovecraft pendant quelques mois. Ce même Julius Schwart qui, vingt ans plus tard, présidait en temps qu'éditeur aux destinées de Batman. Illustration de la boite Arkham dans le jeu Gotham City Chronicles De façon amusante, Schwartz n'est pas à l'origine

Back to back

 Et je sors d'une nouvelle panne de réseau, plus de 15 jours cette fois-ci. Il y a un moment où ça finit par torpiller le travail, l'écriture d'articles demandant à vérifier des référence, certaines traductions où il faut vérifier des citations, etc. Dans ce cas, plutôt que de glander, j'en profite pour avancer sur des projets moins dépendants de ma connexion, comme Mitan n°3, pour écrire une nouvelle à la volée, ou pour mettre de l'ordre dans de vieux trucs. Là, par exemple, j'ai ressorti tout plein de vieux scénarios de BD inédits. Certains demandaient à être complétés, c'est comme ça que j'ai fait un choix radical et terminé un script sur François Villon que je me traîne depuis des années parce que je ne parvenais pas à débusquer un élément précis dans la documentation, et du coup je l'ai bouclé en quelques jours. D'autres demandaient un coup de dépoussiérage, mais sont terminés depuis un bail et n'ont jamais trouvé de dessinateur ou d

L'Empereur-Dieu de Dune saga l'autre

Hop, suite et fin des redifs à propos de Dune. Si jamais je me fends d'un "les hérétiques", ce sera de l'inédit. Le précédent épisode de notre grande série sur la série de Frank Herbert avait évoqué l'aspect manipulatoire de la narration dans  Dune , cette façon d'arriver à créer dans l'esprit du lecteur des motifs qui ne sont pas dans le texte initial. La manipulation est patente dans le domaine du mysticisme. Demandez à dix lecteurs de  Dune  si  Dune  est une série mystique, au moins neuf vous répondront "oui" sans ambage, considérant que ça va de soi. Il y a même des bonnes sœurs. C'est à s'y tromper, forcément. Et, un fois encore, le vieil Herbert (on oubliera charitablement le jeune Herbert et son sbire Kevin J. en personne) les aura roulés dans la farine. Dune  est une série dont l'aspect mystique est une illusion habile, un savant effet de manche. Certains personnages de la série sont mystiques. Certaines

Le Messie de Dune saga l'autre

Hop, suite de l'article de l'autre jour sur Dune. Là encore, j'ai un petit peu remanié l'article original publié il y a trois ans. Je ne sais pas si vous avez vu l'argumentaire des "interquelles" (oui, c'est le terme qu'ils emploient) de Kevin J. En Personne, l'Attila de la littérature science-fictive. Il y a un proverbe qui parle de nains juchés sur les épaules de géants, mais l'expression implique que les nains voient plus loin, du coup, que les géants sur lesquels ils se juchent. Alors que Kevin J., non. Il monte sur les épaules d'un géant, mais ce n'est pas pour regarder plus loin, c'est pour regarder par terre. C'est triste, je trouve. Donc, voyons l'argumentaire de Paul le Prophète, l'histoire secrète entre Dune et le Messie de Dune. Et l'argumentaire pose cette question taraudante : dans Dune, Paul est un jeune et gentil idéaliste qui combat des méchants affreux. Dans Le Messie de Dune, il est d

Nietzsche et les surhommes de papier

« Il y aura toujours des monstres. Mais je n'ai pas besoin d'en devenir un pour les combattre. » (Batman) Le premier des super-héros est, et reste, Superman. La coïncidence (intentionnelle ou non, c'est un autre débat) de nom en a fait dans l'esprit de beaucoup un avatar du Surhomme décrit par Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra . C'est devenu un lieu commun de faire de Superman l'incarnation de l' Übermensch , et c'est par là même un moyen facile de dénigrer le super-héros, de le renvoyer à une forme de l'imaginaire maladive et entachée par la mystique des Nazis, quand bien même Goebbels y voyait un Juif dont le S sur la poitrine signifiait le Dollar. Le super-héros devient, dans cette logique, un genre de fasciste en collants, un fantasme, une incarnation de la « volonté de puissance ».   Le surhomme comme héritier de l'Hercule de foire.   Ce n'est pas forcément toujours faux, mais c'est tout à fait réducteu

Hail to the Tao Te King, baby !

Dernièrement, dans l'article sur les Super Saiyan Irlandais , j'avais évoqué au passage, parmi les sources mythiques de Dragon Ball , le Voyage en Occident (ou Pérégrination vers l'Ouest ) (ou Pèlerinage au Couchant ) (ou Légende du Roi des Singes ) (faudrait qu'ils se mettent d'accord sur la traduction du titre de ce truc. C'est comme si le même personnage, chez nous, s'appelait Glouton, Serval ou Wolverine suivant les tra…) (…) (…Wait…). Ce titre, énigmatique (sauf quand il est remplacé par le plus banal «  Légende du Roi des Singes  »), est peut-être une référence à Lao Tseu. (vous savez, celui de Tintin et le Lotus Bleu , « alors je vais vous couper la tête », tout ça).    C'est à perdre la tête, quand on y pense. Car Lao Tseu, après une vie de méditation face à la folie du monde et des hommes, enfourcha un jour un buffle qui ne lui avait rien demandé et s'en fut vers l'Ouest, et on ne l'a plus jamais revu. En chemin,

Le super-saiyan irlandais

Il y a déjà eu, je crois, des commentateurs pour rapprocher le début de la saga Dragonball d'un célèbre roman chinois, le Voyage en Occident (ou Pérégrination vers l'Ouest ) source principale de la légende du roi des singes (ou du singe de pierre) (faudrait que les traducteurs du chinois se mettent d'accord, un de ces quatre). D'ailleurs, le héros des premiers Dragonball , Son Goku, tire son nom du singe présent dans le roman (en Jap, bien sûr, sinon c'est Sun Wu Kong) (et là, y aurait un parallèle à faire avec le « Roi Kong », mais c'est pas le propos du jour), et Toriyama, l'auteur du manga, ne s'est jamais caché de la référence (qu'il avait peut-être été piocher chez Tezuka, auteur en son temps d'une Légende de Songoku ).    Le roi des singes, encore en toute innocence. Mais l'histoire est connue : rapidement, le côté initiatique des aventures du jeune Son Goku disparaît, après l'apparition du premier dr

Magic Steve

« Par les hordes hurlantes d'Hoggoth et les mille lunes de Munoporr ! » Et dans un déluge psychédélique d'effets lumineux, le Docteur Strange se débarrasse d'une meute de goules gargantuesques. Puis il rentre dans son sanctuaire de Greenwich Village et le fidèle Wong lui prépare un bon thé vert qui draine bien partout où il le faut, parce qu'il faut garder la forme, n'est-ce pas.   Mais si l'on interrogeait un spécialiste des arts magiques (au pif, Alan Moore, qui de surcroît ne s'est à ma connaissance jamais exprimé sur Doctor Strange , c'est bien, je peux lui faire dire à peu près ce que je veux, du coup), il risque de nous répondre avec un ricanement amusé et très légèrement narquois (en ce qui concerne Alan Moore et ce qu'il pense des mages fictifs, vous pourrez avec profit vous reporter à ses déclarations concernant Harry Potter , et au sort qu'il fait subir à Harry dans le dernier tome de Century ). Et il aurait d'ailleurs raison.

Vlad Tepes, dit Dracula

" Vous allez vous manger entre vous. Ou bien partir lutter contre les Turcs. " (Dracula, 1430 -1476) Dracula... Le surnom du prince des Valaques est devenu au fil du temps synonyme d'horreur et de canines pointues, principalement sous l'impulsion d'un écrivain irlandais, Bram Stoker, qui le dégrada d'ailleurs au point de le faire passer pour un comte, un bien triste destin pour un voïévode qui fit trembler l'empire qui faisait trembler l'Europe chrétienne. Tout se serait pourtant bien passé s'il n'avait pas été élevé à la cour du Sultan, comme cela se pratiquait à l'époque. En effet, il fut avec son demi-frère Radu otage des Turcs, afin de garantir la coopération de la famille, son père Vlad Dracul étant devenu par la force des choses le fantoche de l'envahisseur (le père se révolta pourtant et y laissa la vie. Mircea, le grand-frère, tenta le coup à son tour avec le même résultat. il est intéressant de noter que les otages

Défense d'afficher

 J'ai jamais été tellement lecteur des Defenders de Marvel. Je ne sais pas trop pourquoi, d'ailleurs. J'aime bien une partie des personnages, au premier chef Hulk, dont je cause souvent ici, ou Doctor Strange, mais... mais ça s'est pas trouvé comme ça. On peut pas tout lire non plus. Et puis le concept, plus jeune, m'avait semblé assez fumeux. De fait, j'ai toujours plus apprécié les Fantastic Four ou les X-Men, la réunion des personnages ayant quelque chose de moins artificiel que des groupes fourre-tout comme les Avengers, la JLA ou surtout les Defenders.   Pourtant, divers potes lecteurs de comics m'avaient dit aimer le côté foutraque du titre, à sa grande époque.   Pourtant, ces derniers temps, je me suis aperçu que j'avais quelques trucs dans mes étagères, et puis j'ai pris un album plus récent, et je m'aperçois que tout ça se lit ou se relit sans déplaisir, que c'est quand même assez sympa et bourré d'idées.   Last Defenders , de J