Accéder au contenu principal

L'Empereur-Dieu de Dune saga l'autre

Hop, suite et fin des redifs à propos de Dune. Si jamais je me fends d'un "les hérétiques", ce sera de l'inédit.



Le précédent épisode de notre grande série sur la série de Frank Herbert avait évoqué l'aspect manipulatoire de la narration dans Dune, cette façon d'arriver à créer dans l'esprit du lecteur des motifs qui ne sont pas dans le texte initial.

La manipulation est patente dans le domaine du mysticisme. Demandez à dix lecteurs de Dune si Dune est une série mystique, au moins neuf vous répondront "oui" sans ambage, considérant que ça va de soi.


Il y a même des bonnes sœurs.
C'est à s'y tromper, forcément.

Et, un fois encore, le vieil Herbert (on oubliera charitablement le jeune Herbert et son sbire Kevin J. en personne) les aura roulés dans la farine.

Dune est une série dont l'aspect mystique est une illusion habile, un savant effet de manche. Certains personnages de la série sont mystiques. Certaines organisations et peuples de Dune sont profondément mystiques. Mais l'univers en lui-même et le propos ne le sont, paradoxalement, en aucun cas.

tout de suite, là, vu comme ça,
ça fait moins mystique


Mais le paradoxe n'est, justement, qu'apparent. La multiplication des points de vue et l'insistance mise à trancher le moins possible font de Dune un univers profondément relativiste, déterministe et, par conséquent, matérialiste, quelles que soient les croyances de ses habitants. Le pouvoir le plus fantastique de la série, la prescience, est ramené à une combinaison génétique associée à un déclencheur chimique puissant, l'épice. Tous les autres "pouvoirs" sont présentés comme la libération du potentiel humain, le résultat d'un entraînement rigoureux, sans intervention d'aucune transcendance. Les pouvoirs génétiques mémoriels des Bene Gesserit ont besoin du même déclencheur chimique, et sont liés à une mémoire ancestrale présentée comme allant naturellement de soi.


Avouez que Benoit XVI serait vachement plus rigolo comme ça.


La mystique fait partie du décor de Dune. Il y a une mystique atréïde de la dévotion à l'honneur et à la parole donnée, il y a une mystique bene gesserit du sacrifice à la cause, et une mystique fremen de l'attente du messie, puis de la guerre sainte. Chacune de ces mystiques est battue en brèche, puis annulée par la suite de l'histoire. Les Atréïdes sont exterminés. Les Bene Gesserit se renient, cherchant à empêcher la création du Kwizatz Haderach après avoir réussi à l'accomplir, comprenant qu'elles ont ouvert la boite de Pandore. Les Fremen finissent par être assimilés et par se dissoudre dans l'Empire, finissant comme marchands de souvenirs d'un temps révolu. Il n'est pas innocent que messie promis, Paul Muad Dib ne croit pas à sa propre mystique et tente par tout les moyens d'y échapper.



Bon, tous les autres sont dessinés par Moebius,

alors je vais essayer de faire semblant, histoire de pas me faire repérer.


Et à l'arrivée, la référence à un quelconque Dieu n'est qu'une façade, Dieu n'intervient jamais. Il n'y a que des dieux, des hommes qui se hissent à un niveau divin, ou qui sont divinisés par leur peuple. Le seul à se rapprocher d'un pouvoir divin et opératif est Léto II le tyran, sacrifiant tout pour infléchir le cours du futur.




Essaie encore, petit scarabée

Le mysticisme, dans Dune, est comme le reste affaire de perception. Le jus mystique dans lequel baignent certains des protagonistes contamine le regard du lecteur. Au point que Jodorowsky, quand il tente de l'adapter au cinéma (avec Moebius, Chris Foss et Giger aux manettes graphiques), projette dessus tout un appareil ésotérique. Ce n'est, de sa part, pas un contresens. C'est juste une réinterprétation personnelle, une reconstruction dans un autre cadre de référence. Il n'est d'ailleurs pas innocent que, quand il réutilise le travail accompli pour Dune pour créer une bande dessinée, l'Incal, il soit obligé d'y ajouter deux éléments d'essence divine, Orh et l'Incal lui-même.

Commentaires

Odrade a dit…
Puis-je connaître ta définition de "roman mystique" ?


O.
Alex Nikolavitch a dit…
un roman qui révèle une croyance mystique chez l'auteur, qui se reflète dans son univers. et l'Univers de Dune, en tant que tel (l'univers physique), est un univers matérialiste, déterministe, sans transcendance. c'est le paradoxe intéressant, et qui, me semble faire sens chez Herbert.
Odrade a dit…
OK compris, je crois. Sans transcendance. Sans prosélytisme pour aucune puissance extérieure à l'esprit et la force humaine et au destin (à la fatalité ?), en fait, tu veux dire ?

Mais considères-tu Dune comme un roman initiatique, alors ? Et dès lors, initiatique à quoi ?


O.
Alex Nikolavitch a dit…
initiatique et mystique, ce sont deux notions qu'on lie trop souvent, mais qui n'ont pas grand-chose à voir à la finale. "initiatique", ça suppose une progression sur un chemin de connaissance ardue, cachée ou dangereuse. et de ce point de vue là, les éléments initiatiques de Dune sont évidents, et pas seulement en ce qui concerne Paul. après, une initiation peut avoir un aspect mystique, auquel cas c'est un chemin assez solitaire, beaucoup plus personnel qu'une initiation ésotérique.
Odrade a dit…
Hmmm.
*si j'avais une barbe, je me la tripoterais pensivement*
Intéressant.

Matière à réflexion.


O.
Anonyme a dit…
L'univers de Dune et le déroulement de l'histoire ne relèvent pas du mystique, si, en effet, chacune de ses dimensions est ramenée à un élément matérialiste. Parfois cette absence est tangente en considérant l'existence de la réincarnation (qui suppose une âme), la mutation de Leto en Ver des Sables (une condition humaine dépassée) ou la télépathie des Bene Gesserit (une pensée qui voyage). En revanche, le roman, lui, est mystique, puisque d'une part le récit ramène constamment le lecteur à ces préoccupations, précisément lorsque les personnages les perdent ou les fuient, et d'autre part, d'origines matérielles ou pas, elles sont très éloignées de notre conception du réel.
Les enfants de Dune ne parviennent pas à détricoter la spiritualité qui régit cet univers et mène le récit fondateur du premier roman. J'aurais même tendance à inverser ton propos en disant que les références matérialistes et la négation du divin ne font que donner une aumône de points de repères au mystique, tant son rôle est prégnant.
Quoi qu'il en soit, mystique déçue, sûrement, mais convenons-en, mystique tout de même.
Lp
Alex Nikolavitch a dit…
déjà, j'ai l'impression qu'il y a une confusion entre spiritualité et mystique, là.

en ce qui concerne la "réincarnation", Herbert ne l'appuie pas sur une âme, mais sur une "mémoire génétique", certes éloignée de notre conception du réel (il n'y a guère que les raéliens pour croire encore à une identité ADN/mémoire personnelle), mais qui est cohérente dans la construction d'univers de Herbert. il ne s'agit jamais d'âme, mais de mémoire (au point que chaque Ghola semble se retrouver nanti d'une personnalité propre, voir les considérations de Leto II à ce sujet). notons que chez les BG, ce n'est pas la pensée qui se transmet, mais la mémoire, et que ces mémoires transmises ne deviennent délétères (abomination) que quand elles sont transmises par l'hérédité.

la condition humaine dépassée d'un Leto ou d'un Paul est une condition surhumaine, certes, mais qui s'apparente assez à la surhumanité d'un Nietzsche, non pas changement de nature absolue, mais libération d'un certain nombre d'entraves enserrant l'humain. notons d'ailleurs que ce passage les confronte à d'autres entraves, à leur mesure, bien plus terribles (c'est le principe de la "marionnette qui voit les fils" dans le Watchmen d'Alan Moore)

du coup je maintiens que la mystique dans Dune est une projection exclusive des personnages sur l'écran neutre de ce point de vue de l'univers matérialiste dans lequel ils s'agitent.
Anonyme a dit…
Je ne veux pas pinailler mais aurais-je aussi mal lu la saga ou interprété vos propos que la transformation de Leto soit au-delà du cadre symbolique d'une philosophie, et se ne traduirait pas par une transformation effective ? Peu importe. Vous considérez, à juste titre, que chaque pouvoir des personnages de Dune comme la télépathie, prescience, voix... se ramène à une cause première qui est d'ordre matérielle, je ne l'ai pas nié puisque je les qualifie juste de tangent. Il suffirait de dire le mot magique «génétique» et le débat est plié. Après tout Dieu, lui-même, pourrait fort bien être une donnée matérielle, puisqu'il EST l'univers. Il n'en demeure pas moins que par rapport à notre propre référent du réel, fort éloigné des réalisations de Dune, les thématiques essentielles relèvent du mystique, comme la communication avec les esprits, vue de l'avenir, intelligence supérieure... et que ces pouvoirs ne sont pas une super vitesse ou un dragon cracheur du feu. Donc je maintiens aussi pour ma part que si le mysticisme de l'univers de Dune se heurte à un fond d'explication rationnelle, sa portée, sur le lecteur, elle au moins, fait de Dune un roman mystique. Entre Nietzsche, Georges Gurdjieff et Allan Kardec avaient aussi une propension à l'explication positiviste, mais leur démarche n'en était pas moins mystique. Le docteur Manhattan se sert de ses pouvoirs, bien réels, pour se projeter dans les méandres du futur, mais il lui échappe sans cesse. Si potentialité extra-humaine ou sur-humaine il y a pour notre modeste condition, le fait que Leto y renonce et se complait à la démystifier, ou plutôt s'y laisse empêtrer, n'abolit pas la fascination du lecteur pour ces sujets et plus encore pour les fondations d'un univers aux incroyables potentialités. Ces sujets sont même susceptibles d'un intérêt amplifié en leur voyant attribuée cette causalité qui ne fait que repousser à une autre échelle la part du mystère et du possible. Vous considérez qu'immerger le mystique dans un cadre matérialiste lui ôte son essence. Je pense à l'inverse qu'il l'imprègne. Paul et Leto sont allés trop loin pour nier leur propre condition. Prophète puis anachorète pour le premier, et élu puis demi-dieu pour le second, ils sont de parfaites, et à la fois instables, réalisations de la force mystique qui anime l'univers de Dune.
Lp
Alex Nikolavitch a dit…
tout ce que je dis, c'est que justement, le mysticisme de Dune est un savant effet de manche d'Herbert : la grande force de Dune est d'arriver à faire naitre cette impression mystique dans l'esprit du lecteur, avec des éléments de décor très astucieusement mis en place aux endroits stratégiques. je ne nie pas l'effet de fascination, j'en démonte les ressorts et l'artifice.

bien sûr que la "génétique" est ici une convention, un "plot device" pour faire tenir le truc (tout comme le voyage spatial hyperluminique, autre convention SF).

l'idée, je crois, c'était de déplacer la part de mystère, de prendre du champ, de la distance par rapport au Mystère. sous l'angle herbertien, il se résume à des causes matérielles, c'est quasiment une démonstration de l'axiome de Clarke sur la science suffisament avancée qui ne se distingue plus de la magie.
Anonyme a dit…
«effet de manche», «ressorts et l'artifice», «plot device», pardonnez de reprendre en préambule votre vocabulaire, mais il ne faudrait tout de même pas laisser le sentiment que Dune est une accumulation de procédés romanesques. Il est vrai que la SF pousse le rationnel dans des retranchements qui tiennent de la transcendance, c'est le cas de Fondation, qui s'étale dans le temps ou de 2001, qui remonte aux sources, mais Dune charrie une thématique mystique chargée qui fait du regard «roman mystique» une opinion, qui même si elle est en contradiction avec la structure de l'univers du roman, n'est pas dénuée de fondement. Et, en ce qui me concerne, j'aurais tendance à croire que les développements de l'histoire de la dynastie et ses fondements rationnels ne parviennent pas à écarter les réalisations qui s'y déroulent, au delà d'un «jus», et les forces sous-jacentes qui ne les orchestrent certes pas, mais s'y manifestent avec une force qui fait de Dune une oeuvre littéraire majeure. En rendant cet univers rationnel, Herbert l'a aussi rendu cohérent, et il s'en dégage une cohésion où puiser et distinguer dans ses approches toutes sortes de mystiques. Et l'on pourrait soustraire aux pouvoirs la foi tourmentée des personnages ou l'amour idéalisé à l'extrême de Leto qui, à ce niveau, en deviennent des mystiques, sinon inédites, du moins propres au roman.
Lp
Alex Nikolavitch a dit…
Tout roman est un assemblage de procédés romanesques. Ce qui fait la différence, après, c'est la puissance visionnaire de l'auteur, et de ce côté, je pense qu'on est tous d'accord (et sur les points où nous ne sommes visiblement pas d'accord, je trouve justement très intéressants nos regards croisés et contradictoires). après, la puissance d'évocation d'un roman n'empêche pas qu'on puisse vouloir en comprendre les ficelles techniques, ce qui est aussi l'objet de mes petites notules publiées ici. ce sont justement les oeuvres littéraires majeures qui gagnent le plus à être étudiées à la loupe et décortiquées dans tous leurs aspects : construction d'univers, procédés littéraires, techniques, structure. en tout cas, j'adore ça.

Mais vous mettez le doigt, justement, sur le cœur de mon analyse : les personnages ont une approche mystique (quoique dans le cas de Leto, cette mystique ne se focalise pas sur une transcendance, mais comme vous le notez fort bien sur une idéalisation des sentiments), mais la lecture mystique n'est que cela : une lecture. elle est dans le regard du lecteur, et pas dans les romans eux-mêmes. le noter, je ne crois pas que ce soit faire insulte à Herbert ou l'amoindrir (amoindrir et insulter Frank Herbert, Kevin J. et Brian Herbert s'en chargent depuis quelques années, avec une absence de brio qui force l'admiration).

Fondation est un univers rationnel peuplé de gens rationnels (le fait qu'Asimov soit solidement positiviste n'y est probablement pas étranger). 2001 est au contraire un univers peuplé de gens rationnels, mais qui sont confrontés à quelque chose de totalement irrationnel (ou qui ne peut être éventuellement rationnalisé que via l'axiome de Clarke, tiens donc), l'infinité de l'espace étant associée à une entité inconnaissable, ineffable, peut-être (ou peut-être pas, d'ailleurs) d'essence divine mais en tout cas supérieure.

Dune, sous ce rapport, fonctionne à l'inverse de 2001. Les habitants de cet univers sont en demande de transcendance. Ils attendent le messie, le Court Chemin, etc. Le seul problème, c'est que leur univers n'est pas en mesure de répondre totalement à leur prière : le dieu qui apparait est humain, trop humain, et c'est son humanité qui est sa croix, sa tare fondamentale. pour échapper à son humanité et se rapprocher de l'attente divine, il doit se faire monstre (qui veut faire l'ange fait la bête, disait un de nos grands penseurs). je trouve ça assez brillant, assez fascinant.

Mais le mysticisme dans Dune reste pour moi une propriété émergente, absente du matériau qui la voit naitre : c'est justement ce paradoxe que je trouve fascinant. (mais qui est perturbant aussi quand on l'analyse, je le reconnais)
Anonyme a dit…
Fondation comme Dune se laissent prendre au piège du mystique. Ils créent leur propre mystique. Par exemple, Fondation comme Dune poussent une théorie sociologique à un paroxysme qui ne tient plus du rationnel. Fondation s'inscrit dans une durée temporelle telle que le jeu des incidences, des causes à effets, sociétés après sociétés, tient de l'inouï, du sur-humain, d'une transcendance masquée. De même, le dessein de rendre impossible la guerre en introduisant la femme au coeur de la société militaire, ressort là aussi d'une telle intensité, d'une telle portée, d'un tel bouleversement, d'un tel contraste féminité/guerre, que le mot mystique finit par s'imposer, et me fait dire que le roman recèle en lui une part de mystique, propre certes, mais qui répond aux canons du genre. Pour Fondation c'est plus discutable... Mais Asimov est tout de même connu pour être celui qui insuffle la vie, et plus encore le sens, à la machine. Tous les personnages majeurs de Dune échappent à la condition humaine par leur faculté, parfois ils y retournent, et encore la mort elle-même dans Dune est prise dans des processus de continuité. Je crois qu'Herbert a posé un monde articulé par le mystique, qu'il a voulu rendre rationnel, déterminé, et finalement perceptible. Trop de fondements de l'oeuvre se rapportent à des constantes mystiques. Et quand bien même «propriété émergente» ou en l'absence d'une «entité inconnaissable», la peinture est telle, que tronquée, trahie, elle ramène invariablement à son sujet. Il existe une oeuvre qui est une narration en focalisation zéro d'un quotidien, rien de rien de mystique, à l'évidence. Et pourtant, il suffit du titre, «Les dieux ont soif» pour jeter le germe d'un léger doute, induit par cet usage du mot quelque peu polysémique de «dieux». Rien n'est au hasard dans une oeuvre majeur, encore moins son titre. Et dans le cas de Dune, c'est patent, constant, et n'est pas la réaction du regard du lecteur disposé, sur une simple thématique, c'est un véritable puits, sans cesse déçu, sans cesse renouvelé. Inhérent.
Lp
Dune Jacurutu a dit…
Rarement lu un tel concentré de ...
Vous avez gagné votre place dans la ferme de Bouvard et Pécuchet.
Anonyme a dit…
Pauvre petit imbécile...
Lp

Posts les plus consultés de ce blog

Serial writer

Parmi les râleries qui agitent parfois le petit (micro) milieu de l'imaginaire littéraire français, y a un truc dont je me suis pas mêlé, parce qu'une fois encore, je trouve le débat mal posé. Je suis capable d'être très casse-burette sur la manière de poser les débats. Mal poser un débat, c'est ravaler l'homme bien plus bas que la bête, au niveau d'un intervenant Céniouze. On n'en était certes pas là, et de loin, mais les esprits s'enflamment si vite, de nos jours.   Du coup, c'est ici que je vais développer mon point de vue. Déjà parce que c'est plus cosy, y a plus la place, déjà, que sur des posts de réseaux sociaux, je peux prendre le temps de peser le moindre bout de virgule, et puis peut-être aussi (c'est même la raison principale, en vrai) je suis d'une parfaite lâcheté et le potentiel de bagarre est moindre. Bref. Le sujet de fâcherie qui ressurgit avec régularité c'est (je synthétise, paraphrase et amalgame à donf) : "Po

Archie

 Retour à des rêves architecturaux, ces derniers temps. Universités monstrueuses au modernisme écrasant (une réminiscence, peut-être, de ma visite de celle de Bielefeld, visitée il y a très longtemps et qui a l'air d'avoir pas mal changé depuis, si j'en crois les photos que j'ai été consulter pour vérifier si ça correspondait, peut-être était-ce le temps gris de ce jour-là mais cela m'avait semblé bien plus étouffants que ça ne l'est), centres commerciaux tentaculaires, aux escalators démesurés, arrière-lieux labyrinthiques, que ce soient caves, couloirs de service, galeries parcourues de tuyauteries et de câblages qu'on diraient conçues par un Ron Cobb sous amphétamines. J'erre là-dedans, en cherchant Dieu seul sait quoi. Ça m'a l'air important sur le moment, mais cet objectif de quête se dissipe avant même mon réveil. J'y croise des gens que je connais en vrai, d'autres que je ne connais qu'en rêve et qui me semble des synthèses chi

Le Messie de Dune saga l'autre

Hop, suite de l'article de l'autre jour sur Dune. Là encore, j'ai un petit peu remanié l'article original publié il y a trois ans. Je ne sais pas si vous avez vu l'argumentaire des "interquelles" (oui, c'est le terme qu'ils emploient) de Kevin J. En Personne, l'Attila de la littérature science-fictive. Il y a un proverbe qui parle de nains juchés sur les épaules de géants, mais l'expression implique que les nains voient plus loin, du coup, que les géants sur lesquels ils se juchent. Alors que Kevin J., non. Il monte sur les épaules d'un géant, mais ce n'est pas pour regarder plus loin, c'est pour regarder par terre. C'est triste, je trouve. Donc, voyons l'argumentaire de Paul le Prophète, l'histoire secrète entre Dune et le Messie de Dune. Et l'argumentaire pose cette question taraudante : dans Dune, Paul est un jeune et gentil idéaliste qui combat des méchants affreux. Dans Le Messie de Dune, il est d

Jack Kirby, ses vilains et l'équation d'anti-vie

Pour mémoire, voici le replay du live twitch d'il y a quinze jours à propos de Jack Kirby, de Darkseid et de plein de trucs !

Le super-saiyan irlandais

Il y a déjà eu, je crois, des commentateurs pour rapprocher le début de la saga Dragonball d'un célèbre roman chinois, le Voyage en Occident (ou Pérégrination vers l'Ouest ) source principale de la légende du roi des singes (ou du singe de pierre) (faudrait que les traducteurs du chinois se mettent d'accord, un de ces quatre). D'ailleurs, le héros des premiers Dragonball , Son Goku, tire son nom du singe présent dans le roman (en Jap, bien sûr, sinon c'est Sun Wu Kong) (et là, y aurait un parallèle à faire avec le « Roi Kong », mais c'est pas le propos du jour), et Toriyama, l'auteur du manga, ne s'est jamais caché de la référence (qu'il avait peut-être été piocher chez Tezuka, auteur en son temps d'une Légende de Songoku ).    Le roi des singes, encore en toute innocence. Mais l'histoire est connue : rapidement, le côté initiatique des aventures du jeune Son Goku disparaît, après l'apparition du premier dr

Noir c'est noir. Ou pas.

 Je causais ailleurs de l'acteur Peter Stormare, qui jouait Czernobog (ou Tchernobog, ou Crnobog, prononcer "Tsr'nobog" dans ce dernier cas) dans la série American Gods , mais qui était aussi Lucifer dans le film Constantine et le nihiliste qui veut couper le zizi du Dude.   de nos jours, il lui latterait plutôt les roubignoles au Dude Tchernobog (ou Czernobog, ou Crnobog) c'est un dieu classique des mythologies slaves, sur lequel il a été beaucoup écrit, un dieu noir et hivernal opposé à la lumière, enfermé dans un cycle de mort et de résurrection, avec donc un rôle dans la fertilité. C'est sur ce mythe-là que Gaiman base son personnage dans American Gods , justement. Les chrétiens l'ont immédiatement assimilé à un diable, et c'est la lecture qu'en fait Disney dans le segment "La nuit sur le Mont Chauve" dans Fantasia .   J'entends cette image   Faut dire que le gars est pas aidé : son nom signifie précisément "dieu noir"

Seul au monde, Kane ?

Puisque c'est samedi, autant poursuivre dans le thème. C'est samedi, alors c'est Robert E. Howard. Au cinéma. Et donc, dans les récentes howarderies, il manquait à mon tableau de chasse le Solomon Kane , dont je n'avais chopé que vingt minutes lors d'un passage télé, vingt minutes qui ne m'avaient pas favorablement impressionné. Et puis là, je me suis dit "soyons fou, après tout j'ai été exhumer Kull avec Kevin Sorbo , donc je suis vacciné". Et donc, j'ai vu Solomon Kane en entier. En terme de rendu, c'est loin d'être honteux Mais resituons un peu. Le personnage emblématique de Robert Howard, c'est Conan. Conan le barbare, le voleur, le pirate, le fêtard, le bon vivant, devenu roi de ses propres mains, celui qui foule de ses sandales les trônes de la terre, un homme aux mélancolies aussi démesurées que ses joies. Un personnage bigger than life, jouisseur, assez amoral, mais tellement sympathique. Conan, quoi. L'autre

Under a green banner

 J'en ai déjà causé ici, depuis quelque temps je me replonge pas mal dans les aventures de Hulk, tant sur des trucs récents (l'excellent run d'Al Ewing) que dans des vieilleries, comme les débuts de la série par Lee et Kirby, puis Ditko. Là, en mettant de l'ordre dans mon bunker/foutoir/bibliothèque, je suis retombé sur une pile de vieux magazines Aredit/Artima, les Gamma, la bombe qui a créé Hulk (les Artima Color ou Super Star, venant souvent prendre la suite de pockets au nom des personnages, devaient s'inventer des titres, c'est pour ça qu'il y avait aussi des albums Fils d'Odin pour Thor). C'est toujours marrant de constater à quel point l'édition des comics en France a progressé. On se plaint de plein de bricoles chez nos éditeurs modernes, et de fait il y a plein d'imperfections, plus ou moins criantes d'une maison à l'autre, mais Aredit c'était un poème, des fois. Revues pas toujours numérotées, n'indiquant nulle par

Hail to the Tao Te King, baby !

Dernièrement, dans l'article sur les Super Saiyan Irlandais , j'avais évoqué au passage, parmi les sources mythiques de Dragon Ball , le Voyage en Occident (ou Pérégrination vers l'Ouest ) (ou Pèlerinage au Couchant ) (ou Légende du Roi des Singes ) (faudrait qu'ils se mettent d'accord sur la traduction du titre de ce truc. C'est comme si le même personnage, chez nous, s'appelait Glouton, Serval ou Wolverine suivant les tra…) (…) (…Wait…). Ce titre, énigmatique (sauf quand il est remplacé par le plus banal «  Légende du Roi des Singes  »), est peut-être une référence à Lao Tseu. (vous savez, celui de Tintin et le Lotus Bleu , « alors je vais vous couper la tête », tout ça).    C'est à perdre la tête, quand on y pense. Car Lao Tseu, après une vie de méditation face à la folie du monde et des hommes, enfourcha un jour un buffle qui ne lui avait rien demandé et s'en fut vers l'Ouest, et on ne l'a plus jamais revu. En chemin,

Sortie de piste

 Deux sorties culturelles cette semaine. C'est vrai, quoi, je ne peux pas rester confiner non stop dans mon bunker à pisser du texte. La première, ça a été l'expo sur les chamanes au musée du Quai Branly, tout à fait passionnante, avec un camarade belge. Je recommande vivement. Les motifs inspiré des expériences psychédéliques Les boissons locales à base de lianes du cru Les tableaux chamaniques Truc intéressant, ça s'achève par une expérience en réalité virtuelle proposée par Jan Kounen, qui visiblement n'est jamais redescendu depuis son film sur Blueberry. C'est conçu comme un trip et c'en est un L'autre sortie, avec une bonne partie de la tribu Lavitch, c'était le Dune part 2 de Denis Villeneuve. Y a un lien entre les deux sorties, via les visions chamaniques, ce qu'on peut rapprocher de l'épice et de ce que cela fait à la psyché de Paul Muad'dib. Par ailleurs, ça confirme ce que je pensais suite à la part 1, Villeneuve fait des choix d&#