Dans mon métier de traducteur, il m'arrive d'essayer de caser des trucs pendables, des références absconses, des sous-entendus limite-limite, des gags idiots. D'aucuns croient à un concours entre traducteurs, d'ailleurs, vu que certains de mes confrères sont travaillés par les mêmes fâcheuses tendances, mais on ne saurait accréditer une telle thèse sans entacher l'honneur de toute une corporation… Ces gens citent à l'appui de leur démonstrations le fait que l'utilisation du mot "slip" a connu une recrudescence étrange dans vos illustrés préférés dans la seconde moitié des années 2000. Ou que brièvement, le mot "fulchibar" a fait des apparitions surprise au détour de pages diverses, sous diverses plumes, chez divers éditeurs. Que parfois, des citations de Dalida, Barbara, Alain Souchon ou Pierre Dac jaillissent comme ça, sournoisement dissimulées dans d'innocents comics de Super-héros.
Parfois, ce n'est juste pas notre faute. Dans un Mickey en Anglais, daté de 1940, je suis quand même tombé sur ceci :
Parfois, ce n'est juste pas notre faute. Dans un Mickey en Anglais, daté de 1940, je suis quand même tombé sur ceci :
"Do you know about a peeping tom ?"
"In this case, it's a peeping dick."
(un détective regardait par le trou de la serrure)
Ce qui me comble d'aise à titre personnel (oui, j'ai assez mauvais fond, en fait), mais me pose aussi des soucis traductionnels (voire traductionnatoires) évidents.
Mais les facéties dans une traduction ne sont pas une invention récente. Il y a des exemples remontant à loin. J'ai le souvenir très net (d'autant plus net qu'il m'avait valu ce que je raconte par la suite), quand j'étais tout minot, genre 7 ou 8 ans, d'avoir lu un épisode des Fous du Volant dans un quelconque magazine Titi et Gros Minet probablement édité à l'époque par Sagédition.
Et dans cet épisode, le malfaisant Satanas brocardait un autre personnage en le traitant de "crème d'andouille". J'avais trouvé l'expression originale, et je me suis bien entendu empressé de la réutiliser à la première occasion. Devant ma tante et ma grand-mère, si je me souviens bien.
Ça ne les a juste PAS fait rire. Du tout.
De fait, j'ai été grièvement puni.
Et il m'a fallu des années pour comprendre ce qui avait tant pu les énerver dans l'expression en question. J'étais jeune, en ce temps-là. Innocent (pour autant qu'un sale môme dans mon genre puisse l'être).
Et des années plus tard, j'ai compris. Et peut-être que cette trouvaille du traducteur d'époque est pour quelque chose dans mon goût goguenard pour les turpitudes textuelles, allez savoir.
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