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En voiture, Simonie

 Tiens, vu que c'est Halloween, et que ce soir, c'est surtout le virus qui sera de sortie, et vu que je suis devant mon ordinateur alors que, si on avait pas été confinés, je serais sac à l'épaule en train de descendre du TGV à Nantes pour participer aux Utopiales, je préfère oublier le présent et me plonger dans le passé, et dans un album de saison…

Les plus anciens d'entre vous auront vu passer Spawn : Simonie, un bouquin qui avait été un peu remarqué à l'époque, et dont j'avais signé le scénar sur une idée de Jeff Porcherot. Les dessins étaient de l'excellent Aleksi Briclot, avec qui j'avais déjà fait quelques récits courts, et qui est désormais concept artist pour le MCU.


L'histoire avait été prépubliée dans la revue Spawn de chez Semic, puis en album cartonné, et enfin aux US, où elle avait été très remarquée et avait pété les stats (sans doute plus pour le dessin d'Aleksi que pour mon scénar, je veux bien le reconnaitre).

J'y lançais néanmoins plein d'idées qui auraient pu être recyclées dans la série régulière de Spawn, avec des expériences menées par divers services secrets, et qui intéressent toutes sortes de forces angéliques et infernales.

J'y créais aussi plusieurs personnages, sachant que j'en perdais le contrôle légal puisque c'était du "work for hire" à l'américaine. J'avais néanmoins des notes sur quoi en faire par la suite, si jamais on me le demandait.

Semic avait mis les petits plats dans les grands, avec notamment une jaquette collector, et des séances de dédicaces. De mémoire, l'année de la sortie, on n'a pas eu tout à fait assez de stock à Angoulème pour tenir les quatre jours. C'était chouette. Truc rigolo, suite à un imbroglio de droits, le truc a été réédité à droite et à gauche, mais jamais en France.

Ça nous avait valu, à toute l'équipe, une masterclass de Todd McFarlane, qui était venu à Paris pour négocier les contrats, et s'assurer qu'on ne ferait pas n'importe quoi avec ses créations. Ça avait été vachement cordial, très marrant, et on avait beau savoir que, par certains côtés, ce gars est un requin, là, on causait BD et on était tous comme des mômes. Lui, surtout, qui nous parlait de Spawn en faisant les gestes et les bruitages en disant des vacheries sur Rob Liefeld.

Petit truc rigolo, vu que Todd est aussi fabriquant de jouets, on a reçu quelques temps plus tard une belle action figure du Necrocop, résultat des expériences blasphématoires menées dans les catacombes parisiennes, et notre petite contribution au lore de Spawn. Mon exemplaire traine encore fièrement dans mon bureau, à côté d'une action figure Jésus offerte par un pote, d'un R2D2 trouvé en brocante, et d'une licorne en papier d'argent offerte par un autre pote aussi fan de Blade Runner que moi. En bonne compagnie, donc…


Commentaires

Tororo a dit…
Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'action figure Macron du billet précédent fait un peu "petit bras" à côté de ce superbe Necrocop.
Alex Nikolavitch a dit…
le macron on doit pouvoir le recycler en figurine de Gotham City Chronicles.
Geoffrey a dit…
Dans " Architect of fear " aussi y avait du rajout exploitable dans la série-mère.
Mais même les spin-off US avec du recyclable ont vu leurs idées boudées dans la série principale il me semble.
Dommage, il y a bien plus à exploiter chez Spawn que ce qu'en fait McFarlane ( mais je crache pas dans la souple, c'est juste un constat un peu regrettable. J'ai toute la série en VF ici et je continuerai sans doute longtemps à suivre tout ça. )
Alex Nikolavitch a dit…
Architects of Fear, c'est tout du Jeff, pour le coup.
Geoffrey a dit…
Oui, mais ça confirme le schéma que tout ce qui provient des spin-off est " oublié " par les ( la? ) têtes pensantes de la série mère. Et c'est dommage car que ça soit dans Architect ou Udead, Hellspawn ( et sans doute Simonie apparemment ) y a de la matière à ré-injecter.

C'est un peu comme si un événement apocalyptique dans Batman n'avait aucune incidence dans Detective Comics, c'est un peu triste de restreindre ainsi le terrain de jeu.
Alex Nikolavitch a dit…
j'avais conçu Simonie de façon à ce que plein de trucs soient réexploitables. L'archéologue basculée du côté obscur, le Necrocop (j'avais même des notes sur une mini-série à propos de ce qu'il devient après avoir perdu la cape)
Geoffrey a dit…
Je crois que Spawn est le seul personne de comics pour lequel je fantasmais d'écrire.
Batman et Spidey, j'ai toujours eu un avis de lecteur mais j'ai jamais eu la sensation qu'écrire les persos me plairaient, au contraire.

Todd McFarlane me semble être plus protecteur encore que Tonton George avec Star Wars quand c'était à lui , c'est à la fois très bon pour la vision d'ensemble ( encore que, un examen approfondi mettrait en avant les incohérences de la série - mère qui sont parfois aussi grosses que dans un soap ) mais très mauvais pour l'évolution de la série qui ne se renouvelle pas ( il a pourtant été chercher dès le début des plumes fortes pour nourrir sa créature mais : Angela ? Perdue dans sa brouille avec Gaiman.
Les apports de Moore sur l'Enfer ? Je sais pas s'il en reste une trace flagrante.
L'épisode de Miller ? Anecdotique .
Le nécroplasme de Grant Morrison ? Sous-exploité à mort.
Les mini-séries plus psychologiques ( Un-dead ) ou horrifique ( HellSpawn ) n'ont pas de conséquences.
Tu fais partie d'un club assez sélect d'auteurs en fait ^^ , qui ont vu le potentiel et injecté des trucs ... que le corps à rejeté. )
J'ai souvent l'impression que Spawn avait de quoi casser la baraque et tenir tête à certaines de ses flagrantes inspirations mais au final, la série marque l'histoire par sa longévité.


Alex Nikolavitch a dit…
je crois que Todd n'est jamais parvenu à sortir du concept de base. Il sait que ça ne suffit pas, mais chaque avancée (l'Armageddon de la période David Hine, par exemple, ou Jim Downing) finit par être balayée par un back to basics. Il ne lâche pas prise.
Geoffrey a dit…
C'est d'autant plus frustrant que la période Jim Downing, c'est lui !!! Il a presque levé le niveau du bouquin vers du Vertigo.
Je me demande si sa marotte de refaire un film, un bon cette fois, ne joue pas depuis des années : un comic book trop différent du-dit film l'ennuie pour son marketing ?
Alex Nikolavitch a dit…
Il essaie des trucs, mais il dilue trop pour arriver à les mener à bien, je le crains. ses ambitions scénaristiques dépassent sans doute un peu ses capacités en la matière
Geoffrey a dit…
Il devrait (oui facile à dire ) revoir un peu son ego. Il veut le contrôle de son perso, je comprends tout à fait, c'est son bébé.
Mais y a une solution qui allie évolution voulue et run ambitieux et peu répétitif : t'engages un auteur en lui disant " Spawn est X quand tu le prends, tu fais ce que tu veux mais Spawn est Y quand tu finis. " Et ainsi de suite. Son perso va dans la direction que lui veut et entre deux deux étapes, on lit des trucs plus fouillés.
Quand on pense à la relation que Jason Aaron a avec la religion par exemple, Spawn serait un univers parfait pour lui quelques temps ( me fait penser que son run de Ghost Rider a jamais été complet en VF...il a eu la malchance de passer après le trop long Daniel Way qui n'a pas du vendre des masses , enfin je suppose ).
Et puis rebelote avec un autre, etc...
Niveau marketing, contrôle du perso et coup de projo ( qui suit encore Spawn si ce ne sont les fans ? ) , ça se poserait là.
Je rêve éveillé, mais ça me chiffonne toujours de voir une terre si propice ne donner que quelques légumes, toujours les mêmes.
( admire le roi de la métaphore ^^ )
Alex Nikolavitch a dit…
Je dirais, c'est compliqué :

Jim Lee a lâché le contrôle sur Wildcats et Stormwatch, et ça a donné de petits bijoux. Mais ces séries n'existent plus.

Todd a gardé le contrôle, comme Larsen, et leurs séries existent toujours. (Bon, Larsen est 10 fois plus inventif et se pose plus de questions sur le média en tant que tel)

tu veux une métaphore dans le genre ? mon grand oncle qui avait des vignes, mais ne savait pas faire le vin. donc c'était de la piquette. (par contre il se rattrapait avec le marc, ça il savait faire)

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