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L'écriture automatique, c'est mon Dada

C'est dimanche, alors bon dimanche, sous vous applaudissements et la petite bruine qui se met à tomber, devant ma fenêtre.


Comme je suis un peu fracassé par le boulot, je vais plutôt que mes vaticinations habituelles vous livrer un bout de texte qui trainait sur mon disque dur, un extrait d'un projet abandonné, une sorte d'autopsie du Zeitgeist du siècle passé, une enquête démente et intérieure, dans laquelle je testais notamment l'écriture automatique sur associations libres, des effets à la Burroughs (l'autre, pas Edgar Rice) et des constructions bizarres. J'ai fini par mettre ça de côté, je le ressortirai un jour, ou pas. En tant qu'exercice, c'était passionnant à faire, en tout cas…

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La pochette d'allumettes est un indice cosmique.
Le feu représente l'univers, pour certains présocratiques et pour les Mazdéens. C'est un principe fondateur duquel tout naît, et par lequel tout se consume.
Cela s'appelle l'entropie, moteur et fin de l'univers. Tout meurt par la consumation qui lui a permis de vivre.
Le meurtrier se sent vivre quand il tue. Il préfère consumer l'autre plutôt que lui-même.
C'est illusoire. Tout acte est entropique par essence. L'entropie d'un système clos ne peut que croitre, et l'univers est un système clos.
Celui qui tue et désosse son commensal comme un bout de bacon ne fait qu'y participer.
S'il est pris, il est consumé à son tour. Mis en prison où il s'étiole, ou est finalement exécuté après un long processus autoentropique au cours duquel son individualité se dissout.

La pochette renvoie à un Cabaret Rousseau. Dans une ville lointaine.
Est-ce une piste ?
Méthode. Prendre du champ. Trouver le sens dans ce qui n'en a pas plus qu'une pissotière à l'envers.
Et à défaut de sens, on en projette.
Cette pochette d'allumettes, a-t-elle un sens en soi, par-delà le feu, par delà le motif sur le carton ?
Ce feu doit-il me guider comme une colonne de flammes dans le désert ?

Un cabaret. Un lieu de performance.
Mais éventrer des pigeons sur scène, sur une musique répétitive de Steve Reich, c'est du dadaïsme comme aurait pu le concevoir Idi Amin, pas Tristan Tzara.
Ça manque juste de crocodiles.
Le type sur scène ne crée rien de nouveau. Il ne fait que refaire Ozzie Osborne.
Ou plus lointainement, le Saturne de Goya.
Goya était un type qui avait tout compris avec un siècle d'avance. Il avait compris cette entropie rampante, ce Saturne dévorant ses enfants, sans jamais avoir entendu parler de thermodynamique.
Bien entendu, un tel précurseur se devait d'être neutralisé.
Quand on parle de Goya aux gens de ma génération, ils pensent plutôt à Bécassine et au Soulier qui Vole.
Le sommeil de la raison a bien engendré des monstres.

Je n'apprendrai rien ici. Ce lieu est déprimant, il a fossilisé quelque chose qui était vivant.
Alors j'erre au hasard des rues et des stations de métro, dans ce dédale fossilisé en strates habitables. Des machines à habiter qui se sont reproduites à l'infini d'une façon quasi fractale.
Les rues se ressemblent toutes, avec les mêmes enseignes et les mêmes publicités, Le Corbusier ignorait probablement tout de la Théorie du Chaos, sinon il aurait pensé la ville encore autrement.
Mais de Corbusier et la théorie du Chaos à la Cornemuse et la théorie du Bauhaus, il n'y a que les quelques pas qui me séparent du quartier Irlandais, dans lequel les publicités sont les mêmes, mais pas toutes les enseignes.

Photo démultipliée sur des avis de recherche : quart d'heure de célébrité. Fuite, quart d'heure de célérité.

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