Accéder au contenu principal

Jeux du cirque (mais pas rue du Cirque)

Vous l'aurez remarqué, j'ai une furieuse tendance, ces temps-ci, à négliger ces colonnes comme un gamin trop gâté oubliant ses jouets du Noël précédent.

Comme les plus perspicaces d'entre vous l'auront deviné, c'est que je suis ras la gueule de travail, et que du coup, ça m'assèche un peu la cervelle, en tout cas ceux de mes muscles cérébraux spécialisés dans le dégoisage de conneries au kilomètre. Entre plusieurs grosses traductions, j'avance sur un roman, un scénario d'album de BD et la mise en bouquin de ma conférence sur Kirby, qui m'a été réclamée à droite et à gauche, et qui a déjà trouvé éditeur. Je deviens dingue, j'ai des court-circuits tout plein la cervelle, et je pisse du texte dix à douze heures par jour, claquemuré dans mon bunker.

Et puis là, il a fallu que je le quitte, mon bunker, pour aller chercher des pizzas pour nourrir une cohorte de copines de ma fille qui organisait une sorte de garden party, mais en intérieur.

Et donc, pendant que j'attendais que ça cuise, installé à une table chez le pizzaïolo du coin qui est sous enseigne Bela Napoli mais a une tête à être plutôt né à Casablanca, ce qui ne l'empêche pas de faire des quatre-saisons et autres quatre-fromages plus que convenables, j'ai été exposé à un mal surgi d'outre-tombe que j'avais globalement oublié, depuis le temps.

TF1.

J'ai la télé, et il m'arrive de regarder la télé, mais c'est simple, je n'ai même plus vraiment la démarche d'aller voir ce qui passe sur les chaînes hertziennes classiques, je passe directement lors de mes zappings des chaînes ciné aux chaînes info en passant par les chaînes docu. Mais plus jamais sur TF1.

Et donc, là, j'ai eu droit à une demi-heure de TF1tude concentrée. L'émission super malsaine où les gens s'invitent au mariage les uns des autres, puis se cassent du sucre dessus dans l'espoir de se faire rembourser la location de la salle. On m'avait parlé de ce concept, et j'y croyais pas. Et en fait, si, c'est vrai, ça existe. C'est quand même d'une dégueulasserie grand style, transformant en compétition un moment qui devrait être une fête. Et dérogeant accessoirement à des lois traditionnelles d'hospitalité qui remontent au moins à l'âge du Bronze et étaient censées être parfaitement sacrées. Gulp.

Puis des pubs. Et la découverte que des marques de lessive sponsorisent des télé-réalités (ou des télé-crochets, je suis pas spécialiste, je sais pas différencier). Ce qui nous offre la démonstration que la télé-réalité est le soap opera de notre temps. Puis on enchaîne sur la même émission qu'avant, sauf qu'au lieu de s'inviter l'un l'autre chacun à son mariage, les concurrents s'invitent chacun à sa maison d'hôte. Pour se casser du sucre sur le dos. Pas la peine que je fasse un copier coller sur les lois sacrées de l'hospitalité, l'âge du Bronze, le pain et le sel, tout ça, vous devez à ce stade avoir une idée assez nette de ce que j'en pense.

Je suis reparti avec mes pizzas, un peu secoué quand même. TF1. J'avais oublié. J'étais bien. Putain, la prochaine fois, je me fais livrer.


PS : J'avais prophétisé ce moment, mais on y est : quand, lors de la garden party d'intérieur, la musique aléatoire est tombée sur Happy, la réaction a été viscérale et unanime. Ça a été changé en moins de trois secondes. Tout truc "cool" qui est asséné en boucle pendant un temps suffisant devient rapidement insupportable.




Sinon, à propos de télé, je passe cette semaine dans le Toku Show, sur J-One, pour y parler notamment du Saint Louis. Ça passera mercredi ou jeudi, je ne sais plus, avec rediffusion dimanche.

Commentaires

Huit mois après, ta prophétie se réalise. Bravo ! Toi, au moins, tu n'es pas comme ces types qui nous prédisent la fin du monde pour décembre 2012.
Alex Nikolavitch a dit…
Je vais pas tarder à m'acheter une culotte Gandhi et un gong.

Posts les plus consultés de ce blog

Au ban de la société

 Tiens, je sais pas pourquoi (peut-être un trop plein de lectures faites pour le boulot, sur des textes ardus, avec prise de note) j'ai remis le nez dans les Justice Society of America de Geoff Johns, période Black Reign . J'avais sans doute besoin d'un fix de super-héros classique, avec plein de persos et de pouvoirs dans tous les sens, de gros enjeux, etc. Et pour ça, y a pas à dire JSA ça fait très bien le job. La JSA, c'est un peu la grand-mère des groupes super-héroïques, fondée dans les années 40, puis réactivée dans les années 60 avec les histoires JLA/JSA su multivers. C'étaient les vieux héros patrimoniaux, une époque un peu plus simple et innocente. Dans les années 80, on leur avait donné une descendance avec la série Infinity Inc . et dans les années 90, on les avait réintégrés au prix de bricolages divers à la continuité principale de DC Comics, via la série The Golden Age , de James Robinson et Paul Smith, qui interprétait la fin de cette époque en la...

La fille-araignée

Tiens, ça fait une paye que j'avais pas balancé une nouvelle inédite... Voilà un truc que j'ai écrit y a 6 mois de ça, suite à une espèce de cauchemar fiévreux. J'en ai conservé certaines ambiances, j'en ai bouché les trous, j'ai lié la sauce. Et donc, la voilà... (et à ce propos, dites-moi si ça vous dirait que je fasse des mini-éditions de certains de ces textes, je me tâte là-dessus) Elle m’est tombée dessus dans un couloir sombre de la maison abandonnée. Il s’agissait d’une vieille villa de maître, au milieu d’un parc retourné à l’état sauvage, jouxtant le canal. Nul n’y avait plus vécu depuis des décennies et elle m’avait tapé dans l’œil un jour que je promenais après le travail, un chantier que j’avais accepté pour le vieil épicier du coin. J’en avais pour quelques semaines et j’en avais profité pour visiter les alentours. Après avoir regardé autour de moi si personne ne m'observait, je m’étais glissé dans une section effondrée du mur d’enceinte, j’...

La fin du moooonde après la fin de l'année

 Ah, tiens, voilà qu'on annonce pour l'année prochaine une autre réédition, après mon Cosmonautes : C'est une version un peu augmentée et au format poche de mon essai publié à l'occasion de la précédente fin du monde, pas celle de 2020 mais celle de 2012. Je vous tiens au courant dès que les choses se précisent. Et la couve est, comme de juste, de Melchior Ascaride.

Perte en ligne

 L'autre soir, je me suis revu Jurassic Park parce que le Club de l'Etoile organisait une projo avec des commentaires de Nicolas Allard qui sortait un chouette bouquin sur le sujet. Bon outil de promo, j'avais fait exactement la même avec mon L'ancelot y a quelques années. Jurassic Park , c'est un film que j'aime vraiment bien. Chouette casting, révolution dans les effets, les dinos sont cools, y a du fond derrière (voir la vidéo de Bolchegeek sur le sujet, c'est une masterclass), du coup je le revois de temps en temps, la dernière fois c'était avec ma petite dernière qui l'avait jamais vu, alors qu'on voulait se faire une soirée chouette. Elle avait aimé Indiana Jones , je lui ai vendu le truc comme ça : "c'est le mec qui a fait les Indiana Jones qui fait un nouveau film d'aventures, mais cette fois, en plus, y a des dinos. Comment peut-on faire plus cool que ça ?" Par contre, les suites, je les ai pas revues tant que ça. L...

Matin et brouillard

On sent qu'on s'enfonce dans l'automne. C'est la troisième matinée en quelques jours où le fleuve est couvert d'une brume épaisse qui rend invisible le rideau d'arbres de l'autre côté, et fantomatique tout ce qui est tapi sur les quais : voiture, bancs, panneaux. Tout a un contraste bizarre, même la surface de l'eau, entre gris foncé et blanc laiteux, alors qu'elle est marronnasse depuis les inondations en aval, le mois dernier. Une grosse barge vient de passer, j'entends encore vaguement dans le lointain son énorme moteur diesel. Son sillage est magnifique, dans cette lumière étrange, des lignes d'ondulations obliques venant s'écraser, puis rebondir sur le bord, les creux bien sombre, les crêtes presque lumineuses. Elles rebondissent, se croisent avec celles qui arrivent, et le jeu de l'interférence commence. Certaines disparaissent d'un coup, d'autres se démultiplient en vaguelettes plus petites, mais conservant leur orienta...

IA, IA, Fhtagn

 En ce moment, je bosse entre autres sur des traductions de vieux trucs pulps apparemment inédits sous nos latitudes. C'est un peu un bordel parce qu'on travaille à partir de PDFs montés à partir de scans, et que vu le papier sur lequel étaient imprimés ces machins, c'est parfois pas clean-clean. Les illustrateurs n'avaient  vraiment peur de rien Par chance, les sites d'archives où je vais récupérer ce matos (bonne nouvelle d'ailleurs archive.org qui est mon pourvoyeur habituel en vieilleries de ce genre, semble s'être remis de la récente attaque informatique qui avait failli m'en coller une. d'attaque, je veux dire) ont parfois une version texte faite à partir d'un OCR, d'une reconnaissance de caractère. Ça aide vachement. On s'use vachement moins les yeux. Sauf que... Ben comme c'est de l'OCR en batch non relu, que le document de base est mal contrasté et avec des typos bien empâtées et un papier qui a bien bu l'encre, le t...

Sorties

Hop, vite fait, mes prochaines sorties et dédicaces : Ce week-end, le 9 novembre, je suis comme tous les ans au Campus Miskatonic de Verdun, pour y signer toute mon imposante production lovecraftienne et sans doute d'autres bouquins en prime.   Dimanche 1er décembre, je serai au Salon des Ouvrages sur la BD à la Halle des blancs manteaux à Paris, avec mes vieux complices des éditions La Cafetière. Je participerai également à un Congrès sur Lovecraft et les sciences, 5 et 6 décembre à Poitiers.

Au nom du père

 Tout dernièrement, j'ai eu des conversations sur la manière de créer des personnages. Quand on écrit, il n'y a dans ce domaine comme dans d'autre aucune règle absolue. Certains personnages naissent des nécessité structurelle du récit, et il faut alors travailler à leur faire dépasser leur fonction, d'autres naissent naturellement d'une logique de genre ou de contexte, certains sont créés patiemment et se développent de façon organique et d'autres naissent d'un coup dans la tête de leur auteur telle Athéna sortant armée de celle de Zeus. Le Père Guichardin, dans les Exilés de la plaine , est un autre genre d'animal. Lui, c'est un exilé à plus d'un titre. Il existe depuis un sacré bail, depuis bien avant le début de ma carrière d'auteur professionnel. Il est né dans une nouvelle (inédite, mais je la retravaillerai à l'occasion) écrite il y a plus d'un quart de siècle, à un moment où je tentais des expériences d'écriture. En ce temp...

Et merde...

J'avais une idée d'illus sympa, un petit détournement pour mettre ici et illustrer une vacherie sur notre Leader Minimo, histoire de tromper l'ennui que distille cette situation pré insurrectionnelle pataude et molle du chibre dans laquelle tente péniblement de se vautrer l'actualité. Et donc, comme de juste en pareil cas, je m'en étais remis à gougueule pour trouver la base de mon détournement. Le truc fastoche, un peu potache, vite fait en prenant mon café. Sauf que gougueule est impitoyable et m'a mis sous le nez les oeuvres d'au moins deux type qui avaient exactement eu la même idée que moi. Les salauds. Notez que ça valide mon idée, d'une certaine façon. Mais quand même. C'est désobligeant. Ils auraient pu m'attendre. C'est un de ces cas que mon estimable et estimé collègue, le mystérieux J.W., appelle "plagiat par anticipation". Bon, c'est plutôt pas mal fait, hein. Mais ça m'agace.

Deux-ception

 C'est complètement bizarre. Je rêve de façon récurrente d'un festival de BD qui a lieu dans une ville qui n'existe pas. L'endroit où je signe est dans un chapiteau, sur les hauteurs de la ville (un peu comme la Bulle New York à Angoulème) mais entre cet endroit et la gare routière en contrebas par laquelle j'arrive, il y a un éperon rocheux avec des restes de forteresse médiévale, ça redescend ensuite en pente assez raide, pas toujours construite, jusqu'à une cuvette où il y a les restaus, bars et hôtels où j'ai mes habitudes. L'hôtel de luxe est vraiment foutu comme ça sauf que la rue sur la droite est en très forte pente Hormis l'avenue sur laquelle donne l'hôtel de luxe (où je vais boire des coups dans jamais y loger, même en rêve je suis un loser), tout le reste du quartier c'est de la ruelle. La géographie des lieues est persistante d'un rêve à l'autre, je sais naviguer dans ce quartier. Là, cette nuit, la particularité c'ét...