Accéder au contenu principal

Retraite en rase campagne

Ah, fichtre, bigre et palsambleu, c'était hier que je passais sur J-One. Pour ceusses qui auraient loupé le truc (et que ça intéresse), ça repassera dimanche dans l'intégrale de la semaine.



Pendant ce temps, à propos des infos de la semaine, je suis tombé sur un bout d'interview d'un responsable de Gauche (si j'ai convenablement identifié le bonhomme - je prenais en route) qui disait à peu près "l'échec de Syriza en Grèce démontrera que notre politique est la seule possible". Outre le fait que c'est du Juppé dans le texte, je n'aime pas trop les gens qui tablent sur l'échec des autres pour se faire mousser. Parce qu'on n'est pas dans un match de boxe : l'échec de l'un n'entraîne pas la victoire de l'autre par forfait. Parce que le problème, c'est que depuis un paquet d'années, cette "seule politique possible" n'a pas fait la démonstration de sa réussite. Ou alors il faudra nous expliquer en détail en quoi elle réussit, ce qui n'est pas flagrant. Et alors on aura droit soit à un étalage de Novlangue pour montrer que "l'échec, c'est la Réussite", ou bien à une explication des critères sur lesquels se juge cette réussite, et gageons que ce sera croquignolet, parce que ça explicitera la façon dont on nous prend pour des cons (et qu'en fait, le critère est "si c'est bon pour le CAC, alors c'est une réussite, et tant pis pour les cochons de payants", et les cochons de payants, c'est nous). Rappelons aussi que ceux qui se sont gobergés de l'échec de la Commune ou de Makhno sont les mêmes qui envoyaient l'armée contre eux. Et que dans le cas de Makhno, les pires coups sont venus de la Gauche.

Par ailleurs, voilà qu'on nous prépare une nouvelle réforme des retraites pour sauver les retraites. Mais comme ça s'était vu que chacune des réformes conduites selon les règles de la "seule politique possible" n'avait rien sauvé du tout et rendu nécessaire, quatre ans plus tard, la réforme suivante, là, on contourne le truc en nous disant que maintenant, ce sont les retraites complémentaires qui coincent. Avant de préciser, "en fait, c'est la caisse des cadres qui est sinistrée, mais si on pioche dans la caisse des autres, des plus pauvres, on peut la prolonger de quelques années". Parce que la caisse complémentaire des salariés normaux, elle tient à peu près aussi loin que la caisse régime générale quatre fois réformée. Une fois encore, on mutualise les pertes. Aux frais du smicard.

Mais du coup, j'aimerais qu'on m'explique : en quoi est-il plus rationnel d'avoir un paquet de régimes, qui entraînent chacun leurs propres frais de gestion, et d'avoir un régime général et un régime complémentaire (devenu quasi obligatoire, voire carrément obligatoire pour certaines professions). Plutôt que d'attendre que ça plante pour le revendre à l'encan à Axa et aux autres, ne serait-il pas plus intelligent de faire une VRAIE réforme, de balayer tout ça et d'avoir un régime unique (au moins pour les salariés), proportionnel et plafonné ? Rien que sur les frais de gestion, je suis certain qu'on gagnerait quelques années de fonctionnement en plus. Mais on retirerait à certains quelques sinécures et autres gros fromages sur lesquels ils s'empiffrent (c'est pour ça qu'il existe deux régimes de mutuelle étudiante, par exemple, gérés en apparence n'importe comment, jusqu'à ce qu'on comprenne le pourquoi de cette gestion si particulière).

Notons qu'à propos d'étudiants, on n'a pas trop à se plaindre ici : aux USA, les dettes contractées par les étudiants pour financer leurs études se montent à plus de mille milliards de dollars. C'est à dire à approximativement la moitié de la dette publique française, et même là-bas, ils commencent à se demander si ça ne va pas leur péter à la figure, parce que c'est bien gentil de faire basculer les frais et les dettes sur le secteur privé et l'usager, mais ça reste de la cavalerie, des expédients. Mais si on ferme ce robinet-là, ça veut dire que seuls les gamins dont la famille a les moyens pourront se payer des études à l'avenir.

Bref, au carnaval des salopards, choisissez bien votre cravate.

Commentaires

Tonton Rag a dit…
Une petite erreur à corriger : le montant des dettes étudiantes n'est pas de un milliard ("the kind of money you guys leave on the plate", Taylor of Panama), mais de 1000 milliard, ce qui pose un peu plus problème.
Sinon, comme la plus part des commentateurs, tu ne poses pas la vraie problématique : le problème est que, quel que soit le gouvernement, quel que soit le pays de l'Union Européenne, ils doivent appliquer la politique décidée par la commission européenne. La démocratie en Europe, elle n'est pas menacée par ton ami borgne de la Trinité sur Mer, mais elle a DÉJÀ été volée par les institutions européennes.
Aucune des vraies questions n'est soumise à la population : Rester dans l'OTAN ou en sortir, rester dans l'EURO ou en sortir, le fonctionnement de la dette : une seule politique possible comme tu le souligne. Tatcher le disait, Stéphane Le Foll, le bien nommé et porte parole du gouvernement le dit aussi...
Il faut sortir de l'Europe si l'on veut que cela change. Mais de Mélanchon à Le Pen en passant par l'UMP et le PS, personne ne le propose VRAIMENT (quand on examine le discours de Le Pen ou de Mélanchon, ils disent NON, mais ce n'est que de l'incantation, aucun discours structuré et surtout pas mention de l'article 50, du traité de l'union, seul moyen de sortir légalement de l'Europe et donc de l'Euro).
Alex Nikolavitch a dit…
oups. oui, mille (c'est pour ça que je parlais de la moitié de la dette publique de la France)
Tonton Rag a dit…
Pour enfoncer le clou : François Pays-Bas avait dit qu'il ferait la guerre à la finance : Bilan : il y a 5 ans, la dette de la Grèce était détenue par des banques privées (BNP, Société Générale et leurs consœurs ...). Aujourd'hui, la dette de la Grèce est détenue en n°1 par l'Allemagne, puis la France, et je ne sais plus dans quel ordre l'Espagne et l'Italie... Il y a eu donc un transfert du risque depuis les banques privées vers le contribuable... Brillante guerre faite à la finance qui consiste à la décharger de ses risques après qu'elle se soit gavé de taux d'intérêts élevés ... Et ce n'est qu'un des nombreux mécanismes odieux de cette dette.

Posts les plus consultés de ce blog

My mama said to get things done...

Je suis passé à Aurore Système, petit salon de SF organisé à Ground Control, à Paris, par la librairie Charybde. Je ne connaissais pas le lieu, que j'ai découvert et qui est très chouette. Je venais surtout pour une table ronde sur l'IA, qui est un des sujet importants de nos jours et déchaîne les passions, surtout sous sa forme "générative", les chat GPT, Midjourney et autres. Je me suis tenu un peu à l'écart de ces trucs-là, pour ma part. Je suis très méfiant (même s'il m'est arrivé d'employer Deep-L professionnellement pour dégrossir des traductions du français vers l'anglais, que je retravaillais en profondeur ensuite), parce que l'ai bien conscience du processus et des arrières pensées derrière. J'en ai déjà causé sur ce blog, ici et ici .  La table ronde réunissait trois pointures, Olivier Paquet, Catherine Dufour et Saul Pandelakis, qui ont écrit sur le sujet, et pas mal réfléchi. Lors des questions qui ont suivi, on a eu aussi une...

Un bouquin pour les gouverner tous

  Tiens, j'en avais pas encore causé parce que j'attendais que ce soit officialisé, mais le prochain Pop Icons portera ma signature et sur J.R.R. Tolkien (oui, je tente le zeugme acrobatique, je suis comme ça). Comme pour mon précédent, consacré à H.P. Lovecraft, il y aura une campagne de financement participatif , mais  on pourra aussi le trouver en kiosque et en librairie d'ici la fin du mois prochain. Je suis un peu moins pointu à la base en Tolkien qu'en Lovecraft, mais j'ai fait mes devoirs pour l'occasion, découvrant pas mal de trucs que je n'avais pas lus jusqu'alors, notamment ses correspondances. Voilà, foncez, pour Eorlingas, la Comté et tout le reste !    

De géants guerriers celtes

Avec la fin des Moutons, je m'aperçois que certains textes publiés en anthologies deviennent indisponibles. J'aimais bien celui-ci, que j'ai sérieusement galéré à écrire à l'époque. Le sujet, c'est notre vision de l'héroïsme à l'aune de l'histoire de Cúchulainn, le "chien du forgeron". J'avais par ailleurs parlé du personnage ici, à l'occasion du roman que Camille Leboulanger avait consacré au personnage . C'est une lecture hautement recommandable.     Cúchulainn, modèle de héros ? Guerrier mythique ayant vécu, selon la légende, aux premiers temps de l’Empire Romain et du Christianisme, mais aux franges du monde connu de l’époque, Cúchulainn a, à nos yeux, quelque chose de profondément exotique. En effet, le « Chien du forgeron » ne semble ni lancé dans une quête initiatique, ni porteur des valeurs que nous associons désormais à l’héroïsme. Et pourtant, sa nature de grand héros épique demeure indiscutable, ou en tout cas...

Le grand livre des songes

 Encore un rêve où je passais voir un de mes éditeurs. Et bien sûr, celui que j'allais voir n'existe pas à l'état de veille, on sent dans la disposition des locaux, dans les gens présents, dans le type de bouquins un mix de six ou sept maisons avec lesquelles j'ai pu travailler à des titres divers (et même un peu d'une agence de presse où j'avais bossé du temps de ma jeunesse folle). Et, bien sûr, je ne repars pas sans que des gars bossant là-bas ne me filent une poignée de bouquins à emporter. Y avait des comics de Green Lantern, un roman, un truc sur Nightwing, un roman graphique à l'ambiance bizarre mettant en parallèle diverses guerres. Je repars, je m'aperçois que j'ai oublié de demander une nouveauté qui m'intéressait particulièrement, un autre roman graphique. Ça vient de fermer, mais la porte principale n'a pas encore été verrouillée. Je passe la tête, j'appelle. J'ai ma lourde pile de bouquins sous le bras. Clic. C'était ...

Medium

 Un truc que je fais de temps en temps, c'est de la médiation culturelle. Ce n'est pas mon métier, mais je connais suffisamment bien un certain nombre de sujets pour qu'on fasse appel à moi, parfois, pour accompagner des groupes scolaires dans des expos, des trucs comme ça. Là, on m'a appelé un peu à l'arrache pour accompagner une animation interactive sur les mangas, et notamment les mangas de sport, avec des groupes de centres de loisirs. Bon, c'est pas ma discipline de prédilection, j'ai révisé un peu vite fait. Le truc, c'est qu'on m'en a causé la semaine passée. La personne qui devait s'en charger était pas trop sur d'elle. La mairie du coin (dans une banlieue un poil sensible) voyait pas le truc bien s'emmancher, la patronne d'une asso où je donne des cours l'a su, a balancé mon nom, m'a prévenu... Et c'en était resté là. Je restais à dispo au cas où. On m'a rappelé ce matin "bon, on va avoir besoin de t...

Sweet sixteen

Bon, ayé, nous voilà en 2016, donc tous mes vœux à tous. Et comme bonne résolution de nouvel an, et comme les années précédente, j'ai pris la résolution de ne pas prendre de bonnes résolutions. Parce que primo on ne les tient pas, et secundo on a mauvaise conscience de ne pas les tenir, donc c'est doublement contre-productif. Hier soir, pour le réveillon, il a fallu que je me démerde pour servir un truc sympa un peu au débotté, à l'arrache, avec ce que j'ai pu dénicher à la supérette du coin, préalablement pillée par d'autres retardataires juste un peu moins retardataires que moi. Déjà qu'ils n'ont pas des masses de choix en temps normal, là c'était un peu le Sud Soudan. Donc outre les entrées basiques, petits canapés agrémentés de garnitures sympas, j'ai préparé un truc un peu nouvelle cuisine, dont l'idée mes venue en furetant dans le rayon (bon, si ça se trouve, ça existe déjà, mais j'ai trouvé le truc, de mon côté, en faisant un jeu...

Unions, ré-unions, il en restera toujours quelque chose si on s'y prend pas comme des chancres

 Bon, j'en ai jamais fait mystère, mais j'ai tendance à faire savoir autour de moi que la réunionite est un peu le cancer de notre société moderne. Je supporte pas les grandes tablées où, passé l'ordre du jour ça oscille entre le concours de bite et la branlette en rond, pour des résultats concerts qui seraient obtenus en règle générale avec un mail de dix lignes.   éviter la Cogip   Quoi ? Oui, je suis inapte au simagrées du monde de l'entreprise moderne, chacun de mes passages dans des grands groupes m'a convaincu que c'étaient des carnavals de... non, aucun mot utilisable en public ne me vient. Et mes passages aux conseils d'administrations d'associations n'ont pas été mieux. Le problème, ce n'est même pas la structure, qu'elle soit filiale d'un truc caquaranqué ou petit truc local tenu avec des bouts de ficelle. Et pourtant, des fois, faut bien en passer par là, j'en ai conscience. Voir les gens en vrai, se poser autour d'une ...

Le diable dans les détails

 La nouvelle série Daredevil, Born Again vient de commencer chez Disney, reprenant les mêmes acteurs que l'ancienne et développant des choses intéressantes, pour ce qu'on en voit jusqu'ici, faisant évoluer la relation entre Fisk et Murdock, le Kingpin étant désormais traité sous un angle plus politique, avec quelques coups de pieds de l'âne envers Trump et ses thuriféraires, ce qui après tout est de bonne guerre. J'étais un peu passé à côté de la vieille série, dont je n'avais pas vu grand-chose, mais je j'ai tranquillement rattrapé ces derniers temps, la réévaluant à la hausse.   Du coup, ça m'a surtout donné envie de me remettre aux comics. Daredevil, c'est un personnage que j'ai toujours bien aimé. Je me suis donc refait tous les Miller en une petite semaine. Hormis quelques épisodes, je n'avais pas relu ça d'un bloc depuis une bonne dizaine d'années. Ça reste un des runs fondamentaux sur le personnage, et tout ce qui vient après...

Numérologie

Tous les auteurs, je crois, ont leur petites coquetteries et afféteries d'écriture, des trucs auxquels ils tiennent et qui ne fascinent généralement qu'eux, et que personne ne remarque vraiment.   Bon, tout le monde a remarqué mes titres alambiquées sur la trilogie du Chien Noir , en allitération, reprenant la première phrase de chaque roman. C'était pour moi un moyen de me glisser dans des formes très anciennes, des codes de l'épopée, même si, fondamentalement, je ne sais pas si ces textes constituent en soi des épopées. Ils ont quelques moments épiques, je crois, mais ce n'en est pas la clé principale. Plus discret, il y a un jeu numérologique qui a émergé en cours de route. Mais reprenons : Trois Coracles, au départ, était conçu comme un one shot . Ce qui m'avait motivé, je l'ai déjà raconté, c'était l'histoire d'Uther, j'avais l'idée de transformer cette note en bas de page du récit arthurien en intrigue principale. Une fois le roman...

We have ignition !

Ayé, je viens de recevoir au courrier un exemplaire de Cosmonautes ! les Conquerants de l'Espace , mon dernier bouquin en date. L'on y explore deux mille ans et plus de projections vers le firmament, et c'est chez les Moutons électriques, excellent éditeur chez qui j'avais déjà commis Mythe & Super-Héros , Apocalypses ! une brève histoire de la fin des temps ainsi que diverses petites choses dans la revue Fiction .    Le mois prochain, vous pourrez aussi me retrouver dans le Dico des Créatures Oubliées , aux côtés de gens fort estimables comme Patrick Marcel, André-François Ruaud, Xavier Mauméjean ou Richard D. Nolane, et j'en passe. Ça sortira le 2 octobre, toujours chez les Moutons électriques.