Pendant une pause télé, ma petite dernière et moi avons exhumé de vieux épisodes d'Aglaé et Sidonie. Alors Aglaé et Sidonie, c'est même pas les moins de 20 ans qui ne peuvent pas connaître, mais carrément les moins de 35, pour situer. Donc pour ceux d'entre vous qui n'étiez encore que de vagues projets parentaux à l'époque (ou qui avez échappé à la télé du tournant des années 70, il y en a aussi), il faut que je re-situe la chose.
Aglaé et Sidonie, à la fin des années 60, c'est une de ces séries animées à base de marionnettes qui étaient assez à la mode dans la production jeunesse (dans la foulée des Maison de Toutou, Pépin la Bulle, Manège Enchanté, Kiri le Clown, etc.), programmes généralement courts et assez simples, destinés à un tout jeune public.
Le cadre en est simple : une cour de ferme, et ses dépendances : étang, bosquet, chemin vicinal.
Les héroïnes (car la particularité de la série est d'être centrée sur des personnages féminins, avec un méchant masculin, un renard. Bon, comme ce n'est pas féministe pour autant, c'est le vieux coq paternaliste qui a toujours le dernier mot et qui sert toujours de dernier recours), les héroïnes, donc, sont une petite cochonne et une oie blanche. Sans que cette caractérisation ne donne lieu à une dynamique particulière, d'ailleurs, ce qui aurait pourtant pu être rigolo.
C'est surtout la façon dont c'est fait qui est marrante : on est peu de temps après les Demoiselles de Rochefort et ça se sent. Il y a plein de passages chantés et dansés, et la parenté est évidente, jusqu'aux intonations des actrices (des sœurs, comme par hasard) qui prêtent leurs voix à la petite cochonne et à l'oie blanche.
Dans la plus pure tradition du théâtre de Guignol, ça se finit généralement à coups de bâton contre le renard. Mais la tradition est là subtilement détournée, puisque Renard, c'est le héros contestataire traditionnel par excellence, bien avant Guignol lui-même. Faut-il y voir un quelconque message, en une époque où l'ORTF était le dernier rempart contre l'explosion de l'ordre social ? Ou alors peut-être que je surinterprète la figure paternaliste du coq, allez savoir.
Ou alors c'est encore un de ces vieux traumas. Parce que ce qui me gênait déjà à l'époque, c'était le générique. "à tous les enfants qui sont obéissants, nous allons dire au revoir en passant". Cette discrimination envers les enfants désobéissants (et non pas les enfants pas sages, ce que j'aurais pu comprendre dans ma petite tête) me semblait scandaleuse. L'obéissance devait devenir inconditionnelle pour avoir droit au au revoir en passant, l'obéissance et elle seule. Alors que, déjà à l'époque, en bonne tête de lard, je disais que les grands n'avaient pas que de bonnes idées et qu'il aurait été malvenu de leur obéir à tout crin. Bon, maintenant que le grand, c'est moi, et que je dois expliquer à mes propres marmots la vie, l'univers et ce qu'ils doivent faire pour éviter que je leur fasse les gros yeux (genre, au pif, ranger leur chambre et débarrasser la table du goûter), je me sens bien con. Mais bref.
Mais bon, c'était bien essayé, quoi.
Aglaé et Sidonie, à la fin des années 60, c'est une de ces séries animées à base de marionnettes qui étaient assez à la mode dans la production jeunesse (dans la foulée des Maison de Toutou, Pépin la Bulle, Manège Enchanté, Kiri le Clown, etc.), programmes généralement courts et assez simples, destinés à un tout jeune public.
Le cadre en est simple : une cour de ferme, et ses dépendances : étang, bosquet, chemin vicinal.
Les héroïnes (car la particularité de la série est d'être centrée sur des personnages féminins, avec un méchant masculin, un renard. Bon, comme ce n'est pas féministe pour autant, c'est le vieux coq paternaliste qui a toujours le dernier mot et qui sert toujours de dernier recours), les héroïnes, donc, sont une petite cochonne et une oie blanche. Sans que cette caractérisation ne donne lieu à une dynamique particulière, d'ailleurs, ce qui aurait pourtant pu être rigolo.
C'est surtout la façon dont c'est fait qui est marrante : on est peu de temps après les Demoiselles de Rochefort et ça se sent. Il y a plein de passages chantés et dansés, et la parenté est évidente, jusqu'aux intonations des actrices (des sœurs, comme par hasard) qui prêtent leurs voix à la petite cochonne et à l'oie blanche.
Variation sur le thème du Petit Chaperon Rouge, dans laquelle, curieusement, il y a un renard
c'est pourquoi ni l'oie blanche, ni la petite cochonne ne voient le loup
c'est pourquoi ni l'oie blanche, ni la petite cochonne ne voient le loup
Dans la plus pure tradition du théâtre de Guignol, ça se finit généralement à coups de bâton contre le renard. Mais la tradition est là subtilement détournée, puisque Renard, c'est le héros contestataire traditionnel par excellence, bien avant Guignol lui-même. Faut-il y voir un quelconque message, en une époque où l'ORTF était le dernier rempart contre l'explosion de l'ordre social ? Ou alors peut-être que je surinterprète la figure paternaliste du coq, allez savoir.
Ou alors c'est encore un de ces vieux traumas. Parce que ce qui me gênait déjà à l'époque, c'était le générique. "à tous les enfants qui sont obéissants, nous allons dire au revoir en passant". Cette discrimination envers les enfants désobéissants (et non pas les enfants pas sages, ce que j'aurais pu comprendre dans ma petite tête) me semblait scandaleuse. L'obéissance devait devenir inconditionnelle pour avoir droit au au revoir en passant, l'obéissance et elle seule. Alors que, déjà à l'époque, en bonne tête de lard, je disais que les grands n'avaient pas que de bonnes idées et qu'il aurait été malvenu de leur obéir à tout crin. Bon, maintenant que le grand, c'est moi, et que je dois expliquer à mes propres marmots la vie, l'univers et ce qu'ils doivent faire pour éviter que je leur fasse les gros yeux (genre, au pif, ranger leur chambre et débarrasser la table du goûter), je me sens bien con. Mais bref.
Mais bon, c'était bien essayé, quoi.
Commentaires
le Renard, c'est Croquetout
Fermez les greniers et les poulaillers."
"Au r'voir les amis nous rentrons au pays
Au pays d'Aglaé et Sidonie
Au pays d'Aglaé et Sidonie !"
Gngngn ans plus tard, sans marmots à vidéo-nourrir, je m'en rappelle encore. La télévision a vraiment une influence pernicieuse.