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Escalator prends ga-ha-ha-ha-rde, escalator, escalator...

 Oh, c'est reparti pour des rêves de gares gigantesques, labyrinthiques et en déréliction. Des étages et des étages de salles des pas perdus, de passages hantés par des clodos et des voyageurs en transit par des raccourcis que jamais ils ne trouvèrent, et des escalators dans tous les sens, souvent en panne, souvent déglingués, toujours dangereux. J'essaie de me déplacer par les escaliers d'incendie, mais encore faut-il les trouver et savoir à quels niveaux ils aboutissent.

Certaines sections sont de toute façon retournées à l'état sauvage, la poussière accumulée s'est transformée en une sorte d'humus sur lequel poussent des plantes blafardes, contrefaites. Dans d'autres ont lieu des trafics bizarres. J'ai cru reconnaître des pièces d'avions. À me demander si je ne suis pas dans un aéroport, finalement, et pas dans une gare. Je crois de toute façon n'avoir pas vu la queue d'un train.

Je me paume là-dedans d'autant plus que je suis en mission. Je cherche. J'ai une photo délavée de Joe Scarti. Un mafieux de New York. Le type est accidentellement devenu une légende vivante : alors qu'il n'était qu'un chef de gang local, quasi un demi-sel, un auteur de comics a donné, sans savoir qu'il existait vraiment, son nom à un énorme caïd du crime (pas LE Caïd, mais pas loin). Tout le monde a cru qu'il tirait des ficelles dans toute la ville. Du coup, Scarti est devenu l'homme à abattre. Il s'est réfugié ici, terré sous des vieux journaux et des couvertures mitées. Il dirige désormais un gang de clodos psychopathes.

C'est son avocat qui m'explique ça alors que nous cherchons. Les sous-sols sépulcraux donnent sur les égouts. S'est-il enfui par là ? On ne sait pas. On remonte. On se perd. Certains escalators ne m'inspirent aucune confiance, je fais de larges détours pour les éviter.

Je perds l'avocat de vue.

Scarti est là, dans un coin, sous ses vieux journaux. Il me fixe. Il a compris que je le cherchais. Je tente vainement de lui expliquer pourquoi. Moi-même j'ai oublié. Mes phrases sans queue ni tête n'ont rien de convainquant. Des clodos armés convergent vers moi.

Je m'enfuis, je cours à contresens dans des escalators déglingués, bousculant des gens chargés de valise contenant des pièces d'avions.

Subitement, je débouche dehors, dans une ville que je ne connais pas, aussi labyrinthique et déglinguée que sa gare. L'avocat m'attend, ironique.

Je me réveille.

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