Accéder au contenu principal

Writever Octobre

 Et c'est donc reparti pour une tranche de micronouvelles, avec cette fois-ci un thème tout à fait spatial. Ça tombe bien, j'ai écrit les dernières en rentrant des Utopiales. Que je vous raconterai, peut-être, quand je m'en serai remis.



1/Lunes
"Ce n'est pas une lune"
"et pour cause, Papy, y en a plusieurs, là."
"Hein ?"
Le Millenium Poulo Condor se trouvait face à une armada de stations spatiales énormes et armées jusqu'aux convecteurs.
Blam Bolo, le pilote, jura entre ses dents avant de mettre la gomme.
 
2/Occultation
L'occultation de l'étoile Mogor par la planète Gervez ne survenait que tous les 3217 ans. Le moment était crucial à chaque fois, voyant naître alternativement héros et destructeurs sans qu'on sache précisément lesquels étaient lesquels.
 
3/Focale
Ajuster la focale du dantescope était une tâche technique, infiniment délicate. Une moitié des opérateurs perdait la raison en contemplant enfin les profondeurs de l'enfer. L'autre aussi, d'ailleurs, mais on ne s'en apercevait que des années après, bien trop tard.
 
4/Libration
L'oracle local était une façon d'interpréter la libration d'un astre particulièrement instable, la 3eme lune de Docrahl. Pour anticiper les arrêts du destin, nombre de fous proposaient des modèles mathématiques prédisant ses oscillations, ajoutant à l'incertitude.
 
5/Rétrograde
Oui, rétrograde c'est ce qui va à l'envers. Y a des planètes comme ça, ça intéresse bien les astronomes qui veulent savoir si la vie y est possible. Y a des médias, aussi, mais ceux-là n'intéressent que les pignoufs. Et l'intelligence en est statistiquement absente.
 
6/Taches stellaires
-Et j'ai tenté de pousser les convecteurs pour dégager le vaisseau et ça a cramé un relais.
-Et ensuite?
-On s'est crashés. Puis j'ai voulu aller à la chasse pour manger.
-Sur Sirius VII ?
-Oui.
-Mais t'es vraiment une tache, en fait. Et de calibre stellaire, encore.
 
7/Terminateur
On lui avait dit que le terminateur de Mercure était une zone interdite, ce qu'il avait noté sans savoir de quoi il s'agissait. Puis il eut envie d'aller contempler le coucher du soleil. La différence de température entre la face et le dos fit exploser le scaphandre.
 
8/Blazar
C'était le problème des noyaux actifs galactiques de type blazar : baignant dans des rayonnements très intenses, ils étaient inadaptés aux forme de vie périphériques. La faune de ces endroits avait quelque chose d'étrange, d'illuminé, et elle mutait constamment.
 
9/Horizon des événements
-L'horizon des événements est une limite au-delà de laquelle tout est englouti.
-Un peu comme quand l'ado de la maison ouvre la porte du frigo à 4h du matin ?
-Voilà, ouais.
-Et dans ce cas ça ressort à l'autre bout aussi?
-Oui ça s'appelle le rayonnement de Hawking.
 
10/Régolithe
C'étaient les pratiquants d'un humour complètement décalé, qu'on qualifiait de "lunaire". Ils étaient plusieurs à s'essayer à cet art, mais le plus grand des lunaires était sans conteste Luis Régolithe.
 
11/Interféromètre
On avait à nouveau mesuré le fond diffus cosmologique avec un gigantesque interféromètre, détectant d'infimes variations. Le signal en présentait de très curieuses. Le projet Seti s'empara du problème et après 20 ans de décodage on tint enfin le Testament Originel.
 
12/Spectral
L'analyse spectrale d'Eta Sorori montrait toutes sortes de matières inconnues. On dépêcha une expédition pour faire des prélèvements. Elle n'en revint pas. Ses membres étaient allés dealer ces substances aux Alphératziens qui les utilisaient à des fins récréatives.
 
13/Ecliptique
En astronavigation, on déconseille de quitter le plan de l'écliptique pour autre chose que le saut hyperspatial. On a trop vite fait de se paumer, ou de tomber sur toutes sortes de saletés errantes, dont des épaves de la guerre contre le Grül.
 
14/Mouvement propre
Rauzvayl avait passé plusieurs millions d'années en hibernation après le crash de son appareil. Lorsqu'il repartit dans les étoiles, leur mouvement propre avait changé toutes les configurations. Il était perdu dans un univers en foutoir.
 
15/Magnétosphère
Le monde avait changé. Charles Xavier et ses X-Men sortaient beaucoup moins pour se fritter sur des parkings contre des mauvais mutants. Le combat s'était déplacé sur internet, contre ce qu'on appelait désormais la "magnétosphère".
 
16/Albédo
C'était le coin de trottoir de l'univers, cette région où les planètes déclassées et leurs lunes en déréliction zonaient, assises sur le trottoir, en se disant "passe-moi l'albédo"
 
17/Obliquité
Où qu'il aille, le professeur de magie croisait le même élève. Dans n'importe quel pays, jusque dans le patelin le plus inaccessible et le plus reculé.
Puis il comprit et l'interpella.
"Mais non, crétin ! le sort à travailler, c'était celui d'obliquité! obliquité!"
 
18/Chondritique
Les fauves dévoreurs de planètes, créatures gigantesques aux mâchoires endiamantées, devenaient féroces et indomptables lorsqu'ils étaient en furie, un vrai fléau. on découvrit que ça leur arrivait lorsqu'il leur restait des miettes chondritiques entre les dents.
 
19/Yarkovski
-Mais ça n'en finit pas ! C'est quoi cette accélération d'un pouïème de g ? on n'est pas rendu !
-Propulsion par effet Tarkovski, faut pas être pressé, c'est vrai. Mais c'est constant.
-C'est Yarkovski, en fait.
-Je vois pas la différence.
 
20/Sursaut gamma
-Faut pas me faire sursauter comme ça ! Après je vomis des torrents de rayons gamma et ça carbonise toute forme de vie à 15 années lumières à la ronde.
-Mais tu avais le hoquet !
-Je suis une céphéïde, connard !
 
 
21/Ephémérides
Lorsque l'ordinateur de navigation lâchait, il fallait recourir à l'éphéméride, un bloc holographique évolutif, permettant de pointer les configurations stellaires de tout le quadrant B. Il a sauvé bien des voyageurs pilotant sous Windows 4002.
 
22/apoastre
La capsule ralentit avant d'atteindre l'apoastre. Il leva péniblement la main pour lancer les moteurs et échapper à cette orbite excentrée. Trop tard, il accélérait de nouveau, retombait vers le trou noir, dont il frôlerait l'horizon avant de s'en éloigner à nouveau.
 
23/Protoétoile
Comment différencier une protoétoile de n'importe quel autre nuage de poussière flottant dans l'espace ? Par la rotation ? La chaleur ? Ça valait le coup de savoir : ces machins s'allumaient parfois sans prévenir, et alors gare à l'imprudent.
 
24/Nuage moléculaire
Le Beegueul traquait des traces de chimie organique au coeur des nuages moléculaires dérivant entre les bras galactiques. Son équipage pensait ainsi découvrir l'origine des Zblobx, immenses structures vivantes dérivant dans l'espace interstellaire. Quelle erreur !
 
25/Rayons cosmiques
Le capitaine de l'expédition avait sciemment exposé son équipage aux rayons cosmiques afin de leur donner un pouvoir merveilleux. Au lieu de quoi, cela les lança dans un compte à rebours macabre avant la dissolution de leur être. On les appela les Quatre Fatidiques.
 
26/Vent stellaire
La voile se déploya entre les tubes de nanocarbone. infiniment fine, métallisée, elle subit le bombardement du vent stellaire avant même d'être tendue. Le vaisseau accéléra peu à peu. Il mettrait des siècles à arriver à destination, mais avait tout son temps.
 
27/Géante glacée
Errant aux confins des systèmes solaires, renvoyée de l'un à l'autre par la gravitation, Farbauti aurait dû être une géante gazeuse. En fait, elle était principalement composée de flocons d'hydrogène gelé flottant dans une mélasse en voie de condensation.
 
28/Monture équatoriale
Il était arrivé à l'observatoire juché sur un lama. L'astronome le jaugea, puis se frappa le front. "Non, pas une monture équatorienne, je t'avais demandé de rapporter une monture équatoriale !!!"
 
29/Ecliptique
Cela faisait plusieurs fois qu'il traversait le plan de l'écliptique. Cet angle très ouvert de son orbite l'emmenait dans des régions de l'espace quasiment vide. Ces passages, dès lors, constituaient le moment le plus intéressant de cette mission.
 
30/Noyau Cométaire
Pour détourner Galactus de la terre, qu'il voulait dévorer, Reed Richards lui offrit l'apéro et lui prépara un cocktail gigantesque. La production mondiale d'alcool de trois mois y passa. En guise de glaçons, il dut ramener trois noyaux cométaires.
 
31/Magnitude
La magnitude n'était pas un bon moyen de déterminer à l'oeil nu la taille et la brillance d'une étoile. Colibri Minor, dans le ciel de Brusca IV, était réputée la plus minuscule de toutes. Mais, très éloignée, elle faisait à elle seule la taille d'un système solaire.
 
 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Au ban de la société

 Tiens, je sais pas pourquoi (peut-être un trop plein de lectures faites pour le boulot, sur des textes ardus, avec prise de note) j'ai remis le nez dans les Justice Society of America de Geoff Johns, période Black Reign . J'avais sans doute besoin d'un fix de super-héros classique, avec plein de persos et de pouvoirs dans tous les sens, de gros enjeux, etc. Et pour ça, y a pas à dire JSA ça fait très bien le job. La JSA, c'est un peu la grand-mère des groupes super-héroïques, fondée dans les années 40, puis réactivée dans les années 60 avec les histoires JLA/JSA su multivers. C'étaient les vieux héros patrimoniaux, une époque un peu plus simple et innocente. Dans les années 80, on leur avait donné une descendance avec la série Infinity Inc . et dans les années 90, on les avait réintégrés au prix de bricolages divers à la continuité principale de DC Comics, via la série The Golden Age , de James Robinson et Paul Smith, qui interprétait la fin de cette époque en la...

La fille-araignée

Tiens, ça fait une paye que j'avais pas balancé une nouvelle inédite... Voilà un truc que j'ai écrit y a 6 mois de ça, suite à une espèce de cauchemar fiévreux. J'en ai conservé certaines ambiances, j'en ai bouché les trous, j'ai lié la sauce. Et donc, la voilà... (et à ce propos, dites-moi si ça vous dirait que je fasse des mini-éditions de certains de ces textes, je me tâte là-dessus) Elle m’est tombée dessus dans un couloir sombre de la maison abandonnée. Il s’agissait d’une vieille villa de maître, au milieu d’un parc retourné à l’état sauvage, jouxtant le canal. Nul n’y avait plus vécu depuis des décennies et elle m’avait tapé dans l’œil un jour que je promenais après le travail, un chantier que j’avais accepté pour le vieil épicier du coin. J’en avais pour quelques semaines et j’en avais profité pour visiter les alentours. Après avoir regardé autour de moi si personne ne m'observait, je m’étais glissé dans une section effondrée du mur d’enceinte, j’...

La fin du moooonde après la fin de l'année

 Ah, tiens, voilà qu'on annonce pour l'année prochaine une autre réédition, après mon Cosmonautes : C'est une version un peu augmentée et au format poche de mon essai publié à l'occasion de la précédente fin du monde, pas celle de 2020 mais celle de 2012. Je vous tiens au courant dès que les choses se précisent. Et la couve est, comme de juste, de Melchior Ascaride.

Perte en ligne

 L'autre soir, je me suis revu Jurassic Park parce que le Club de l'Etoile organisait une projo avec des commentaires de Nicolas Allard qui sortait un chouette bouquin sur le sujet. Bon outil de promo, j'avais fait exactement la même avec mon L'ancelot y a quelques années. Jurassic Park , c'est un film que j'aime vraiment bien. Chouette casting, révolution dans les effets, les dinos sont cools, y a du fond derrière (voir la vidéo de Bolchegeek sur le sujet, c'est une masterclass), du coup je le revois de temps en temps, la dernière fois c'était avec ma petite dernière qui l'avait jamais vu, alors qu'on voulait se faire une soirée chouette. Elle avait aimé Indiana Jones , je lui ai vendu le truc comme ça : "c'est le mec qui a fait les Indiana Jones qui fait un nouveau film d'aventures, mais cette fois, en plus, y a des dinos. Comment peut-on faire plus cool que ça ?" Par contre, les suites, je les ai pas revues tant que ça. L...

Matin et brouillard

On sent qu'on s'enfonce dans l'automne. C'est la troisième matinée en quelques jours où le fleuve est couvert d'une brume épaisse qui rend invisible le rideau d'arbres de l'autre côté, et fantomatique tout ce qui est tapi sur les quais : voiture, bancs, panneaux. Tout a un contraste bizarre, même la surface de l'eau, entre gris foncé et blanc laiteux, alors qu'elle est marronnasse depuis les inondations en aval, le mois dernier. Une grosse barge vient de passer, j'entends encore vaguement dans le lointain son énorme moteur diesel. Son sillage est magnifique, dans cette lumière étrange, des lignes d'ondulations obliques venant s'écraser, puis rebondir sur le bord, les creux bien sombre, les crêtes presque lumineuses. Elles rebondissent, se croisent avec celles qui arrivent, et le jeu de l'interférence commence. Certaines disparaissent d'un coup, d'autres se démultiplient en vaguelettes plus petites, mais conservant leur orienta...

IA, IA, Fhtagn

 En ce moment, je bosse entre autres sur des traductions de vieux trucs pulps apparemment inédits sous nos latitudes. C'est un peu un bordel parce qu'on travaille à partir de PDFs montés à partir de scans, et que vu le papier sur lequel étaient imprimés ces machins, c'est parfois pas clean-clean. Les illustrateurs n'avaient  vraiment peur de rien Par chance, les sites d'archives où je vais récupérer ce matos (bonne nouvelle d'ailleurs archive.org qui est mon pourvoyeur habituel en vieilleries de ce genre, semble s'être remis de la récente attaque informatique qui avait failli m'en coller une. d'attaque, je veux dire) ont parfois une version texte faite à partir d'un OCR, d'une reconnaissance de caractère. Ça aide vachement. On s'use vachement moins les yeux. Sauf que... Ben comme c'est de l'OCR en batch non relu, que le document de base est mal contrasté et avec des typos bien empâtées et un papier qui a bien bu l'encre, le t...

Sorties

Hop, vite fait, mes prochaines sorties et dédicaces : Ce week-end, le 9 novembre, je suis comme tous les ans au Campus Miskatonic de Verdun, pour y signer toute mon imposante production lovecraftienne et sans doute d'autres bouquins en prime.   Dimanche 1er décembre, je serai au Salon des Ouvrages sur la BD à la Halle des blancs manteaux à Paris, avec mes vieux complices des éditions La Cafetière. Je participerai également à un Congrès sur Lovecraft et les sciences, 5 et 6 décembre à Poitiers.

Au nom du père

 Tout dernièrement, j'ai eu des conversations sur la manière de créer des personnages. Quand on écrit, il n'y a dans ce domaine comme dans d'autre aucune règle absolue. Certains personnages naissent des nécessité structurelle du récit, et il faut alors travailler à leur faire dépasser leur fonction, d'autres naissent naturellement d'une logique de genre ou de contexte, certains sont créés patiemment et se développent de façon organique et d'autres naissent d'un coup dans la tête de leur auteur telle Athéna sortant armée de celle de Zeus. Le Père Guichardin, dans les Exilés de la plaine , est un autre genre d'animal. Lui, c'est un exilé à plus d'un titre. Il existe depuis un sacré bail, depuis bien avant le début de ma carrière d'auteur professionnel. Il est né dans une nouvelle (inédite, mais je la retravaillerai à l'occasion) écrite il y a plus d'un quart de siècle, à un moment où je tentais des expériences d'écriture. En ce temp...

Et merde...

J'avais une idée d'illus sympa, un petit détournement pour mettre ici et illustrer une vacherie sur notre Leader Minimo, histoire de tromper l'ennui que distille cette situation pré insurrectionnelle pataude et molle du chibre dans laquelle tente péniblement de se vautrer l'actualité. Et donc, comme de juste en pareil cas, je m'en étais remis à gougueule pour trouver la base de mon détournement. Le truc fastoche, un peu potache, vite fait en prenant mon café. Sauf que gougueule est impitoyable et m'a mis sous le nez les oeuvres d'au moins deux type qui avaient exactement eu la même idée que moi. Les salauds. Notez que ça valide mon idée, d'une certaine façon. Mais quand même. C'est désobligeant. Ils auraient pu m'attendre. C'est un de ces cas que mon estimable et estimé collègue, le mystérieux J.W., appelle "plagiat par anticipation". Bon, c'est plutôt pas mal fait, hein. Mais ça m'agace.

Deux-ception

 C'est complètement bizarre. Je rêve de façon récurrente d'un festival de BD qui a lieu dans une ville qui n'existe pas. L'endroit où je signe est dans un chapiteau, sur les hauteurs de la ville (un peu comme la Bulle New York à Angoulème) mais entre cet endroit et la gare routière en contrebas par laquelle j'arrive, il y a un éperon rocheux avec des restes de forteresse médiévale, ça redescend ensuite en pente assez raide, pas toujours construite, jusqu'à une cuvette où il y a les restaus, bars et hôtels où j'ai mes habitudes. L'hôtel de luxe est vraiment foutu comme ça sauf que la rue sur la droite est en très forte pente Hormis l'avenue sur laquelle donne l'hôtel de luxe (où je vais boire des coups dans jamais y loger, même en rêve je suis un loser), tout le reste du quartier c'est de la ruelle. La géographie des lieues est persistante d'un rêve à l'autre, je sais naviguer dans ce quartier. Là, cette nuit, la particularité c'ét...