Accéder au contenu principal

Writever novembre, première partie

 Remember remember the date of writever, c'est de saison. Et donc, voici la première partie de la liste concoctée par Ketty Steward elle-même, ce mois-ci.

1/Silence
Il prit conscience d'une anomalie en arrivant en ville. Même lorsque les rues étaient vides, au coeur de la nuit, il subsistait des bourdonnements, des éclats de voix dans le lointain, l'écoulement des caniveaux.
Là, rien. Pas le moindre son.
Prudemment, il avança.
 
2/Appartenir
Cette notion d'appartenance lui avait toujours semblé fumeuse. Appartenait-il aux groupes auxquels ont l'associait? Il avait l'impression de traverser la vie comme un fantôme. Peut-être en était-il un du reste. Il ne savait pas. Il comprit plus tard. Trop, d'ailleurs.
 
3/Lasagne
Du fait de l'organisation en feuilleté des réacteurs de nouvelle génération, on avait surnommé leur combustible "lasagne". Dans le jargon des opérateurs, les incidents potentiels avaient des noms de recettes. La bolognaise était le pire de tous, de niveau IV.
 
4/Vérité
"Qu'est-ce que la vérité ?" demanda le procurateur au prisonnier qu'on avait traîné devant lui.
"Sommes-nous ici pour discuter de hautes considérations philosophiques ou pour tenter de faire avancer la condition humaine ?" répondit ce dernier.
Il prit très cher.
 
5/Mosaïque
Ce prototype : une mosaïque de puces reliées par des câblages semi aléatoires. Il s'agissait, d'accéder à la conscience artificielle en émulant l'organisation chaotique de l'esprit humain.
Cela produisit une simulation de l'esprit de Jo Dassin sans qu'on sût pourquoi.
 
6/Connexion
-Le signal crypté passe par un serveur underground à Shinjuku, rebondit vers la Barbade et la base de données des Mormons et enfin est renvoyé ici via un satellite militaire. Intraçable.
-Tu te donnes quand même vachement du mal pour télécharger du Sylvie Vartan.
 
7/Porte
Tout ce voyage initiatique l'avait conduit devant cette porte, au prix de souffrances et de la perte d'amis. Elle était entrouverte. Il glissa un oeil. Il avait mis vingt ans à en arriver là. Puis il haussa les épaules et tourna les talons.
 
8/Cafard
En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor le cafard se retrouva, dans son lit, métamorphosé en un monstrueux mammifère. Il était sur le ventre, aussi mou qu'un pain moisi et, en tournant la tête, il vit son dos aux vertèbre saillantes...
 
9/Arbre
Sur Uleg poussaient les arbres les plus immenses de la galaxie, vénérés par les populations de tout le quadrant. Le combinat Syrtis Major/Ikea/Leroy-Merlin acheta la planète et y installa une usine d'aggloméré, capable de traiter 18.000 tonnes de grumes par jour.
 
10/Writever
Le vieil ermite avait installé devant sa cabane une sorte d'épouvantail, au fond du désert reculé.
Interrogé par un pèlerin surpris par l'étrange structure, dont il devinait la composante spirituelle, le vieil homme répondit simplement :
"c'est un menace-fantôme"
 
11/Absurde
Le plus pénible pour Gzorg dans cette mission sur Terre ce n'était pas l'atmosphère oxygènée ni la nourriture indigeste mais l'absurde des codes sociaux, ces rapports régis par des hiérarchies complexes, que l'on niait officiellement, et par des "chiffres d'échange"
 
12/Enfer
Plus Gzorg passait de temps parmi les humains, sous une apparence dupliquant la leur, plus il était persuadé que la Terre reprenait toutes les caractéristiques de l'enfer, tel que méticuleusement décrit dans les textes sacrés de Phenacz IV.
 
13/Mort
2020: les dieux s'occupant de ces choses remplacèrent la Mort. Elle ne jouait plus aux échecs, ne parlait plus en capitales, devint un être insignifiant qui en appelait au bon sens, expliquait que la plupart des causes de décès n'existaient pas. l'efficacité doubla.
 
14/Secrets
Dakota Williams pénétra dans le temple Morbèque, bien décidé à en percer tous les secrets. Il ne fit qu'en ajouter un nouveau : nul ne sut jamais ce qui y causa sa disparition, et d'autres archéologues aventuriers s'interrogèrent là-dessus des décennies durant.
 
15/Placard
-Monstre du placard n'est pas un métier honteux, vous savez. Vous pouvez faire carrière en effrayant bien les habitants.
-C'est que je suis ange gardien, de formation.
-C'est dans la catégorie 'créature surnaturelle attachée à une personne/lieu'. l'offre est valide.
 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le diable dans les détails

 La nouvelle série Daredevil, Born Again vient de commencer chez Disney, reprenant les mêmes acteurs que l'ancienne et développant des choses intéressantes, pour ce qu'on en voit jusqu'ici, faisant évoluer la relation entre Fisk et Murdock, le Kingpin étant désormais traité sous un angle plus politique, avec quelques coups de pieds de l'âne envers Trump et ses thuriféraires, ce qui après tout est de bonne guerre. J'étais un peu passé à côté de la vieille série, dont je n'avais pas vu grand-chose, mais je j'ai tranquillement rattrapé ces derniers temps, la réévaluant à la hausse.   Du coup, ça m'a surtout donné envie de me remettre aux comics. Daredevil, c'est un personnage que j'ai toujours bien aimé. Je me suis donc refait tous les Miller en une petite semaine. Hormis quelques épisodes, je n'avais pas relu ça d'un bloc depuis une bonne dizaine d'années. Ça reste un des runs fondamentaux sur le personnage, et tout ce qui vient après...

Numérologie

Tous les auteurs, je crois, ont leur petites coquetteries et afféteries d'écriture, des trucs auxquels ils tiennent et qui ne fascinent généralement qu'eux, et que personne ne remarque vraiment.   Bon, tout le monde a remarqué mes titres alambiquées sur la trilogie du Chien Noir , en allitération, reprenant la première phrase de chaque roman. C'était pour moi un moyen de me glisser dans des formes très anciennes, des codes de l'épopée, même si, fondamentalement, je ne sais pas si ces textes constituent en soi des épopées. Ils ont quelques moments épiques, je crois, mais ce n'en est pas la clé principale. Plus discret, il y a un jeu numérologique qui a émergé en cours de route. Mais reprenons : Trois Coracles, au départ, était conçu comme un one shot . Ce qui m'avait motivé, je l'ai déjà raconté, c'était l'histoire d'Uther, j'avais l'idée de transformer cette note en bas de page du récit arthurien en intrigue principale. Une fois le roman...

Le grand livre des songes

 Encore un rêve où je passais voir un de mes éditeurs. Et bien sûr, celui que j'allais voir n'existe pas à l'état de veille, on sent dans la disposition des locaux, dans les gens présents, dans le type de bouquins un mix de six ou sept maisons avec lesquelles j'ai pu travailler à des titres divers (et même un peu d'une agence de presse où j'avais bossé du temps de ma jeunesse folle). Et, bien sûr, je ne repars pas sans que des gars bossant là-bas ne me filent une poignée de bouquins à emporter. Y avait des comics de Green Lantern, un roman, un truc sur Nightwing, un roman graphique à l'ambiance bizarre mettant en parallèle diverses guerres. Je repars, je m'aperçois que j'ai oublié de demander une nouveauté qui m'intéressait particulièrement, un autre roman graphique. Ça vient de fermer, mais la porte principale n'a pas encore été verrouillée. Je passe la tête, j'appelle. J'ai ma lourde pile de bouquins sous le bras. Clic. C'était ...

Unions, ré-unions, il en restera toujours quelque chose si on s'y prend pas comme des chancres

 Bon, j'en ai jamais fait mystère, mais j'ai tendance à faire savoir autour de moi que la réunionite est un peu le cancer de notre société moderne. Je supporte pas les grandes tablées où, passé l'ordre du jour ça oscille entre le concours de bite et la branlette en rond, pour des résultats concerts qui seraient obtenus en règle générale avec un mail de dix lignes.   éviter la Cogip   Quoi ? Oui, je suis inapte au simagrées du monde de l'entreprise moderne, chacun de mes passages dans des grands groupes m'a convaincu que c'étaient des carnavals de... non, aucun mot utilisable en public ne me vient. Et mes passages aux conseils d'administrations d'associations n'ont pas été mieux. Le problème, ce n'est même pas la structure, qu'elle soit filiale d'un truc caquaranqué ou petit truc local tenu avec des bouts de ficelle. Et pourtant, des fois, faut bien en passer par là, j'en ai conscience. Voir les gens en vrai, se poser autour d'une ...

Medium

 Un truc que je fais de temps en temps, c'est de la médiation culturelle. Ce n'est pas mon métier, mais je connais suffisamment bien un certain nombre de sujets pour qu'on fasse appel à moi, parfois, pour accompagner des groupes scolaires dans des expos, des trucs comme ça. Là, on m'a appelé un peu à l'arrache pour accompagner une animation interactive sur les mangas, et notamment les mangas de sport, avec des groupes de centres de loisirs. Bon, c'est pas ma discipline de prédilection, j'ai révisé un peu vite fait. Le truc, c'est qu'on m'en a causé la semaine passée. La personne qui devait s'en charger était pas trop sur d'elle. La mairie du coin (dans une banlieue un poil sensible) voyait pas le truc bien s'emmancher, la patronne d'une asso où je donne des cours l'a su, a balancé mon nom, m'a prévenu... Et c'en était resté là. Je restais à dispo au cas où. On m'a rappelé ce matin "bon, on va avoir besoin de t...

L'éternel retour

 Bon, c'est l"heure de notre traditionnelle minute d'expression gueuledeboitesque de fin janvier début février. Mon ressenti (page de Marvano à l'expo SF) (c'est toujours un moment fort de voir les originaux de pages tellement frappantes qu'elles se sont gravées à vie dans votre tête) Jeudi : Je n'avais pas prévu d'arriver le jeudi, au départ. Après cinq mois de boulot ultra-intense, déjà à genoux avant même le festival, je me disais qu'une édition plus ramassée à mon niveau serait plus appropriée. Divers événements en amont m'amènent à avancer largement mon arrivée. Il y a une réunion de calage sur un projet qui doit se faire là-bas, plutôt en début de festival. Dont acte. Ça m'amène à prendre les billets un peu au dernier moment, de prendre les billets qui restent en fonction du tarif aussi, donc là j'ai un changement, ça cavale, et je suis en décalé, ça aura son importance. Quand j'avais commencé à préparer mon planning, j'ava...

Trop de la Bal

 Bon, parmi les petits plaisirs angoumoisins, hormis les moments passés avec des amis et amies qu'on voit trop peu, hormis les bouteilles, hormis les expos d'originaux, il y a aussi fouiller dans les bacs. C'est ainsi que j'ai mis la main à vil prix sur un Savage Sword of Conan dans la collection Hachette. Je dois avoir dix ou douze de ces bouquins réimprimant au départ les aventures des années 70, publiées à l'époque en noir et blanc et en magazine, du célèbre Cimmérien de Robert E. Howard, souvent pris pour lire dans le train, quand j'en chopais un à la gare. Autant dire que ma collection est salement dépareillée. Mais comme ce sont à chaque fois des récits complets, ça n'a guère d'importance. En fait, c'est typiquement la série dans laquelle vous pouvez taper au pif sans trop de risque de déception.      Celui-ci, le n°5, je m'en voulais de l'avoir raté et je n'avais pas réussi à remettre la main dessus par la suite. Graphiquement y a...

Le grand méchoui

 Bon, l'info est tombée officiellement en début de semaine : Les Moutons électriques, c'est fini. Ça aura été une belle aventure, mais les événements ont usé et ruiné peu à peu une belle maison dans laquelle j'avais quand même publié dix bouquins et un paquet d'articles et de notules ainsi qu'une nouvelle. J'ai un pincement au coeur en voyant disparaître cet éditeur et j'ai une pensée pour toute l'équipe.   Bref. Plein de gens me demandent si ça va. En fait, oui, ça va, je ne suis pas sous le choc ni rien, on savait depuis longtemps que ça n'allait pas, j'avais régulièrement des discussions avec eux à ce sujet, je ne suis pas tombé des nues devant le communiqué final. Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? Que les dix bouquins que j'évoquais plus haut vont quitter les rayonnages des libraires. Si vous êtes en retard sur Cosmonautes ! ou sur Le garçon avait grandi en un gast pay s, notamment, c'est maintenant qu'il faut aller le...

Reconnaissance

 Tout récemment, pour deux boulots distincts, il a fallu que j'apprenne à me servir d'un OCR, d'un logiciel de reconnaissance de caractères. Au départ, ça a eu un côté antichambre de l'enfer. J'ai hésité à me retaper des kilomètres de texte à la main. Et puis finalement j'ai insisté. C'est technique, l'OCR, surtout quand on n'est pas formidablement équipé. J'avais un vieux texte à récupérer pour un boulot de direction d'ouvrage, écrit petit, dont n'existait aucune version numérique nulle part, ni en VO, ni en VF. Il a fallu que j'emprunte la seule édition française (merci encore, Bruno, t'es un chef), que je photographie tout avec mon téléphone, et que je bidouille. Inutile de dire que ça a été long. Et qu'au départ, toutes mes tentatives de reconnaissances de caractères m'arrivaient en bouillie. Ce truc n'est pas une science exacte. Mais, à l'usage, j'ai trouvé quelques astuces. D'abord, éclairer à balles....

Ça va s'arranger, Monsieur Milan !

Hop, encore un petit article sauvé du naufrage de superpouvoir. J'ai hésité à le poster sur la nouvelle version du site, et puis finalement je le rapatrie ici, comme ça ne parle pas vraiment de comics. Petit tour de table pour débuter la négo La provocation a toujours été consubstantielle de l'activité artistique. à quoi ça tient, mystère. Peut-être au fait que l'artiste, par nature, est un peu en marge du corps social et a donc la distance nécessaire pour l'interroger. Mais "provocation", le mot semble faible pour qualifier les outrances de Laibach. travailleurs de tous les pays... Pour ceux qui ne connaissent pas, Laibach, c'est un peu l'ancêtre sous amphètes de Rammstein. D'ailleurs, un des membres de Laibach le disait : "ouais, c'est bien, ce qu'ils font, Rammstein. Ils rendent notre style de musique accessible aux kids, c'est important." Je paraphrase. Mais donc, provocation. C'est un mot qu...