Hop, une petite fournée de writevers…
Il faudrait aussi que je collationne les micro-nouvelles réalisées dans le cadre d'Hebdocubes. Y en a des bien marrantes…
1/Chaud
On sonna au sauna. Sonné dans ses sanies, Sonny s'en fut simuler une syncope. C'est pas fini, saucisse ? siffla Cindy.
Elle le souffleta et Sonny s'y sentit.
La suite est trop chaude pour être citée, désolé.
2/Crochet
"à l'abordage, rebuts de fond de cale !"
Le capitaine vociférait. Ces parodies de combat naval, où ils attaquaient indifféremment pécaris et opossums, lui semblaient un moyen d'entretenir le moral de l'équipage depuis qu'ils avaient échoué sur l'île imaginaire.
3/Patron ?
-Oui ?
-Et pour la planète qui reste, on fait quoi ?
-Ah, je l'avais oubliée, celle-la. Tu n'as qu'à foutre les concepts abandonnés.
-Ça roule, patron.
Et c'est ainsi que les tardigrades, ornithorynques et autres humains héritèrent de la terre.
4/Chaîne
Il descendit dans les tréfonds, trouva le manuscrit le moins bien conservé, vérifia qu'il n'en eût pas de copie plus récente et entreprit de le retranscrire, traduisant les termes les plus obscurs, tel un maillon d'une chaine millénaire transmettant le savoir.
5/Moutons
Le mouton mutant montait à la maintenance. Maintenant, maintenait-il, il m'arrive de m'ignorer. Je maudis le manque de monnaie qui m'empêche de manier la mamie. Elle m'a renié à la mairie.
6/Bâtir…
Ils s'y employaient depuis des siècles. La tour s'élevait tant et plus et on lapidait les faux prophètes prétendant qu'on ne saurait atteindre le ciel ainsi. L'air se raréfiait peu à peu. La tour grandissait. Un jour, les ouvriers cessèrent de descendre.
7/Doublure
Le dictateur planétaire s'était enfoncé dans la paranoïa et se faisait remplacer de plus en plus par des doublures lors des apparitions publiques. Le coup d'état consista à le remplacer par l'une d'entre elles, un type bienveillant embauché par erreur.
8/Fer
La barre rougeoyait encore, et le marteau s'abattait sans relâche, la déformant un peu plus à chaque fois. Il fit une pause pour marquer son milliardième coup. Créer une lame d'exception était toujours long. En créer une pour un dieu prenait toujours une éternité.
9/Maille
Sa cotte lui tenait chaud sous le soleil brûlant, le ralentissait, mais était sa seule protection contre ses ennemi tapis quelque part.
Au bout de quatre jours de désert, il n'y tint plus et dut la laisser sur le sable. Le lendemain, l'adversaire le rattrapait.
10/Carton
Le métier de tireur d'élite a évolué avec la conquête spatiale : en combat interplanétaire il s'agit désormais de calculer des différentiels de vitesse se mesurant en km/s. Les experts sont capable de faire un carton à trois unités astronomiques de distance.
Il s'était infiltré en expert, s'inventant un nom, un métier, un passé et avait étudié les bizarreries de cette planète pendant longtemps mais n'avait pas tenu compte de la longueur du voyage. Grimé en patricien romain, il fut arrêté à son arrivée en 2021.
12/Aiguille
L'Aiguille, immense vaisseau effilé, destiné à percer la trame de l'espace-temps pour rapprocher les systèmes stellaires distants voyageait sans trêve entre les mondes, portant messages et gens.
La fédération bâtie ainsi fut donc appelée "le patchwork".
13/Crêpe
Ce terme anodin était devenu parfaitement grossier pour les pilotes, qui s'en servaient d'interjection violente. Pour eux, plus qu'un repas, il désignait l'état dans lequel on retrouvait leurs collègues après une translation surluminique ratée par l'espace-2.
14/Isoler
Il avait passé des jours à coller des plaques sur ce mur. Le froid passait encore. Les couches se multipliaient, jointoyées avec une mousse adaptée, sans résultat.
Alors il comprit que le froid était en lui.
Il sortit, livrant son corps aux éléments glacés.
15/Armure
Tout chez lui était armure. Sa profession, ses habits, son humour, ses bizarreries, tout faisait écran entre lui et un monde qu'il jugeait hostile et incompréhensible.
il en avait oublié qui il était à l'intérieur, s'il l'avait jamais su.
Commentaires
Je continue à écrire sur un mot au hasard chaque jour (idée inspirée par vos Writever), pour une fois nous avons un mot en commun, je me permets de glisser ce que m'avait inspiré "aiguille" :
C’est en revoyant Le Coup du parapluie que l’idée avait pris forme : si les Bulgares avaient empoisonné leurs parapluies, il était possible d’en faire de même avec des aiguilles à tricoter. Les mouvements féministes s’étaient passé le mot, et la guerre aux phallocrates avait pris une autre tournure. Dans le métro, le bus, sur les bancs des squares… personne ne se méfie d’une femme qui tricote.
il me semble qu'il y avait eu une loi normalisant les aiguilles à chapeau et à chignons, à la belle époque. les rixes entre ces dames pouvaient dégénérer en drames lorsqu'elles s'en servaient comme armes…
mais oui, ça secoue les neurones, et si j'archive tout ça sur le blog, c'est pour avoir des bataillons de pitchs et d'idées prêts à servir…