Accéder au contenu principal

Writever Avril, part 1

Hop, une petite fournée de writevers…

Il faudrait aussi que je collationne les micro-nouvelles réalisées dans le cadre d'Hebdocubes. Y en a des bien marrantes…



1/Chaud
On sonna au sauna. Sonné dans ses sanies, Sonny s'en fut simuler une syncope. C'est pas fini, saucisse ? siffla Cindy.
Elle le souffleta et Sonny s'y sentit.
La suite est trop chaude pour être citée, désolé.

2/Crochet
"à l'abordage, rebuts de fond de cale !"
Le capitaine vociférait. Ces parodies de combat naval, où ils attaquaient indifféremment pécaris et opossums, lui semblaient un moyen d'entretenir le moral de l'équipage depuis qu'ils avaient échoué sur l'île imaginaire.
 
3/Patron ?
-Oui ?
-Et pour la planète qui reste, on fait quoi ?
-Ah, je l'avais oubliée, celle-la. Tu n'as qu'à foutre les concepts abandonnés.
-Ça roule, patron.
Et c'est ainsi que les tardigrades, ornithorynques et autres humains héritèrent de la terre.
 
4/Chaîne
Il descendit dans les tréfonds, trouva le manuscrit le moins bien conservé, vérifia qu'il n'en eût pas de copie plus récente et entreprit de le retranscrire, traduisant les termes les plus obscurs, tel un maillon d'une chaine millénaire transmettant le savoir.
 
5/Moutons
Le mouton mutant montait à la maintenance. Maintenant, maintenait-il, il m'arrive de m'ignorer. Je maudis le manque de monnaie qui m'empêche de manier la mamie. Elle m'a renié à la mairie.
 
6/Bâtir…
Ils s'y employaient depuis des siècles. La tour s'élevait tant et plus et on lapidait les faux prophètes prétendant qu'on ne saurait atteindre le ciel ainsi. L'air se raréfiait peu à peu. La tour grandissait. Un jour, les ouvriers cessèrent de descendre.
 
7/Doublure
Le dictateur planétaire s'était enfoncé dans la paranoïa et se faisait remplacer de plus en plus par des doublures lors des apparitions publiques. Le coup d'état consista à le remplacer par l'une d'entre elles, un type bienveillant embauché par erreur.
 
8/Fer
La barre rougeoyait encore, et le marteau s'abattait sans relâche, la déformant un peu plus à chaque fois. Il fit une pause pour marquer son milliardième coup. Créer une lame d'exception était toujours long. En créer une pour un dieu prenait toujours une éternité.
 
9/Maille
Sa cotte lui tenait chaud sous le soleil brûlant, le ralentissait, mais était sa seule protection contre ses ennemi tapis quelque part.
Au bout de quatre jours de désert, il n'y tint plus et dut la laisser sur le sable. Le lendemain, l'adversaire le rattrapait.
 
10/Carton
Le métier de tireur d'élite a évolué avec la conquête spatiale : en combat interplanétaire il s'agit désormais de calculer des différentiels de vitesse se mesurant en km/s. Les experts sont capable de faire un carton à trois unités astronomiques de distance.
 
11/Couverture
Il s'était infiltré en expert, s'inventant un nom, un métier, un passé et avait étudié les bizarreries de cette planète pendant longtemps mais n'avait pas tenu compte de la longueur du voyage. Grimé en patricien romain, il fut arrêté à son arrivée en 2021.
 
12/Aiguille
L'Aiguille, immense vaisseau effilé, destiné à percer la trame de l'espace-temps pour rapprocher les systèmes stellaires distants voyageait sans trêve entre les mondes, portant messages et gens.
La fédération bâtie ainsi fut donc appelée "le patchwork".
 
13/Crêpe
Ce terme anodin était devenu parfaitement grossier pour les pilotes, qui s'en servaient d'interjection violente. Pour eux, plus qu'un repas, il désignait l'état dans lequel on retrouvait leurs collègues après une translation surluminique ratée par l'espace-2.
 
14/Isoler
Il avait passé des jours à coller des plaques sur ce mur. Le froid passait encore. Les couches se multipliaient, jointoyées avec une mousse adaptée, sans résultat.
Alors il comprit que le froid était en lui.
Il sortit, livrant son corps aux éléments glacés.
 
15/Armure
Tout chez lui était armure. Sa profession, ses habits, son humour, ses bizarreries, tout faisait écran entre lui et un monde qu'il jugeait hostile et incompréhensible.
il en avait oublié qui il était à l'intérieur, s'il l'avait jamais su.
 

Commentaires

Côme a dit…
Toujours un plaisir de lire vos fulgurances quotidiennes. Il y a d'excellentes idées "one shot" et d'autres qui pourraient devenir de vraies histoires, "couverture" par exemple, un voyageur spatial d'une civilisation avancée qui connaît un choc culturel en découvrant une Terre plus avancée qu'il ne pensait, joli paradoxe. Belles allitérations aussi, est-ce une façon de faire venir l'inspiration ?!
Je continue à écrire sur un mot au hasard chaque jour (idée inspirée par vos Writever), pour une fois nous avons un mot en commun, je me permets de glisser ce que m'avait inspiré "aiguille" :
C’est en revoyant Le Coup du parapluie que l’idée avait pris forme : si les Bulgares avaient empoisonné leurs parapluies, il était possible d’en faire de même avec des aiguilles à tricoter. Les mouvements féministes s’étaient passé le mot, et la guerre aux phallocrates avait pris une autre tournure. Dans le métro, le bus, sur les bancs des squares… personne ne se méfie d’une femme qui tricote.
Alex Nikolavitch a dit…
pas mal. j'ai une vision de personnage à la Rosa Klebb dans Bons Baisers de Russie, du coup…

il me semble qu'il y avait eu une loi normalisant les aiguilles à chapeau et à chignons, à la belle époque. les rixes entre ces dames pouvaient dégénérer en drames lorsqu'elles s'en servaient comme armes…

mais oui, ça secoue les neurones, et si j'archive tout ça sur le blog, c'est pour avoir des bataillons de pitchs et d'idées prêts à servir…

Posts les plus consultés de ce blog

C Jérôme

 Ah, on me souffle dans l'oreillette que c'est la Saint Jérôme, en l'hommage au patron des traducteurs, et plus précisément des traducteurs qui se fâchent avec tout le monde, parce qu'il était très doué dans ce second domaine, le gaillard.   Jéjé par Léonard   Bon, après, et à sa décharge, c'est une époque où le dogme est pas totalement fixé et où tout le monde s'engueule en s'envoyant des accusations d'hérésie à la figure. À cette occasion, le Jéjé se montre plus polémique que traducteur et doit se défendre parce qu'il a aussi traduit des types convaincus ensuite d'hérésie. De nos jours, son grand oeuvre c'est la traduction latine de la Bible. Ce n'est pas la première du genre, mais c'est la plus précise de l'époque. Il s'est fondé notamment sur une version d'Origène (un des hérétiques qui lui vaudront des problèmes) qui mettait en colonnes six versions du texte, deux en hébreu et quatre en grec et fait des recherches de ...

Bonneteau sémantique

Bon, même si j'ai pas vraiment d'éditeur en ce moment, pour les raisons que vous savez (si vous êtes éditeur et que je vous ai pas encore embêté en vous envoyant mes trucs, manifestez-vous), je continue à écrire.   Avec le temps, j'en ai déjà causé, je suis devenu de plus en plus "jardinier", en ce sens que quand je commence à écrire, je n'ai plus qu'un plan très succinct, indiquant juste la direction du récit et ses grosses balises et je me laisse porter par les situations et les personnages. Bon, une des raisons, c'est que quand je faisais des plans détaillés, j'en foutais la moitié au panier en cours de route. Une autre, c'est que je me fais plus confiance, à force. Là où j'ai changé mon fusil d'épaule, c'est que le truc sur lequel je bosse en ce moment est un roman d'anticipation (développant l'univers posé dans quelques unes de mes nouvelles, on retrouve d'ailleurs un personnage) et pas de fantasy. Mon plan se rédui...

Return of the space cow-boy

 À l'occasion de ma pause post-prandiale, je m'étais remis la scène d'ouverture d' Il était une fois dans l'ouest , parce que ça fait du bien des fois de revenir aux fondamentaux. Et puis, alors que je tentais de me remettre au boulot, j'ai tilté que le nouvel épisode d' Alien Earth venait de sortir. Bon, j'en causerai pas plus avant aujourd'hui, because que j'attends la fin de la série pour me faire un avis définitif (j'aime bien  Noah Hawley à la base, y a des choses que j'apprécie là-dedans et d'autre dont... j'attends de voir comment elles vont évoluer), mais j'ai eu un petit tilt. Ça représentait en apparence une sorte de grand écart conceptuel et esthétique, Charles Bronson et son harmonica d'un côté, Timothy Olyphant peroxydé téléchargeant des données biologiques de l'autre, sauf que... non, en fait. Ben oui, le western et le récit spatial (bon, même si on est pas dans le spatial avec Alien Earth , mais avec la...

Causes, toujours

 Dans la mesure où j'ai un peu de boulot, mais que ce n'est pas du tout intense comme ça a pu l'être cette année, j'en profite pour tomber dans des trous du lapin de documentation, qui vont de la ville engloutie de Kitej (pour une idée de roman avec laquelle je joue depuis l'an passé mais que je ne mettrai pas en oeuvre avant de l'avoir bien fait mûrir) à des considérations sur les influences platoniciennes sur le christianisme et le gnosticisme primitifs (pour me tenir à jour sur des sujets qui m'intéressent de façon personnelle) à des trucs de physiques fondamentale pour essayer des comprendre des choses sans doute trop pointues pour moi.     Là, ce soir, c'étaient des conversations entre physiciens et un truc m'a fait vriller. L'un d'entre eux expliquait que la causalité est une notion trop mal définie pour être encore pertinente en physique. Selon lui, soit on la repense, soit on la vire. Il cite un de ses collègues britanniques qui disai...

Fils de...

Une petite note sur une de ces questions de mythologie qui me travaillent parfois. Je ne sais pas si je vais éclairer le sujet ou encore plus l'embrouiller, vous me direz. Mon sujet du jour, c'est Loki.  Loki, c'est canoniquement (si l'on peut dire vu la complexité des sources) le fils de Laufey. Et, mine de rien, c'est un truc à creuser. Chez Marvel, Laufey est représenté comme un Jotun, un géant. Et, dans la mythologie nordique, le père de Loki est bien un géant. Sauf que... Sauf que le père de Loki, en vrai, c'est un certain Farbauti, en effet géant de son état. Un Jotun, un des terribles géants du gel. Et, dans la poésie scaldique la plus ancienne, le dieu de la malice est généralement appelé fils de Farbauti. Laufey, c'est sa mère. Et, dans des textes un peu plus tardifs comme les Eddas, il est plus souvent appelé fils de Laufey. Alors, pourquoi ? En vrai, je n'en sais rien. Cette notule n'est qu'un moyen de réfléchir à haute voix, ou plutôt...

Si tu ne viens pas à Cthulhu, Cthulhu viendra à toi !

Ça ne change pas, je vais encore passer du temps et noircir du papier à cause de Lovecraft. Il ne me lâchera jamais. Ou je ne le lâcherai pas, c'est comme une valse indicible.    Bref, dans les semaines à venir, il va encore y avoir du tentacule, c'est moi qui vous le dis. Jeudi 9  octobre à 18h30 je donnerai une conférence sur Lovecraft à la Bibliothèque Francophone Multimédia (non, je ne suis pas invité sur BFM, je me respecte, un peu, quand même) de Limoges. Si vous avez des bouquins à signer, amenez-les, c'est prévu.   Vendredi 21 et samedi 22 novembre je serai au Campus Miskatonic de Verdun comme tous les ans, et cette année, en partenariat avec Actu-SF il y aura une anthologie thématique, Pixels Hallucinés, à laquelle je participe. Par ailleurs, le samedi 3 octobre je serai à Marmande pour le petit salon des Ukronies du Val, dans un joli cadre et avec une organisation très sympathique. 

Rebooteux

 Bon, on a profité de l'été pour se faire des sorties cinés avec la tribu Lavitch. Et comme il y a un tropisme comics par ici, ça a été Superman et Fantastic Four.     Pas grand-chose à dire sur le FF , qui est dans la moyenne des films Marvel en termes de scénar, mais bénéficie d'une belle direction artistique et d'un ton qui, pour le coup, colle assez avec ce qu'on était en droit d'attendre d'un film sur le quatuor le plus emblématique des comics, et qu'aucun des films précédents qui leur étaient consacrés n'arrivait à approcher (à part peut-être un peu le Corman, mais on reconnaîtra que c'est un cas particulier). Pas le film de l'année, mais un moment fun et coloré. On notera que prendre une actrice qui s'appelle Kirby pour faire le personnage le plus stanleesque de la bande ne manque pas d'ironie, mais elle fait bien le job, donc...  Fun et coloré, ce sont aussi des mots qui viennent à l'esprit en voyant le Superman , James Gunn ...

Sur la route encore

 Longtemps que je n'avais pas rêvé d'un voyage linguistique. Ça m'arrive de temps en temps, je ne sais pas pourquoi. Là j'étais en Norvège, je me retrouve à devoir aller dans le nord du pays pour accompagner un groupe, je prends un ferry puis une sorte de car pour y aller. Une fois sur place, on se fait une forteresse de bois surplombant un fjord, c'est féérique et grandiose. Pour le retour, pas de car. On me propose un camion qui redescend par la Suède, j'accepte le deal. Je me retrouve à voyager à l'arrière d'abord puis, après la douane, je passe devant avec le conducteur qui parle un français bancal et son collègue co-pilote qui cause un anglais foireux. Bon baragouine en suivant des routes tortueuses entre des pins gigantesques. Y a des étapes dans des trucs paumés où on s'arrête pour manger, un début de bagarre qu'on calme en payant une bouffe à tout le monde. Des paysages chouettes. Je suis jamais arrivé à destination, le réveil a sonné, ma...

Sonja la rousse, Sonja belle et farouche, ta vie a le goût d'aventure

 Je m'avise que ça fait bien des lunes que je ne m'étais pas penché sur une adaptation de Robert E. Howard au cinoche. Peut-être est-ce à cause du décès de Frank Thorne, que j'évoquais dernièrement chez Jonah J. Monsieur Bruce , ou parce que j'ai lu ou relu pas mal d'histoires de Sonja, j'en causais par exemple en juillet dernier , ou bien parce que quelqu'un a évoqué la bande-son d'Ennio Morricone, mais j'ai enfin vu Red Sonja , le film, sorti sous nos latitudes sous le titre Kalidor, la légende du talisman .   On va parler de ça, aujourd'hui Sortant d'une période de rush en termes de boulot, réfléchissant depuis la sortie de ma vidéo sur le slip en fourrure de Conan à comment lui donner une suite consacrée au bikini en fer de Sonja, j'ai fini par redescendre dans les enfers cinématographiques des adaptations howardiennes. Celle-ci a un statut tout particulier, puisque Red Sonja n'est pas à proprement parler une création de Robert H...

Chronique des années de Peste, livre 15

 Normalement, on arrive à cette période de l'année où mes aventures absurdes en Charente alimentent la War Zone. Pas cette fois-ci, vu que le festival est reporté en juin. Et vu l'ambiance, pas sûr que j'y aille, ne serait-ce que pour soutenir le mouvement des collègues appelant au boycott du festival tant que certaines choses n'auront pas été revues au niveau du statut des auteurs, notamment au niveau des conditions de venue en festival. On échange donc avec les copains des messages gag nous donnant rendez-vous à tel ou tel bar d'Angoulème, et c'est quand même bien grinçant. On rit tellement jaune qu'on s'interroge sur l'état de notre foie, ou qu'on se croit dans les Simpsons. Alors qu'en vrai, nos gouvernants fonctionnent comme dans un épisode de South Park. Bref, tenez pas compte, je suis aigri et grognon, là, entre ces confinements qui devraient en être mais n'en sont pas, et ont tous les inconvénients des vrais sans en avoir l'ef...