Je profite d'une collision de calendrier pour évoquer à nouveau le vol spatial. Hier, l'astronaute français Thomas Pesquet à rallié l'ISS à bord d'une capsule Crew Dragon de la société Space X. C'était son deuxième voyage en orbite, et le premier vol habité d'une capsule recyclée. Nous entrons petit à petit dans l'ère de l'espace low-cost (toutes proportions gardées bien sûr : ce genre d'expédition continue à coûter une blinde, mais les prix d'envoi d'un kilo de cosmonaute là-haut s'effondrent néanmoins).
Hier marquait également le triste anniversaire du crash de Vladimir Komarov à bord de Soyouz 1. La capsule, toute nouvelle, n'était pas encore totalement au point (il y aura un autre drame quelques années plus tard, tuant trois occupant de Soyouz 11 de retour de la première station spatiale). Soyouz, c'est justement le véhicule qu'avait employé Pesquet lors de son vol précédent, et ce système (fusée + capsule) est le cheval de trait de l'astronautique russe, réputé pour sa fiabilité.
Mais comme vous le devinez peut-être, cette fiabilité a été conquise de haute lutte. En montant à bord, Komarov savait qu'il restait des problèmes à régler sur ce concept. Et il a su plusieurs minutes avant le crash qu'il ne s'en sortirait pas. Korolev, l'ingénieur en chef du programme, est mort l'année précédente, et cela a pesé sur le développement (tout comme sur celui de la fusée lunaire soviétique N-1, avec des conséquences tout aussi catastrophiques).
La mise au point ultérieure de la capsule, de son lanceur et des procédures allant avec a mis le programme spatial russe moderne sur les rails : avec près de 150 vols habités sur plus d'un demi siècle, et seulement quatre incidents sérieux, mais pas mortels, depuis le crash de Soyouz 11, le système a mérité sa bonne réputation, malgré son démarrage tragique. L'Union Soviétique, puis la Russie, n'ont pas réussi à le dépasser pour l'instant : Bourane n'est jamais entrée en service, et le successeur de Soyouz tarde à se montrer.
Pendant près de dix ans d'ailleurs, Soyouz aura été le seul moyen pour l'homme de monter en orbite, puisque la Navette américaine a été retirée du service en 2011. Crew Dragon change tout, à beaucoup de niveau. Emportant des équipages plus nombreux, réutilisable, elle est le premier vaisseau d'une nouvelle époque de l'ère spatiale.
Mais que les succès d'aujourd'hui ne fassent pas oublier les pionniers d'hier, y compris les malheureux.
Surtout les malheureux.
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