Accéder au contenu principal

En repassant loin du Mitan

 Bilan de la semaine :

outre un peu de traduction, j'ai écrit 

- 20000 signes d'un prochain roman

- 20000 signes de bonus sur le prochain Chimères de Vénus (d'Alain Ayrolles et Etienne Jung

- 30000 signes d'articles pour Geek Magazine 

 

Du coup je vous mets ci-dessous un bout de ce que j'ai fait sur ce roman (dans l'univers du Mitan, même si je n'ai plus d'éditeur pour ça à ce stade, mais je suis buté). Pour la petite histoire, la première scène du bouquin sera tirée, poursuivant la tradition instaurée avec Les canaux du Mitan, d'un rêve que je j'ai fait. Le voici (même si dans la version du roman, il n'y aura pas de biplans).

On n'est pas autour de la plaine, cette fois-ci, je commence à explorer le vieux continent : 

 Courbé, il s’approcha du fond. À hauteur de sa poitrine, une niche était obstruée par une grosse pierre oblongue qu’il dégagea du bout des doigts, puis fit pivoter sur elle-même, dévoilant des visages entremêlés. Une fois l’idole en place, il s’inclina bien bas en prononçant les formules dans une langue presque oubliée, seulement comprise désormais par des vieillards et quelques hommes comme lui, voués à en perpétuer le souvenir. Il plongea ses yeux dans ceux, multiples et vides, de ce qu’on appelait le Tribog faute de lui donner un nom. Celui-ci était trop sacré pour qu’on le prononce à haute voix. Marko ne l’avait vu écrit qu’en deux occasions et il s’était gravé dans son esprit en lettres de feu. C’était du Tribog qu’émanait, selon les chants, tout le reste, le monde, les esprits hantant la nature, les âmes des hommes et même peut-être ce Prince révéré sur la côte et en face, sur la péninsule. Telle était toutefois la façon dont on réconciliait parfois les deux entités. Cela n’apaisait pas la colère des prêtres. Ils fracassaient ces statuettes chaque fois qu’ils en trouvaient. Enfant, il avait assisté à de telles scènes et senti l’essence secrète des pierres se dissiper pour être perdue. Au-delà du sacrilège, il y avait là une perte, un gaspillage peut-être irréparable et c’était peut-être cela le plus choquant à ses yeux.
Marko poursuivait sa récitation des paroles prescrites puis, du bout des doigts, toucha les mains croisées, gravées sur le ventre du Tribog. Là, la pierre était beaucoup plus lisse, polie par des siècles et des siècles d’implorants comme lui.
Une décharge lumineuse lui éclata derrière les yeux. L’idole lui répondait. D’un bloc, un savoir se répandit en lui, affluant comme un liquide épais et translucide, en tout cas il le ressentait ainsi. Ce qu’il devinait confusément jusqu’alors, l’identité de son poursuivant, par exemple, il le savait désormais de façon ferme, de source sûre. Le chemin qu’il lui faudrait emprunter pour avoir une chance d’échapper à l’homme pâle se matérialisa.
Puis les visions refluèrent. Il retira sa main, concentré sur le fait d’ordonner ce qu’il venait de recevoir, sur la nécessité de le figer par le souvenir. Lorsqu’il fut certain de ne pas oublier, il retourna à nouveau l’idole. Seuls ses fidèles connaissaient sa présence en ce lieu sacré, ainsi devaient demeurer les choses jusqu’à des jours meilleurs qui viendraient, ou pas. En attendant, ils en devenaient tous les gardiens. En quittant son pays, si longtemps auparavant, il avait failli à cette tâche et sa mauvaise conscience le travaillait. C’était cela que signifiait fondamentalement le ruban gris, même si les plus jeunes ignoraient souvent jusqu’à la signification, et même à l’existence de l’idole aux trois visages intriqués.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Faire son trou

 Pour diverses raisons, je me suis revu récemment Le Trou Noir, film de SF produit par Disney à un moment où la boîte va pas très bien et essaie plein de trucs. Cette période donnera également Tron , Taram , Le Dragon du lac de feu ... Tous plein de films sortant du canon habituel de la maison et qui vont se planter, mais sont restés gravés dans la tête de ceux qui les ont vus.     Le vaisseau pète la classe   Le Trou Noir , il part avec de très lourds handicaps. Il sort après des années de development hell. Lancé dans la foulée de 2001 et pour surfer sur la vague des films catastrophe, il finit par sortir la même année qu' Alien et Star Trek 1 . Si ce truc était sorti en même temps que La bataille de la planète des singes , il aurait pu sérieusement cartonner.   Maximilian Schell aussi en Nemo de l'espace  Parce qu'il a plein de qualités, hein, un super casting (même si la moitié des acteurs n'ont pas l'air de croire une seconde à leurs répliques (film...

Chronique des années de Peste, livre 15

 Normalement, on arrive à cette période de l'année où mes aventures absurdes en Charente alimentent la War Zone. Pas cette fois-ci, vu que le festival est reporté en juin. Et vu l'ambiance, pas sûr que j'y aille, ne serait-ce que pour soutenir le mouvement des collègues appelant au boycott du festival tant que certaines choses n'auront pas été revues au niveau du statut des auteurs, notamment au niveau des conditions de venue en festival. On échange donc avec les copains des messages gag nous donnant rendez-vous à tel ou tel bar d'Angoulème, et c'est quand même bien grinçant. On rit tellement jaune qu'on s'interroge sur l'état de notre foie, ou qu'on se croit dans les Simpsons. Alors qu'en vrai, nos gouvernants fonctionnent comme dans un épisode de South Park. Bref, tenez pas compte, je suis aigri et grognon, là, entre ces confinements qui devraient en être mais n'en sont pas, et ont tous les inconvénients des vrais sans en avoir l'ef...

Et vous ?

"Mais pour qui vous prenez-vous ?" Voilà bien une question qui m'insupporte, tiens. Bon, ça fait longtemps qu'on ne me l'a pas trop adressée, vu que la réponse est alors "pour un Serbe de 2 mètres et 110 kilos, pourquoi ?" ce qui peut avoir tendance à calmer le jeu, surtout si je pose bien ma voix. Mais bon, quelqu'un que je connait y a encore eu droit. Qu'est-ce qu'elle signifie, cette question qui n'en est pas une ? Elle n'en est pas une parce que la réponse induite, dans la tête de qui la pose est : "quelqu'un qui n'a pas à la ramener". C'est le signe d'une absence d'argument, c'est le dernier recours pour maintenir une position de surplomb symbolique, de se raccrocher à une convention sociale fumeuse qui permet de rester au-dessus, de balayer le désaccord en le ramenant à l'aigreur du petit (par coïncidence, c'est un peu le sens de la longue tirade de la responsable du festival d'Angou...

Parodie et parano à moins que ce ne soit l'inverse

De temps en temps, je regarde les stats du blog, pour voir quels mots clés amènent les gens ici. Il y a parfois des trucs assez grotesques, j'en avais déjà parlé, et aussi des trucs qui semblent délibérés, tapés par de facétieux mauvais plaisants pour voir si je réagirais (genre "Mazinger Fulchibar Chirac" et des âneries dans le genre, ou des considérations sur la bite à Tourriol, et j'en passe et des meilleures). Et puis, j'ai déjà repéré des requêtes google concernant les vieux articles perdus dans le naufrage de l'ancienne version de superpouvoir.com, requêtes récurrentes qui ressemblent bien à des demandes de remise en ligne. La plus récente, assez insistante, concernait un vieux truc que j'avais écrit à propos de Patlabor 3, et particulièrement des bonus qui étaient fournis avec le DVD. Les lieux de l'action Avec un peu de retard, je viens de me procurer Patlabor 3 (NdA : je précise que l'article date de 2005) qui, comme son n...

Sonja la rousse, Sonja belle et farouche, ta vie a le goût d'aventure

 Je m'avise que ça fait bien des lunes que je ne m'étais pas penché sur une adaptation de Robert E. Howard au cinoche. Peut-être est-ce à cause du décès de Frank Thorne, que j'évoquais dernièrement chez Jonah J. Monsieur Bruce , ou parce que j'ai lu ou relu pas mal d'histoires de Sonja, j'en causais par exemple en juillet dernier , ou bien parce que quelqu'un a évoqué la bande-son d'Ennio Morricone, mais j'ai enfin vu Red Sonja , le film, sorti sous nos latitudes sous le titre Kalidor, la légende du talisman .   On va parler de ça, aujourd'hui Sortant d'une période de rush en termes de boulot, réfléchissant depuis la sortie de ma vidéo sur le slip en fourrure de Conan à comment lui donner une suite consacrée au bikini en fer de Sonja, j'ai fini par redescendre dans les enfers cinématographiques des adaptations howardiennes. Celle-ci a un statut tout particulier, puisque Red Sonja n'est pas à proprement parler une création de Robert H...

Hail to the Tao Te King, baby !

Dernièrement, dans l'article sur les Super Saiyan Irlandais , j'avais évoqué au passage, parmi les sources mythiques de Dragon Ball , le Voyage en Occident (ou Pérégrination vers l'Ouest ) (ou Pèlerinage au Couchant ) (ou Légende du Roi des Singes ) (faudrait qu'ils se mettent d'accord sur la traduction du titre de ce truc. C'est comme si le même personnage, chez nous, s'appelait Glouton, Serval ou Wolverine suivant les tra…) (…) (…Wait…). Ce titre, énigmatique (sauf quand il est remplacé par le plus banal «  Légende du Roi des Singes  »), est peut-être une référence à Lao Tseu. (vous savez, celui de Tintin et le Lotus Bleu , « alors je vais vous couper la tête », tout ça).    C'est à perdre la tête, quand on y pense. Car Lao Tseu, après une vie de méditation face à la folie du monde et des hommes, enfourcha un jour un buffle qui ne lui avait rien demandé et s'en fut vers l'Ouest, et on ne l'a plus jamais revu. En chemin, ...

Le silence des anneaux

 C'était un genre de malédiction : chaque fois que j'ai essayé de me mettre aux Anneaux de Pouvoir, j'ai eu une panne d'internet dans la foulée. Et comme je peux pas tout suivre non plus, et que sans m'avoir totalement déplu, les premiers épisodes ne m'avaient pas emporté, j'étais passé à autre chose. Finalement, j'ai complété la première saison. Je vous ai dit que j'étais toujours super en avance sur les série télé ? Genre j'ai fini The Expanse l'an passé seulement. Et donc, qu'est-ce que j'en pense ? On est un peu sur le même registre que Fondation . Des tas de concepts sont repris, d'autre sont pas forcément compris, et on triture la chronologie.   C'est compliqué par le fait que les droits ne couvrent que le Seigneur des Anneaux et ses appendices, une source forcément incomplète dès qu'on se penche sur les origines de ce monde. Le reste est zone interdite et les auteurs ont dû picorer dans des références parfois obsc...

Qu'ils sont vilains !

En théorie de la narration existe un concept important qui est celui d'antagoniste. L'antagoniste est un des moteurs essentiels de l'histoire, il est à la fois le mur qui bloque le héros dans sa progression, et l'aiguillon qui l'oblige à avancer. L'antagoniste peut être externe, c'est l'adversaire, le cas le plus évident, mais il peut aussi être interne : c'est le manque de confiance en lui-même de Dumbo qui est son pire ennemi, et pas forcément les moqueurs du cirque, et le plus grand ennemi de Tony Stark, tous les lecteurs de comics le savent, ce n'est pas le Mandarin, c'est lui même. Après, l'ennemi est à la fois un ennemi extérieur et intérieur tout en même temps, mais ça c'est l'histoire de Superior Spider-man et c'est de la triche.  Tout est une question de ne pas miser sur le mauvais cheval Mais revoyons l'action au ralenti. L'antagoniste a toujours existé, dans tous les récits du monde. Comme le s...

Nietzsche et les surhommes de papier

« Il y aura toujours des monstres. Mais je n'ai pas besoin d'en devenir un pour les combattre. » (Batman) Le premier des super-héros est, et reste, Superman. La coïncidence (intentionnelle ou non, c'est un autre débat) de nom en a fait dans l'esprit de beaucoup un avatar du Surhomme décrit par Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra . C'est devenu un lieu commun de faire de Superman l'incarnation de l' Übermensch , et c'est par là même un moyen facile de dénigrer le super-héros, de le renvoyer à une forme de l'imaginaire maladive et entachée par la mystique des Nazis, quand bien même Goebbels y voyait un Juif dont le S sur la poitrine signifiait le Dollar. Le super-héros devient, dans cette logique, un genre de fasciste en collants, un fantasme, une incarnation de la « volonté de puissance ».   Le surhomme comme héritier de l'Hercule de foire.   Ce n'est pas forcément toujours faux, mais c'est tout à fait réducteu...

Axe pour homme

Ça doit être le thème de la saison, mais après avoir profité de mes transports et de ma tablette pour me regarder le récent Conan avec Jason Momoa, je viens de regarder Kull le Conquérant , avec Kevin Sorbo. Kevin sort beau. Ou pas. Alors oui, je sais, à ce stade, ça ne pouvait que s'apparenter à une forme particulièrement perverse de masochisme. Et, de fait, il y a un peu de ça, je l'admets. Alors déjà, re situons un peu le contexte. Kull date de la fin des années 90, au moment où Kevin Sorgho, auréolé de sa performance sur la série Hercule , décide de passer au grand écran pour se faire du blé. Il intègre donc le casting de King Conan , qui aurait dû être le troisième volet de la série commencée avec notre Schwarzennator préféré. Sauf que notre héros voit venir le piège. Il préfère ne pas être comparé à Arnold. Et donc, le script de King Conan , librement adapté du roman L'heure du Dragon , est prestement transformé en un scénario de King Kull . L'Aqui...