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"Un piège à con, Monsieur..."

...Et je suis tombé dedans.

Faut dire que j'ai cherché la merde, hein : sur la note d'hier, j'ai mis les mots "bonnes" et "résolutions" côte à côte. Alors que tout le monde sait qu'il ne faut jamais faire ça. Je le sais tant et si bien qu'en janvier, quand on me demande si j'ai pris des bonnes résolutions de bonne année, je réponds systématiquement "non, parce que primo, on est incapable de les tenir, et secundo, on a mauvaise conscience de ne pas les avoir tenues, deux bonnes raisons pour s'abstenir, c'est doublement contre-productif, ces conneries". Et là, comme un con, je mets l'expression en tête de texte.

Forcément, à partir de là, toute tentative de me conformer à ce que je disais ne pouvait que me péter à la gueule. C'était pourtant évident, non ? Mais non, fallait que je tente le diable. Et m'en voilà fort marri.

Tout a commencé ce matin. Somnolant devant mes tartines, mon café et mes filles, je me remémorais que j'avais vaguement promis une propal à un studio de créa avec lequel il m'arrive de bosser, et que j'avais promis ce texte pour la fin de la semaine, et que par un malencontreux hasard, on était déjà vendredi. Je faisais la liste des trucs à traduire, au cas où il y aurait un truc urgent qui me permettrait de procrastiner sur ce dossier de propal, mais il fallait bien se rendre à l'évidence : rien de tout ça n'était particulièrement urgent et ne pouvait justifier de passer avant. Il fallait donc que je me tape ce boulot de commande à la noix, dont il se trouve que les deux ados qui mangeaient leurs céréales à la même table où je clapotais dans mon café étaient pile poil dans le cœur de cible. J'ai donc commencé à les cuisiner, prenant mentalement des séries de notes.

Et, une fois sorti de table, j'ai compilé ces notes et livré en deux heures un document qui correspondait merveilleusement aux attentes de son commanditaire, alors que je pensais en avoir pour la journée. Certes, ce boulot était un truc affreusement commercial, de l'exploitation de licence assez cynique et formatée, mais il faut bien vivre, et en l'abattant à cette vitesse, d'un coup, je me retrouvais avec la journée de libre pour m'attaquer à des travaux d'écriture plus personnels, comme une nouvelle fantastico steampunk, un article sur la place des rêves dans l'univers de Lovecraft, ou une mise à jour de mon grand dictionnaire Nikolavitch-Français*.

La belle vie.

Le bonheur.

Et bien entendu, le téléphone a sonné, un appel au secours, un dépannage à l'extérieur. Il a fallu que je sorte sous une pluie battante pour filer un coup de main à un de mes employeurs occasionnels, le genre de chose que je peux difficilement refuser, parce qu'il faut les nourrir, les zozos avec qui je prends le petit dèj.

Je suis rentré à neuf heures du soir avec un mal de crâne épouvantable, et bien entendu, quand je fais le bilan, j'ai pas tapé une ligne de projet perso de la journée. Tout au plus ai-je répondu à des mails d'un dessinateur avec lequel j'avance sur un album pas encore signé, promis un bout de trad pour lundi, et passé l'après-midi à me confronter à des problèmes absurdes qui ne me concernaient pas, en me demandant ce que je foutais là.

Il y a des jours où j'ai l'impression que l'univers me hait.

Alors je le lui rends bien.




*Cet indispensable opuscule permettant aux malcomprenants de toucher du doigt la portée de mon fracassant génie en mettant ma prose à leur portée contient des définitions du genre "Formule 1 : sport réservé aux conducteurs du dimanche."

Commentaires

Mathieu Doublet a dit…
T'as quand même sauvé l'humanité deux fois pour nourrir tes zozos ! Ca n'est pas rien !
artemus dada a dit…
"Formule 1 : sport réservé aux conducteurs du dimanche."

Très belle définition !

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