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L'éternel retour

 Bon, c'est l"heure de notre traditionnelle minute d'expression gueuledeboitesque de fin janvier début février.

Mon ressenti

(page de Marvano à l'expo SF)

(c'est toujours un moment fort de voir les originaux

de pages tellement frappantes qu'elles se sont gravées

à vie dans votre tête)

Jeudi :

Je n'avais pas prévu d'arriver le jeudi, au départ. Après cinq mois de boulot ultra-intense, déjà à genoux avant même le festival, je me disais qu'une édition plus ramassée à mon niveau serait plus appropriée. Divers événements en amont m'amènent à avancer largement mon arrivée. Il y a une réunion de calage sur un projet qui doit se faire là-bas, plutôt en début de festival. Dont acte. Ça m'amène à prendre les billets un peu au dernier moment, de prendre les billets qui restent en fonction du tarif aussi, donc là j'ai un changement, ça cavale, et je suis en décalé, ça aura son importance.

Quand j'avais commencé à préparer mon planning, j'avais repéré la table ronde Tanabe/Barranger sur Lovecraft, c'était pile bien, j'y allais direct en descendant du train ça tombait bien, c'était à côté de la gare. Sauf que ça, c'était dans l'hypothèse où j'arrivais le vendredi. Mais dans ma tête, c'était resté "tu sors de la gare, tu vas voir Tanabe". Donc j'attends en vain avant de m'apercevoir de ma méprise. Ça commence bien.

Je me venge en allant voir l'expo Vinland Saga juste à côté, elle est très bien, j'en profite pour croiser des gens que je devais voir, tout va bien.

Je remonte peu à peu les pentes de cette ville fort pentue, je vois des copains, des gens avec qui je dois causer boutique, y a des retrouvailles parfois très chouettes.

Le soir, fameuse réunion pour laquelle j'ai avancé mon voyage... Qui n'a pas lieu. On s'est posés dans un restau très bien. La table d'à côté est un groupe nombreux et déchaîné, sans une acoustique qui magnifie la chose. Impossible de causer sérieusement. Bon, vu qu'il y avait des tensions sur le projet, ça ressoude quand même tout le monde et décaler au lendemain matin dans un endroit plus feutré se fait dans la bonne humeur.

Un petit verre entre amis. Je confonds des gens entre eux, je crois reconnaître un pote, ce n'est pas lui, mais à l'analyse il s'avère que c'est un autre type que je connais. Mon cerveau me fait des trucs qui n'ont aucun sens.

Je vais au gîte, y a des potes là-bas, je me couche deux heures plus tard que prévu après quelques autres verres. Le réveil sera rude.

 

Vendredi :

Voir dernière ligne ci-dessus.

Malgré tout, j'émerge, quelques rendez-vous vite fait, puis la fameuse réunion, on avance pour de bon, on élimine tous les points de blocage, c'est vraiment chouette de bosser avec des gens qu'on connaît bien et qu'on aime très fort.

Puis autre rendez-vous où je me retrouve à jouer les intermédiaires pour un autre intermédiaire. Mais c'est vrai que présenter des gens qui ont intérêt à se parler, je fais ça bien, et si tout va bien ça fera de très beaux bouquins.

Puis je file pour allez voir la table ronde que je situais bêtement la veille. Trop de monde, je me fais refouler. Caramba, encore raté. Je me venge en allant voir l'expo Tanabe Lovecraft, somptueuse. Il y a des planches qu'on redécouvre : la tramage des mangas a tendance à boucher certaines choses. Voir les pages brutes, c'est fort.

Coup de fil. Ma fille m'appelle pour m'annoncer un truc chouette. Mais je bugge. Il est alors 15h38. Elle devait me remplacer pour un cours... censé commencer à 30. Je la laisse m'expliquer la raison de son appel... puis je lui demande quand même si les élèves sont en retard, ou...

"Mais papa, on est vendredi."

Ou comment passer pour un baltringue devant sa propre progéniture. Décidément, je ne me suis pas remis de ce décalage.

Encore une réunion de calage sur un autre truc, mais il manque des données, le collègue me promet de m'envoyer les infos au plus tôt pour que je puisse faire ma part du taf.

Divers rencontres et retrouvailles. Aller manger entre amis, boire des coups. Je rentre curieusement tôt, mais j'ai besoin de souffler. Alors que je sors de m'être passé la pâte à dents, les pots arrivent au gîte.

Je ne me couche pas tôt.


Samedi :

Plutôt en forme quand même. Je fais plusieurs expos. Je vois pas mal de gens que je devais voir, d'autres que je suis ravi de croiser. Pas trop le temps d'aller manger. Je me rattraperai le soir.

Curieusement, j'ai encore l'impression d'être encore vendredi, d'où des conversations un peu lunaire. Décidément je ne recalibrerai pas les instruments cette année.

Petite expo dans un lieu dans un recoin. Le pote qui m'explique comment trouver m'embrouille encore plus. Je dois faire quelque chose comme deux kilomètres de détour après être passé à 30 mètres du truc.

Repas apocalyptique. Le restau est chouette, les serveurs formidables, mais c'est blindé et y a partout des trucs dangereux, appareils à fondue, à raclette et à plancha. En tentant de régler la mienne, je fous une merde pas possible, Pierre Richard style. La bouffe est bonne, on se met bien.

Soudain, le chaos se déchaîne. Pendant une demi-heure, personne n'arrive à faire un pas sans faire tomber une bouteille, un verre ou autre chose (pas à ma table, ceci dit). L'apothéose, c'est la serveuse qui tombe sur mon voisin d'en face avec un plateau plein de verres. Y en a partout, et il passe à deux doigts de faire méchant dans The Punisher.

On se dirige vers les bars, on croise des potes, un groupe s'agglomère, on se trouve un coin au calme pour boire des coups, causer, c'est chouette. After avec un pote éditeur. Je loupe Igor Kordej à deux minutes. Je suis vert. J'aurais adoré causer avec ce gars.

Je rendre fin cuit, bien trop tard. Le ciel est magnifique. Comme la mairie coupe l'éclairage urbain passé une certaine heure, on voit plein d'étoile. Bon, par contre on ne voit pas les parterres de fleurs dont on croise la trajectoire. À mon corps défendant, je redécouvre l'attilatisme.


Dimanche :

Le réveil pique très fort. Et quand j'arrive à pied d'oeuvre, on m'annonce le décès brutal d'un vieux pote. La matinée, du coup, a un côté brumeux. Je finis par aller manger. Je m'en remets pas, en vrai, même si j'essaie de faire bonne figure.

Quelques discussions boulot dans l'après-midi, mais je suis éteint. Mon train est tard, mon retour à la maison plus tard encore. J'ai somnolé dans le train.

Je sais pas quel bilan tirer de cette édition. J'ai avancé sur plein de trucs, y a eu de belles rencontres et d'intenses marrades, mais la mélancolie est là, pesante, pointant son mufle gras et immonde.

Commentaires

pfelelep a dit…
la planche de Marvano, c'est la guerre éternelle, avec Joe Hadelman au scénar, quel chef-d'oeuvre!

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