J'ai un peu du mal à écrire, en ce moment. Oh, j'écris beaucoup, mais surtout des articles et des textes de commande. Par contre, écrire pour de vrai, de la fiction, c'est un peu difficile. J'avance beaucoup trop lentement sur la suite des Coracles, par exemple (bon, faut dire aussi que là, le passage où j'en suis, c'est une histoire d'amour, un genre qui m'est peu familier) (c'est bien, vous me direz, de me confronter à des trucs que je n'ai jamais vraiment faits, mais bref).
J'ai néanmoins renvoyé un texte ce matin, une courte nouvelle que m'avait fort gentiment demandé la Miskatonic Association, un fan club lovecraftien basé vers Verdun et chez qui j'aurais été faire une conf en octobre dernier s'il n'y avait eu le Covid. Ça aura lieu, c'est sûr, mais pas avant l'automne prochain. Ce sont eux qui ont organisé, d'ailleurs, la conférence virtuelle de la semaine passée à la librairie La Momie de Metz, que je remercie encore.
Le sujet, c'était l'horreur locale. Comme l'avait fait HPL en son temps, l'idée était pour les auteurs (ce sera publié d'ici quelques temps dans une petite anthologie) d'exploiter les bizarreries de leur région pour en faire un récit fantastique. Mon texte, "L'abomination du Confluent", se déroule donc dans un rayon d'1km5 autour de mon domicile. Tout ce que j'y raconte est donc absolument authentique, sauf en ce qui concerne la créature. Pour la petite histoire, je me suis basé sur des notes réunies il y a deux ans de ça, suite à des discussions avec un responsable de la mairie, dirigeant le bulletin local d'information. On avait idée d'une série de petits textes sur l'histoire insolite de la ville. Et puis ça ne s'est pas fait, et le gars a été emporté il y a quelques mois. Ça m'a fait de la peine, je l'aimais bien.
Bon, du coup, un petit extrait :
Par acquit de conscience, il se rendit chez le géomètre, derrière la mairie, qui conservait tous les anciens plans de masse des bâtiments de la ville. En insistant un peu, il put avoir accès aux plans des carrières, dont on lui rappela qu’ils n’étaient plus à jour depuis les coulées de béton. On lui signala, ce qu’il ignorait jusqu’alors, que l’entreprise ayant procédé aux travaux avait injecté le double de qui avait été prévu au départ sur la foi des tracés. Il y avait probablement des failles et des puits qui n’avaient jamais été repérés ni inventoriés. Dieu seul savait ce qui avait fini dans les profondeurs de la butte, s’accumulant dans des endroits inconnus des hommes et dérangeant ce qui pourrait s’y trouver.
Cette dernière remarque, faite sur le ton de la plaisanterie, l’inquiéta, à un niveau indéfinissable. Il fouilla les plans, en pris quelques copies, et nota que l’escalier étroit par lequel il était descendu avec Maurel était mentionné, mais pas la salle voûtée, tout en bas. Il le signala à l’employée.
« Il n’y a rien en bas de ce truc ? Ça ne mène nulle part ?
– Allez savoir. Normalement, la mairie a la clé de chacun des accès, mais ça fait des années qu’il en manque la moitié. Et personne n’a envie d’aller s’embêter à ouvrir les grilles à la disqueuse. Certaines sont classées, vous savez… Et puis s’il y avait quelque chose, là… avec le béton… »
Il acquiesça.
« Oui, bien sûr. »
Il remballa ses copies et ne s’attarda pas plus. Une fois rentré, il examina le tout avec un vieux compte-fil, lui permettant de discerner de minuscules détails, des mentions manuscrites sous forme de chiffres et de symboles dont il ignorait la signification puis, de guerre lasse, remisa le tout dans un dossier et passa à autre chose.
Il avait beaucoup de travail par ailleurs et avait perdu assez de temps comme ça en bêtises.
Le sujet, c'était l'horreur locale. Comme l'avait fait HPL en son temps, l'idée était pour les auteurs (ce sera publié d'ici quelques temps dans une petite anthologie) d'exploiter les bizarreries de leur région pour en faire un récit fantastique. Mon texte, "L'abomination du Confluent", se déroule donc dans un rayon d'1km5 autour de mon domicile. Tout ce que j'y raconte est donc absolument authentique, sauf en ce qui concerne la créature. Pour la petite histoire, je me suis basé sur des notes réunies il y a deux ans de ça, suite à des discussions avec un responsable de la mairie, dirigeant le bulletin local d'information. On avait idée d'une série de petits textes sur l'histoire insolite de la ville. Et puis ça ne s'est pas fait, et le gars a été emporté il y a quelques mois. Ça m'a fait de la peine, je l'aimais bien.
Bon, du coup, un petit extrait :
Par acquit de conscience, il se rendit chez le géomètre, derrière la mairie, qui conservait tous les anciens plans de masse des bâtiments de la ville. En insistant un peu, il put avoir accès aux plans des carrières, dont on lui rappela qu’ils n’étaient plus à jour depuis les coulées de béton. On lui signala, ce qu’il ignorait jusqu’alors, que l’entreprise ayant procédé aux travaux avait injecté le double de qui avait été prévu au départ sur la foi des tracés. Il y avait probablement des failles et des puits qui n’avaient jamais été repérés ni inventoriés. Dieu seul savait ce qui avait fini dans les profondeurs de la butte, s’accumulant dans des endroits inconnus des hommes et dérangeant ce qui pourrait s’y trouver.
Cette dernière remarque, faite sur le ton de la plaisanterie, l’inquiéta, à un niveau indéfinissable. Il fouilla les plans, en pris quelques copies, et nota que l’escalier étroit par lequel il était descendu avec Maurel était mentionné, mais pas la salle voûtée, tout en bas. Il le signala à l’employée.
« Il n’y a rien en bas de ce truc ? Ça ne mène nulle part ?
– Allez savoir. Normalement, la mairie a la clé de chacun des accès, mais ça fait des années qu’il en manque la moitié. Et personne n’a envie d’aller s’embêter à ouvrir les grilles à la disqueuse. Certaines sont classées, vous savez… Et puis s’il y avait quelque chose, là… avec le béton… »
Il acquiesça.
« Oui, bien sûr. »
Il remballa ses copies et ne s’attarda pas plus. Une fois rentré, il examina le tout avec un vieux compte-fil, lui permettant de discerner de minuscules détails, des mentions manuscrites sous forme de chiffres et de symboles dont il ignorait la signification puis, de guerre lasse, remisa le tout dans un dossier et passa à autre chose.
Il avait beaucoup de travail par ailleurs et avait perdu assez de temps comme ça en bêtises.
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