J'avais causé ici même (et le texte avait été repris dans Geek le Mag sous une forme largement remaniée, augmentée et nettement améliorée) de ce qu'il fallait attendre, ou pas, du film de Guy Ritchie consacré au roi Arthur. Il est peut-être temps que je fasse le point et sous vos yeux ébahis, voire sous un tonnerre d'applaudissements si jamais vous êtes particulièrement bon public, de ce que j'ai pensé du film lui-même. Et quel meilleur jour pour ça que le 14 juillet, vu qu'il est question de succession royale légitime ?
Donc, King Arthur, Legend of the Sword.
C'est peu de dire que le film a déclenché des réactions épidermiques. De fait, si on le compare, par exemple, à l'Excalibur de John Boorman (un de mes films préférés de tous les temps, soit dit en passant), force est de constater qu'on est face à un bestiau d'un tout autre genre. Oubliés, les rapports complexes entre chevaliers de la table ronde, oubliée la charge hiératique et symbolique. Et à la place, on a une lutte à mort entre un usurpateur et un héritier légitime au trône. Oh, les symboles ne sont pas absents de cette version, mais leur articulation est moins subtile.
Il faut dire que "subtil" n'est de toute façon pas le mot qu'on accole généralement au cinéma de Guy Ritchie, qui fonctionne un peu comme un pendant clipesque de celui de Tarantino. Une autre comparaison qui vient par moment à l'esprit, en écoutant ces héros arthuriens qui parlent comme des charretiers, c'est le Kaamelott d'Alexandre Astier. Sauf qu'on ne les voit jamais, les ogres et koboldes, dans Kaamelott.
De fait, il y a également un côté Seigneur des Anneaux très appuyé, là-dedans. Et arrivé là, on touche à ce qui m'a le plus chiffonné dans cette version. L'esthétique clippesque, faite de cut-ups, de flash-backs et de flash-forwards donne un aspect patchwork à l'ensemble. Rien de rédhibitoire, ceci dit : le nom du réalisateur étant ce qu'il est, je savais à quoi m'attendre de ce point de vue.
Mais ce qui me frappe le plus, à la vision du film, c'est que tout ce que je disais tient. Ritchie ajoute sa pierre à l'édifice. Et il en donne son interprétation en y mettant clairement sa patte. Ce film est clairement de lui, on ne peut pas s'y tromper une seconde. Et c'est comme ça qu'il faut le prendre, je crois. Comme un film de Guy Ritchie qui s'amuse à projeter ses fixettes et ses codes narratifs sur un fond archétypal, de la même façon qu'il pourrait faire un Robin des Bois avec un résultat similaire, et pas comme une vision définitive d'Arthur ou de Perceval. Et pris comme ça, pour ce qu'il est, le film est curieusement plaisant. Oh, il abonde de raccourcis gênants : la forteresse est en aval de Londinium, mais la barque à à la dérive arrive néanmoins à la capitale. Certains points auraient gagnés à être éclaircis. Vortigern, visiblement possédé par Mordred, conserve néanmoins clairement une large part de son identité, sinon ses sacrifices n'auraient pas de valeur. Et quels sont les rapports qu'entretiennent les diverses puissances de la nature, si la Dame du Lac est aquatique, mais les démons poulpes aussi ? Et quid de Merlin, qui est là sans y être ? On a l'impression qu'il manque des bouts.
Mais on est loin du ratage annoncé. Film au scénario pas tout à fait bordé ? C'est clair. Film qui cherche à en faire trop sur le plan visuel, et se noie dans des effets numériques pas toujours utiles ? Oui, à l'évidence. Mais il n'est pas illégitime dans sa démarche, je le maintiens. Il se laisse regarder, il ne laissera probablement pas de grosses traces dans l'histoire du cinéma, mais franchement, j'ai pas passé un mauvais moment.
Donc, King Arthur, Legend of the Sword.
C'est peu de dire que le film a déclenché des réactions épidermiques. De fait, si on le compare, par exemple, à l'Excalibur de John Boorman (un de mes films préférés de tous les temps, soit dit en passant), force est de constater qu'on est face à un bestiau d'un tout autre genre. Oubliés, les rapports complexes entre chevaliers de la table ronde, oubliée la charge hiératique et symbolique. Et à la place, on a une lutte à mort entre un usurpateur et un héritier légitime au trône. Oh, les symboles ne sont pas absents de cette version, mais leur articulation est moins subtile.
Il faut dire que "subtil" n'est de toute façon pas le mot qu'on accole généralement au cinéma de Guy Ritchie, qui fonctionne un peu comme un pendant clipesque de celui de Tarantino. Une autre comparaison qui vient par moment à l'esprit, en écoutant ces héros arthuriens qui parlent comme des charretiers, c'est le Kaamelott d'Alexandre Astier. Sauf qu'on ne les voit jamais, les ogres et koboldes, dans Kaamelott.
De fait, il y a également un côté Seigneur des Anneaux très appuyé, là-dedans. Et arrivé là, on touche à ce qui m'a le plus chiffonné dans cette version. L'esthétique clippesque, faite de cut-ups, de flash-backs et de flash-forwards donne un aspect patchwork à l'ensemble. Rien de rédhibitoire, ceci dit : le nom du réalisateur étant ce qu'il est, je savais à quoi m'attendre de ce point de vue.
Mais ce qui me frappe le plus, à la vision du film, c'est que tout ce que je disais tient. Ritchie ajoute sa pierre à l'édifice. Et il en donne son interprétation en y mettant clairement sa patte. Ce film est clairement de lui, on ne peut pas s'y tromper une seconde. Et c'est comme ça qu'il faut le prendre, je crois. Comme un film de Guy Ritchie qui s'amuse à projeter ses fixettes et ses codes narratifs sur un fond archétypal, de la même façon qu'il pourrait faire un Robin des Bois avec un résultat similaire, et pas comme une vision définitive d'Arthur ou de Perceval. Et pris comme ça, pour ce qu'il est, le film est curieusement plaisant. Oh, il abonde de raccourcis gênants : la forteresse est en aval de Londinium, mais la barque à à la dérive arrive néanmoins à la capitale. Certains points auraient gagnés à être éclaircis. Vortigern, visiblement possédé par Mordred, conserve néanmoins clairement une large part de son identité, sinon ses sacrifices n'auraient pas de valeur. Et quels sont les rapports qu'entretiennent les diverses puissances de la nature, si la Dame du Lac est aquatique, mais les démons poulpes aussi ? Et quid de Merlin, qui est là sans y être ? On a l'impression qu'il manque des bouts.
Mais on est loin du ratage annoncé. Film au scénario pas tout à fait bordé ? C'est clair. Film qui cherche à en faire trop sur le plan visuel, et se noie dans des effets numériques pas toujours utiles ? Oui, à l'évidence. Mais il n'est pas illégitime dans sa démarche, je le maintiens. Il se laisse regarder, il ne laissera probablement pas de grosses traces dans l'histoire du cinéma, mais franchement, j'ai pas passé un mauvais moment.
Commentaires
Eh bah ma gueule, c'était pas mal !
Une intrigue "origin story" aussi campbellienne que classique mais servie par une réalisation vraiment chouette de Guy Ritchie, des acteurs qui sont ma foi plutôt bien dans leurs pompes (même si je suis toujours pas fan de recruter des mannequins dans tous les films à grand spectacle aujourd'hui pour jouer les meufs un peu mystique : hein Suicide Squad, The Mummy, King Arthur, Star Trek Beyond, Valerian...) et un côté remake hollywoodien totalement assumé avec un petit côté sword & sorcery à la Frank Frazetta qui m'a énormément plu.
La photographie est vraiment pas mal et la bande son très bien. C'est du calibré, du déjà vu, mais c'est bien fait et ça pète jamais plus haut que son cul.
On peut pas dire le contraire, c'est pas mal du tout !
(et du point de vue de l'historien du mythe, bah y'a un chouette renouvellement et quelques idées bien cool qui se baladent dedans, franchement, c'est good).
Et j'en suis le premier surpris :D !
Le scénar aurait été mieux bordé, on avait un film assez solide, mine de rien. (bon, après, les éléphants de 40 mètres, je les trouve trop much)
J'ai été très très surpris par ce film dont je n'attendais rien (peut être aussi faut-il voir là une raison à ma soudaine bienveillance) mais je pense que dans 10 ans je montrerai celui là à mon gosse plutôt que l'autre truc avec Keira Knightley par exemple.