Ma ville, ça fait presque quarante ans qu’elle est à Gauche.
Le maire actuel, qui s’est fait élire sénateur en prime il y a quelques temps de ça, est un peu du style technocrate froid, pas glamour, mais plutôt efficace*. Par contre, il a fini par se fâcher assez gravement avec les instances du PS, dont il s’est barré cet automne en claquant la porte.
Du coup, il risquait pas de l’avoir l’investiture du PS. Comme il y a la loi de non cumul qui entre en vigueur dans pas si longtemps, il a décidé de toute façon de ne pas se représenter. à la place, celle qui se présente, c’est sa femme, qui est accessoirement conseillère générale PS.
Là, le PS lui tombe quand même dessus et décide d’investir un candidat écolo. Du coup, on a deux liste de Gauche, une soutenue par le PS local (la liste écolo), l’autre par une partie quand même du PS national (sauf Harlem Désir, dont le maire avait dit tout le bien qu’il pensait. c’est à dire un truc du genre « connard », mais je ne sais plus quel était le terme exact).
En face, l’UMP s’est enfin aperçu que le vieux bonhomme pas méchant mais pas très vaillant qu’elle présentait habituellement aux élections locale a un peu niqué sa date limite de péremption. Elle sort donc de son chapeau un gamin de 29 ans, à la tête d’échappé d’école de commerce. Cravate, gilet en laine bleu roi sur jeté négligemment sur les épaules, c'est pas forcément le candidat idéal pour un gars comme moi, et c'est rien de le dire. Accessoirement, son programme consiste à expliquer que tout ce qu’a fait la Gauche depuis trente ans c’est caca, et qu’il fera donc mieux, mais sans dire exactement quoi ni comment.
Et derrière lui, une liste Mariniste, et une liste Lutte Ouvrière.
Voilà les personnages du drame.
Et puis les gens votent. Et là, ça devient marrant.
Le gamin de droite arrive en tête à 29 %
Talonné par la femme du maire sortant (le maire sortant est présent sur la liste pour être juste conseiller municipal et garder un encrage local. ou peut-être une emprise) à 27 et quelque %.
L’écolo arrive à 23 %.
Le Mariniste à 17 %.
Lutte ouvrière, à un poil en dessous de 3 %, à peu près ce que j'avais pronostiqué quand on m'a demandé.
La Gauche aurait fait front commun, elle aurait gagné dès le premier tour, comme à chaque fois depuis bien des lunes.
Mais là, le résultat, c'est que 4 listes sont éligibles à rester au deuxième tour.
Devant le désastre, Madame Maire appelle l’écolo pour proposer de fusionner les listes.
L'écolo répond un truc du genre "d'accord, mais seulement si on ne recycle pas le sortant". Il faut dire que l'écolo avait le maire dans le collimateur depuis longtemps, il préfère la tactique de la terre brûlée (alors que je parie qu'il est contre la culture sur brûlis au Brésil), sans doute histoire d'être en meilleure position dans six ans.
Deux jours de discussion, et on en revient aux noms d’oiseaux qu’ils s’échangeaient depuis des mois.
Résultat, dimanche, on aura quatre listes au deuxième tour. Et une probabilité non négligeable que la Droite l’emporte avec un type tellement tocard qu’il ne doit y avoir que sa maman et trois idiots sur twitter pour le prendre au sérieux.
Des fois, je me dis que c’est Céline qui a raison « J'ai toujours su et compris que les cons sont la majorité, que c'est donc bien forcé qu'ils gagnent ! »
Mon toubib m'avait demandé de réduire le fromage, qui était mon aliment antistress de base, et dont je faisais ces derniers temps une consommation sans doute pas raisonnable. Mais là, c'est trop dur. Ce soir, je me suis préparé une pizza maison viande hachée et Morbier, parce que bon, faut au moins ça pour me calmer les nerfs.
Ah, j'ai retrouvé l'expression employée par Monsieur le Maire quand il a claqué la porte du Parti. "Mort aux cons". Ouais, ben c'est les vautours qui doivent se lécher les babines, là.
*Attention, hein, je cautionne pas tous ses choix non plus, dans la gestion de la ville. Mais disons que dans la ville où j'étais avant, c'était tellement pire que là, le gars me semble raisonnablement compétent. Par les temps qui courent, c'est déjà pas si mal.
Commentaires
Journal de mon autruche.
c'est quand même un peu le tout à l'ego, la politique.