Un truc intéressant, quand on anime (ou co-anime) des ateliers de prospective dans un cadre institutionnel, c'est qu'on a l'occasion de causer avec des gens de profils très différents, travaillant dans des cadres parfois opposés. L'un des gros sujets évoqués, ce sont les conséquences du changement climatique au niveau environnemental et humain. Et les adaptations nécessaires.
Là, tout dernièrement, j'ai croisé dans ce cadre des gens du monde associatif, du travail social et du travail sur l'environnement. Lors d'un travail préliminaire, on a essayé de situer chacun sur un gradient de pessimisme quant à l'avenir.
Les gens du monde associatif et les travailleurs sociaux étaient étonnamment optimistes. Ils voient quotidiennement toutes sortes de bonnes volontés, un intérêt croissant et de mieux en mieux informé sur ces questions. Ils ont conscience de l'énorme travail qu'il reste à accomplir, mais ils constatent des évolutions positives.
Le discours est complètement différent chez les écologues de terrain. Ceux-là sont confrontés à des changements déjà en cours, déjà extrêmement sensibles, et à la pesanteur des prises de décision dans leur hiérarchie. À leurs yeux, les problèmes sont déjà là, et certaines situations auront une terrible inertie. Les choix faits maintenant n'auront des conséquences positives que dans un certain nombre d'années, et ça c'est incompatible avec les calendriers politiques qui influent lourdement.
Un facteur intéressant, c'est la notion d'imaginaire de la nature. De nombreux décideurs sont pour la végétalisation, mais ça doit être beau et vert. Visible. Si les épisodes caniculaires se répètent (et y a fort à parier qu'ils se répéteront à un rythme soutenu), penser de cette façon c'est se tirer une balle dans le pied.
Tous ces ateliers ont pour point commun un travail sur les imaginaires et leur évolution (les ateliers de l'an passé sur le monde du travail à l'heure de la robotique et de l'IA, dont ma participation à l'anthologie Au Boulot les Robots est une conséquence directe) visent justement à faire un bilan des imaginaires actuels et de la façon dont ils doivent se transformer si on veut avancer. C'est quasiment une application de Gramsci, en fait. Et c'est pour ça que j'adore ces ateliers, ils sont plein de remises en questions fructueuses et fascinantes.
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