Bon, les premiers articles sur HP Lovecraft, celui qui écrivait dans les ténèbres sont plutôt élogieux. Ça fait plaisir. D'autant que sur un projet de ce genre, je me doutais que les cultistes m'attendaient au tournant.
Et le financement participatif du tirage de tête avance bien. Du coup, on réfléchit à des contreparties supplémentaires, y aura une annonce à ce sujet jeudi, normalement.
Et puis, ce ouiquende, j'ai gagné des places pour la soirée Blade Runner 2049 au Grand Rex (avec d'ailleurs les trois courts-métrages diffusés précédemment sur internet, dont le chouette anime de Watanabe). Ça m'a permis de revoir le film dans de bonnes conditions, et de confirmer ma bonne impression de l'ensemble. J'avais déjà causé d'Arrival, du même réalisateur, film que j'avais trouvé d'une grande finesse, et qui m'avait rassuré quant à mes craintes pour la suite de Blade Runner.
Faire une suite tardive à un chef d'œuvre est toujours un exercice ultra casse-gueule. Mettre Ridley Scott dans le loop de quoi que ce soit, de nos jours, est toujours inquiétant. Y avait de quoi obtenir une vraie bouzasse. Et force est de reconnaître que Villeneuve a évité tout un tas d'écueils de l'exercice. Ce type a un vrai tact, une vraie finesse. Du coup, les inévitable effets de rappel au premier film sont traités sous l'angle du contrepoint.
Un exemple frappant, c'est la scène d'amour du milieu du film. La séquence, dans le Blade Runner original, était une scène dérangeante, assez violente, avec une prise de contrôle brutale, une objectivation rendue logique par la nature artificielle de Rachael, et qui appuyait dès lors les questions que posait le film quant à la différence de nature entre répliquants et humains. S'ils sont fondamentalement inhumains, le sexe avec eux a dès lors un côté masturbatoire et pervers, et l'échelle des rapports demande à être précisée. S'ils sont proches de l'humain, alors il faut les traiter comme tels et non plus comme des objets. Deckard, en se comportant comme il le fait dans le film, montre son côté obscur, et en creux le côté obscur de la fabrication de réplicantes désirables.
Dans BR2049, la séquence est empreinte de tendresse et de maladresse, le côté dérangeant se situe à un autre niveau, dans ce brouillage des limites entre deux formes d'artificialités très différentes, et dans la question lancinante qui se pose du libre arbitre de Joy, l'IA, dans l'affaire. Elle est peut-être le personnage le plus riche du film, par les interrogations qu'elle représente. Quel est son degré d'autonomie ? Le spectateur lui-même se laisse facilement prendre à ses routines de séduction tranquille, et l'on comprend que K, émotionnellement immature, soit complètement sous le charme. On a envie de croire à la sincérité de Joy, bien sûr, mais le film nous renvoie à plusieurs reprises à sa nature de produit, à laquelle, contrairement aux réplicants, elle ne semble pas chercher à échapper.
Luv, de son côté, est coincée dans son rapport avec son créateur : s'il l'appelle "mon ange" chaque fois qu'il le peut, il la renvoie systématiquement à sa condition d'outil docile, d'objet, et ce double jeu la détruit intérieurement, et teinte sa loyauté montée en usine d'une quête personnelle du sens.
Et ainsi de suite. Si certains parti-pris sont déstabilisants (chez Villeneuve, l'évolution de cet univers tend vers le dépouillement, et ne recherche jamais ce grouillement du cadre qui était si caractéristique du premier film) et si le scénario présente quelques imprécisions dommageables, je trouve le pari néanmoins gagné.
Et le financement participatif du tirage de tête avance bien. Du coup, on réfléchit à des contreparties supplémentaires, y aura une annonce à ce sujet jeudi, normalement.
Et puis, ce ouiquende, j'ai gagné des places pour la soirée Blade Runner 2049 au Grand Rex (avec d'ailleurs les trois courts-métrages diffusés précédemment sur internet, dont le chouette anime de Watanabe). Ça m'a permis de revoir le film dans de bonnes conditions, et de confirmer ma bonne impression de l'ensemble. J'avais déjà causé d'Arrival, du même réalisateur, film que j'avais trouvé d'une grande finesse, et qui m'avait rassuré quant à mes craintes pour la suite de Blade Runner.
Faire une suite tardive à un chef d'œuvre est toujours un exercice ultra casse-gueule. Mettre Ridley Scott dans le loop de quoi que ce soit, de nos jours, est toujours inquiétant. Y avait de quoi obtenir une vraie bouzasse. Et force est de reconnaître que Villeneuve a évité tout un tas d'écueils de l'exercice. Ce type a un vrai tact, une vraie finesse. Du coup, les inévitable effets de rappel au premier film sont traités sous l'angle du contrepoint.
Un exemple frappant, c'est la scène d'amour du milieu du film. La séquence, dans le Blade Runner original, était une scène dérangeante, assez violente, avec une prise de contrôle brutale, une objectivation rendue logique par la nature artificielle de Rachael, et qui appuyait dès lors les questions que posait le film quant à la différence de nature entre répliquants et humains. S'ils sont fondamentalement inhumains, le sexe avec eux a dès lors un côté masturbatoire et pervers, et l'échelle des rapports demande à être précisée. S'ils sont proches de l'humain, alors il faut les traiter comme tels et non plus comme des objets. Deckard, en se comportant comme il le fait dans le film, montre son côté obscur, et en creux le côté obscur de la fabrication de réplicantes désirables.
Dans BR2049, la séquence est empreinte de tendresse et de maladresse, le côté dérangeant se situe à un autre niveau, dans ce brouillage des limites entre deux formes d'artificialités très différentes, et dans la question lancinante qui se pose du libre arbitre de Joy, l'IA, dans l'affaire. Elle est peut-être le personnage le plus riche du film, par les interrogations qu'elle représente. Quel est son degré d'autonomie ? Le spectateur lui-même se laisse facilement prendre à ses routines de séduction tranquille, et l'on comprend que K, émotionnellement immature, soit complètement sous le charme. On a envie de croire à la sincérité de Joy, bien sûr, mais le film nous renvoie à plusieurs reprises à sa nature de produit, à laquelle, contrairement aux réplicants, elle ne semble pas chercher à échapper.
Luv, de son côté, est coincée dans son rapport avec son créateur : s'il l'appelle "mon ange" chaque fois qu'il le peut, il la renvoie systématiquement à sa condition d'outil docile, d'objet, et ce double jeu la détruit intérieurement, et teinte sa loyauté montée en usine d'une quête personnelle du sens.
Et ainsi de suite. Si certains parti-pris sont déstabilisants (chez Villeneuve, l'évolution de cet univers tend vers le dépouillement, et ne recherche jamais ce grouillement du cadre qui était si caractéristique du premier film) et si le scénario présente quelques imprécisions dommageables, je trouve le pari néanmoins gagné.
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