Vous l'aurez peut-être remarqué, j'ai à nouveau violemment négligé ces pages depuis quinze jours. Faute d'inspiration, peut-être. Faute de m'alimenter les méninges, sans doute aussi (pas de grosse phase de documentation en cours). Faute surtout de temps et d'énergie (plein de boulot).
En attendant, du coup, je vous remet une petite nouvelle de SF, une vieillerie qui a plus de quinze ans.
Et j'aurai une ou deux annonces à vous faire dans la semaine.
Débarquement
Première publication
dans Yuma
1, aux éditions Semic
Un coup au but !
L’hovertank bascule
sur le côté, compense de l’autre puis se redresse. Dans
l’intervalle, les analyseurs tactiques ont remonté la trajectoire
du missile et déclenché une riposte. L’hovertank tangue encore
quand il lâche les deux traceurs, puis il se stabilise et reprend sa
route.
Le secteur a
complètement été ravagé par les frappes orbitales. Les écrans
montrent des bâtiments calcinés et des pylônes tordus. Pas un coin
sympa où s’attarder. Et de toute façon mes ordres mentionnent que
je ne dois pas traîner. Mon objectif, c’est la côte 359.
Alors allons-y.
Un message dans
l’interface m’indique qu’un des traceurs a atteint son but, une
position d’artillerie à trente kilomètres. Quelques Drazyls de
moins, un peu de tranquillité en plus. Je remonte en régime, et
l’hovertank accélère sur la route défoncée, tous capteurs
déployés.
Plus rien dans le
quartier. Les Drazyls qui ont survécu aux frappes ont préféré
filer avant le débarquement des marines. On ne peut pas leur donner
tort, ils se souviennent d’Eridan… Et du coup, ma mission confine
à la ballade de santé.
Je ne m’en plains
pas.
Une alarme clignote au
coin de l’interface, m’indiquant une source infrarouge à onze
heures. Je ne prends pas de risques et je lance un sol-sol tactique,
juste par précaution.
Un flash brutal, et
puis la zone refroidit.
Je sors de la ville en
ruine et je commence ma traversée d’une campagne en feu. Il reste
encore quelques bosquets de ces machins qui passent pour des arbres,
dans le coin. J’atomise tous ceux qui passent à ma portée, pour
ne pas donner à l’ennemi de position où embusquer des snipbots.
Les marines ne vont pas tarder à arriver et alors le commandement
fera un bilan de ma mission. Un officier m’a signalé que j’avais
intérêt à être nickel si je voulais ma promo.
Quelques curseurs
bleus s’affichent, les péniches de débarquement qui commencent
leur descente. Il faut que j’arrive à la côte 359 rapidement pour
pouvoir les couvrir.
Je ralentis à la
hauteur d’un transport éventré. Aucun signal, c’est un Drazyl
qui s’est mangé de plein fouet le souffle de la première frappe.
Je le flambe pour le principe mais je ne m’attarde pas pour le
regarder brûler : les péniches sont dans l’ionosphère, il ne
leur faudra pas plus d’une demi-heure pour atterrir. Je remonte en
régime puis je lance la post-combustion, et l’hovertank s’élance
dans un nuage de poussière. J’arrive sur mon objectif dans moins
de dix minutes et après ce sera peinard.
Une zone industrielle
défile sur ma droite. J’ai préféré la contourner, car les
concentrations métalliques brouillent mes capteurs. C’est ce qui
me fait perdre quatre microsecondes de réaction : je n’ai pas vu
venir les deux roquettes et j’y perd un capteur. Le blindage actif
encaisse le coup, mais le tank tangue et braque et se cabre…
Tournoyant sans
parvenir à corriger mon assiette, je heurte un pylône de soixante
mètres qui me retombe dessus. Encore deux roquettes que je ne peux
pas éviter sans me dégager rapidement des décombres. Encore deux
coups au but. Encore quelques fenêtres qui se ferment dans
l’interface. Les redondances du système tardent à prendre le
relais.
L’ordinateur
tactique parvient enfin à mettre au point une riposte et j’arrose
les secteur : trois obus incendiaires pour un explosif. Dans le même
temps, je parviens à m’extraire des débris du pylône, et
j’avance en crabe pour dissimuler mon flanc droit mis à mal. Le
moteur de l’hovertank me fait connaître son mécontentement par
des à-coups violents.
Deux roquettes à
nouveau. J’en évite une, mais je perds à nouveau quelques
fenêtres d’interface. Je suis quasiment borgne à présent, et
franchement boiteux. J’envoie le signal de détresse standard et un
rapport de situation, demandant une frappe tactique sur la zone dès
que j’aurais mis les voiles.
Mine ! Avec mes
capteurs en rideau je ne l’ai pas vue venir. Tout le blindage
inférieur explose en même temps, me faisant faire une embardée qui
me projette contre un mur. Encore deux salves de deux roquettes qui
me frappent sur le flanc droit, là où le blindage actif est mort.
Le pire, c’est que
ce sont probablement des défenses automatiques.
Je n’aurai même pas
vu un seul Drazyl.
Commentaires