Tiens, vu que j'ai passé du temps à remettre de l'ordre dans les notes correspondant à ce bouquin, voici un autre extrait du roman sur lequel je bosse depuis quelques temps :
Wangen risqua un œil à son tour.
L'objet qui approchait dans la nuit immense n'était ni une nef, ni
une barge. Cela ressemblait plutôt à une monture sur laquelle était
juché le drone le plus répugnant qu'il eut jamais contemplé en
face. Installé à califourchon sur une selle d'orichalque, l'être
difforme fixait la barge des fugitifs avec des yeux grands comme des
assiettes, aux pupilles immenses, des gouffres sans fond conçus pour
y voir même dans les ténèbres séparant les mondes. Ses doigts
filiformes au bout de bras démesurés s'agrippaient à des pommeaux
répartis le long des flancs de son étrange cavale et dansaient,
bondissant de l'un à l'autre à chaque fois qu'il avait un ordre à
lui transmettre. Derrière lui, l'on devinait d'autres formes
semblables. C'étaient donc cela, les fameux limiers montant la garde
le long des routes du Mental, traquant les voyageurs trop faibles
pour résister à leur sauvagerie. Ils étaient la raison pour
laquelle, depuis deux millénaires au moins, les hommes qui
s'éloignaient par trop de leurs territoires privilégiaient les
immenses et lourdes nefs, que les limiers ne pouvaient espérer
violer qu'au prix de pertes monstrueuses dans leurs propres rangs.
Une barge isolée n'avait guère de chance de leur résister, surtout
conduite par un drone qu'on n'arrachait à l'influence de ses maîtres
qu'au prix d'un effort aussi conséquent que continu.
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