Monsieur Smiley : Glacial, méthodique et efficace
Je parlais de La Taupe, dernièrement, parce que j'avais beaucoup aimé le film avec Gary Oldman (faut dire qu'il est épatant dans le rôle de Monsieur Smiley, archétype du fonctionnaire de l'espionnage, un être en apparence grisâtre et insignifiant, mais qui n'est que regard et cogitation, et que son apparence insignifiante rend d'autant plus redoutable), et j'avais donc investi dans le bouquin de John Le Carré qui l'avait inspiré. à quarante et un an passé, j'avoue à ma grande honte n'avoir jamais lu de ma vie un Le Carré avant cette année.
Du coup, je rattrape l'erreur et le temps perdu en me jetant dedans, parce que je m'aperçois que j'adore. Je viens d'enchainer avec la suite : Comme un collégien, et c'est toujours aussi bon : après avoir débusqué la taupe au service des communistes, Monsieur Smiley doit réorganiser le Cirque. Et surtout redorer le blason de son organisation aussi bien auprès de sa hiérarchie que des cousins outre Atlantique.
Je me régale. C'est assez parano comme j'aime, et complètement ironique et vachard comme j'adore. Je recommande vivement. Et du coup, je songe fortement à choper les Smiley produits jadis par la BBC avec Alec Guinness dans le rôle. Ça doit forcément être bien.
Comme j'ai souvent plusieurs bouquins en cours en même temps (en général : un pour les transports et un pour la table de nuit. Parfois en plus un pour le boulot, non que je lise au boulot, mais je veux dire un bouquin que j'épluche dans un but professionnel : en ce moment, des bouquins de Jacques LeGoff), je me relis un truc que j'avais adoré étant jeune (il y a très, très longtemps), La Légende de Hawkmoon série de Michael Moorcock mixant allègrement heroïc fantasy et post apocalyptique. Ça m'éclatait grave il y a près d'un quart de siècle, mais même si je relis tout ça avec plaisir, force est de constater que ce n'est pas Moorcock à son meilleur niveau (on est loin des fastes de Gloriana ou de la déglingue expérimentale de La Défonce Glogauer (un pur chef d'œuvre, pour le coup, démontrant que si Moorcock est resté burroughsien, il est quand même sérieusement passé d'Edgar Rice à William) ou de L'assassin anglais, sans parler des splendeurs vénéneuses du premier tiers du chien de guerre.
Le jeu de rôle était assez cool, d'ailleurs
Mais bon, ça me détend bien, Hawkmoon. Les méchants sont très méchants (c'est amusant d'ailleurs qu'un bif comme Moorcock décrive l'Angleterre du futur comme un repaire de super-nazis absolument odieux), il y a de chouettes idées, et puis ça se lit vite, c'est pas du gros pavé de tire-à-la-ligne-fantasy indigeste. Faudra que je me relise les Corum, aussi, à l'occase. De mémoire, c'était nettement mieux écrit, d'ailleurs.
Commentaires