Entre les commémorations de Brassens et celles de Freddy Mercury, la moustache est à l'honneur*. Il faudrait qu'on voie dans la biographie de Nietzsche s'il n'y a pas un événement que l'on puisse fêter, là, tout de suite, pour avoir un tiercé gagnant de la moustazsche. Ou alors Cavanna, tiens, on doit pouvoir fêter les vingt ou vingt-cinq ans de la dernière fois où il m'a fait vraiment rire. Mais pas Dali. En termes de moustache, Dali, c'est un peu une autre religion, j'ai l'impression. Sa moustache entortillée avait un côté fuyant, comme un genre de Dali de fuite, en somme.
Mon grand regret moustachique c'est quand même, en vertu des lois locales, de n'avoir pu photographier les policiers marocains arborant fièrement la moustache officielle du pays, énorme et tombante, qui sied si bien au prestige de l'uniforme dans ces contrées où la démocratie se cherche encore. Il faut dire que là-bas, il est interdit de photographier les gens en uniforme, hormis les gardes royaux en grande tenue (et encore, quand ils sont en faction. au moment de la relève, ils redeviennent interdits de photo, car quand ils se déplacent, ils sont en opérations. Et faut dire ce qui est, la relève de la garde royale ne se fait pas à l'anglaise, là-bas : si leurs uniformes avaient des poches, je crois que les mecs mettraient les mains dedans, ils font ça à la cool d'une façon que je ne croyais pas possible, c'est fascinant à observer). Donc pas de photos de moustaches noires et viriles. Dommage. C'est quand même un genre d'institution, là-bas, j'ai l'impression.
Et il faut savoir que la moustache est un talisman puissant (qui ne marche pas à tout coup, ceci dit, demandez au petit Saddam H., de Bagdad. mais lui, il lui avait adjoint une barbe à la fin, et c'est peut-être ce qui a annihilé le pouvoir de baraka moustachienne) et à titre de preuve, je convoque à la barre Brassens, justement. Prenons, totalement au hasard, cela va sans dire, ces paroles extraites d'une de ses chansons :
"En voyant ces braves pandores
Etre à deux doigts de succomber
Moi, j'bichais car je les adore
Sous la forme de macchabées"
Eh bien s'il n'avait pas porté la moustache mais, mettons, une casquette et un pull à capuche (voire une chaîne en or), gageons que tous les roquets psychotiques et les crânes d'œufs de l'UMP auraient donné de la voix pour demander son interdiction, son indignité nationale voire sa lapidation publique. alors qu'il trône encore dans une espèce de panthéon bien mérité, ce qui en soit constitue déjà un gros doigt artistement mis à tous les bien pensants qui le commémorent en feignant de ne pas voir son côté encore et toujours subversif. Chapeau, Georges !
*Notons qu'il existe aussi un côté obscur de la grande moustache, comme l'ont prouvé le petit Saddam évoqué plus haut, ou Joseph Djougatchvili, mais aussi, plus proche de nous, en tout cas de moi, le tandem dirigeant un petit groupe de presse avec lequel j'ai travaillé jadis, et dont les pratiques sociales auraient été d'une drôlerie sans nom si je n'avais pas été du mauvais côté du manche. Heureusement, le mal porte en lui les germes de sa propre chute, vu que leur incapacité à établir des contrats dans les formes fait de moi le seul propriétaire des traductions que j'ai réalisées à l'époque, hé hé hé.
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